samedi 1 octobre 2011

Feuilles d’automne



Enfin ! Ca y est ! Nos nuits sont plus longues que nos jours. Bientôt, il va faire froid.



On revit ! Ca nous donne du temps pour faire plein de choses : errer dans les rues, faire des rencontres, séduire des hommes, des femmes…



Et aussi lire…Tout ça c’est lié, parce que ce qu’on lit, ça détermine souvent nos rencontres ultérieures.



Voici donc encore quelques livres pour rêver :



- « Les Wittgenstein – une famille en guerre » d’Alexander Waugh (le petit fils d’Evelyn !). Un livre merveilleux pour tous ceux qui aiment l’ancienne Autriche-Hongrie, ce pays qui a produit une foultitude de génies au début du 20 ème siècle. Les Wittgenstein, la famille la plus extraordinaire de l’Empire. On parle bien sûr de Ludwig, l’auteur du « Tractatus » et camarade de classe de Hitler à Linz, mais surtout de Paul, le pianiste manchot pour qui Maurice Ravel écrivit un concerto.


- « La révolte des masses » de José Ortega y Gasset. Un livre étonnant publié en Espagne en 1930. Un livre étrangement prophétique décrivant la naissance de « l’homme-masse » en apparence libéré et égalitariste; mais aussi la généralisation d’un effrayant conformisme et une inquiétante étatisation de la vie. Ce qui m’a aussi intéressée, c’est que José Ortega y Gasset plaide pour le libéralisme, un courant de pensée tellement dénigré en France.



- « Limonov » d’Emmanuel Carrère. Un livre absolument remarquable. Pour ma part, j’insisterai sur la justesse du point de vue d’Emmanuel Carrère sur le monde communiste et l’histoire russe récente. Emmanuel Carrère montre bien que la période du « socialisme mou », en gros de Brejnev à la chute du mur, ne se réduit pas, comme on le croit à l’Ouest, à une sombre dictature policière (cf. la vision caricaturale du film « la vie des autres » de Florian Henckel).



C’était aussi une dictature bonasse, un grand foutoir, un bordel inouï, avec lequel chacun s’arrangeait, à force de combines et de petite corruption, pour vivre dans une sorte d’hébétude paisible. Ca produisait aussi une foule de marginaux, une immense société underground qui vivait dans le plaisir de sa dissidence, ce qui n’impliquait pas de courage ni de talent particulier.



Quant à la période actuelle, il faut rappeler que la chute du mur, si elle a été vécue comme une libération par les pays satellites (Polgne, Etats Baltes, Hongrie en particulier) a plutôt été un traumatisme psychologique pour la plupart des Russes. Ca revenait à renier toute l’histoire du 20ème siècle : on savait qu’on était pauvres mais au moins on se croyait puissants et ça faisait plaisir de savoir qu’on faisait peur aux pays capitalistes. Tout d’un coup, on ne faisait plus peur à personne et on n’était plus du tout puissants. Le succès et la popularité de Vladimir Poutine tiennent évidemment à la restauration de ces sentiments archaïques.


- « Dans un avion pour Caracas » de Charles Dantzig. J’avais adoré les trois derniers essais de Charles Dantzig : « Dictionnaire égoïste de la littérature française », « Encyclopédie capricieuse du tout et du rien », « Pourquoi lire ? ». « Caracas », c’est moins enthousiasmant mais la construction du livre est totalement déroutante avec quelques digressions vertigineuses.


Surtout, on a tous eu envie d’aller un jour au Vénézuela. Enfin…peut-être moi surtout… D’abord parce que le nom est magnifique (ça s’appelle même la République Bolivarienne du Venezuela) de même que celui de sa capitale Caracas. Et puis, j’ai toujours été fascinée par les pays un peu mystérieux, dont on ne sait pas grand-chose, avec des dictateurs à leur tête. Curieusement, on parle très peu de Hugo Chàvez en Europe ; pourtant il vaut bien Kadhafi, Loukachenko et Ahmadinejad.


Surtout le Venezuela a la réputation d’être l’un des pays les plus « craignos » d’Amérique latine et c’est ce qui m’avait attirée. Quant à Caracas, c’est effectivement d’une effrayante beauté, un monstre urbain entre mer et montagne. Donc, si vous recherchez un peu d’adrénaline, avez envie d’être un peu inquiet partez au Venezuela…en emportant, bien sûr, le livre de Charles Dantzig.



Tableaux de Fabienne Verdier dont vous avez peut-être lu, en 2003, le livre sublime : « Passagère du silence ».

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