samedi 28 août 2021

Pays incertains

A l'occasion des Jeux Olympiques, j'ai découvert le nouveau nom d'un pays, même si celui-ci n'a guère brillé pour le nombre de ses médailles (0, je crois): l'Eswatini ! L'Eswatini, la honte, je ne connaissais pas. C'est presque aussi mystérieux que les Kiribati. Renseignements pris, j'ai découvert que c'était le nouveau nom (depuis 2018) du Swaziland, un tout petit pays (1,1 million d'habitants) bordé par l'Afrique du Sud et le Mozambique.
Sa principale caractéristique, c'est qu'il est la dernière monarchie absolue d'Afrique. Et absolu, ça veut vraiment dire absolu. Non seulement, les partis politiques sont interdits mais le "bon Roi" (depuis 1986), Mswati III, appuie son pouvoir sur de charmantes traditions. C'est ainsi que, chaque année, tous les parents, sujets de sa Majesté, doivent s'assurer que leurs filles encore vierges vont bien participer à la "danse des roseaux", qui s'effectue devant le roi. C'est l'occasion pour celui-ci de choisir une nouvelle épouse (il en a une quinzaine). C'est sinistre et risible à la fois. Ces découvertes, ça justifie pleinement l'intérêt que je porte aux petits pays et à tous ces territoires au statut incertain qui ne sont pratiquement reconnus que d'eux-mêmes. Les instances internationales et le grand public ne les connaissent quasiment pas et s'en fichent largement mais ce désintérêt est justement mis à profit pour mettre en place localement, en toute quiétude, des systèmes d'illégalité générale. 

Rien qu'en Europe (au sens large), on peut ainsi recenser : la Transnistrie et la Gagaouzie (en Moldavie), l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud (en Géorgie), le Haut-Karabakh(en Azerbaïdjan), la Crimée, les Républiques "Populaires" de Donetsk et Lougansk (en Ukraine). On constate évidemment que tous ces charmants endroits (dont certains sont effectivement idylliques) sont manipulés par la Russie et cela souvent depuis plusieurs décennies.
Dans cette longue liste, je n'évoquerai que deux dossiers qui me tiennent à coeur : 

 - l'enclave de Kaliningrad. En droit international pur, il n'y a pas grand chose à dire. C'est bien un grand morceau de la Prusse Orientale qui a été cédé à l'U.R.S.S., au lendemain de la 2nde guerre mondiale et sous la pression d'un coup de force de Staline. Mais ce territoire est aujourd'hui entouré de la Pologne et de la Lituanie et donc séparé de la Russie. Surtout, géographiquement et culturellement, il est incontestablement germanique. La Russie n'a aucune légitimité, ni juridique, ni culturelle, à l'occuper. Kaliningrad, c'est l'ancienne Koenigsberg, la ville de Kant, de Hoffmann et d'Hannah Arendt, rien que ça. 
 
Pour les mathématiciens, c'est aussi la ville aux 7 ponts; 7 ponts qui ont donné lieu à un long débat . Problème de maths : existe-t-il une promenade dans les rues de Koenigsberg permettant, à partir d'un point de départ au choix, de passer une et une seule fois par chaque pont, et de revenir à son point de départ ? La question a été résolue en 1735.
Koenigsberg, c'était beau et cosmopolite. Et puis, il y a la mer toute proche avec des plages de sable fin magnifiques. Kant ne l'a jamais quittée mais, depuis sa ville natale, il s'est passionné pour le monde entier, la géographie et l'anthropologie. Les Soviétiques se sont attachés à faire de cette ville une horreur, vidée de sa population allemande et éradiquée de ses monuments historiques (le château en particulier). Du joli travail. C'est un peu moins moche aujourd'hui (quelques rues et un quartier historiques ont été réhabilités) mais aller y faire du tourisme demeure problématique (nécessité d'un visa russe pour les Européens). La question de la restitution de l'enclave de Kaliningrad peut légitimement être posée.
- la Transnistrie. On n'en a quasiment pas parlé dans les médias européens mais il y a eu, en Moldavie, à la fin de l'année 2020, une élection présidentielle qui a vu la large victoire, sur le candidat pro-russe, d'une jeune femme remarquable, Maia Sandu, libérale et pro-européenne. La Moldavie, c'est le pays le plus pauvre d'Europe (avec l'Ukraine). Comme à son habitude, l'Europe s'est bien gardée de lui exprimer un quelconque soutien ou même une quelconque sympathie (de peur de froisser la Russie). Pourtant, Maia Sandu a d'emblée exprimé une revendication pleinement justifiée : le retrait des troupes russes de la Transnistrie. 
 

 La Transnistrie, c'est une étroite bande de terre, coincée entre la Moldavie et l'Ukraine, occupée, depuis 1991, par la 14 ème armée russe. La Transnistrie, c'est un pays qui, juridiquement, n'existe pas (reconnue seulement par l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud) mais c'est la dernière "tanière" de l'ancienne U.R.S.S. : tout y est plus vrai, plus caricatural, que nature. Si vous voulez visiter un musée des horreurs soviétiques, rendez vous à Tiraspol, la capitale, vous serez édifié : rien n'y a changé depuis Brejnev. Curieusement, c'est assez facile d'y effectuer un court séjour, depuis Chisinau.
Il y a ainsi une multitude de petits "satellites" de la Russie, dont l'existence est souvent ancienne et dont le point commun est de ne vivre d'aucune activité économique réelle. Outre les subsides de Moscou, tous ces petits pays vivent en fait du "crime organisé" : bandits, mafias, trafics en tous genres, corruption, violence. Leur force, ce qui les fait tenir, c'est que certains y trouvent leur compte et puis la corruption, ça a aussi un certain charme, ça semble plus humain qu'une froide administration. En outre, l'absence de reconnaissance internationale n'est même pas gênante pour la population : la Russie y distribue son passeport.
Ce qui me sidère, c'est que l'Europe s'en désintéresse complétement et ferme les yeux à leur sujet. Ses "idiots utiles", Macron et Merkel, continuent de prôner le dialogue avec la Russie et osent, à peine, timidement évoquer le plus gros dossier, l'Ukraine. Ils n'ont d'ailleurs même pas eu le courage de participer aux cérémonies du 30 ème anniversaire de l'indépendance du pays et ils ont commis la traîtrise de finaliser le Gazoduc Nord Stream 2. Comment s'étonner qu'à l'Est, ils déçoivent et n'inspirent pas confiance ? Quant à la Biélorussie, ils se gardent bien de lever le petit doigt et d'ouvrir une quelconque perspective à sa population, même si la situation actuelle, de plus en plus chaotique, prépare son absorption par la Russie. 
 
On chante en ce moment les louanges d'Angela Merkel qui se retire du pouvoir. D'accord ! Mais j'ai aussi retenu cet avis du grand philosophe allemand Peter Sloterdijk à son sujet : Merkel était une femme "sans qualités", une grande "léthargocrate", c'est à dire quelqu'un qui avait poussé à son sommet l'art de ne rien faire, de n'être surtout pas disruptif, de ne prendre aucune décision qui puisse heurter les sensibilités. Une mémé gâteau, une "reine fainéante", c'est peut-être rassurant mais est-ce que ça peut être un modèle de gouvernance européenne ?
Cette incapacité de l'Europe à promouvoir ses propres valeurs me désespère. Quand est-ce qu'on cessera de traiter les dossiers un à un (la Crimée, puis le Donbass, puis la Transnistrie) et que l'on commencera à considérer la politique étrangère d'ensemble de la Russie ?
Ce qui est sûr, en effet, c'est que Poutine n'a aucunement envie d'éteindre un seul conflit, de voir un seul de ces petits territoires rentrer dans la légalité. Entretenir de multiples tensions, des zones d'instabilité permanente, c'est sa tactique. La pagaille, le chaos, c'est son élément. C'est ce que l'on appelle sa "stratégie du désordre", un désordre qui, grâce à l'inertie de ses interlocuteurs, devient permanent.
Images Internet de Kaliningrad (Koenigsberg) et Tiraspol . Deux tableaux du romantisme allemand : Schinkel et Friedrich.

Mes conseils de lecture : 

 - Bjorn Berge : "Atlas des pays qui n'existent plus - 50 Etats que l'Histoire a rayés de la carte". Les pays qui n'existent plus, c'est différent des pays qui n'existent pas. Un livre passionnant mais il débute malheureusement seulement au 19 ème siècle.

 - Isabelle Mandraud et Julien Théron : "Poutine, la stratégie du désordre". Un livre récent et très juste concernant la politique étrangère de la Russie : casser l'Europe et perturber, partout, les règles du jeu. 

Concernant l'Eswatini, un chapitre lui est consacré par Julien Blanc-Gras dans son livre: "Envoyé un peu spécial". 

 S'agissant enfin de Kaliningrad (Koenisberg) je recommande : 

 - Arsenij Goulyga : "Emmanuel Kant Une vie". C'est une curiosité peut-être un peu difficile à trouver aujourd'hui : la vie d'Emmanuel Kant par un philosophe soviétique. Un bon bouquin. Lire Kant, c'est plutôt ardu mais sa vie, aussi banale et réglée qu'elle fut, est malgré tout fascinante : comment vivre selon les seules lois de la Raison. 
 
- Jean-Paul Kauffmann : "Outre-Terre". Un livre qui a pour prétexte la bataille napoléonienne d'Eylau mais qui s'élargit à Balzac ("le colonel Chabert") et la  Prusse Orientale.

 - Iouri Bouïda : "Voleur, espion, assassin". Un écrivain russe que j'aime beaucoup. Il vit justement près de Kaliningrad. Le titre de son livre suffit à comprendre sa perception de la région. 

 - Pierre Péju : "E.T.A. Hoffmann L'ombre de soi-même". La vie fascinante du grand écrivain du Romantisme allemand.

20 commentaires:

Nuages a dit…

Les Etats autoproclamés, c'est un sujet qui me passionne aussi, et je suis toujours à l'affût de reportages, voire de livres ou de films, sur ces entités étranges. On aurait un excellent sujet de film, s'il n'a déjà été fait (je n'en connais pas), en faisant un grand périple pour découvrir ces mini-Etats "de fait".

La Gagaouzie, je connaissais, mais j'ignorais qu'elle avait revendiqué son indépendance. Mais les séparatistes gagaouzes ont finalement accepté un statut de région autonome au sein de la Moldavie. L'article de Wikipédia est très complet à ce sujet :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gagaouzie

Quant à l'enclave de Kaliningrad, sa situation me paraît aujourd'hui irréversible. Si on la restituait à l'Allemagne, on devrait aussi restituer la Mazurie polonaise (ancienne moitié sud de la Prusse Orientale allemande), voire la Poméranie et la Silésie. C'est évidemment impensable et impossible.

Sur l'oblast de Kaliningrad, je vous conseille vivement le film du documentariste allemand Volker Koepp, "Kalte Heimat" ('Froide patrie'). On y découvre qu'un certain nombre d'Allemands "de souche" y vivent encore aujourd'hui.

On trouve ce film dans un très beau coffret disponible sur Amazon, "Elégie de la Sarmatie", qui comprend quatre films, dont "Kalte Heimat".

https://www.amazon.fr/Volker-Koepp-Elegie-Sarmatie-Koepp/dp/B00O355UXU/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=ÅMÅŽÕÑ&dchild=1&keywords=Elégie+de+la+Sarmatie&qid=1630138431&s=dvd&sr=1-1


Du côté des Etats autoproclamés, on a aussi la République Turque de Chypre du Nord, et, moins connu, le Somaliland, l'ancienne partie britannique de la Somalie, qui est indépendante de fait depuis 1992, et qui "fonctionne".

https://fr.wikipedia.org/wiki/Somaliland

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Concernant Kaliningrad, une restitution à l'Allemagne est bien sûr inconcevable. On pourrait envisager, néanmoins, un territoire neutre avec administration conjointe.

Ca demeure bien utopique aujourd'hui avec Poutine. Mais on devrait toutefois exiger un libre accès, sans visa, au territoire.

Je ne connais pas ce film de Volker Koepp. Je vais m'empresser de le rechercher.

C'est vrai qu'en Europe, il existe aussi la Chypre du Nord. Encore une situation qui semble s'être définitivement enlisée et ça n'est sûrement pas avec Erdogan, prisant, lui aussi, la manière forte, qu'une solution va être trouvée.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

Les petits pays sont bien utiles pour les grands pays qui ont quelque chose à cacher. Exemple les paradis fiscaux. Ça grouille peut-être de petites mafias et quelques délinquants, mais ce ne sont que les parasites du troisième sous-sol.

Vous critiquez sévèrement les politiques internationales de l’UE, mais ils ne sont pas les seuls en cause, même les autres grandes organisations internationales se complaisent dans leur immobilisme. Tout le monde discute sur ces fameux paradis fiscaux, mais personne ne passe à l’action, parce que personne ne s’accorde sur les actions à prendre. Ce qui résulte souvent au genre de fouillis dont nous avons été témoins à l’aéroport de Kaboul cette semaine. Tout le monde le savait que l’armée afghane ne résisterait pas.

S’imaginer que l’Europe va courir au secours de la Biélorussie, ou de l’Ukraine, c’est se bercer d’illusions. Et, les idiots utiles, sont peut-être plus intelligents qu’on pourrait le penser. Je vois mal la France et l’Allemagne aller se fourrer dans une confrontation avec la Russie, surtout que le restant de l’Europe ne bougera pas. Macron en a déjà plein ses bottes avec ses problèmes intérieurs, et madame Merkel arrive en fin d’une longue carrière politique où elle a été réélue à plusieurs reprises. Elle ne devait pas être si mauvaise que cela la grand-mère!

Reste que cousin Vladimir ne comprend qu’une chose, la force, mais personne ne veut l’affronter. Qui plus est, il n’est pas unique dans son genre. Il y en a plusieurs autres dans son genre qui se pourlèchent les babines. Cette Europe que vous évoquez souvent Carmilla, ressemble à celle des années 1930. Elle croupie dans son indifférence crasse.

J’aimerais savoir où vous avez dénichée la photo no.5, celle de la femme face à la fenêtre cassée. Je la trouve très évocatrice. Serais-ce l’Europe brisée?

La photo no.8 représente ce qui me semble une église en ruine. J’aime les photos sous une neige mouillée de fin d’automne. Celle-ci est particulièrement inspirante. Où se situe ce bâtiment en ruine?

Merci pour votre texte. Je pense que nous allons nous en reparler cette semaine.

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Il y a en effet les petits pays "Paradis fiscaux", utiles pour l'"optimisation", le blanchiment ou la défiscalisation. Ils sont très critiquables mais leurs populations vivent du moins dans la tranquillité.

Mais les petits "satellites" de la Russie sont, quant à eux, des "Etats guerriers", avec des milices armées jusqu'aux dents qui soumettent les populations à la terreur. Vivre là-bas, c'est vraiment très incertain.

Les images que vous évoquez de Kaliningrad sont de Dominique Rivaz, une cinéaste française, et Dmitri Leltschuk, un photographe russe. Elles sont rassemblées dans un très beau livre : "Kaliningrad, la petite Russie d'Europe".

S'agissant de Merkel, bien sûr que j'exagère. Mais il est vrai que nombre d'Allemands constatent qu'elle n'a conduit aucune politique d'envergure, se contentant simplement d'engranger les bénéfices de la gestion réformatrice de Schröder. Quant à sa relation avec Poutine, elle n'a absolument rien obtenu et ne l'a pas fait bouger d'un pouce. Lui, en revanche, a tout obtenu (gazoduc, mainmise sur les pays relevant de son "influence").

Bien sûr que l'Europe ne va pas s'engager dans une guerre avec la Russie mais, il faut le souligner, les sanctions prises à son encontre sont, quoi qu'on en dise, quasi inexistantes.

Quand je vois la rigueur des restrictions appliquées à l'Iran, il n'y a aucune comparaison possible. Or la Russie demeure un nain économique entièrement dépendante des marchés financiers et des technologies des occidentaux. Il suffirait de lui fermer l'accès, comme on le fait pour l'Iran, aux marchés financiers pour qu'elle change rapidement d'attitude.

Bien à vous,

Carmilla

Nuages a dit…

Je viens de commander le livre sur Kaliningrad et je me réjouis de le découvrir bientôt.

Comme lectures, je conseille aussi le très court mais passionnant petit livre de David Van Reybrouck (l'auteur du monumental "Congo. Une histoire") sur Moresnet, qui fut un territoire neutre entre la Belgique, les Pays-Bas et l'Allemagne, pendant un siècle, jusqu'en 1919.

https://www.actes-sud.fr/node/57231

Richard a dit…

Bonjour Carmilla!

J’ai galéré une bonne partie de l’été dans l’essai gigantesque d’Arundhati Roy qui s’intitule : Mon cœur séditieux. Bien sûr le sujet principale c’est l’Inde avec ses énormes problèmes intérieurs, mais aussi comment cet immense pays s’ajuste avec ses turbulents voisins immédiats.


« A en juger par ce qui se passe en Russie et en Chine (et même au Vietnam), les sociétés communistes et capitalistes n’ont pour finir qu’une chose en commun - l’ADN de leurs rêves. Après leurs révolutions, après avoir construit des sociétés socialistes que des millions d’ouvriers et de paysans ont payées de leur vie, ces pays ont à présent des économies capitalistes sans frein. La capacité de consommation est devenue, là aussi, l’aune à laquelle se mesure le progrès. Cette forme de (progrès) exige une industrie. Pour nourrir l’industrie, un apport permanent en matières premières est nécessaires. Pour cela il faut des mines, des barrages, une domination, des colonies, la guerre. Les anciens pouvoirs disparaissent, de nouveaux surgissent. Le scénario se répètent – des pays riches qui pillent de plus pauvres - avec des personnages différents. Hier c’étaient l’Europe et les États-Unis, aujourd’hui, ce sont la Chine et l’Inde. Demain, peut-être ce sera l’Afrique. Demain existera-t-il? Peut-être est-il trop tard pour le demander, mais l’espoir n’a pas grand-chose à voir avec la raison. »
Arundhati Roy
Mon cœur séditieux
Page 694

Peut-être que pour la suite du monde, les événements majeurs à l’avenir ne se dérouleront pas en Europe Centrale, encore moins en Russie. Il faut peut-être baisser les yeux sur la carte du monde et regarder vers l’Inde et surtout de ses turbulents voisins. Le Pakistan, l’Iran, L’Afghanistan, sans oublier la Chine avec sa route de la soie, qui devrait passer obligatoirement par l’Afghanistan. Pourquoi les chinois sont en train de mater les Ouïgours dans l’ouest de leur pays? Ils ne veulent pas avoir de problème sur leurs arrières. Qui plus est, à leur yeux (les chinois) regardent avidement du côté de l’Afghanistan, qui serait, selon certains géologues bien doté en minerais de toutes sortes, et surtout recèlerait des fameuses terres rares. En politique internationale, il n’y a pas de sentiment, seulement des intérêts.

Il appert que l’ouvrage : Mon cœur séditieux, n’est pas un ouvrage facile à lire. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est rudement dérangeant, parce que Roy touche autant les politiques et problèmes intérieurs de l’inde; que des ses conflits internationaux, surtout celui qui touche son voisin immédiat le Pakistan. Ne pas oublier que ces deux charmants voisins possèdent l’arme nucléaire. Reste l’Iran qui travaille a se doter de cette arme. Peut-être, qu’un petit coup de pouce de la Chine serait très apprécié?

Espérons que les événements ne dérailleront pas à l’aéroport de Kaboul pour les prochaines 72 heures. Ce qui pourrait entraîner une cascade d’événements regrettables.

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Note: La citation d'Arundhati Roy ne se retrouve pas à la page 694, mais à la page 654

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Le livre sur Kaliningrad, je suppose que c'est le livre de photos, "La petite Russie d'Europe". Le photographe russe est en effet remarquable.

Quant à David Van Reybrouck, je connais bien sûr; je sais qu'il est l'un des grands écrivains et historiens belges contemporains. Malheureusement, ça fait longtemps que je me dis qu'il faudrait que je commence à le lire mais je ne sais pas par quoi débuter. Son Congo, c'est quand même un sacré pavé; donc ce petit bouquin sur Moresnet, c'est susceptible de me convenir.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

J'avoue qu'un essai de plus de 700 pages, je réfléchis longuement avant d'acheter.

Et puis, est-ce que ça n'est pas un cliché de dire que le capitalisme repose sur la guerre, le colonialisme, l'exploitation des pays pauvres, le pillage de leurs ressources ? C'était le point de vue marxiste et de Lénine mais est-ce que ces maux n'ont pas préexisté au capitalisme ?

Il ne faut pas oublier que l'avènement du capitalisme est quand même contemporain de l'émergence des sociétés démocratiques avec la remise en cause perpétuelle des situations acquises.

La mondialisation, le libre-échange, c'est unanimement décrié aujourd'hui mais je pense que ce refus du repli sur soi constitue un mouvement très important. Et d'ailleurs, les pays pauvres ne rejettent pas la mondialisation, ils souhaiteraient, au contraire, y être davantage intégrés. Et pourquoi les pays riches en matières premières(Russie, monarchies pétrolières) ne décollent-ils pas économiquement ? En grande partie, parce que ce ne sont pas des démocraties et que le pouvoir décisionnel y est accaparé. La Chine, la Russie, l'Iran, la Turquie, je ne suis donc pas sûre qu'ils deviennent les maîtres du monde.

Dernier point. Tout le monde tape aujourd'hui sur les Américains et le désastre de leur politique en Afghanistan. On les juge unanimement nuls, incapables, voire responsables de la victoire des Talibans. Ils sont sans doute critiquables mais quelqu'un a-t-il pris la peine de regarder les images de la ville de Kaboul aujourd'hui et surtout de comparer ces images à celles de Kaboul il y a 30 ans ? Il faut quand même bien le dire : la Kaboul d'aujourd'hui n'était pas du tout désagréable et on ne peut vraiment pas dire que les Américains n'ont rien fait en Afghanistan. Le problème majeur, c'étaient l'insécurité et les attentats mais de cela, les Américains n'étaient nullement coupables. Et si les Talibans viennent de prendre le pouvoir, ce n'est sûrement pas par la voie démocratique. Ils ne vont sûrement pas solliciter une approbation des électeurs. Les explications toutes faites, à l'emporte-pièce, c'est non seulement fatigant mais c'est aussi dangereux.

Bien à vous,

Carmilla

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla!
Madame Arundhati Roy n’épargne personne, ni les capitalistes ni les socialistes, ni les autorités gouvernementales en Inde, tout en passant par le problème des castes, des religions, et des politiciens locaux corrompus. Son livre : Mon coeur séditieux fait plus de milles pages, 912 pages de textes bien tassés d’une densité peu commune, qui portent sur des sujets divers et très fouillés, un glossaire de 7 pages, 89 pages de notes, et pour compléter 28 pages d’index de noms. Les éditions Gallimard ont fait un travail remarquable de grande qualité, en rassemblant des textes éparpillés, discours, articles de journaux, essais, reportages. Effectivement c’est un ouvrage colossal, qui plus est, remarquable. Je puis comprendre qu’un tel ouvrage peut en rebuter plusieurs. Dans le genre comme dans les idées : Mon coeur séditieux n’a rien de facile. Mais personne n’est obligé de lire un tel ouvrage, mais vous pouvez lire ses deux romans, ce qui donne une idée générale de l’Inde actuel. Commencé par son premier roman qui a connu un succès international: (Le Dieu des Petits Riens). C’est un plongeon dans certaines sociétés hindous, parce qu’aux Indes c’est complexe et il n’y a pas seulement une société indienne. Inspiré par l’histoire de sa propre famille. L’autre roman traduit en français, que je suis en train de lire présentement, porte un titre qui incite à rire : Le ministère du bonheur suprême. On y croise l’Inde moderne bousculé par le racisme, les superstitions, les émeutes, les viols, les amputations, la corruption, les massacres, certes un livre d’une grande violence, mais rudement bien écrit. Cette femme a une très belle plume, et ses romans même s’ils dérangent, sont agréables à lire. Je vous les recommandes. Cela vous donnera une idée général de l’Inde et aussi de son auteure, et vous évitera d’aller patauger dans : (Mon coeur séditieux). J’ai choisie la citation d’hier à dessein, en pensant à vous Carmilla, parce qu’à de nombreuses occasions nous avons échangé sur ces sujets, d’économies et de politiques internationales. Ce qui est très louable, parce que l’on croit en la vie, donc nous croyons à l’avenir. Il faut trouver des solutions à une foule de problèmes, et des problèmes multiples l’Inde en a, à revendre. Ce qui m’intéresse, c’est comment ce pays va s’en sortir. Comment, l’Inde devra impérativement résoudre le problème de ces 400 millions d’habitants qui ne savent ni lire, ni écrire? S’ajoute à cela 200 millions d’êtres humains sous-alimenté? Voilà deux problèmes majeurs qui pèse sur l’avenir de ce pays. Là, nous ne sommes plus dans la caricature de la (gaugauche) ou dans l’extrême droite, ni dans le communisme, ni dans le capitalisme, parce que nous sommes tout simplement confrontés à un certain réalisme qu’on préfère ne pas regarder de près. Détourner les yeux n’est pas la solution, ça ne résout aucun problème. Se réfugier dans les idéologies autant religieuses que politiques, c’est adresser une invitation au Père-Noël., ou bien à la pensée magique. Par ses propos éclairants, Arundhati Roy est comme plusieurs d’entre nous, à la recherche de solutions. Nous en occident, nous connaissons très mal l’Asie et encore plus mal l’Inde, pour nous ça demeure mystérieux. On ne parle pas souvent de l’Inde dans les médias, et lorsqu’on évoque ce pays, c’est parce qu’il vient de se produire une catastrophe souvent naturelle, mais plus souvent qu’autrement humaine. Comment oublier Bhopal? Ce fut un gros accident écologique, mais il y en a eu d’autres qui n’ont pas fait les nouvelles. Tout ce qui se passe en Asie présentement, d’une manière ou d’une autre finit par nous toucher. C’est deux années de pandémie que nous venons de vivre illustre bien mon propos.

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

J'avoue trop mal connaître l'Inde (je n'y suis jamais allée) pour oser exprimer un avis à son sujet.

Je sais seulement qu'après quelques décennies d'économie "planifiée" au lendemain de son indépendance, le pays a connu une croissance impressionnante. Celle-ci s'appuie non pas sur les produits bon marché mais sur les technologies de pointe : pharmacie, électronique, nucléaire, informatique. De grandes sociétés informatiques françaises, notamment, s'appuient ainsi sur des sociétés indiennes.

Une grande classe moyenne a ainsi émergé en Inde. Tout le monde n'y est plus pauvre même si les problèmes demeurent immenses.

On ne l'a peut-être pas suffisamment souligné mais les trois dernières décennies (soit depuis la chute de l'URSS) ont été des années de forte croissance économique et la pauvreté a, ainsi, sensiblement reculé dans le monde.

Mais je reconnais que l'Inde est un pays fascinant et, sans doute, magnifique. Mais j'hésite à m'y rendre en raison de son climat vraiment très éprouvant.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

L’évacuation est terminée à Kaboul. Soyons modeste nous avons été chanceux. Il n’y a pas eu d’hécatombe. Ce genre d’opération aurait pu tourner au désastre. Il n’y a pas eu de triomphe nulle part.,

Lors des conférences de presse des talibans, j’ai été étonné de leur attitude. Pas d’arrogance, pas de menace, même s’ils ont conservé toujours cette mauvaise habitude de se présenter devant la presse internationale avec leurs fusils mitrailleurs. J’ai eu l’impression de lire dans leurs regards le doute. Sont-ils dépassé par leur victoire rapide sur les 300,000 soldats du Gouvernement Afghan? Sont-ils en train de se rendre compte que cette victoire facile, est peut-être une victoire à la Pyrrhus? Il y a quelque chose qui a changé depuis vingt ans. Ce que redoutait et redoute encore les dirigeants musulmans et les islamistes, (il faut tenir compte des différences), et en cela, vous avez rejoint les propos de Slavoj Zizek, qui citait un personnage qui a déjà fait la manchette et qui disait :

« Nous n’avons pas peur des sanctions. Nous n’avons pas peur d’une invasion militaire. Ce qui nous effraie c’est l’invasion de l’immoralité occidentale. »
Ayatollah Khomeini
C’était en 1979

Dans cette citation, il faut porter une attention particulière sur la dernière phrases et sans doute sur le terrain, les talibans reconnaissent que 20 ans d’occupation américaine a changé les mentalités. Ce n’est pas juste une question d’immoralité, mais une question d’amélioration des conditions de vie, autrement dit en côtoyant des américains, une certaines classe d’Afghans, a pu non seulement consommer des biens courant, mais ont eu la possibilité de faire des études, de voyager, de vivre dans d’autres pays. Autrement dit ils se sont ouverts sur le monde, alors comment retourner sous la férule des barbus?

D’autre part, si le talibans veulent exercer le pouvoir, et d’ailleurs, je pense qu’ils commencent à s’en rendre compte, ils auront besoin de médecins, d’ingénieurs, de gestionnaires, et surtout de bons techniciens compétents, et qui plus est : de l’aide internationale. On peut peut-être comprendre leurs regards inquiets devant les caméras.

Hier se tenaient une séance du Conseil de Sécurité, qui a adopté une résolution : Que les talibans respectent et protègent ceux qui désirent quitter l’Afghanistan. Sur les quinze membres de ce conseil, 13 ont voté pour, deux se sont abstenus, et devinez qui c’est? : La Chine et La Russie.

Je ne serais pas surpris de voir les chinois prendre la suite des opérations en Afghanistan suite au retrait des américains.

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Note : Le texte de Zizek se retrouve dans l’Obs de la semaine dernière. 23 août 2021.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je ne suis pas sûre que les Talibans aient complétement changé.

Mais ils n'ont d'abord plus affaire au même pays : plus de 50 % de la population a moins de 2O ans. Kaboul qui comptait moins d'un million d'habitants en concentre aujourd'hui environ 5 millions, tous habitués maintenant aux facilités et plaisirs de la vie urbaine.

Surtout, ils sont confrontés à une redoutable équation : ils sont d'emblée en faillite compte tenu du gel des réserves de leur Banque Centrale et de la suspension des aides internationales. Cela signifie qu'ils sont incapables de payer leur administration et qu'il faut contracter, drastiquement, la masse monétaire.

C'est un sacré cas d'école pour un financier mais je ne vois pas comment ils peuvent s'en tirer sans aide internationale sauf à envisager une chute dramatique de leur niveau de vie.

Ils ont donc intérêt à se montrer accommodants avec les grandes puissances s'ils veulent se maintenir au delà de quelques mois.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

Alors selon votre commentaire, et d’une certaine manière, l’Afghanistan va faire parti des pays incertains. D’autre part, s’ils ne reçoivent pas d’aide on sait ce qui va se passer.

En lisant les fils de presse, et visionnant les petits bouts de films, j’ai remarqué que les talibans , contrairement à ce que nous étions habitué de voir, le genre débraillé en guenille, cette fois-ci, ils sont propres, bien habillés, certes à la monde traditionnelle Afghane, qui plus est, ils sont en train d’abandonner leurs antiques kalachnikov. J’ai vu plusieurs talibans avec des armes américaines. Et s’ils sont confrontés aux difficultés économiques, ils pourront toujours écouler, l’équipement militaire qu’ils ont hérité des de l’armée Afghane. Donc, ils sont propres, bien habillés, bien armés, bien nourris, j’avoue que c’est nouveau de la part des talibans. Sont-ils bien commandés? Ça, c’est une autre histoire. Quels sont leurs objectifs? Pourquoi la Russie et la Chine se sont abstenues de voter lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité en faveur de la résolution des alliés, afin d’assurer une protection à ceux qui désirent quitter le pays?

D’autres part il fallait observer ceux qui quittaient le pays, en attente ou bien en marche vers les appareils qui les attendaient. Malgré une certaine fatigue, eux aussi ne semblaient pas souffrir de la faim, ce n’étaient pas des pauvres, qu’on se le dise, eux, ils avaient les moyens de quitter le pays, certains pour une deuxième fois. Un petit bagage, des papiers en règles, un peu d’argent, il n’en faut pas plus pour recommencer sa vie ailleurs. Ils savaient. Ils avaient préparer leurs affaires. Ils avaient les moyens de partir. Disons, qu’ils ne s’attendaient pas à ce que événements se précipitent.

Certes, les chinois pourraient racheter leurs faillite, ils pourraient leur avancer l’argent en échange de certaines faveurs comme d’ouvrir de nouvelles mines, payer un droit de passage pour la future route de la soie. Et les russes ne sont pas en reste, pas besoin de leur faire un dessin, le cas Biélorussie est patent. Il y a toujours moyens de s’organiser, de négocier. Je trouve ridicule les sanctions économiques, les embargos, les gels des avoirs. Ça fait combien de temps que l’Iran est sous embargos et sanctions de toutes sortes? C’est toujours le même régime qui est en place. Ce n’est pas les sanctions économiques qui font plier cousin Vladimir.

Soudain, les pays incertains deviennent intéressants, et nous aurions intérêts à sortir le plus rapidement possible de ces méandres de pauvretés que nous entretenons dans le monde. Kaboul moderne avec ses 5 millions d’habitants oui; mais on n’a peut-être oublié de demander à Mohamed ce qu’il désirait dans le fond de sa province, sans électricité et sans eau courante. Situation que l’on retrouve dans certaines provinces indiennes, aussi en Afrique, et pour prendre un cas extrême, en Haïti.

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Nuages a dit…

Sur un sujet certes différent, je vous conseille le superbe film d'Andreï Konchalovski, "Chers camarades", que j'ai vu en avant-première à Bruxelles. J'ignore s'il est sorti à Paris. Une puissante évocation de la révolte ouvrière de 1962 à Novotcherkassk, près de Rostov, violemment réprimée.

La bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=Cr0BKWgL9ms

Richard a dit…

Bonjour Carmilla!

« Ce sont les gens de l’ombre, qui vivent dans les fissures entre les programmes, entre les institutions. Ils dorment dans la rue, mangent dans la rue font l’amour dans la rue, accouchent dans la rue, sont violé dans la rue., coupent leurs légumes, lavent leurs vêtements, élèvent leurs enfants vivent et meurent dans la rue. »
Arundhati Roy
Mon coeur séditieux
Page 622

Mon intérêt pour l’Inde ne date pas d’hier. Je me souviens très bien la première fois, dans une épicerie fine de Sherbrooke, où j’ai tenu dans mes mains un produit agricole de ce pays. Ce commerce vendait des céréales à la poche, en grosse quantité. Je retrouvais toujours un monticule de sacs de riz près de la porte d’entrée. Ça provenait du monde entier. Plusieurs étaient succulents. À cette occasion, je remarquai des sacs avec des étiquettes que je n’avais jamais vu auparavant. J’ai cherché l’étiquette sur la poche, parce que la provenance est toujours indiquée. Ce que j’avais dans les mains, ce sac de riz, provenait de l’Inde. La surprise pour moi fut grande et connaissant un peu le pays, je me suis demandé immédiatement : Comment ce pays peut vendre des produits agricoles sur le marché international, pendant qu’une parti de son peuple souffre de la faim? Tu peux posséder l’arme nucléaire, mais tu es incapables de nourrir ton peuple. J’ai toujours été très sensible à ces genres de considérations. Lorsque j’achète un produit, peu importe lequel, j’essaie toujours de savoir sa provenance. C’est important pour moi. Exemple un vêtement, a-t-il été cousu par des enfants esclaves qui sont loin des bancs de l’école, où par des femmes soumises non seulement à leur famille, mais aussi leurs employeurs, et surtout à leurs traditions. Les exemples que je viens de donner, ça existe présentement aux Indes. Les autorités indiennes, issues de l’époque coloniale Britannique, se livrent aux mêmes méthodes; tu peux laisser ton peuple crever de faim, pendant que tu vends sur les marchés internationaux. On se souviendra que les Britanniques avaient exportés du blé en provenance de l’Irlande au XIXe, pendant la famine des pommes de terre. Acheter, ce n’est pas juste un geste économique, c’est aussi, et avant tout, un acte politique.

Hier, je me suis livré à un exercice intéressant. J’ai essayé de savoir, combien il y a de personnes qui vivent dans le rue présentement aux Indes. C’est étrange, je n’ai même pas eu d’estimé. J’ai eu beau fouiller, mais cela ne semble pas intéresser le restant des humains. Que des gens couchent dans la rues et se torchent le cul en public, ça ne semble pas avoir d’importance. Nous oublions aussi que l’Inde demeure un pays d’une violence extrême où l’État de Droit n’est pas toujours respecté.

Avec les derniers événements dans la région au cours de cette semaine particulièrement révélatrice, où les cartes viennent d’être brassées à nouveau, l’Inde a intérêt à régler ses problèmes rapidement. Je me souviens qu’au début de la pandémie, que l’Inde affirmait, qu’elle était capable de pourvoir le monde en vaccin. Présentement, ils sont incapables de répondre à leur propre demande intérieure.

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Le film de Konchalovski est sorti avant-hier à Paris. J'irai le voir surtout parce qu'à cette époque il avait commencé à travailler avec Tarkovsky.

Konchalovsky et son frère Mikhalkov représentent beaucoup au sein du cinéma russe même s'ils se sont beaucoup égarés au cours de ces dernières années.

Pour ma part, je suis allée voir "France" de Bruno Dumont, un film très controversé mais, néanmoins, intéressant. J'avais beaucoup aimé les premiers films de Bruno Dumont : "L'Humanité", "La vie de Jésus", "Flandres","Hadewijch". Il décrit, de manière impressionnante,le Nord de la France. Mais je conçois que son oeuvre déplaise.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

L'Afghanistan,un pays incertain ? Quant à son avenir, sans doute. Il faut d'abord faire face à une urgence, celle de la faillite économique.

Vous avez raison de dire que les Talibans se présentent mieux qu'autrefois de même que la ville de Kaboul. C'est en fait l'ensemble de la société afghane qui, au cours de ces deux dernières décennies, a un peu goûté à la société de consommation.

Avec la disparition des aides internationales, tout cela (automobiles, smartphones, ordinateurs, voyages etc..) va largement disparaître. C'est la mécanique de l'"aide fatale" qui détruit l'économie locale, n'apporte que des biens de consommation éphémères et installe une corruption généralisée.

Même si c'est impossible, j'aimerais vraiment bien travailler au Ministère des Finances d'Afghanistan. Repenser une économie à partir de zéro ou presque. Rechercher, plutôt que des aides, des investisseurs (l'Afghanistan est notamment un pays très riche en matières premières mais celles-ci ne sont pas exploitées). Mettre en place un système bancaire.

Quant à l'Inde, je ne connais vraiment pas le pays mais je sais qu'il dispose de grands scientifiques. Il est déjà infiniment moins pauvre qu'il y a quelques décennies. Que l'Inde vende des produits agricoles sur les marchés internationaux (du temps de l'URSS, les Russes râlaient pour le même motif) n'est pas forcément choquant. Il n'est pas interdit de penser qu'en contrepartie de ses exportations, l'Inde importe d'autres produits agricoles plus compétitifs. C'est la logique des échanges et des "avantages comparatifs" favorable à chaque pays. Le pire, c'est l'autarcie.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla!

Impossible? Faites application, soumettez votre candidature au gouvernement des Talibans, qui sait? Vous serez peut-être acceptée. Il me semble de vous voir à Kaboul revêtu du votre tchador. Et puis si les Talibans refusent vos services, alors il reste de nombreux pays. Je vous verrais bien par exemple en Ukraine en train de mettre en place un nouveau système économique. Pourquoi pas! Soumettre votre candidature ne vous oblige à rien. Et, qui sait, cela pourrait être une expérience utile pour l’humanité et intéressante pour vous-mêmes. Carmilla le Golem qui séduit le gouvernement des Talibans. J’aimerais bien voir cela! Il y a de quoi aller se rouler de rire dans la gravelle : Du Chemin du Pendu.

Tant qu’à l’avenir de l’Afghanistan, pour l’heure, ça ne s’annonce pas très bien. Plusieurs militaires canadiens qui ont servi en Afghanistan au cours de la dernière décennie, sont furieux, parce qu’il se rendent compte que tout leur travail va être jeté aux ordures. Les gars disent : On a travaillé pour rien!

En ce qui concerne les Talibans, on voit bien qu’ils marchent sur des œufs. Ce ne sont pas des idiots. D’un côté se renflouer économiquement, pendant que l’État-Islamique leur souffle dans le cou. Daech, c’est beaucoup plus violent que les Talibans.

Je vous recommande une lecture intéressante qu’on retrouve sur le site de Radio-Canada, un texte écrit par François Brousseau : Vers un dialogue entre talibans et Occidentaux?

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1819667/afghanistan-apres-attentats-kaboul-analyse

D’autre part, les Talibans sentent qu’ils n’ont pas des appuis très solides dans la population, les gens ordinaires en ont sans doute assez de tout ce climat de terreur et de violence. Pendant ce temps, des femmes juges et de avocates sont en train de brûler leurs dossiers avant de se cacher.

Dans cette région du monde, il reste un allié pour les Américains, et c’est l’Inde. Ce n’est peut-être pas le meilleure allié au monde, mais c’est un allié de taille avec lequel il faut compter. Il y a eu des accrochages le printemps dernier entre La Chine et L’Inde, et j’ai l’impression que ce n’est pas terminé.

Je n’ai pas eu de réponse en ce qui concerne le nombres de sans-abris en Inde, mais les photos sont nombreuses où l’on voit les gens cuisiner ou dormir en plein milieu de la rue. Des échanges internationales au niveau économique, n’aident en rien ces pauvres gens, l’humain passe avant le commerce. Tant que l’énergie sera abordable, on pourra ce livrer à ce genre d’exercice, vendre ses productions agricoles et laisser une partie de sa population dans la souffrance. Personnellement, je trouve cela inadmissible. Le jour où les prix de l’énergie grimperont en flèche, comme c’est le cas présentement, il faudra peut-être se contenter des marchés locaux.

Bonne fin de journée

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Votre appréciation concernant mon "aspiration" à apporter une aide à l'Etat Afghan est du moins franche et directe. Mais est-ce vraiment si ridicule même si c'est, évidemment, aujourd'hui impossible ?

Je n'ai, bien sûr, pas d'ambition au niveau de l'humanité toute entière mais il s'agit, ici, de quelques millions de gens qui vont prochainement être confrontés à une grande misère, voire à la famine. Les décisions économiques et financières qui devront prochainement être prises revêtent un caractère crucial. Il ne suffira pas d'envoyer quelques aides alimentaires (qui aggraveront peut-être, d'ailleurs les choses). L'Afghanistan est un pays que je porte dans mon coeur parce qu'il est très proche (culturellement) de l'Iran. Mais j'admets qu'on doute de mes compétences même si j'ai un certain bagage (notamment linguistique).

Quant à l'Ukraine, elle dispose de suffisamment de compétences et son économie n'est pas au niveau zéro.

Pour ce qui est, enfin, de l'Inde qui vend ses productions agricoles à l'extérieur, ça peut lui permettre d'acquérir d'autres productions agricoles, pour les diversifier, mais aussi des outils et machines susceptibles d'accroître le rendement des terres indiennes, ce qui bénéficiera à l'ensemble de la population.

Bien à vous,

Carmilla