samedi 5 février 2011

« SIDDHARTA »


J’ai toujours voulu faire la route des Indes.

Plus qu’Herman Hesse, c’est Nicolas Roerich (Николай Рерих), dont j’avais vu quelques tableaux à la galerie Tretiakov à Moscou, qui m’a inspirée.

Je n’ai pas de tendances mystiques et le bouddhisme m’est assez étranger mais dans la route des Indes, c’est l’épopée hippie qui me fascine : l’esprit d’aventure, une sensualité, des musiques, des couleurs; et aussi le papillonnement sentimental et un certain détachement, une grâce immatérielle : rien n’est vraiment important.


Du reste, je ne voulais pas tellement aller en Inde et au Népal, mais plutôt remonter vers le Nord du Pakistan, via Peshawar et Gilgit pour emprunter la Karakorum Highway et dégringoler sur Kashgar en Chine, pour peut-être rentrer finalement chez moi, via le Kirghizistan. C’est donc aussi un peu de route de la soie.

Enfin…, le périple complet, je l’ai évidemment remis à plus tard parce que le Pakistan, quand on voyage par ses propres moyens, ça inquiète quand même un peu aujourd’hui.


Mais j’ai quand même fait un grand morceau du voyage. A l’occasion de plusieurs séjours bien sûr, mais la route d’Istanbul à la frontière pakistanaise, je crois pouvoir dire que je la connais mieux que bien.


La Turquie, je l’ai sillonnée de part en part en empruntant les bus locaux, ce qui n’est pas toujours confortable. L’Iran, je connais comme ma poche et je l’ai parcouru en train, bus, taxi, avion. C’est un peu sportif et on échappe à mille accidents mais on n’a plus la même notion du danger.


Alors voilà, je peux vous communiquer aujourd’hui les lieux que j’aime et où je prends plaisir à m’arrêter sur ce premier tronçon de la route des Indes. Beaucoup parmi vous, chers lecteurs, expriment le souhait de me rencontrer. Ca peut faire des lieux de rendez-vous originaux.



En Turquie :

- Erzurum : la ville la plus austère de Turquie entourée de hautes montagnes. Une sombre mélancolie règne à Ezurum et un certain rigorisme musulman. Ce qui me plaît, c’est que ce n’est justement pas une ville touristique.

- Trabzon : le port, la Mer Noire, mes nombreuses compatriotes tellement insolites, les villas en bois dans des jardins fleuris, le monastère de Sumela.

- Artvin : perchée dans les montagnes à proximité de la frontière avec la Géorgie.


- Kars : une de mes villes préférées; aujourd’hui au bout du monde mais toujours fortement marquée par les anciennes présences grecque, arménienne et russe (l’architecture est russe et remonte à Nicolas II). C’est aussi la ville qui sert de cadre au roman « Neige » d’Orhan Pamuk et c’est surtout le point de départ de visite de la ville morte arménienne d’Ani.


- Doğubeyazıt, tout près de la frontière. C’est déjà le Kurdistan mais c’est fréquenté par une foule de voyageurs en transit qui affluent du Moyen-Orient et d’Europe. Sûrement aussi plein de bandits et de trafiquants. Surtout, la ville est dominée par le cône étincelant du Mont Ararat et puis en montant à l’Ishak Pasa Sarayi, on jouit d’une vue presque infinie sur la steppe.

En Iran :


- Après le passage de la frontière, c’est Qareh Kalisa, l’église noire de Saint-Thadée, une magnifique église arménienne dans un cadre grandiose.

- Tabriz : la Mosquée bleue, le Bazar et le souvenir de Nicolas Bouvier.

- Téhéran : la ville absolue, monstrueuse, démesurée, surplombée de montagnes écrasantes. J’aime aller dans les parcs de Téhéran; ils y sont très nombreux; mon favori c’est celui de Sa`dābād au dessus de Tajrish. Et puis, il y a toutes les promenades fantastiques dans la montagne en direction de la Caspienne ou du Demavend.



- Kashan : c’est pour moi, la ville persane par excellence avec ses maisons traditionnelles et son parc de Bagh-e Fin qui offre, dit-on, une vision du Paradis.


- Abyaneh : mon village iranien préféré; on y remonte très loin dans le temps, à l’époque sassanide, avant la conquête musulmane.

- Ispahan : que dire, si ce n’est qu’il faut absolument avoir vu Ispahan dans sa vie.


- Yazd : ceux qui connaissent se doutent combien une ville comme Yazd peut être exaltante pour une vampire comme moi. C’est la principale ville du zoroastrisme avec le temple, l’Ateshkadeh, et surtout les imposantes tours du silence au sommet des quelles on exposait, il n’y a pas encore si longtemps, les corps des défunts pour qu’ils soient dévorés par les vautours. Après, il faut aller voir le temple du feu à Chak Chak.


- Kerman : nulle part, le ciel n’est plus bleu qu’à Kerman écrivait Nicolas Bouvier.

- Mahan : le palais entouré de jardins aux innombrables fontaines et puis le mausolée du derviche.



- Bam : c’est ici que Valerio Zurlini avait tourné « le Désert des Tartares ». Je ne sais pas ce qu’il reste de la citadelle depuis le tremblement de terre de 2003. Je fréquentais un hôtel, l’Akbar Guest House, dont le patron était un philosophe avec qui on passait son temps à bavarder ; ensuite, on pouvait dormir à la belle étoile sous les palmiers.


Voilà ! Je suis maintenant arrivée à la frontière pakistanaise. Il me reste à gagner Quetta, Lahore, Peshawar, Gilgit. Dans un avenir que j’espère proche…




Nicolas Roerich (Николай Рерих)

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