samedi 12 avril 2014

Women


Etre une femme, ça recouvre des réalités bien différentes selon les pays.

De toute manière, c'est toujours un monde contraint par rapport auquel il faut dégager des marges de liberté et d'initiative.


Et ça n'est peut-être pas dans les pays qui se croient les plus éclairés, les plus à la pointe du progrès démocratique, que les femmes sont les plus libres.



Par exemple, si je me base sur mon expérience propre, j'ai tendance à penser que ça doit être franchement sinistre d'être une femme en Allemagne, ou dans les pays anglo-saxons et scandinaves. Non seulement on y est transparente mais il faut être moche et habillée comme un sac parce que la séduction y est interdite. En plus, en Allemagne, il y a une forte séparation des sexes.


A contrario, un pays comme l'Iran est moins abominable qu'on ne l'imagine.

En France, c'est complexe. La proximité et l'égalité entre les sexes sont assez fortes et la séduction n'est pas encore complètement interdite. Dans le privé, il y a évidemment une culture érotique et sexuelle incomparable.



Mais il faut bien le reconnaître, l'espace public, en France, pour une femme, ce n'est pas facile. Je lisais récemment dans la presse qu'un collectif s'était créé pour que les femmes se réapproprient les cafés. Voilà un combat d'ambition modeste mais très juste. C'est vrai, sauf si on est une mocheté pas possible, que c'est difficile d'aller seule dans un café, un restaurant, on se fait tout de suite embêter, harceler. C'est compliqué, voire impossible, d'être seule, de flâner dans les rues, rêver tranquillement, mieux vaut avoir un chaperon. Ca en dit long sur la frustration ambiante. Quant à la tenue vestimentaire, il est préférable de la jouer discrète. Quand des copines arrivent d'Ukraine pour visiter Paris, je leur donne les conseils suivants : mets un pantalon, des chaussures plates et n'adresse jamais la parole à un homme dans la rue.


De ce point de vue, les pays slaves, c'est presque l'inverse de la France. Dans l'espace public, les femmes jouissent d'une grande considération, avec des marques de respect et politesse depuis longtemps révolues à l'Ouest. Que ce soient des pays de culture matriarcale, ça se vérifie tous les jours.


Ca présente de nombreux avantages. C'est peinard : on est totalement libres de se déplacer et d'aller là où l'on souhaite, la rue, les cafés, les restaurants. En plus, on peut s'habiller comme on veut, même dans les tenues les plus provocantes, personne ne vous sifflera, ne vous dira rien, la sécurité est très grande. On peut parler à qui on veut comme on veut. A la différence de la France, les cafés et restaurants sont pleins de jeunes femmes, seules ou en groupes. Quant aux avenues, boulevards et mails, ce sont des lieux privilégiés d'exhibition féminine et les terrasses des cafés sont justement conçues pour que les consommateurs puissent admirer les jolies passantes.


En revanche, il faut bien le reconnaître, la séparation des sexes demeure très forte; c'est surtout le cas en Ukraine et en Russie, beaucoup moins en Pologne. Les hommes, on n'en a pas une très haute idée et on vit beaucoup entre filles. A cet égard, les Ukrainiennes sont comme des Japonaises: on sort ensemble, presque en bande, et on fait la fête ensemble, dans les cafés, les restaurants. C'est un peu bizarre, ça m'agace un peu mais c'est aussi agréable: en France, j'ai l'impression que les femmes se détestent toutes et se jalousent affreusement. En Ukraine et dans les pays slaves, je crois qu'on s'adore toutes : on se dit tout, on se raconte tout, surtout nos histoires amoureuses, c'est comme ça qu'on fait notre éducation sexuelle. C'est d'ailleurs la seule possibilité parce qu'il n'y a pas vraiment de littérature érotique et amoureuse.Il y a comme ça, entre nous, une espèce d'intimité, sensualité, troublante.

Peut-être qu'on est toutes un peu lesbiennes mais ça ne rentre pas non plus dans nos catégories mentales: on ne sait pas vraiment ce que c'est. Catégoriser les individus, les sexualités, c'est aussi un moyen d'endiguer la richesse émotionnelle et sexuelle. Parler sans cesse, comme on le fait à l'Ouest, même positivement,des homosexuels et lesbiennes, c'est aussi un discours normalisateur et finalement répressif.


Après le vert, une fantaisie en rouge ! Avec notamment des images de Jan Sluijters, Rafael de Penagos, Louis Icart, René Gruau, Mary Swansy, Rick Eastman, Edward Sheriff Curtis

4 commentaires:

Milène a dit…

Je découvre votre blog qui m'a été recommandé par un ami. La lecture de ce texte me donne envie de découvrir l'Ukraine malgé ce qui s'y passe en ce moment. Sortir entre femmes pour se faire admirer sans être importunées... Le rêve

Carmilla Le Golem a dit…

Bonjour Milène,

Grand merci pour votre message.

J'apprécie votre démarche. Je conseille en effet absolument d'aller en vacances en Ukraine.

C'est d'abord une manière d'apporter un soutien à l'aspiration démocratique du pays.

En plus, c'est facile, bon marché et vous y serez très bien accueillie. Evidemment, il ne faut pas aller, en ce moment, dans l'Est du pays mais c'est justement la partie du pays qui n'a aucun intérêt.

Je confirme en outre qu'une femme, surtout occidentale, n'aura aucun problème.

Carmilla

Anonyme a dit…

Chère Vampire:aller en Ukraine? now?wait...vos illus toujours me ravissent et piquent ma curiosité;belle découverte:ce photographe des Indiens et la magnifique actrice, Anna..et le film Haï Tang (estonien ?1930)Sortir des sentiers battus,vous savez très bien y inciter !Continuez!
et je continue à chercher!!Lola
NB:j'ai terminé,enfin, Lokis....un peu lourd tout de même ...mais Mérimé moins banal qu'on le pense .Et la réaction des dames de la Cour ?à écrire!!!!

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Lola,

Evidemment, on ne sait pas ce qui va se passer dans les semaines qui viennent en Ukraine. Une guerre civile n'est pas à écarter.

J'espère cependant que les élections auront bien lieu le 25 mai prochain. Après, ça devrait se stabiliser.

Cependant, toute la partie ouest du pays (de Kiev à Lviv) devrait demeurer sûre et stable.

Je conseille donc vivement d'aller en Ukraine. Je ne l'aurais pas fait il y a quelques années mais le tourisme y est devenu facile et agréable.

Merci pour vos commentaires sympathiques.

Carmilla