samedi 28 octobre 2017

Des affinités électives !


On me demande sans cesse, on me harcèle même : "Pourquoi t'es pas mariée ?"

Y'a sûrement un problème !


T'es pas lesbienne au moins ?

Je pense pas vraiment, je réponds !

Etre bisexuel(le), je n'y crois pas, on est l'un ou l'autre mais, sûrement, pas les deux ! Mais c'est vrai que j'aime bien, parfois, les filles belles et intelligentes et je préfère coucher avec elles plutôt qu'avec un poivrot abruti. Et d'ailleurs, entre filles, souvent, on ne fait, la plupart du temps, pas grand chose: on se contente de s'embrasser, se caresser, dormir dans le même lit. Avec ma copine Daria, on ne fait que ça et ça nous suffit et c'est merveilleux !


Une fille distinguée, un soir, ça ne me pose, donc, pas de problèmes (je m'appelle, quand même, Carmilla) mais ça n'est pas, non plus, mon centre d'intérêt exclusif et, surtout, ça ne peut pas durer!

Il y a un amour féminin dont on ne parle jamais mais qui est pourtant très fréquent, presque universel:  un amour entre filles, sûrement incompréhensible mais qui dépasse toutes les orientations sexuelles ! C'est très peu physique, très peu intrusif !

Coucher avec une fille, de temps en temps, c'est, donc pour moi, très doux, très agréable, mais, en fait, je préfère, quand même, un mec qui me pistonne !


Finalement, quand on me demande pourquoi je ne suis pas mariée, je réponds, toujours (comme je ne veux vexer personne), par une pirouette: je dois être bête et moche!

D'ailleurs, je suis Ukrainienne et c'est un handicap majeur, une image désastreuse en France: c'est les FEMENs ou la Porte de Clignancourt !


Mais en fait, ça me fait bien rigoler et je m'en fiche complètement! Je n'ai pas l'esprit victimaire et je sais bien que ce ne sont pas les mecs qui ne veulent pas de moi mais c'est moi qui ne veux pas d'eux !


Pour moi, il y a, en fait, deux gros problèmes:


- La langue, les langues, la culture d'abord! Vivre avec un Français de France, je perçois ça rapidement comme un appauvrissement: la cuisine, la belle-famille, les résidences secondaires... Ça me fait peur! Je suis complètement out!

 Je ne me sens pas complètement Française, je n'ai, pas tout à fait, le même imaginaire: je rêve de Varsovie à Vladivostok! La Baule, le Pot-au-feu, ça ne me dit rien du tout!

En plus, ça m'énerve vite qu'un type ne parle ni le russe, ni le polonais. On ne peut pas, complètement, se comprendre, ni être en phase. En fait, je suis une indécrottable Slave!  On va me dire que je pourrais aussi m'apparier avec un Russe ou un Ukrainien ou un Polonais, mais ce serait un même appauvrissement, dans un autre sens. Et puis, les hommes russes ou ukrainiens... ouh! la, la ! Quant aux Polonais, ils sont plus civilisés mais ils détestent les Russes et inversement.


- L'argent. J'ai un peu honte d'aborder cela mais il faut bien le dire: je suis, généralement, beaucoup plus friquée que mes amants et ça, c'est, très vite, destructeur! 

Tout de suite, je suis confrontée à la rancœur, la jalousie, la perfidie: d'où tu tires ton fric? Ça vient sûrement de sombres trafics et c'est, évidemment, immérité. Je personnifie l'horreur capitaliste ! Surtout que je suis d'origine ukrainienne et, évidemment, supposée prête à tout !

Mais moi, je n'ai pas, non plus, envie de m'adapter au niveau de vie de mon amant: de bouffer dans des restaurants sympas, à trois balles, ou de prendre des vols low-cost !

Qu'une fille soit à l'aise financièrement, c'est inadmissible en France! Si elle l'est, c'est  un coup de chance ou, alors, elle est une pute. Il est, implicitement, admis qu'une nana est, forcément, dépendante économiquement, qu'elle gagne, naturellement, deux fois moins que son mec et qu'elle a du mal, évidemment, à joindre les deux bouts! Son excuse, c'est qu'elle est artiste, intellectuelle !

C'est un schéma qui plaît à tout le monde: une fille riche, c'est un scandale !

Un bouleversement des mentalités est, là-dessus, indispensable: affirmer le droit pour une femme d'avoir un peu d'argent !

Le droit, pour une femme, à un peu de fric, à être, éventuellement, bien plus riche que son amant, ça me semble aussi important que les éructations actuelles concernant les tentatives de pelotage, harcèlement, que, je l'avoue, je ne comprends pas du tout.


Dessins (à l'exception des 2ème, 3 ème et quatrième images) du sculpteur Auguste RODIN (1840-1917). En fait, je ne raffole pas de Rodin et de ses sculptures (c'est trop viril (homosexuel) pour moi), mais ses dessins sont, curieusement, complètement différents.

dimanche 22 octobre 2017

Mes petits livres


Avant la proclamation des prix littéraires, je me dépêche de recenser ce que j'ai aimé ces dernières semaines:



Julien BLANC-GRAS: "Dans le désert". Du Qatar à Oman en passant par Dubaï et le Bahrein. Des pays dont on parle beaucoup mais dont on sait très peu. C'est un bouquin drôle et féroce.


Arthur DREYFUS: "Je ne sais rien de la Corée". Je connais un peu la Corée mais j'aurais aimé avoir pu lire ce bouquin avant mes voyages. La Corée, c'est, effectivement, un pays totalement ambivalent, à la fois terrifiant et fascinant.


Andrzej STASIUK: "L'Est". Par le célèbre écrivain polonais, un récit et une interrogation sur tous ces pays de l'Est de l'Europe qui intriguent et fascinent. C'est remarquablement écrit et totalement inhabituel.


Lorenza FOSCHINI: "La Princesse de Bakounine". Un livre merveilleux d'une journaliste italienne. La liaison, en Italie, de l'anarchiste russe, Bakounine, et de la richissime princesse Obolenskaïa qui l'a largement financé. Cette princesse a inspiré à Tolstoï Anna Karénine.



Monica SABOLO: "Summer". Splendide et troublant ! Si vous aimez Sofia Coppola, achetez tout de suite ce bouquin.


Eric VUILLARD: "L'ordre du jour". Une nouvelle manière de raconter l'histoire (la montée du Nazisme) en faisant participer le lecteur. Très fort et passionnant.


Robert GERWARTH: "Les vaincus". On se rend rarement compte à quel point les visions de l'Histoire diffèrent selon les pays. On croit ainsi en France qu'au lendemain du 11 novembre 1918, la guerre était terminée. Il y a eu en fait, pendant près de 5 années, une profonde instabilité et un déchaînement de violence sur une grande partie de l'Europe. Ça a été, en particulier, la fin des Empires et l'éclosion des nationalismes. On continue d'en payer le prix aujourd'hui.


Images de Martin JARRIE, peintre et illustrateur français.

samedi 14 octobre 2017

Du simple bonheur d'être une femme


Faut-il, encore une fois, évoquer les "lynchages" médiatiques ?

L'horrible affaire Harvey Weinstein qui est, d'abord, comique mais se révèle, finalement, tragique!

Des hurlements de haine, de plaintes, relayés, depuis quelques jours, dans le monde entier ! Le droit, la présomption d'innocence, de toute manière, on s'en fout! Harvey Weinstein, il faudrait, tout de suite, le mettre sur une chaise électrique ! C'est sûr, il est coupable, forcément coupable !


Harvey Weinstein, c'est acquis, c'est un gros dégueulasse ! Il aurait cherché à sauter presque toutes les actrices.

Il serait laid, affreux, repoussant, un gros lard de plus d'un quintal. On est modernes mais quand même: on n'a pas aboli les discriminations physiques. Weinstein porte le vice sur son visage ! S'il était beau, il serait excusé, on n'en parlerait même pas. Et puis, il y a, aussi, un grand progrès aujourd'hui: on n'ose plus dire qu'il est Juif !

Harvey Weinstein, c'est, sans doute, un beauf, en effet, mais pas que... Il a tout de même produit les films américains les plus novateurs: Soderbergh, Tarantino, Gus Van Sat, Scorcese.

Et puis, les filles qui le dénoncent se révèlent d'une nunucherie effarante, la palme revenant, d'ailleurs, aux actrices françaises. Harvey Weinstein aurait, ainsi, essayé d'embrasser Léa Seydoux et invité dans sa chambre d'hôtel Judith Godrèche et Emma Decaunes. Quel traumatisme en effet! Si je récapitule le nombre de fois où ça m'est arrivé, je me demande comment je suis encore en vie !


Mais je ne veux pas porter de jugement sur cette affaire dont j'ignore tout.


Je veux simplement exprimer, aujourd'hui, une exaspération. L'exaspération d'être toujours considérée comme malheureuse, opprimée, victime parce que l'on est une femme !

Cette exaspération, Christine Angot l'a bien traduite à la suite de son altercation avec Sandrine Rousseau dans l'émission "On n'est pas couchés". Christine Angot, je ne l'aime pas toujours. Ses bouquins sont inégaux et je n'aime pas son agressivité générale.

Néanmoins, elle tape souvent juste. Je reproduis donc certains de ses propos:


"Personnellement, j'en ai assez qu'on demande aux femmes de revendiquer la souffrance. Une souffrance toujours rapportée au travail, aux tâches ménagères, aux enfants qu'il faut faire garder, au sexe, à la séduction, à l'âge, on n'en peut plus. Ou la féminisation des noms communs qui croit lutter contre la domination masculine comme si le rapport à la langue n'était pas universel. Les femmes, il y a quand même autre chose à en dire ! Autre chose à dire que: comme c'est dur d'être une femme !


Revendiquer un statut de victime n'est pas une ambition.



Pourquoi le fait d'avoir une identité féminine doit toujours nous être renvoyé comme un problème ?


Je me souviens, quand j'étais petite, de la joie intense que j'avais d'être une fille. Cette joie, je l'ai toujours. C'est tellement gai d'avoir cette identité féminine, et cette joie, qui ne doit rien aux hommes.

Je n'ai pas besoin qu'on m'aide à être une femme".


En effet, les femmes ne sont pas toujours de pauvres petites créatures, continuellement opprimées et victimes. Il y en a plein, aussi, qui ne se reconnaissent pas dans le schéma victimaire où le féminisme revanchard voudrait les enfermer. Il y en a plein qui ne se sentent pas opprimées. Il y en a plein qui se sentent heureuses d'être femmes, tout simplement !

Etre une femme, c'est d'abord une joie, un bonheur et c'est comme ça que je vois les choses !


Images de la grande photographe allemande: Ellen Von Unwerth (née en 1954 à Frankfurt ).

J'avais d'abord envisagé de poster des photos d'Helmut Newton (que j'aime beaucoup)  mais j'ai eu peur de me faire assassiner.Avec Ellen Von Unwerth, j'ai, du moins, l'excuse qu'elle est une femme.

Bien sûr que toutes ces photos sont hyper sexistes, kitsch, machistes. Mais tant pis pour la bien-pensance féministe. Le porno-kitsch, je me reconnais aussi là-dedans, dans tous ses stéréotypes. J'aime être séductrice, provocatrice! Je l'avoue: je joue beaucoup de ça et ça explique que toutes ces images me troublent !

Et surtout ! j'ai eu envie d'afficher ça, par provocation, face à l'affaire Weinstein !

samedi 7 octobre 2017

La mort choisie


Deux "Anne" sont mortes cette semaine et ça m'a foutu le  bourdon:

- Anne Wiazemsky, l'égérie, amante de Godard. Je ne l'ai bien sûr pas connue (juste échangé quelques mots, à un Salon du Livre, à propos de ses origines russes) mais Anne Wiazemsky symbolisait bien pour moi, par sa beauté, son allure, la jeune femme française des années 60. La liberté, l'iconoclasme !



- Anne Bert dont on a récemment entendu un peu parler dans les médias pour son combat pour le droit à l'aide médicale pour mourir, pour le droit à l'euthanasie.


Anne Bert était frappée depuis 2 ans, alors qu'elle n'avait que 57 ans, de la terrible maladie de Charcot ou Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA). C'est une maladie, moins rare qu'on ne le pense (dont on a, un peu, entendu parler, il y a 3 ans, avec le "Ice Bucket Challenge"), qui se traduit par une destruction rapide des neurones moteurs et la perte des forces musculaires. Dans un délai de 2 à 4 ans, le malade meurt étouffé, emprisonné, lucide, dans un corps qu'il ne peut plus commander.

Anne Bert a été euthanasiée, lundi dernier, en Belgique !


Anne Bert a contribué à l'évolution de ma position sur l'euthanasie. Auparavant, les militants de ce droit, souvent en bonne santé, m'effrayaient un peu. Il faut se méfier des gens qui voudraient se voir accorder le droit de tuer, me disais-je, cela évoque trop de funestes souvenirs.

Anne Bert m'a permis de comprendre que le droit à l'euthanasie était un droit à la dignité tout simplement. Et de la dignité, du courage, elle en a eu, de manière extraordinaire, durant les derniers mois de sa vie !

Elle m'a confrontée aux limites de ce que je pourrais être moi-même face à l'horreur et ça n'est sans doute pas glorieux !


Anne Bert était, surtout, écrivain et il faut vraiment lire son livre-testament: "Le tout dernier été". C'est d'une beauté déchirante.

Anne Bert écrivait surtout des romans érotiques, ce qui était d'une liberté incroyable et me dépassait moi-même !


Je ne l'ai jamais rencontrée mais nous avons échangé, à plusieurs reprises, par mail. Curieusement, elle aimait mon blog où elle trouvait, disait-elle, des sources d'inspiration. Elle m'encourageait aussi notamment lorsque j'avais envisagé d'arrêter mon blog. Elle m'écrivait ainsi: "nous avons des choses en commun notamment le goût des ciels chargés et gris et noirs de la pluie et de la solitude même si nous sommes très, très, différentes".

Ça me flattait et me gênait un peu parce que je ne me sentais pas à la hauteur: un blog, ça n'est rien du tout par rapport à un roman ! Et puis quand elle m'a annoncé sa maladie, je me suis sentie tétanisée, incapable de lui parler. J'ai été complètement nulle en l'occurrence. La monstruosité, l'indicible, de sa maladie, que je connaissais très bien, m'a foudroyée. Je n'ai pas su lui écrire, la réconforter. C'est, pour moi, une culpabilité terrible.

Quelques semaines avant sa mort, fin août, elle m'a écrit ceci: "Il me reste peu de temps à vivre mais je vous embrasse avec joie et sourire, je forme le vœu que vous preniez bien soin de vous, je ne sais pas ce que pensent les vampires de l'après mais je serai dans l'océan et les mers et le vent".



Ce post est, bien sûr, dédié à Anne BERT et à tous ceux, innombrables, qui l'ont aimée.
Tableaux d'un peintre cracovien, Stanislaw Wyspianski (1869-1907). Je sais qu'Anne aimait les fleurs,la montagne, les paysages mélancoliques..