samedi 25 octobre 2014

Jalousies


La jalousie, je ne connais pas; peut-être pas du tout, mais je veux que ce soit le moins possible !

Je veux vivre détachée de l'affect, du sentiment: c'est ma recette, sinon du bonheur, du moins d'une vie maîtrisée.

Mais je comprends que la jalousie, ça détruise, dévore. Et je comprends aussi que pour ne pas succomber à la jalousie, il faut avoir suffisamment confiance en soi, il faut être suffisamment arrogant. La jalousie, ça signe notre fragilité personnelle.


La jalousie, c'est, bizarrement, lié à l'avènement de l'esprit démocratique et de l'égalitarisme. Comme l'avait souligné Tocqueville, le progrès démocratique va de pair avec l'exacerbation des jalousies: plus on est égaux, plus on est jaloux ! C'est bien sûr tout à fait paradoxal mais, en démocratie, il n'y a plus la clarté d'un système hiérarchique et on a, alors, tendance à penser que certains sont plus égaux que d'autres.


Ça ne se limite pas, bien sûr, aux relations sociales, économiques. Ça touche aussi la sphère érotique, affective.


La sphère économique, commençons par ça, je trouve ça terrible. Personnellement, je suis effrayée, surtout en France, par la rancœur, l'amertume sociale. Je supporte mal les gens, style Annie Ernaux, qui ressassent leur infortune, celle de leur naissance, de leur milieu social; ça me gêne: c'est l'homme de la servitude qui se définit par rapport à un maître. Ou alors, cette fausse lutte des classes qu'on joue sans cesse. Ça crée des barrières insurmontables, infranchissables. On se met à vivre dans des mondes archi-cloisonnés.


Dans ma boîte par exemple, beaucoup de gens me jugent, par essence, haïssable parce que je suis du côté des oppresseurs mais scrutent néanmoins avec attention chaque parcelle de ma vie et rêveraient de s'y introduire. Il faut apprendre à être adulée/détestée. Le pouvoir génère des fascinations ambiguës. Sans doute aussi, le fantasme ultime des opprimés est-il la déchéance complète des puissants mais qu'est-ce que ça veut dire? Il n'y a, en fait, aucune pureté, authenticité, supérieures. On est tous également crapuleux et personne n'a le monopole de la souffrance ou du mérite.Qui peut prétendre, d'ailleurs, être une victime absolue ?


En amour, c'est carrément effroyable. Il est vrai que l'amour, la jalousie, le mensonge c'est indissociable. L'amour aujourd'hui, c'est en effet devenu l'incertitude absolue. Là-dessus, Proust a écrit des pages définitives. La femme aimée cache un secret, tous les signes qu'elle émet sont ambigus, mensongers. L'amant jaloux est donc en quête de vérité mais il n'est pas moins menteur que la femme aimée.


La jalousie dans la vie sentimentale, ça me rend folle. Je ne tolère pas qu'on me sonde, m'épie. Je plie comme ça très vite la plupart de mes relations. 


C'est vrai toutefois que ça ne doit pas être très drôle de tomber sur quelqu'un comme moi. Il y a tout de même des gens moins compliqués, d'autant que je ne fais rien pour dissiper les doutes, les inquiétudes. La certitude du lendemain, c'est ça qui m'effraie. Et puis la vérité, la fidélité à soi-même et aux autres, ça détruit irrémédiablement la séduction.

Après Vogue et Harper's Bazaar, des images issues, principalement, des couvertures du magazine américain "Theatre Magazine".

samedi 18 octobre 2014

Trahisons sentimentales


Evidemment, on n'arrête pas de me casser les pieds avec ça: "C'est incroyable que tu vives seule, que tu ne cherches pas à fonder une famille !"


Ça m'énerve, bien sûr, mais je réponds cyniquement: "Mais voyons! De l'argent, j'en ai plus qu'il ne m'en faut; alors je ne vois vraiment pas pourquoi j'irais me vendre et m'encombrer de quelqu'un que je devrais peut-être entretenir". Parce que c'est quand même bien ça le sombre soubassement de la vie des couples: une association économique plus ou moins sordide, plus ou moins consentie.


Moi, je tiens à ça: c'est moi qui décide: j'ai envie d'aller à Tokyo ou à Berlin, je vais à Tokyo ou à Berlin: point... ! Mes rêves, je n'ai pas envie de les mettre sous l'étouffoir de quelqu'un qui m'imposera d'aller en Bretagne ou sur la Côte d'Azur.


Et puis, pour vivre avec quelqu'un, il faut faire un effort d'adaptation/renonciation culturelle énorme; pas seulement ses langues d'usage. Ma copine Daria, par exemple,  une Russe entretenue par un français, elle me fait frémir avec le récit de ses dimanches après-midi passés dans sa belle-famille. D'abord, sa belle-mère la déteste parce qu'elle est habillée trop sexy. Et puis, les conversations tournent, pendant des heures, autour de la cuisine et du vin, domaines aux quels, comme moi, elle ne comprend évidemment rien. Enfin, dès qu'on parle de la Russie, c'est l'horreur. Les gens les plus sympathiques se montrent pleins de compassion et déclarent que les Russes ont beaucoup souffert. Alors Daria, elle répond en disant qu'elle éprouve le même sentiment pour les Français qui souffrent aussi beaucoup mais, en disant ça, elle vexe énormément.


Mais évidemment, tout ça, ce ne sont que les horreurs de la vie de couple. Parce qu'en effet, qu'est-ce qu'on recherche dans la vie ? La sécurité allant de pair avec la tiédeur et l'ennui ? Ou bien le trouble, le bouleversement ?


La vie sentimentale, parlons-en ! Ça nous torture toutes mais je ne suis pas sûre que les femmes désirent vraiment les hommes. Certainement pas, du moins, les archétypes imposés. D'ailleurs, à peu près tous les hommes sont indifféremment séduisants ou repoussants. Beaux ou laids qu'importe! C'est l'instant, l'opportunité qui décide.


Ce n'est pas la chair qui fait l'envie. C'est la situation et le trouble généré. Ce moment où je sens, entre refus et consentement, que je vais basculer. Ce moment où, pleine de honte, je me sentirais toute humide.


Leïla Slimani ("Dans le jardin de l'ogre") cite ainsi un passage de "L'insoutenable légèreté de l'être" de Milan Kundera qui éclaire très bien, me semble-t-il, le désir féminin : "Elle sentait son excitation qui était d'autant plus grande qu'elle était excitée contre son gré. Déjà, son âme consentait secrètement à tout ce qui était en train de se passer, mais elle savait aussi que pour prolonger cette grande excitation, son acquiescement devait rester tacite. Si elle avait dit à voix haute, si elle avait accepté de participer de plein gré à la scène d'amour, l'excitation serait retombée. Car ce qui excitait l'âme, c'était justement d'être trahie par le corps qui agissait contre sa volonté, et d'assister à cette trahison".


Je me reconnais complètement là-dedans: trahir, c'est ça qui est excitant. Pas seulement trahir l'autre mais se trahir soi-même. Mais trahir, c'est aussi sortir de sa coquille. Conquérir un homme, une femme, ça n'est pas très important. Je n'en tire ni gloire ni honte. Ce qui est important, c'est l'intensité du vécu: "Etre prise. Observer le masque des hommes qui jouissent. Se remplir. Goûter une salive.Mimer l'orgasme épileptique, la jouissance lascive, le plaisir animal. Regarder partir un homme, ses ongles maculés de sang et de sperme".


Sombrer, c'est ça qui est fascinant mais solidifier ses désirs dans une vie de couple, quelle horreur! J'avais, autrefois, envisagé d'intituler mon blog: "Trouble every day". J'y ai renoncé mais ça continue de signer mon éthique personnelle.


Pour ce post un peu érotique, j'ai choisi quelques variations sur la représentation de "femmes en rouge" au début du 20 ème siècle. On reconnaîtra notamment Jozsef Rippl Ronai, Josef Fenneker.

Ce post se veut un prolongement du livre de Leïla Slimani, "Dans le jardin de l'ogre", dont je recommande, encore une fois, la lecture.

samedi 11 octobre 2014

Bifurcations


Dans son grand bouquin, "Cendrillon", Eric Reinhardt retrace les trajectoires, presque divergentes, de 4 personnages : un trader, un chômeur vivant chez sa mère, un géologue travaillant en Allemagne, un écrivain aimant rêvasser à la terrasse du "Nemour", un café de la place du Palais-Royal; ce sont aussi les portraits d'un terroriste révolté, un salarié résigné, un spéculateur financier, un rêveur.Mais ces protagonistes ne sont en fait que "les modalités d'un seul et même individu. Ils ont une même essence identitaire qui se décline différemment selon leurs expériences de la vie adulte".


C'est une question qui, personnellement, me taraude beaucoup. Contrairement, je crois, à la plupart des gens, je n'ai jamais eu le sentiment d'avoir un destin tout tracé depuis mon enfance et je m'étonne souvent d'être là où je suis, vivant à Paris et planant dans la gestion financière. Je n'ai d'ailleurs jamais aspiré, dans ma jeunesse, à être qui que ce soit ou à faire quoi que ce soit. Ma seule préoccupation a toujours été ma survie économique; après..., c'était à moi de m'adapter. 


J'ai cette conscience aiguë que, sans un incroyable concours de circonstances, hasards, je pourrais, tout aussi bien, plutôt que d'arpenter aujourd'hui le Parc Monceau, vivre aujourd'hui dans la banlieue d'une quelconque ville russe, à Perm par exemple, avec un mari alcoolique, ou bien, à Téhéran, comme intrigante ou apporteuse d'affaires.



Cependant, je ne suis pas sûre, au risque de choquer, que je serais plus malheureuse à Perm ou à Téhéran qu'à Paris. Même les endroits les plus austères, les plus sinistres, recèlent des capacités d'émerveillement. Et ça explique aussi que je me sens, dans ce contexte, pleine d'empathie pour tous ces nomades et "réfugiés", que l'on déteste tant en France, pas seulement les Roms mais aussi tous ces gens qui errent d'un pays à l'autre, qui cherchent surtout à changer de destin. Comme ça, peut-être pour me déculpabiliser, j'achète plein de fleurs, tous les samedis, sur le marché des Ternes, à des Roumaines (qui me racontent qu'elles sont hongroises !!) en me disant que, moi-même, je pourrais être, aujourd'hui, à leurs côtés à vendre, en fraude, des fleurs alors que je suis, évidemment, très loin de tous ces soucis.


Je ne suis donc aujourd'hui qu'un avatar, parmi d'autres innombrables, de mon identité première. Dans le rôle social que je joue aujourd'hui, qui peut susciter l'envie, j'ai sans doute beaucoup gagné mais j'ai sans doute également beaucoup perdu, plein de choses que je ne connais pas et ne connaîtrai, peut-être, jamais. Beaucoup de gens rêvent d'une vie accomplie, solidifiée, c'est ce que l'on appelle le bonheur, mais, en réalité, c'est très réducteur et le bonheur, ça ne passe sûrement pas par une expérience unique. 


C'est bien plus intéressant de traverser des expérimentations diverses, toutes instructives. En fait, on est tous multiples, tous divisés, on joue de multiples rôles, plus ou moins éphémères, qui sont nos différentes facettes. Je me rêve souvent d'autres vies: espionne, trafiquante,criminelle et même espèce d'hétaïre.Mais l'obsession contemporaine, c'est de réduire, le plus possible, ces facettes. Il faut qu'on soit taillé d'un seul bloc, d'une identité simple, univoque, quelqu'un d'absolument transparent, honnête, sans mystère. 


Rien de plus mortifère que cette compression, ce laminage. Il faut absolument résister à cet étouffement. Comme le dit très bien Eric Reinhardt, il faut pouvoir s'accepter dans toute sa diversité, avec toutes ses contradictions. Il faut accepter sa propre bizarrerie. Ça veut dire surtout qu'il est possible d'inventer sa propre vie. Quelle libération !


Ça ne vaut pas seulement pour notre situation sociale, professionnelle mais ça concerne aussi, au premier chef, notre vie amoureuse. Là, on est trop souvent paralysés par la peur et d'autant plus prompts à adopter les schémas en vigueur. On recherche désespérément quelqu'un qui vous correspond, qui est fait pour soi. Quelqu'un qui, finalement, vous entretiendra dans la répétition de vos angoisses et névroses. L'autre est une figure idéale qui vient combler ce qui vous manque. Comme ça, on s'interdit le désir, on s'interdit d'échapper à soi-même et les rapports de sujétion fonctionnent alors très bien. On vit avec quelqu'un qui vous dicte votre conduite.

C'est vrai aussi que c'est sécurisant. Mais je renvoie, pour conclure, aux livres que j'ai évoqués, la semaine dernière, de Michela Marzano et de Catherine Cusset. L'amour et le désir, elles l'ont rencontré avec des hommes "imprévisibles", des hommes avec les quels elles n'étaient pas en phase, pas sur la même longueur d'onde, des hommes qui surtout refusaient de répondre à leurs demandes, à leur quête de certitudes, qui les mettaient finalement face à leur propre et inéchangeable liberté.


Après "Vogue", voici quelques images des couvertures du magazine "Harpers' Bazaar" des mêmes années 20/30.C'est aussi Art-Déco, évidemment. Mais il y a bien, incontestablement, un style "Vogue" et un style "Harper's Bazaar". Je ne sais pas le quel est le plus beau.

Je me réjouis enfin du Nobel accordé à Modiano. J'ai lu, à cette occasion, la presse américaine qui, au contraire, est furax: comment les jurés suédois ont-ils pu oublier Philip Roth et Murakami pour consacrer cet écrivain français que personne ne connaît ? Moi, je trouve que les jurés Nobel rééquilibrent un peu les choses et que la réputation des littératures américaine et japonaise est (tant pis si je fais pousser de hauts cris) disproportionnée et surfaite. Modiano, ça vaut bien Roth et Murakami.

samedi 4 octobre 2014

Rentrée littéraire


C'est très curieux, cette "rentrée littéraire": plein de livres traitent de l'amour ! A priori, c'est archi banal mais les points de vue sont originaux et ils entrent en étrange résonance. Voilà ma sélection.


Eric Reinhardt : "L'amour et les forêts". Eric Reinhardt, je suis une fan; "Cendrillon", c'est pour moi l'un des grands bouquins de ces 10 dernières années. "L'amour et les forêts", ce n'est pas aussi flamboyant mais c'est très troublant. C'est aussi d'une grande tristesse. Un livre consacré au harcèlement, a priori je n'ai pas du tout envie de lire ça. Mais il s'agit moins de harcèlement que de toutes ces forces qui contrarient votre vouloir vivre, vous empêchent de développer votre personnalité dans sa multiplicité.


Catherine Cusset: "Une éducation catholique". J'aime bien aussi Catherine Cusset et là, elle a écrit, pour moi, l'un de ses meilleurs livres: un petit chef d'oeuvre qui se lit à toute allure. Ça ne parle pas seulement du catholicisme mais ça établit surtout un parallèle entre la sujétion de la religion et celle de la vie amoureuse. Trop souvent, on vit dans la peur et on recherche quelqu'un qui vous dicte sans cesse quoi faire, qui vous blinde de certitudes. Mais en fait, on ne peut vivre et aimer qu'en s'étant débarrassé de la peur, de la peur de vivre et de la culpabilité. Il faut comprendre qu'un amant ne doit pas être Dieu.


Michela Marzano: "Tout ce que je sais de l'amour". Michela Marzano est peu connue en France. Elle est pourtant une personnalité hors du commun: élue du Parlement italien, elle est aussi philosophe et essayiste. Elle écrit directement en français, notamment sur son anorexie ("Légère comme un papillon") ou sur le management participatif ("Extension du domaine de la manipulation"). Son dernier livre est très autobiographique. Pourquoi les histoires d'amour finissent-elles mal, en général? D'abord parce qu'on a trop de préjugés, d'attentes, de peurs, d'exigences, qu'on veut, à tout prix, rencontrer le Prince Charmant. Les histoires deviennent forcément malheureuses et impossibles et c'est comme ça qu'on se détruit soi-même. Il faut savoir accepter les limites de l'amour et aussi les siennes propres et celles de l'autre. A lire absolument si on a des problèmes de couple: un bouquin qui fait du bien, plein de réflexions percutantes.


Leïla Slimani : "Dans le jardin de l'ogre". En tant que vampire, la nymphomanie, c'est évidemment pour moi un grand questionnement. Est-ce que ce n'est pas comme ça qu'on trouve apaisement et sérénité: délivrée des sujétions du couple, apte à la découverte des autres et de la vie? Que c'est triste de ne connaître qu'un homme. La nymphomanie, c'est le refus de la vie familiale imposée, de sa routine sinistre. Un livre que j'ai adoré, étonnant, audacieux, qui conduit à se remettre en cause, soi, sa vie, sa relation aux hommes.


Ruwen Ogien: "Philosopher ou faire l'amour". Le titre est une allusion au film: "Peindre ou faire l'amour". Est-ce qu'un philosophe peut parler de l'amour ? Est-ce que bardé de concepts à prétention universelle, on peut saisir la singularité et l'ineffable d'une passion ? Un bouquin très original qui, surtout, s'attaque à nos préjugés et idées reçues en matière amoureuse: l'être aimé est-il irremplaçable? L'amour est-il plus important que tout ? S'identifie-t-il au bien? Se situe-t-il par delà le bien et le mal? S'il ne dure pas, est-ce quand même de l'amour?


Olivier Rolin: "Le météorologue".  Le destin banal et tragique d'un homme qui n'est pas un héros mais qui est simplement porté par l'espérance révolutionnaire. Une évocation de l'URSS des années 20/30 et surtout du camp des îles Solovki, situé dans un endroit magique, un ancien monastère au milieu de la Mer Blanche. On éprouve plein d'empathie pour le personnage, sans doute parce que l'on se sent proche de lui. Et puis ces histoires terribles sont encore toutes proches même si on les a complètement effacées.


Laurent Mauvignier: "Autour du monde". Une date pivot organise ce livre: le 11 mars 2011, celle du tsunami au Japon. Une symphonie de destins, ce jour là, dans le monde entier, au Japon, à Moscou, à Dubaï, à Rome, en Slovénie, en Floride...L'extraordinaire globalisation du monde qui nous renvoie tous, néanmoins, à notre anonymat.


Iegor Gran: "Mauvaises pensées". Iegor Gran est d'origine russe; il est le fils du dissident soviétique des années 70 : Andreï Siniavski. Ça explique sans doute sa férocité à l'égard du monde dans lequel nous vivons, ubuesque, ridicule, étouffé par la bien-pensance, emporté par la niaiserie hygiéniste et écolo-responsable. Un recueil de chroniques réjouissantes, hilarantes, aux quelles je souscris entièrement.


Cecile Ladjali: "Ma bibliothèque -Lire, écrire, transmettre".  Décrire sa bibliothèque durant tout un livre, c'est un pari audacieux. Mais on parle en fait beaucoup de soi en recensant ses livres. Moi-même, quand je rends visite à quelqu'un, j'essaie d'abord de le décrypter en regardant sa bibliothèque (quand il y en a une). La bibliothèque de Cécile Ladjali est évidemment immense, fascinante, de quoi me fiche des complexes terribles. Elle la commente, en outre, avec beaucoup de talent et d'érudition. J'ai quand même une réserve: elle a une bibliothèque très classique, très prof agrégée de lettres.


Enfin, pour clore ce chapitre culturel, je recommande vivement les films d'Andreï Zviaguintsev: "Leviathan" et de Myroslav Slaboshpytskiy: "The Tribe". Deux  grands chefs d'oeuvre. Contrairement à ce que j'ai pu entendre ou lire, ça ne parle qu'accessoirement de la Russie ou de l'Ukraine, ça parle plutôt de la violence du pouvoir et des relations d'agressivité entre les individus. Je recommande aussi le film dont Michel Houellebecq est l'acteur principal: "Near Death Experience" de Kervern et Delépine.



Couvertures des années 20-30 (époque Art Déco) du magazine Vogue.

Rien à voir évidemment avec les couvertures actuelles du même magazine. On a vraiment changé d'époque et de sensibilité. Pourtant, je me dis que ces images Art Déco sont bien plus troublantes et sensuelles que les photographies formatées qu'on nous sert aujourd'hui. Est-ce qu'on ne vit pas une époque d'appauvrissement de l'imaginaire ?