samedi 31 décembre 2022

Espoir et encore...

 

Je reviens d'un petit séjour en Pologne. J'en parlerai la semaine prochaine.

J'ai été effrayée de constater que mon blog vient de fêter ses 15 ans. Je me dis parfois que c'est ridicule ou absurde.


De la maniaquerie, de l'obsession ou simplement du radotage avancé, diront certains. Peut-être en effet.

Et puis, un blog, c'est aujourd'hui complétement ringard. On n'a plus le temps, dit-on, de lire un texte, des bavardages, des élucubrations. D'ailleurs, il faut bien constater qu'après un petit succès initial, à ses débuts, la fréquentation de mon site est en baisse régulière.


La modernité aujourd'hui, c'est Facebook et Instagram (je n'ose pas parler de Tik Tok et Snapchat). On veut surtout y faire croire qu'on a une vie formidable. C'est une jubilation continuelle : j'ai tellement d'amis beaux, intelligents, supérieurs et je fréquente tellement d'endroits magnifiques et reposants ! Mais j'ai plutôt tendance à penser que les images satisfaites de soi qu'on y exhibe sont à proportion inverse de l'ennui et de l'insatisfaction que l'on éprouve en réalité. 


Je me sens très éloignée de ça. J'en ai vraiment marre de cette vision du monde consolante, infantile, puritaine et idéologiquement bienséante qui nous submerge. Tout dégouline de bonté affichée. On est devenus incapables de comprendre qu'on est de fieffés menteurs et que le vernis de notre bienveillance proclamée peine à dissimuler notre cynisme. Il faut savoir se confronter à nos pulsions les plus inavouables et à notre imaginaire le plus dérangeant.


C'est cette pression de la bienséance qui fait que je suis régulièrement tentée de suspendre mon blog. Est-ce que ça n'est pas inactuel, hors de propos, complétement vain ? Et j'en viens à me censurer moi-même. Ce qui m'empêche peut-être d'arrêter, c'est que je porte en moi une espèce de folie, une passion extrémiste  dévorante. Je suis incapable de me modérer. Tout prend chez moi une forme extrême: le sport, le régime alimentaire, la lecture, mon mode de vie, mes horaires...Quand j'entreprends quelque chose, on ne peut plus m'arrêter.


Je m'applique une discipline personnelle qui me rend sans doute difficile à vivre. C'est sûr que j'ai des côtés pas drôles, voire sinistres. Sans être aussi radicale, je suis ainsi fascinée par l'Impératrice Sissi, intransigeante et totalement détachée, ou bien par l'Américain fou et génial, Bobby Fischer, qui a sacrifié toute sa vie personnelle aux échecs. 


On dit souvent qu'être libre, c'est pouvoir faire ce que l'on désire. Je dirais plutôt qu'être libre, c'est pouvoir faire ce que l'on ne désire justement pas. C'est la contrainte qui permet de s'affranchir et c'est d'elle que jaillit la liberté. 


Ca explique donc que je poursuive, malgré tout, mon blog. Et puis, rentre peut-être aussi en jeu une pointe d'orgueil personnel ou de volonté de puissance. Je ne veux pas que l'on me considère limitée à ma seule compétence professionnelle: les chiffres et la finance. Même si j'assume entièrement ça, ça me vaut souvent une certaine commisération ou ironie. Sous entendu: je dois être bien terre à terre, éloignée des subtilités de la culture et de l'esprit. Des préjugés caricaturaux qui, aujourd'hui, me font bien rigoler.


Mais le temps me rattrape. 2022 s'achève. Une année comme ça, aussi terrible, on ne peut vraiment souhaiter qu'une chose : qu'elle soit la dernière de ce calibre. Difficile, en effet, de faire pire. 


Inutile de s'appesantir sur 2022. Ruminer n'effacera rien. Je me remémore souvent les paroles d'un tube polonais des années 70 (Marek Grechuta) que ma mère fredonnait souvent: "Że ważne są tylko te dni, których jeszcze nie znamy". En traduction littérale, lourdingue, ça donne : "Sont seulement importants ces jours que nous ne connaissons pas encore". Ca demeure pour moi une leçon de vie.


Dans le prolongement de mon petit voyage, je poste aujourd'hui deux peintres polonais que j'aime bien:  Teodor Axentowicz (1859-1938) et Witold Pruszkowski (1846-1896). Je rappelle d'ailleurs que l'image en exergue de mon post est un tableau d'Axentowicz ("Wiosna" ou Printemps). Ce n'est certes pas une peinture révolutionnaire mais c'est un imaginaire dans lequel je me reconnais.

J'avais emmené avec moi les livres suivants :

- Alessandro BARBAGLIA: "Le coup du fou". Le match en Islande (juillet-août 1972) du championnat du monde d'échecs entre l'Américain Fischer et le Russe Spassky. En arrière-plan, la guerre froide. Et puis les personnalités hors-normes des deux joueurs. Une guerre Orient-Occident qui rappelle la guerre de Troie et les personnalités opposées d'Achille (le guerrier) et d'Ulysse (le rusé). Si vous recherchez un cadeau de dernière minute, dépêchez vous d'acheter ce livre. 

- Adrienne WEICK: "La septième diabolique". Un faux polar couronné par le Grand prix des enquêteurs 2022. Ca se passe à Valognes (Manche) sur les traces de Barbey d'Aurevilly. Très original et surtout une incitation à relire Barbey, l'un des écrivains les plus sombres et les plus percutants du 19ème siècle.

- Laurence FONTAINE: "Vivre Pauvre - Quelques enseignements tirés de l'Europe des Lumières". En matière d'histoire économique et sociale, on ne connaît que Piketty. Il y a pourtant bien mieux avec Laurence Fontaine, moins idéologique, plus novatrice et extraordinairement documentée. Son précédent livre, "Le Marché" était fondamental, une remise en cause de nos idées toutes faites. Ce dernier ouvrage pose des questions essentielles: comment parler des pauvres ? De l'inégalité , de la charité, de l'impôt, de l'accès des plus démunis au marché, de leur liberté de choix, de leur capacité à prendre leur destin en main. C'est en plus remarquablement écrit.

- Nicolas MERA: "Petit dictionnaire des sales boulots". Un livre qui complète, d'une certaine manière, celui de Laurence Fontaine. Une sorte d'inventaire de toutes les professions disparues au cours au cours des siècles. Des sales boulots, périlleux, sinistres, ardus, avilissants : les chiffonniers, bien sûr, mais aussi les mégotiers, les décrotteurs, les haleurs, les draveurs, les coureurs des bois, les collecteurs d'urine, les sonneurs, les pleureuses etc... 


21 commentaires:

Julie a dit…

Bonjour Carmilla, bien revenue parmi nous.
Un blog, on l'alimente d'abord pour soi. Surtout quand on a quelque chose d'intéressant à dire... c'est votre cas.
Trop juste l'extrait de cette chanson. En même temps, cela révèle bien nos éternelles insatisfactions de ce que nous sommes, ou ne sommes pas, de ce que nous avons ou n'avons pas, etc.
Hier soir en promenant le chien, me suis surprise à faire le bilan de ce/ceux que je n'aimais pas/plus. La liste est longue.
N'ayant souscrit à aucun dés réseau asociaux mentionnés en haut, j'apprécie la lecture de vos billets.
Douce fin d'année, Carmilla. Pas de folies ce soir. Sourire.
Bien même que vous détestez, je vous embrasse tendrement :)

Julie a dit…

A propos dès échecs, avez-vous vue la mini série "Le jeu de la dame" ? J'ai bien aimé.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Julie,

En réalité, c'est largement ainsi que je conçois mon blog. Je l'alimente, peut-être pas pour moi, mais comme une espèce de bloc-notes. Mais j'avoue aussi qu'après publication, je ne me relis pas. Disons que c'est devenu une espèce de discipline intellectuelle. Il faut savoir s'imposer quelques contraintes.

L'important, en effet, ce n'est pas le passé, que l'on ne peut de toute manière pas corriger, mais les jours qui nous restent à vivre. De ce point de vue, rien n'est fichu, on peut encore réaliser plein de belles choses.

Non, je ne connais pas la mini série "Le jeu de dames". Où la trouve-t-on ? Je ne suis à vrai dire abonnée qu'à Orange et à Arte.

Merci d'avoir la patience de me lire.

Bonne année à vous aussi. Je vous embrasse également,

Carmilla

Julie a dit…

La série est diffusée sur Netflix. Si vous connaissez quelqu'un abonné à cette plateforme, demandez-lui de partager son abonnement. C'est possible jusqu'à quatre personnes. Notre gendre partage le sien avec nous et d'autres amis.

Nuages a dit…

Oui, bien sûr, continuez votre blog, Carmilla. J'ai toujours de l'intérêt, et souvent du plaisir à vous lire.

A part ça, je viens d'acheter un autre livre sur l'Ukraine : "Aux portes de l'Europe. Histoire de l'Ukraine", de Serhii Plokhy, qui vient de paraître en traduction française.

https://blogs.letemps.ch/dominique-de-la-barre/aux-portes-de-leurope-histoire-de-lukraine/

Je l'emmènerai avec moi lors de mon prochain séjour à Avioth.

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

2022 agonise, un seul désir la liquider, mais elle fut riche en enseignements. Est-ce que nous pouvons présumer que 2023 sera du même calibre? Il ne faut pas seulement regarder nos victoires, mais aussi nos défaites, nos erreurs, et nos prévisions souvent erronées.

Je n’ai pas besoin de faire d’effort surtout le matin, lorsque je suis assis au bout de ma table pour savourer mon café, et que soudain des souvenirs que je croyais enterrés à jamais, surgissent du fin fond de ma mémoire. On peut cracher sur son passé, mais pas sur ses souvenirs, c’est seulement le seul catalogue qui possède une certaine richesse.

Affirmer aujourd’hui qu’un blog c’est ringard, c’est comme affirmer que la lecture c’est dépassé. Cette forme de propos élaborés nous permet de confronter nos idées, nos différences, nos valeurs. C’est un genre de fourre-tout comme un petit sac de voyage, où se cachent nos tourments au contour des surprises. À ce chapitre je suis peut-être plus ringard que vous, je tiens un journal qui prend toutes sortes de formes. Qui tient un journal aujourd’hui, et qui ose en parler? C’est une espèce de retour sur soi-même.

Il est rare de rencontrer quelqu’un qui possède une pensée élaborée. C’est la chance que nous avons avec vous de ne pas nous limiter, de ne pas être réduit aux courses folles de l’existence, au nombre d’amis ou d’admirateurs, de ne pas s’en tenir aux modes éphémères, d’être véritablement ce que nous sommes et surtout de ce que nous voulons être. En dépit de tout, il y a encore des gens sur cette terre qui cultivent jalousement ce qu’ils sont, c’est-à-dire leur singularité. En un mot, être soi-même et pas autrement. Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler le nombre de personnes avec qui nous pouvons avoir une véritable discussion en profondeur qui dépasse les banalités du quotidien. À mes yeux, voilà l’essentiel de votre blog. Je ne qualifierais pas le blog de radotage, mais d’une espèce de recherche souvent mené dans le brouillard.

Je sais que nous sommes hors séries, alors il vaut mieux vivre comme nous vivons : Solitaire, mais libre!

Qui lit encore les auteurs anciens? Ceux qui n’ont pas connu la gloire de leur vivant, mais qui ont laissé une trace indélébile.

« L’amour est un sentiment qui ne suppose aucun mérite dans la personne qui le suscite. Il n’engage à aucune reconnaissance et n’exige aucune gratitude dans la mesure où il s’agit d’une volonté qui n’est pas la nôtre. Voilà ce qu’est l’amour : Envie inopinée, sujette au dégoût, serve du temps. »
Anne de Lenclos
Tiré de : La barque silencieuse de Pascal Quignard page 48.
Voilà une femme qui avait l’air de s’y connaître en amour!

Aujourd’hui, nous écrivons des blogs, il fut une époque que c’était des lettres. Demain se sera autre chose. Mais il y aura toujours des gens spéciaux pour discuter.

Bonne fin de journée.

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Julie,

Beaucoup de gens sont en effet abonnés à Netflix.

J'avoue cependant que je manque de temps pour regarder la télévision. Quant aux séries, j'ai un peu de mal. Je ne comprends pas bien leur succès car c'est pour moi souvent beaucoup trop long et leur rythme m'apparaît paresseux. Personnellement, je n'arrive pas à suivre: je regarde un premier épisode et il me faut souvent ensuite une semaine ou deux pour regarder la suite. Je suis alors larguée.

Mais j'ai peut-être complétement tort.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Vous allez bientôt mieux connaître que moi l'histoire de l'Ukraine. Mais pour me rattraper, il faut encore que vous séjourniez durablement dans le pays et, surtout, que vous appreniez une langue slave. Pourquoi ne pas choisir justement l'ukrainien ? L'ukrainien, c'est un excellent accès au polonais et au russe, c'est une synthèse de ces deux langues.

Je connais l'historien Plokhy. Son livre est sans doute excellent.

Vous m'aviez également parlé de Fançoise Thom (la fille du grand mathématicien). Dans le dernier numéro de l'Obs, on trouve un très intéressant entretien dans lequel elle envisage la nécessité d'une dislocation de l'Etat Fédéral Russe. Ramener l'Etat Russe à la seule Russie, ça pourrait en effet être bénéfique à la sécurité mondiale et aux Russes eux-mêmes (qui cesseraient d'être mégalomanes et paranoïaques et pourraient évaluer objectivement leurs propres forces).

Poursuivez également votre blog. Je le consulte également régulièrement avec plaisir. Vous pourriez peut-être, toutefois, vous exprimer davantage, communiquer, en quelques lignes, vos avis, vos critiques et impressions. Vous avez parfois montré que vous saviez très bien le faire parce que vous ne manquez pas d'humour. Mais j'ai l'impression que votre retenue est liée à une timidité injustifiée.

Joyeuse année à vous,

Carmilla

Ariane a dit…

Surtout chère Carmilla ne renoncez pas à votre blog !
Même si j'interviens peu, sachez que je n'envisage pas un dimanche matin sans ouvrir ma page Carmilla !
Vous lire, même si je ne suis pas toujours en accord avec vous, est un bon stimulant pour la semaine à venir et....vos images d'illustrations sont toujours intéressantes.
Et j'aime votre "folie" votre façon de vous rebeller, de dire non à tout ce qui brime notre société, ce puritanisme, ce conformisme, la bien-pensance et tant d'autres horreurs qu'on nous inflige.
Donc, je vous souhaite beaucoup d'idées, encore tout plein de voyages pour cette nouvelle année et à ....dimanche prochain !
Ariane.

PS. Merci pour ce conseil de lecture, l'ouvrage d'Adrienne WEICK; vivant moi-même à Valognes et fréquentant notre si cher Connétable je ne peux qu'être séduite à l'idée de le découvrir !

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Ariane,

J'ai en effet pensé à vous en lisant ce livre d'Adrienne Weick. Il parle de manière détaillée de Valognes et Saint-Sauveur. J'ai, en outre, appris pas mal de choses sur Barbey qu'en ce moment j'essaie de lire de manière plus développée que "Les diaboliques". "Une histoire sans nom", "Une vieille maîtresse", "l'ensorcelée", c'est vraiment troublant et surtout singulier dans la littérature française. Proche, à mes yeux, du romantisme allemand et des récits gothiques anglais.

J'espère bien que vous n'êtes pas toujours d'accord avec moi. Je précise toutefois que mes points de vue peuvent évoluer. Avec le recul, je constate que j'ai pu écrire beaucoup de bêtises. Je me laisse souvent emporter par mon souci de me démarquer des opinions communes.

Je suis contente que vous appréciiez mes illustrations. Je sais bien que c'est souvent de la peinture très classique, rarement d'avant-garde, et que j'apparais peut-être ringarde mais l'essentiel c'est pour moi l'émotion que peut susciter une oeuvre.

Belle année à vous dans ce département de la Manche tellement romantique.

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

On rentre au port le 31 décembre et c’est pour repartir le lendemain 1er janvier, franchement on ne nous laisse pas beaucoup de temps. La vie nous bouscule et si on aime la vie, c’est peut-être qu’on aime se faire bousculer.

Churchill disait qu’il y avait les grands mensonges, les petits mensonges et les statistiques. Soyons discrets laissons faire les statistiques. Il ne faut pas se laisser prendre à ce piège. Je préfère être avec une minorité qui se tient debout, que de faire partie d’un troupeau de moutons. C’est vrai que j’ai cultivé pendant toute ma vie cette singularité d’être hors norme, à l’extérieur du groupe, en marge souvent de la société. Certes, nous vivons présentement dans la société du nombre, du plus, de l’addition éternelle, pour justement oublier la qualité et pas seulement matérielle, mais intellectuelle. Nous vivons pour la performance. C’est pourquoi j’ai souligné qu’il était rare d’avoir de véritables discussions intéressantes, voir passionnantes avec des personnes de notre entourage, le genre de discussions que tu voudrais infinie. Mais tout cela exige des efforts, c’est pour cette raison que les réseaux sociaux demeurent intéressants, c’est qu’ils ne requièrent pas d’efforts.

Quant à l’information, c’est comme tout le reste dans nos sociétés paresseuses, quelques lignes, une photo, jugement, et l’on passe à autre chose. Au début d’internet, il y avait des textes de fond, puis lentement tout cela a disparu. Ce n’est pas des farces on en arrive à faire des nouvelles avec quatre lignes. Ça donne ce que ça donne, des meutes aveugles, facilement manipulables. Je pense ici à ceux qui ont été élus dans les dernières années. Je me demande ce qu’ils pensent de leurs électeurs qui ont voté pour eux? S’il y a des élus conscients de ces faiblesses sociétales, ils devraient avoir froid dans le dos. Être supporté par des masses inertes et mouvantes, ça ne donne pas beaucoup d’incitatif pour se sacrifier pour le bien commun.

Vous seriez surprise Carmilla, si je vous disais, que se serait aussi facile de tenir un journal que d’écrire sur votre blog. Les deux façons sont assez rapprochées, un blog c’est presque un journal. On dit qu’il faut se connaître soi-même? Je dirais que le journal aide à se connaître. C’est clair que pour moi cela part dans tous les sens. Je me suis laissé prendre. Aujourd’hui, je ne passe pas une journée sans toucher à mon journal, cela peut varier de quelques phrases, à une dizaine de pages, un poème, quelques analyses, surtout politiques, mais cela peut prendre le chemin des sciences, de l’économie et de bien d’autres choses. Je me raconte même des histoires. Quoi que d’être une punk gothique et arrogante comme vous le mentionner, lorsque vous en parlez ainsi, j’essaie toujours de faire le lien avec la personne sérieuse que vous êtes devenus. Comme de quoi qu’on peut tout faire, même se métamorphoser en ce qu’on ne croyait pas! Être punk et se métamorphoser dans la finance, il faut quand même le faire.

Pour cette année 2023 qui débute, je vous souhaite un repas à Kiev dans une Ukraine libérée totalement avec vos amis et connaissances.

Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent

Richard a dit…

Merci Carmilla

J’attends impatiemment votre billet de la semaine prochaine. Je crois que ça promet.

Il importe de ne pas laisser tomber les Ukrainiens présentement, mais encore plus important, ne pas les abandonner lorsque ce merdier sera terminé. Souvenons-nous de quoi avait l’air Berlin au printemps 1945. Ils n’ont pas mis de temps à se relever les allemands, et pourtant c’était les ennemis.

Merci pour vos vœux, je ne manque jamais de projets, et je sais qu’il va y avoir des moments intéressants, des aventures, des lectures, de la joie, de la peine, et ça commence bien, parce que je suis en train d’apprivoiser une corneille. Les chats de ma logeuse m’ont adopté, je leur donne de la bonne petite viande quotidiennement, et comme il reste toujours un peu de cette viande dans le fond du plat, cette corneille vient me visiter. Elle est d’une méfiance outrancière. Il faut voir toutes les parades qu’elle utilise pour me tromper, pensant que je ne la vois pas! C’est tout simplement tordant.

Merci de vos commentaires

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

N'attendez pas trop quand même de mon prochain post. Je ne suis restée que 6 jours en Pologne et j'envisage surtout de publier quelques-unes de mes photos.

Si vous vous occupez de chats, j'ai récemment recommandé un excellent petit bouquin de John Gray : "Philosophie féline - Les chats et le sens de l'existence". Ca devrait vous plaire.

Des corneilles, il y en a beaucoup à Paris et même de plus en plus. Comme dans beaucoup de grandes villes, on les laisse maintenant proliférer parce qu'elles sont de grandes prédatrices des nids de pigeons. C'est un oiseau cruel avec les petits animaux mais très intelligent. De plus elles sont omnivores et éliminent beaucoup de déchets.

Je doute qu'on puisse les apprivoiser. De mon côté, j'héberge toujours toute une famille de merles (père, mère et enfants qui répugnent à quitter leurs parents et restent auprès d'eux pendant de longs mois). Ils n'ont pas peur de moi et se précipitent dès que je les siffle pour leurs repas. Mais ils se tiennent à une certaine distance et ne mangeront jamais dans ma main. La difficulté, c'est qu'ils sont difficiles à nourrir (à la différence d'une corneille) car ils ne mangent pas de graines. Il leur faut une assiette propre, changée chaque jour, et ils se nourrissent exclusivement de vers de farine et de fruits rouges (myrtille, framboises, fraises, cerises). Ca n'est pas toujours facile à trouver. J'ai étudié leur communication entre eux. Ca n'est pas trop difficile et je crois pouvoir dire que je comprends maintenant à peu près la langue "merle". Ils possèdent en particulier deux signaux d'alerte : simple signal et tocsin.

Curieusement, il y a 15 jours, une impressionnante buse a fait irruption dans mon jardin, provoquant une terrible panique. Je me demande ce qui a pu l'attirer (probablement un groupe de moineaux venus chaparder la nourriture des merles). Je ne l'ai pas revue.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla

Alors vous avez une besogne quotidienne avec vos merles, c’est comme pour les cultivateurs, ici dans le langage populaire, lorsqu’on allait traire les vaches, on disait qu’on allait faire le train. C’est qui, qui s’occupent de nos merles lorsque vous partez? Il faut bien vous remplacer.

J’ai pris note de votre livre de John Gray. À mon tour de vous faire une recommandation, le dernier Serge Bouchard posthume qui s’intitule : La prière de l’épinette noire. Se sont les dernières chroniques de Bouchard lu sur Radio-Canada à son émission : C’est fou… C’est son partenaire de micro, le sociologue Jean-Philippe Pleau qui nous offre ce recueille. C’est un ouvrage qui se savoure. C’est publié chez Boréal, collections papiers collés.

Pour ma corneille, je n’en suis qu’aux prémices, elle ne se présente pas à tous les jours, voilà cinq jours que je ne l’ai pas vu. Il est vrai que nous avons connu du très mauvais temps au cours de la fin de semaine. Brouillard à couper au couteau, forte pluie, toute la neige a fondu, même les corneilles de volaient pas. Il n’y a même pas de glace sur la rivière. C’est vrai qu’une corneille ça bouffe n’importe quoi et elles ont l’embarra du choix vu la grandeur du territoire. Elle a l’air très en forme, l’état de son plumage est excellent. Lorsque la neige va revenir, je pense qu’elle reviendra. Personnellement, j’ai toujours trouvé que les corneilles étaient des oiseaux rieurs. Lorsqu’elle me regarde, elle semble se moquer de moi. Alors nous rions ensemble.

Une buse? En plein coeur de Paris? Il se peut bien que cette buse soit intéressée par vos souris, habituellement, du moins ici, c’est un prédateur de rongeurs, que l’on aperçoit dans les champs en été. Ici, à ma connaissance ce n’est pas un oiseau qui s’occupent des autres oiseaux. Nous en avons plusieurs sortes comme la buse pattue, la buse rouilleuse, la buse à queue rousse, la petite buse, et d’après mon guide des oiseaux d’Amérique du Nord, elles se nourrissent exclusivement de rongeurs. Mais pour l’Europe et la France, je ne sais pas. Surveillez vos environs, peut-être qu’elle reviendra? Vous avez piqué ma curiosité Carmilla.

Hier et aujourd’hui, j’ai un pygargue qui patrouillait au-dessus de la rivière à la recherche de poisson. Vraiment intéressant, vol puissant, pas de perte d’énergie, un vrai chasseur. La beauté à l’état pur. Je ne me lasse jamais de les regarder.

Au plaisir et bonne fin de nuit

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Non ! Je ne demande à personne de s'occuper de mes merles quand je suis absente. Je pourrais m'adresser au gardien de mon immeuble mais je suis tout de même sensible au qu'en dira-t-on et je ne tiens pas à passer pour une folle aux yeux de mes voisins. Je laisse donc simplement à mes merles quelques réserves et puis ils disposent dans le jardin de grands tas de feuilles dans lesquels ils trouvent toujours des insectes et des vers qu'ils apprécient.

Quant à la buse, j'ai bien sûr pensé à l'hypothèse souris mais j'ai réussi à m'en débarrasser, du moins provisoirement. Curieusement, cette buse s'est posée à terre, a fait le tour du jardin, a inspecté quelques buissons puis s'est réenvolée. J'avoue que je ne sais pas très bien ce que des rapaces peuvent rechercher au-dessus de Paris.

Une corneille, en effet ça mange de tout. A Paris, elles sont expertes pour éventrer les sacs-poubelles. Elles déchiquètent aussi les cadavres d'animaux écrasés, ce qui est assez répugnant.

Les corvidés sont en effet des oiseaux fascinants. J'ai un souvenir impressionnant de la ville de Tokyo survolée par d'invraisemblables nuées de corbeaux et corneilles qui croassent sans cesse dans un tintamarre effrayant. C'est vraiment très curieux, presque inquiétant.

Merci pour votre conseil de lecture que je mettrai sans doute à profit.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla

Nous les humains, nous sommes une grande espèce envahissante qui occupe de plus en plus d’espace sur cette terre, ce qui réduit sensiblement l’espace pour les autres espèces, et il ne faut pas se surprendre d’apercevoir des espèces qui habituellement n’ont rien à faire en ville.

Mais, dites-moi : Est-ce que cet oiseau avait l’air en forme? Qu’elle était l’état de son plumage? Il arrive que des animaux errent en ville parce qu’ils sont malades. Comment se déplaçait-il au sol? Est-ce que ces mouvements étaient fluides? Mais, il ne faut pas les sous-estimer. Ils ont des grandes capacités d’adaptations.

Mon boulanger qui concocte le meilleure pain de seigle du village et qui entretient un grand potager, me racontait l’été dernier, qu’un chevreuil avait réussit à défoncer sa clôture et à faire une ravage dans son jardin. On est en plein village devant une industrie, on est pas en forêt. Ils se sont adaptés, se sentent en sécurité, personne ne va les tirer, alors ils s’y établissent. C’est sans doute ainsi pour votre buse. Parce que cette sorte de prédateur opère habituellement dans des grands espaces. Personnellement je n’ai jamais vu une buse en ville. Par contre à Montréal, il y a des faucons pèlerins qui nichent au sommet de grands édifices.

Est-ce culturelle? J’ai remarqué sur plusieurs photos japonaises ces voiliers de corneilles et de corbeaux, on dirait que les japonais leur prodiguent un culte, qu’ils les protègent? C’est fascinant.

Aujourd’hui, pas de corneille, pas de pygargue, juste deux chattes qui ont vidé mon plat de viande. Mais, j’avais autre chose à faire, je n’ai pas surveillé continuellement.

Bonne fin de nuit Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Oui, cette buse semblait parfaitement en forme. Elle a surgi tout à coup comme un diable de sa boîte et semblait méchante et agressive.

Quant aux corbeaux au Japon, ils s'accommodent bien des villes parce qu'ils y trouvent facilement à manger. En outre la religion principale des Japonais, le shintoïsme, est un animisme qui implique un respect général du vivant (incarnation d'un esprit).

Leur principale nuisance, c'est qu'ils construisent leurs nids sur les poteaux électriques et se regroupent sur les fils (ceux-ci ne sont pas enterrés en raison des tremblements de terre), occasionnant des coupures de courant.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

https://www.oiseaux.net/oiseaux/buse.variable.html

Pour vous en Europe, se serait la buse variable

Vous avez effectivement raison, elle peut s'attaquer à des petits oiseaux, entre autre vos merles. C'est peut-être ce qu'il l'a attiré?

Il y a une grande variété de buses à travers le monde.

J'en voyais beaucoup lorsque je raclais mon foin pour le mettre en andains. Ils suivaient les râteaux, c'était souvent spectaculaire. Une fois le foin tassé, les souris devenaient vulnérables.

Je vous incite à aller voir ce site, il est très intéressant.

Vous avez vécu un moment unique!

Bonne fin de journée

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Oui, c'est exactement cet oiseau, cette buse variable, qui a plongé dans mon jardin. Il faut dire que, même s'l est tout près des grandes avenues parisiennes, c'est un endroit calme, très protégé, avec beaucoup de buissons où se cacher.

Je pense qu'elle visait surtout un groupe de moineaux. Dès que les merles ont le dos tourné, ils se précipitent en masse dans leur assiette. Ils sont souvent 8 à 10 installés dans l'assiette. C'est leur masse compacte qui a du attirer la buse. Mais elle a raté son coup parce qu'elle a provoqué une panique terrible. Il a fallu une bonne journée avant que les oiseaux ne reviennent.

Cette buse recherchait peut-être aussi des vers, des limaces, des escargots dont elle est, paraît il, friande. J'en ai beaucoup parce que je fais recouvrir d'une épaisse couche de feuilles le sol de mon jardin.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla
Je n’ai pas cessé de penser à votre aventure, même si c’est au coeur de Paris, cela reste une aventure. Cette buse variable qui plonge dans votre jardin! Ce n’est pas banal, et j’avoue, que malgré mon imagination débordante, je n’ai jamais imaginé qu’une telle chose puisse se produire. J’avoue que je suis en train d’apprendre beaucoup avec vos propos.

Et, puis soudain, parmi tous mes souvenirs, je me suis souvenu d’un événement, où une buse venait de tuer un lièvre. J’étais à la chasse dans la région de la rivière de Stoke et je chassais vraiment dans un sale coin où il n’y avait que de la fardoches, des aulnes, des talles de trembles. C’était un endroit idéal pour le lièvre et la perdrix. Je marchais au travers des branches, je devrais dire de cette jungle, lorsque j’entendis un bruit à ma droite. Je n’avais jamais entendu ce genre de bruit. Je me suis arrêté et pendant de longues minutes j’ai scruté cette fardoche. Je faisais deux pas et je m’arrêtais, le fusil bien en main, le regard aux aguets, rien, parfaitement rien, puis à nouveau le bruit. J’ignorais totalement ce que c’était, et c’était très intriguant. J’ai continué à avancer et soudain, j’ai vu au travers des branches quelque chose qui bougeait. Je me suis demandé, ce que je voyais était bien ce que je voyais? Effectivement, c’était une buse qui venait de tuer un lièvre. Je n’étais pas le seul chasseur dans le secteur. C’est étrange les décisions qu’on peut prendre à la chasse. J’aurais pu épauler et tuer la buse; mais je voulais plus que cela. Alors, j’ai marché vers cette buse, et je l’ai vu dès qu’elle a senti ma présence, elle a enserré le lièvre pour le soulever et s’envoler avec sa proie. Le problème c’est que c’était dans une jungle de fardoche, et sa seule solution c’était de grimper à la verticale. Il n’y avait pas d’espace pour manœuvrer. Alors, elle a soulevé sa proie à une hauteur de un mètre, et sentant qu’elle allait perdre la maîtrise de son vol, elle a laissé tomber le lièvre. Puis elle s’est enfuie. Je me suis approché, j’ai regardé le lièvre, et je l’ai touché du bout du doigt, effectivement la carcasse était chaude. Bon, je vais aller faire une tournée le long de la rivière et je vais revenir. J’étais sûr dans mon esprit que la buse allait revenir pour dévorer son lièvre. Le temps dans les fardoches ne compte pas. C’est une branche après l’autre, un détour ici, un arrêt là, c’est vraiment du n’importe quoi. L’aléatoire c’est dans la fardoche! Je suis revenu et j’ai retrouvé l’endroit. Et qu’est-ce que j’ai vu, la buse en train de démantibuler le lièvre. C’était très impressionnant, et les buses ne sont pas équipé de bec pour rien. Je l’a voyais avaler des lambeaux de chair qu’elle s’envoyait derrière la cravate. Elle était tellement concentré sur son repas, que jamais elle ne s’est doutée qu’elle était observé. Ce n’est pas à tous les jours que vous pouvez assister à un tel événement. C’est arrivé une fois dans ma vie. Je l’ai regardé jusqu’à ce que le repas soit consommé. Puis, elle s’est envolé et a disparu au-dessus des fardoches. Je suis revenu à la ferme en pensant qu’il y avait des grands moments dans la vie, et que je venais d’en vivre un! En lisant votre histoire Carmilla, soudain ce souvenir est remonté en moi. J’en éprouve une grande satisfaction.

J’aurais bien aimé être présent dans votre jardin pour voir cette buse! Je vous envie.

Bonne fin de nuit Carmilla et à la prochaine aventure.
Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Heureuse d'avoir évoqué des réminiscences en vous.

Je ne sais pas si les rapaces sont si rares au-dessus de Paris.

Je sais que les services de la Mairie en entretiennent quelques uns pour effaroucher les autres oiseaux et notamment les pigeons dont la surpopulation dégrade les bâtiments.

Comme je suis le plus souvent absente de mon domicile, j'imagine que ma buse revient parfois dans mon jardin. Mais c'est quand même un oiseau un peu sinistre.

Bien à vous,

Carmilla