dimanche 24 mai 2015

Lectures d'avant été


Gary SHTEYNGART: "Mémoires d'un bon à rien".  Le cocktail détonnant d'une éducation russo-américaine. Un récit sur l'exil et la construction de soi par un disciple de Groucho Marx et Woody Allen. Un chef d'oeuvre de l'humour juif et une leçon de vie.


Elif Batuman: "Les possédés - mes aventures avec la littérature russe et ceux qui la lisent". Dans la même veine que Shteyngart, à cette différence qu'Elif Batuman est une américaine d'origine turque. Un livre extraordinaire qui permet à la fois de relire la littérature russe et de rencontrer plein d'originaux et hurluberlus. C'est extrêmement drôle et on apprend plein de choses.


Imre KERTESZ: "L'ultime auberge". Un livre terrible, d'une lucidité sans faille du Prix Nobel 2002, l'auteur d'"Etre sans destin". L'enfer de la maladie, les pensées intimes sublimées dans l'oeuvre d'art. Très dérangeant.


Yuri ANDRUKHOVYCH: "Perversion". Andrukhovych et Kourkov sont les deux grands écrivains ukrainiens contemporains. Ils ont de nombreux points communs et dépeignent tous les deux "l'absurdité carnavalesque du monde". Leurs œuvres n'ont en effet rien de lourd et pesant; elles sont, au contraire pleines de fantaisie et de merveilleux. Andrukhovych est beaucoup moins connu peut-être parce qu'il écrit en ukrainien mais il n'a pas moins de talent que Kourkov qui, lui, écrit en russe. Andrukhovych, c'est débridé, étourdissant, burlesque (peut-être même un peu trop pour moi), ...bref totalement déconcertant.


Volker WEIDERMANN: "Ostende 1936 - Un été avec Stefan Zweig". Un été pas comme les autres à Ostende au cours duquel se sont rencontrés le richissime écrivain Stefan ZWEIG et le miséreux alcoolique Joseph Roth. De l'Autriche-Hongrie, on ne connaît généralement à peu près plus rien alors que ça a sans doute été le pays culturellement dominant du début du 20 ème siècle. Voilà donc une bonne raison de lire ce livre qui est un roman vrai et un accès merveilleux à la littérature austro-hongroise.



Fabrice HUMBERT: "Eden Utopie". Le destin croisé de deux familles, leur splendeur et leur décadence, avec un renversement inattendu des conditions sociales. Pour des Français, c'est un livre sans doute formidable résumant bien l'histoire française du 20ème siècle. C'est très bien écrit, bien construit, un très bon livre. A lire donc...Moi-même, j'ai bien bien aimé mais je m'y suis, malgré tout, sentie extérieure. Je ne peux m'empêcher qu'on a, en France, une vision de l'histoire repliée sur elle-même.

Jean-Christophe RUFIN: "Check-Point". Normalement, ce n'est pas le genre d'auteur que je lis. Mais il s'agit de la Bosnie en guerre. Et puis toutes les ambiguïtés de l'aide humanitaire sont bien pointées. Enfin les personnages ont une certaine force. J'ai donc lu ça comme un bon roman policier.


Alexandre LACROIX: "L'homme qui aimait trop travailler".  J'aime bien Alexandre Lacroix et son dernier bouquin ne m'a pas déçue. Il parle surtout avec intelligence et vérité d'un monde trop rarement décrit dans la littérature française: celui de l'entreprise. C'est bien sûr terrible et aliénant mais c'est tout de même le cadre de travail de la majorité des Français.


Pierre et Christian PAHLAVI: "Le marécage des Ayatollahs - Une histoire de la Révolution iranienne". Un livre écrit par le neveu français du Shah d'Iran (mais si, mais si !). J'étais sceptique compte tenu de la relation de parenté des auteurs mais il faut reconnaître que ce livre est très critique, sait resituer les problèmes dans leur contexte international et est très bien écrit. J'ai moi-même appris plein de choses. A lire absolument par tous ceux qui s'intéressent à l'Iran.


Images de Walter SCHNACKENBERG (1880-1961) peintre et illustrateur allemand. Son oeuvre est immense et très variée.

Enfin, si vous envisagez d'aller au cinéma, en ce week-end de Pentecôte, je vous conseille les films d'Arnaud Despleschin, "Trois souvenirs de ma jeunesse", et de Stéphane Brizé, "La loi du marché".

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