samedi 2 mars 2013

"Le Nord, c'est l'Est"

Voilà, je m’en vais. Je pars pour Saint-Pétersbourg pour une semaine. Demain soir, je serai attablée devant une platée de harengs arrosés d’une bière Baltika Nevskoye.


Retrouver mon élément. Prolonger le plaisir du froid, de l’hiver. Me promener comme les élégantes russes en sautillant sur la neige en talons aiguille, jupe courte et grande fourrure blanche. Surtout pas de doudoune, de pantalon ou d’affreuses bottes comme les touristes ou les babouchkas. Imprimer avec ses escarpins de petites piques dans la glace : il faut être aérienne, légère et c’est pour ça que ce ballet dans la neige est émotionnellement très gratifiant.


Je ne sais pas si je préfère Moscou ou Saint-Pétersbourg. Ca dépend de mon humeur.


Je crois quand même que Saint-Pétersbourg est la plus belle ville du monde, tout simplement parce qu’elle est née d’un rêve, le rêve européen de Pierre Le Grand contre la tradition. L’esprit d’avant-garde, c’est ce qui définit Saint-Pétersbourg : construire une nouvelle capitale dans un environnement complètement hostile, c’était la naissance de l’esprit des Lumières et je trouve ça bouleversant. Petite anecdote : Saint-Pétersbourg se vante aujourd’hui encore d’être une des villes où le nombre de journées d’ensoleillement est le plus faible au monde. Je trouve ça agréablement provocateur et roboratif à notre époque où l’on valorise stupidement le soleil. Pour moi, rien n’est plus beau que la mélancolie du froid.


Et puis, Saint-Pétersbourg, c’est aussi toute la galerie des tsars. L’histoire de France, je ne suis pas très forte mais, en revanche, l’histoire de la Russie, je suis incollable. Il faut dire que c’est beaucoup plus passionnant : rien que des pervers, des fous, des débauché (e)s, des traîtres, des criminels, des imposteurs. Ca vaut les meilleurs romans d’amour et d’aventure. La conscience russe est vraiment hantée par le crime et ça en apprend beaucoup sur la condition humaine.


C’est pour ça aussi qu’en allant à Saint-Pétersbourg, je vais évidemment à la rencontre de Dostoïevsky et de Pouchkine. Le criminel entretient une proximité plus grande avec Dieu que le saint, c’est un peu ma devise et c’est son illustration que je vais chercher là-bas.


Photos de Carmilla Le Golem, récemment réalisées, tout près de chez moi, à Paris + 1 tableau de Mikhail Vrubel.

A l’attention de mes admirateurs, je signale qu’à Saint-Pétersbourg, je logerai, en bonne vampire, tout près d’un cimetière, celui de Tikhvine.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Sur la Russie, j'ai trouvé ce texte de Jacques Henric, pour apporter un contrepoint :

« ce pathos romantique de la souffrance salvatrice, ces apologies de l’héroïsme et de la mort, cet exhibitionnisme doloriste du sentiment, cette jouissance à baigner dans les eaux chaudes de la culpabilité, ces élans d’amour portant vers les déshérités ou les criminels qui ne sont qu’une réaction de défense contre un instinct d’exécration de fond qu’il faut convertir en une philanthropie éhontée, cette aspiration sacrificielle de l’âme slave, ces libidos carburant à la nécrophilie, cet excès de sacral, ces assassinats, ces suicides, ces meurtres de masse au nom du bien et du mieux, ou justifiés, à l’inverse, par un jouissif barbotage dans les eaux boueuses du mal »

Carmilla Le Golem a dit…

Ce n est pas mal analyse en effet.

Mais que mes textes relevent d une ideologie, l ideologie slave en l occurence, je ne m en suis jamais cachee et je la revendique meme clairement.

Mais il y a aussi une ideologie francaise de banalisation generalisee de la vie, ou tout s effondre dans l indifference et l insignifiance.

Je prefere les affres de la passion slave a la mediocrite et l ennui republicain.

Carmilla

PS il faut excuser mes fautes dans ce message, car je ne dispose pas de clavier francais

Anonyme a dit…

J Henric avait trempé sa plume dans un mélange ,un peu bourbeux ; son analyse délire, un peu ; mais il y a un beau débat sur "les eaux chaudes de la culpabilité" et "la médiocrité et l'ennui républicain" Je crois que je vais préparer le Samovar ; une grande envie de dérouiller ma langue en même temps que mes papilles ;merci ! Lola

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Lola !

La culpabilité et le péché, ce sont pour moi des éléments essentiels de la condition humaine même si on prétend aujourd'hui vouloir éliminer ces vieilleries au nom de la modernité.

Carmilla