samedi 16 février 2019

La société disciplinaire


La Révolution Française, on le sait, n'a pas simplement aboli la royauté et l'ordre nobiliaire. Ça a surtout été un bouleversement institutionnel complet touchant notamment la Justice, l'enseignement, les malades.

Aux châtiments exemplaires, on a ainsi substitué la prison et la guillotine; et puis, on a créé les établissements d'enseignement avec les grandes écoles et la promotion au mérite; enfin, on a érigé les hôpitaux généraux et les établissements psychiatriques. Tout cela est allé de pair avec la naissance de la société bureaucratique dans le prolongement de la rédaction du Code Civil.

Depuis deux siècles, toutes ces nouvelles institutions façonnent la modernité de l'ensemble des pays développés.


 
C'est de plus en plus dénoncé aujourd'hui et ça donne lieu à un débat sans fin:

- d'un côté, il y a ceux (Marcel Gauchet) qui voient dans ces institutions la reconnaissance, dans le droit fil de la philosophie des Lumières, de l'individu autonome et responsable;

- de l'autre, il y a les penseurs libertaires (Michel Foucault et tous ses épigones) qui voient là le début de la société disciplinaire, d'un encadrement et d'un contrôle généralisés des individus à travers la diffusion de multiples micro-pouvoirs. C'est la vision nietzschéenne (et même kafkaïenne) de la société comme domestication de l'homme.
  
Évidemment, la vision libertaire est plus séduisante, elle a pour elle l'attrait de son romantisme. Mais sérieusement, est-ce qu'on vit vraiment aujourd'hui dans un système social d'une violence et d'une cruauté implacables ?  J'ai tout de même l'impression que le jeu démocratique amortit beaucoup de choses.



















Mais c'est vrai aussi que les aspects les plus infimes et les plus intimes de nos vies sont désormais codés, réglementés et que des armées entières de fonctionnaires et de serviteurs de l’État  sont aujourd'hui mobilisés pour nous prendre en charge, nous placer en situation de dépendance et nous maintenir dans le droit chemin.


A cet égard, les chiffres peuvent être plus parlants que les analyses. J'ai ainsi noté en consultant les sites des différents ministères que :

- sur une population de 67,2 millions de Français, la population active ressortait à 29,6 millions. Ces 29,6 millions de la population active comprennent un peu moins de 3 millions de chômeurs mais aussi 5,53 millions de fonctionnaires (État, collectivités, hôpitaux, soit 72 fonctionnaires pour 1 000 habitants), 950 000 agriculteurs et 3,1 millions de salariés dans l'industrie.

Commentaire: les "actifs" en France sont beaucoup moins nombreux que les "inactifs" (jeunes, retraités). Quant à ceux qui exercent une activité directement productive (agriculture, industrie) et qui "entretiennent" donc les inactifs, ils sont incroyablement minoritaires. Ils pourraient avoir de bonnes raisons de se révolter.


Dans le domaine de la santé, il faut remarquer que:

- le nombre de séjours en hospitalisation complète est d'un peu plus de 12 millions sur une année. Ça veut dire qu'un Français a une "chance" tous les 5,5 ans d'être hospitalisé, ce qui n'est pas négligeable.

- 420 000 patients sont hospitalisés en psychiatrie. C'est tout de même l'équivalent d'une ville comme Toulouse.

- 728 000 personnes résident en établissements pour personnes âgées (EHPAD, USLD). C'est à comparer aux 9,5 millions de personnes âgées de plus de 70 ans.

L'ensemble de ce secteur emploie 1,2 million de personnels hospitaliers. Il faut évidemment ajouter toute la médecine libérale (120 000 médecins).

Quelques données font par ailleurs réfléchir: près d'un Français sur 4 consommerait des somnifères et anti-dépresseurs. Bref, les Français sont accros aux psychotropes et détiennent même, en la matière, un record mondial. Enfin, il y aurait un peu plus de 12 000 suicides chaque année et surtout un peu plus de 160 000 tentatives. Là encore, les chiffres ne sont pas comparativement favorables à la France: on y est singulièrement déprimé.

S'agissant de la Justice, j'ai noté que:

- il y aurait plus d'1 million d'infractions

- le nombre annuel de délits avoisinerait 600 000.
- à peu près 2 400 crimes sont commis chaque année.
- le nombre de personnes détenues dans les prisons est d'un peu plus de 70 000 dont seulement 2 800 femmes.

Commentaire:  les infractions et délits sont presque chose banale. En revanche, on a assez peu de chances d'être victime d'un crime. De même, la probabilité (100 détenus pour 100 000 habitants) d'être incarcéré est faible (surtout si l'on est une femme).

Pour tous ces crimes, délits et infractions, le Ministère de la Justice emploie 81 000 agents dont 28 000 surveillants de prison. Il faut ajouter 245 000 représentants des forces de l'ordre (144 000 policiers et 98 000 gendarmes).


S'agissant enfin de l'enseignement, il y aurait un peu plus de 12,3 millions d'écoliers, collégiens et lycéens. S'ajoutent 2, 6 millions étudiants de l'enseignement supérieur dont 1,6 million fréquente l'université.

L’Éducation Nationale emploierait au total 1,1 million enseignants.

Aujourd'hui, 80 % d'une classe d'âge a le bac avec un taux de réussite proche de 90 %. C'était moins de 20 %,  dans les années 60, avec un taux de réussite de 60 %. Peut-être que les élèves sont plus intelligents aujourd'hui mais on peut aussi penser que ce "progrès" du niveau d'éducation résulte surtout d'une volonté étatique de maintenir un maximum de jeunes sous le joug scolaire.


Je vous laisse analyser tous ces énormes chiffres. A vous de vous forger une opinion.

J'en retire quand même, à titre personnel, le sentiment que nos sociétés ont bien changé. La production de richesses et de biens matériels n'est plus leur principale préoccupation. C'est à tel point qu'on se paie même le luxe d'entretenir des masses immenses d'"inactifs" et d'"improductifs". Les sociétés occidentales se sont en fait transformées en de gigantesques et toutes puissantes administrations d’État chargées de réguler et contrôler nos vies.

On peut voir ça positivement: c'est l’État bienveillant qui nous soigne, nous éduque, nous materne, nous gronde, nous punit.

On peut aussi considérer que c'est l’État qui nous opprime et nous assujettit, l État bureaucratique qui  fait de nous un troupeau de moutons dociles pour une vie paisible et sans aventures.

Au final, Kafka était peut-être effectivement bon prophète !

Images de Jean-Jacques LEQUEU (1757-1826), architecte et dessinateur au talent déconcertant. Il a traversé la Révolution française. Une exposition lui est aujourd'hui consacrée au Petit Palais.

Au cinéma, je recommande 2 films traitant de l'exercice du pouvoir: "La favorite" du Grec Yorgos LANTHIMOS et "Vice" d'Adam Mc KAY;

14 commentaires:

Richard a dit…

Bonsoir Madame Carmilla !
Quelle diligence, quel doigté, impossible de ne pas réagir à votre texte, que vous n'avez sans doute pas écrit en moins de 30 minutes.
Comment ne pas commencer avec une citation d'un Québécois pure laine : Félix Leclerc, qui dans l'une de ses chansons posait la question suivant : Quelle est la meilleure façon de tuer un homme ?
Il concluait : La meilleure façon de tuer un homme, c'est de le payer à ne rien faire.
Je vais reprendre le cœur de votre texte où vous écrivez : près d'un Français sur 4 consommerait des somnifères et anti-dépresseurs.
J'ai toujours eu du mal à comprendre, s'il y a quelque chose à comprendre à l'angoisse, surtout dans des sociétés sécuritaires, où l'on peut vous venir en aide de différentes façons. Ce qui est remarquable, c'est une statistique, qu'à peu de chose près nous partageons avec La France, mais aussi avec d'autres pays développés de même niveau économique. N'oublions pas que les taux de suicide sont élevés en Scandinavie, ensemble de pays qui possèdent des systèmes sociaux sophistiqués. Pourquoi l'humain, lorsqu'il n'a plus à lutter pour gagner sa vie, ou encore pour la sauver, sombre dans la dépression, l'angoisse, et le vide spirituel ? La vie telle que nous la connaissons dans notre hémisphère, est-elle trop facile ? Nous recherchons l'excitation, puis après, nous désirons le calme. Nous désirons tout provoquer sans prendre le temps de digérer nos émotions. La petite pilule serait-elle la solution ? Je suis loin de partager cette recherche du paradis artificiel. Il faisait comment l'homme du Néandertal, lorsqu'il sortait de sa caverne pour se retrouver devant un ours agressif fouetté par la faim ? Il y avait de quoi faire de l'angoisse. S'il voulait survivre, il fallait qu'il trouve une solution rapide et viable. S'il en réchappait, ce qui n'était pas toujours le cas, je suis sûr que lorsqu'il se couchait le soir, il n'avait pas besoin de pilule pour dormir. Collé sur les pompiers, la police et le médecin, l'homme moderne trouve de moyen de s'angoisser.
Ce qui m'amène à parler de ce malaise profond de cette France, qui pourrait être une tentative d'explication sur ce que vous vivez présentement, qui découlerait de cette espèce d'angoisse que vous cultivez en couches épaisses. Vous désirez que tout soit prévisible après vous vous plaignez qu'on tripote votre liberté. Faudrait savoir l'objet de vos désirs. Carmilla, vous avez sans doute mis le doigt sur une partie sensible, qui si on la creuse, serait un commencement d'explication plausible.
Le problème ne serait pas dans le cœur de La France, mais dans le cœur de chaque français.
Bonne nuit Dame Carmilla et dormez bien !
Richard St-Laurent

KOGAN a dit…

Bonsoir Carmilla

Ce post est fantastique,et en même temps un véritable coup de grâce par toutes ces "précisions accablantes" qui me laissent effaré quant à l'état de notre société et de son organisation depuis des lustres.

je m'aperçois en comparaison des inactifs, que j'ai pas mal donné en me défonçant pour travailler depuis mon plus jeune âge, et sans m'arrêter pour en "profiter" en cours de route.

Tout ce joli descriptif très incisif et réaliste, me laisse un goût amer dans la bouche...Avec en plus la mort de Bruno Gantz vous venez de me gâcher le weekend :-)

Il va être très difficile pour certains de sauver leurs peaux dans un avenir plus que proche.Je consulte immédiatement les oracles, mais je ne me fais aucune illusion.

Espérons, prions ...et buvons.
Bien à vous.
Jeff

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

La confection de ce post ne m'a en fait pas pris plus de temps que pour les autres.

Il est très facile, aujourd'hui, de trouver une foule d'informations chiffrées sur les sites des différents ministères. C'est curieusement négligé par de nombreux théoriciens qui préfèrent l'idéologie et les idées préconçues aux faits.

Je ne sais pas si le suicide a des explications sociales, sociologiques. Le passage à l'acte est souvent soudain, brutal, sans préméditation, dans une espèce de fascination exaltée de la mort.

Quant à la consommation de psychotropes en France, il faut reconnaître qu'il y a un incroyable laxisme des médecins qui prescrivent, allègrement et sans difficultés, anti-dépresseurs et somnifères. C'est vraiment très facile de se procurer cette dangereuse pharmacie en France. Résultat: beaucoup de gens vivent comme ça perpétuellement "au fond de la piscine".

Je suis enfin d'accord avec vous. Il y a d'un côté une demande de prise en charge, de maternage, et de sécurité et de l'autre une revendication d'autonomie.

Bien à vous

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Jeff,

Effectivement, on peut se poser beaucoup de questions sur le travail dans les sociétés occidentales et notamment en France.

Il se révèle en fait qu'un petit nombre de gens (entre 10 et 15 millions de personnes en France)créent vraiment de la richesse mais ce sont eux qui font vivre l'ensemble de la société et lui assurent son niveau de vie. Ce sont ces gens qui auraient, me semble-t-il, de bonnes raisons de se révolter.

On peut ajouter qu'au sein de la population active, beaucoup sont bien peu actifs. C'est la question du temps de travail, mais il y a là-dessus un immense tabou.

L'image de deux France, une qui "rame" et une qui "brame", ne m'apparaît pas fausse.

Bien à vous,

Carmilla

KOGAN a dit…

Merci Carmilla,

"Effectivement, on peut se poser beaucoup de questions sur le travail dans les sociétés occidentales et notamment en France."

Toujours actif en serrurerie et bien qu'ayant dépassé l'âge de "lâcher les marteaux", j'affectionne toujours le travail...avec la satisfaction d'avoir résolu un problème, d'avoir aidé une personne ayant perdu ses clés de maison, c'est mon médicament...

En le couplant avec la passion de la peinture... je n'ai pas le temps de contracter de dépression, ni de ramer, ni de bramer....J'ai une bonne clé :-)

Bon Dimanche
Bien à vous
Jeff

Richard a dit…

Bonjour Dame Carmilla !
J'espère que vous avez bien dormi.

Je ne sais pas si le suicide a des explications sociales, sociologiques.
Carmilla

J'ai assez bourlingué au cours de ma vie, passé au travers de toutes sortes de peuples et de structures politiques, mais je n'oublierai jamais les réserves indiennes au Québec comme au Canada, là où le suicide demeure une triste réalité. Le suicide a de multiples causes, entre autre, la perte de son identité. La politique canadienne au sujet des indiens en aura été une d'assimilation, depuis le milieux du XIX siècle, jusqu'aux années 1950. L'esprit de la loi sur les indiens prévoyait assimiler toutes ces nations, surtout les plus nomades pour en faire des canadiens sédentaires à part entière. Ce fut un véritable désastre. Ces peuples amérindiens se sont retrouvés dans des réserves minuscules, eux qui jadis couraient les vastes espaces. Pour les assimiler, on a eu la brillante idée, de créer des pensionnats, où les jeunes indiens étaient littéralement arrachés à leurs familles, pour être transporter très loin du lieu de leur naissance, souvent de force, parce que c'était la loi. Ce fut un immense gâchis. Ces amérindiens en plus de perdre une partie de leur riche culture, ne se sont jamais assimilés. Lorsque les jeunes indiens avaient terminés leurs études ils retournaient dans leur réserve et ne se reconnaissaient plus dans leur communauté. Alors a débuté, une époque d'alcoolisme, de toxicomanie, et de suicides. Confinés dans leurs réserves, désœuvrés, entretenus économiquement par le gouvernement fédéral, payé à ne rien faire, comme dans la chanson de Félix Leclerc, plusieurs se sont suicidés. J'ai vu des jeunes indiens respirer de la vapeur d'essence dans des sacs en plastique. Je n'oublierai jamais leurs regards. C'est une expérience qui m'a marquée.
Citation :
« Un triste chapitre pour les enfants de l'état.
J'ai regardé mon père, j'ai regardé ma mère, j'ai regardé à nouveau mon père. Et vous savez quoi ? Je les haïssais. Je haïssais tout simplement mes propres parents. Parce qu'ils m'avaient abandonnée ; je détestais leur visage brun. Je les détestais parce qu'ils étaient indiens ; ils étaient indiens. »
Mary Couchene, Première Nation de Pine Creek, Manitoba

Tiré de : Le Peuple Rieur, (page 259) de Serge Bouchard
Édition : LUX Éditeur 2017
www.luxediteur.com
Soignons nos identités afin de ne pas les perdre !
Simplement
Richard St-Laurent


Richard a dit…

Bonjour madame Carmilla

Suite à mon texte précédent sur la perte d'identité.
J'ai une impression qui me tenaille depuis quelques années, qu'il y a en Europe comme en France, une espèce de perte d'identité. Qu'on me comprenne bien, je ne parle pas de nationalisme, mais d'identité. Je ressens comme un malaise.
C'est quoi la différence entre un sac d'essence, s'enivrer à mort, ou des anti-dépresseurs ?

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Jeff,

La serrurerie, oh la,la, c'est très technique et très compliqué.Félicitations ! Vous n'ignorez sans doute pas que c'était l'une des passions de Louis XVI à tel point qu'il avait un atelier à Versailles.

Quant à la peinture, c'est bien pire. Combien d'artistes n'ont eu qu'une reconnaissance posthume.

Mais l'essentiel, c'est effectivement ça: cultiver et développer au mieux ses talents, manuels, intellectuels, sportifs. C'est comme ça qu'on contribue au bonheur commun.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je n'ai pas besoin de somnifères pour bien dormir même si j'ai des horaires assez particuliers et déteste la grasse matinée.

Merci pour ce témoignage concernant les Indiens du Canada. Effectivement, des civilisations entières ont disparu dans toute l'Amérique pas seulement du fait d'une extermination directe. Elles se sont souvent simplement abandonnées à la mort.

Cette question de l'identité d'un pays, d'une nation, est effectivement essentielle. C'est dénoncé avec virulence par la gauche bien pensante qui y voit le ferment du nationalisme et de l'intolérance.

Je suis partagée parce qu'il y a bien, malgré tout, des identités nationales. Je sais très bien qu'un Russe, un Polonais, un Ukrainien, un Français ont des façons de penser, de sentir, de voir, de se comporter, de considérer l'autre sexe qui sont différentes. Avant même qu'ils ne se mettent à parler, on reconnaît immédiatement, par exemple, des Français à leurs gestes, leurs mimiques, leurs expressions, leur habillement.

Mais tout cela ne relève bien sûr pas de la génétique. Ce sont des différences culturelles. Je suis donc convaincue qu'il y a bien, n'en déplaise aux cosmopolites convaincus et autres citoyens du monde, une culture française et qu'elle marque profondément chacun de ses citoyens.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonsoir Madame Carmilla !
Les statistiques deviennent intéressantes lorsqu'on les comparent d'un pays à l'autre. 67 millions d'habitants sur 550 000 km2. Je suis toujours surpris par la densité de populations en Europe. Le Canada 36 millions d'habitants sur près de dix millions de km2. Le Québec 8.5 millions d'habitants sur 1.7 million km2. Je me demande toujours devant ces chiffres. Comment font les Européens pour vivre sur si peu d'espace ?
J'ai vérifié les chiffres sur les taux de suicides parce que je l'avais évoqués précédemment. La France est devancée par le Japon, mais les Québec devance le Japon. Pourtant, la vie est confortable au Québec. Il y a de quoi s'interroger...
Au niveau des fonctionnaires, on se compare toutes proportions gardées. (450,000 fonctionnaires pour le Québec).
C'est reconnu depuis des lustres, il y a de moins en moins d'actifs dans nos sociétés. Autant dans le domaine agricole qu'industriel, nous sommes plus efficaces.
Les actifs n'ont pas le temps de se révolter, parce que justement, ils travaillent. Sur une ferme, c'est souvent du sept jours par semaine. Les vaches mangent et donnent du lait même le dimanche. Pas de temps pour la contestation.
Tant qu'au système de santé, nous nous comparons, il n'y a pas beaucoup d'écarts. D'après ce que j'en sais nous sommes aussi efficaces l'un que l'autre. Il n'y a pas de quoi en faire un plat et critiquer.
Tant qu'à la justice, je ne dirais qu'une chose. Nous vivons dans des sociétés très sécuritaires. 70 000 personnes détenus en France sur 67 millions d'habitants, c'est vraiment peu. Québec 136 détenus pour 100 000 habitants. Je considère que je vis dans un pays tranquille. Si je devrais mourir par balle, se serait sans doute par un accident de chasse.
Pourriez-vous m'expliquer la différence en France, entre les gendarmes, la police et les CRS, franchement je ne m'y retrouve pas ?
Sur l'enseignement, je suis d'accord avec vous, tous les gouvernements confondus font des pieds et des mains pour maintenir la jeunesse sous le joug scolaire. Certes, ils réussissent mieux, mais je sais que passer le bac en France en 1960 comparé à aujourd'hui, se sont deux histoires différentes, ce qui fait débat. Sont-ils plus intelligents ? Je vais me garder une petite gêne, j'ai mes doutes sur ce sujet.
Quoi qu'il en soit, les deux ministères important autant en France qu'au Québec sont l'éducation et la santé.
Richard St-Laurent

Richard a dit…

Il appert que la production industrielle de biens n'occupe plus la première place, c'est un sujet qui est évoqué par de nombreux anthropologues, sociologues et philosophes. Harari dans ses ouvrages l'évoque continuellement, et plus nous serons efficaces, moins nous aurons besoin de main d’œuvre active. Qu'est-ce qu'on va faire de tous les inactifs ? C'est là que ça devient intéressant ? Ça ouvre la porte à toutes sortes de possibilités. Comment va-t-on définir le nouveau rôle de l'humain ? Aura-t-il encore un rôle à jouer ? Est-ce que le mode de consommation que nous connaissons sera profondément modifié ? Existera-t-il encore ? Est-ce que le contrôle des naissances deviendra une loi ? Sera-t-il possibles de diminuer le nombre d'humains sur terre ? En fait de compte cela pose la question de l'occupation de l'homme. J'en connais qui vont commencer à faire de l'angoisse. Et, si c'était les inactifs qui se révolteraient ? Vraiment, l'évolution est vraiment passionnante.
Oui, l'état présentement sait beaucoup sur ses citoyens et c'est normal, on ne peut pas diriger un pays dans l'ignorance, à l'aveugle, et vous êtes bien placée pour le savoir Carmilla, lorsqu'il faut faire des prévisions pour construire, instruire, soigner, etc.
Pour ceux qui pensent que l'État prend trop de place et brime la liberté, j'aurais deux ou trois propositions à faire.
Venez au Canada, chausser vos raquettes et enfoncez-vous dans la toundra, et après l'expérience si vous en réchappez, vous me reparlerez de votre liberté.
Vous pourriez déménager, en Russie, en Chine, en Afrique du Sud, au Vénézuela, pourquoi pas en Haïti.
D'autre part vous pourriez payer vos soins médicaux, votre éducation, et ne jamais demander d'aide social. Ne riez pas, j'en connais qui sont dans ces eaux-là, aussi incroyable que cela puisse être !
Ne pensez pas que l'état sait tout de vous, il restera toujours des zones d'ombre, mais les zones d'ombre ce n'est pas la liberté.
Madame Carmilla, j'ai bien aimé l'exercice, ce qui fut très stimulant. J'aime bien jongler avec les chiffres, surtout lorsque les statistiques débouchent sur des interrogations, sur des choses que nous n'avons jamais imaginez, sur l'inconnu. Naître c'est un maudit hasard, mais naître en France ou au Québec, finalement, ce n'est peut-être pas si mal que cela.
Bonne fin de nuit pour ce qui en reste, surtout dormez bien. Personnellement dans le sommeil, j'aimerais prendre conscience de l'instant où chaque soir, je perds conscience.
Sous une magnifique lune par -15 degrés à l'heure du souper.
Richard St-Laurent

Anonyme a dit…

Dame Carmilla (!),

Votre blog c’est soit des généralités essentialisantes à base de « on », « le plus souvent », « les hommes », « les femmes », etc., soit comme ici pléthore de chiffres non-analysés. Cela ne me convient pas, d’autant plus que vous jouez à la femme légendaire vampire golem Baba-Yaga et j’en passe, alors que sous ces oripeaux mythologiques vous n’êtes qu’une vulgarisatrice aux idées banalement libérales, compensant par un affichage tape-à-l’œil de références artistiques et culturelles la laideur médiocre du milieu dans lequel vous évoluez (la phynance, si je comprends bien).

Anonyme (comme vous)

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

On peut effectivement penser que de moins en moins de gens seront affectés à des activités de production de biens matériels.

Cela ne signifie pas, cependant, qu'il y aura, contrairement à l'opinion commune, une augmentation du chômage. Si les machines et la technique détruisaient globalement l'emploi, ça se saurait depuis longtemps.

Les gains de productivité réalisés vont favoriser les emplois de service et donc toutes les activités de prise en charge de la population. Inconvénient: ça risque de peser, de plus en plus, sur la croissance car les services n'ont qu'un potentiel limité d'amélioration de leur efficacité.

Mais je suis d'accord avec vous. C'est un pouvoir vraiment soft. Le rôle accru de l’État dans la gestion de nos vies nous offre encore beaucoup de marges de manœuvre et de liberté. On vit, quoi qu'on en pense, sous le régime d'un État certes tentaculaire mais bienveillant.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Anonyme (comme moi) pour votre lecture attentive de mon blog.

Vous avez sans doute raison. J'ai en effet des côtés insupportables: la Parisienne (enfin, pas seulement)arrogante et "tape-à-l’œil". Mais je l'assume: c'est la question de la séduction et ça n'est du moins pas si tendance que ça; du reste, je ne nourris aucune ambition ni prétention pour mon blog. Si c'est de la simple vulgarisation, je trouve ça déjà honorable.

Votre reproche le plus pertinent, c'est l'essentialisme: difficile d'y échapper complétement. Mais ça relève de mes interrogations sur le désir et la séparation des sexes. J'ai du mal à croire à la "fluidité" des genres, cette idée si à la mode aujourd'hui.

Mais vous m'avez aussi fait bien rire. En matière d'idées reçues, vous me surpassez. J'aimerais vraiment savoir, puisque je serais l'un de leurs suppôts, ce que sont pour vous le libéralisme et les marchés financiers et quels malheurs, voire quels crimes, vous leur imputez. On pourrait avoir un échange fructueux à ce sujet.

Bien à vous,

Carmilla