samedi 15 février 2025

Ma volonté de puissance

 
J'ai évoqué, la semaine dernière, ma difficulté à faire famille.

J'ai dit que ça m'apparaissait une structure d'enfermement, que j'avais besoin d'air, d'ailleurs. Pouvoir me dire, à tout instant, que demain était un autre jour.

Mais il faut bien dire que je ne suis, moi-même, vraiment pas flexible. C'est aux autres de s'adapter à moi plutôt que moi aux autres.

J'ai des dehors cools, voire très cools, mais on ne me fera jamais dévier de ma trajectoire. Cela parce que je suis ravagée par une espèce de volonté de puissance qui me conduit à entrer sans cesse en confrontation et à toujours vouloir en faire trop. 

La modération, ce n'est vraiment pas dans mon caractère. Il ne s'agit pas de faire du sport pour se maintenir en forme mais il s'agit, tout de suite, d'envisager la compétition. Il ne s'agit pas de lire un livre mais 10 livres. De voir un ou deux films mais à peu près tout ce qui sort.

Ma hantise, c'est d'être prise en flagrant délit d'ignorance ou d'incapacité. Je me mets donc sans cesse une pression maximale.

Je fais tout en trop, sans cesse portée à l'excès. Je ne peux rien acheter qui corresponde simplement à mes besoins. J'en rajoute toujours une touche, en quantité et en qualité. Ca devient une torture et je me rassure finalement en achetant ce qu'il y a de plus cher. C'est ma peur de manquer ou qu'on me prenne pour une pauvresse. Cette idée idiote que les autres me jugent en fonction de ce que j'achète. 

Ca a plein de conséquences. Je me fais rapidement déborder par tout ce que j'achète et je suis, ensuite, vite obligée de passer mon temps à trier, jeter.

Et puis, il y a des domaines dans les quels je n'y arrive vraiment pas. Je ne sais pas m'habiller par exemple, c'est toujours ou trop sexy ou trop chic, on peut me croire débarquée de la rue Tverskaïa à Moscou. Et je ne parle pas de ce qui touche à la culture française: le cuisine, le vin, les chanteurs populaires par exemple; là, je suis carrément nullarde.

Je me dis qu'en fait, mon attitude, elle est celle d'une fille complexée. Mais une complexée qui n'accepte pas de se fondre dans le moule qui lui est présenté et qui veut plutôt se bagarrer, ne rien céder de ce qui lui a été inculqué. C'est pour ça que ça m'étonne et me trouble toujours un peu quand on me présente comme une Française et même une Parisienne. J'ai un sentiment d'imposture. C'est, pour moi, à la fois complétement vrai et complétement faux. 

Oserais-je même le dire ? Me marier à un Français, ce serait, pour moi, comme une renonciation, un appauvrissement même. Et d'ailleurs, ça n'irait sûrement pas bien loin, j'aurais vite fait de l'épuiser avec mes habitudes, mes manies, la compétition permanente et insidieuse que j'instaure tout de suite et en tous domaines.

C'est une bataille permanente pour la reconnaissance et la toute puissance. Pas étonnant que j'ai toujours été hantée par l'anorexie. L'anorexie, c'est une manière de s'affirmer envers et contre tout. D'exprimer aussi cette duplicité, opacité, qui caractérisent chacun de nous.

On croit que les psychologies individuelles sont simples, transparentes, qu'on a vite fait de cerner quelqu'un. Il n'y a pas d'illusion plus fausse. 

On s'intéressait beaucoup aux hystériques autrefois, à tous leurs symptômes corporels, leurs crises, leurs attaques. Et puis, les hystériques ont presque disparu, elles ont été, en partie, remplacées par les anorexiques. Mais l'une et l'autre témoignent contre l'apparente transparence des corps.

L'hystérique protestait, par son extravagance, contre l'ordre bourgeois qui n'offrait qu'une alternative aux femmes: être mère ou putain. L'hystérique pose, dans ce contexte, cette question: que veut une femme ? C'est vraiment dérangeant parce que personne n'est capable de répondre. Je vis dans cette incertitude et je suis donc aussi un peu hystérique.

 L'anorexique va au-delà. L'hystérique était passive, se laissait aller. L'anorexique, elle, est d'une force de caractère peu commune, d'une volonté sans failles. Elle essaie de prendre son Destin en mains en maîtrisant son corps à toutes forces, en le dématérialisant, en le transformant presque en une abstraction, un pur esprit. L'anorexique est ainsi, d'une certaine manière, en phase avec les interrogations actuelles sur la différence des sexes. Mais elle les dépasse aussi parce qu'elle a surtout horreur des impératifs organiques et sociaux. Tracer sa propre voie, fût-elle suicidaire, c'est cela seul qui lui importe.

Faire famille, faire société, s'identifier aux rôles qui nous sont assignés, ça n'est donc vraiment pas évident. On se plie ou on se rebelle. Je suis plutôt une bagarreuse mais une bagarreuse qui cache son jeu, qui opère en silence, comme si de rien n'était. 

Images de Kees Van DONGEN, Joszef RIPPL-RONAI, Amedeo MODIGLIANI, Jean-Jacques HENNER, Leo GESTEL, Louis WELDEN-HAWKINS, Henri MARTIN, Mario REVIGILIONE, Ferdinand HODLER

Je recommande:

- Thierry VINCENT; "L'anorexie". Un livre, sans doute difficile à trouver aujourd'hui, mais qui contient de justes remarques sur l'anorexie et l'hystérie. 

- Il faut aussi se reporter à l'une des nombreuses biographies consacrées à la plus célèbre des anorexiques: l'Impératrice Sissi.

- Agnieszka SZPILA: "HEXES". Hexes, c'est la sorcière en anglais. Un roman polonais porté aux nues par la Prix Nobel, Olga Tokarczuk: "Une torpille. Son énergie, son humour et sa révolte éveilleront votre esprit et changeront à jamais votre façon de penser". Et c'est vrai que ça déménage, que c'est absolument singulier. C'est un bouquin féministe mais absolument pas misérabiliste à la française. C'est complétement trash et barré au point de faire passer Virginie Despentes pour une bonne sœur.

- HAN KANG: "La végétarienne". Par la Prix Nobel 2024. Le récit hallucinant, angoissant, d'une femme qui ne veut pas seulement devenir végétarienne mais, encore au-delà, végétale. Elle se heurte, bien sûr, à l'incompréhension totale de son entourage. Le livre est, d'ores et déjà, en poche.


23 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour Carmilla
De la volonté de puissance.
Vous pourriez être confronté un jour à la toute-puissance de la politique. Et pourquoi pas vous mesurer au Blondinet, ou bien, quelqu’un dans le genre. Je serais ravis de vous observer.

Nous n’avons peut-être rien vu, c’est peut-être juste le début d’une célébration macabre.
Tout le monde s’agenouille devant le Blondinet, mais cette fois-ci, cet imposteur n’est pas seul.
Le plus bel exemple que vous avez évoqué, c’est la rentrée à la bergerie de Mark Zuckerberg, lui qui avait voté pour démocrate en 2020. Maintenant nous savons tous où les Jeff Bezos, Bill Gates, Sam Altman, Tim Cooke, Sundar Pichai logent.
Même situation du côté politique, les gouvernements s’agenouillent, et c’est véritablement la désolation.
Mais de quoi avons-nous peur ?
Je dirais que nous avons peur d’avoir peur.
Je vous recommande la lecture : Tenir tête aux géants du web, écrit par un ancien directeur de l’information à Radio-Canada Alain Saunier. Avertissement : ce n’est pas une lecture réjouissance, sauf que ce qu’il affirme sur la dictature des GAFAM, qui viennent de s’unir au Blondinet, un monde est en train de basculer, et dans cette aventure nous risquons de perdre beaucoup. Certains penseurs osent affirmer que c’est peut-être la fin de la démocratie, du libre marché, de l’État de droit.
Cet ouvrage je le recommande, parce que Saulnier sait de quoi il parle, il faut que les gouvernements, et (je vous fais remarquer que le gouvernement c’est nous !) se doivent d’agir, si nous ne voulons pas nous réveiller sous la dictature d’un Musk, ou des quelques autres milliardaires qui sont à ce chapitre tout aussi imputables que n’importe quel citoyen.
Ce livre est publié chez :
Éditions Écosociété
C.P. 32 052 comptoir Saint-André
Montréal (Québec)
H2L 4Y5
www.ecosociete.org
Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent


Richard a dit…

Que veut une femme ?
Voilà une belle et grande question, qui ne se limite pas seulement au désir. Une question fondamentale, que veut la femelle ? Est-ce qu’elle sait ce qu’elle veut entre le désir et le caprice ? Lorsqu’elle domine, elle se cache, et lorsqu’elle se cache elle désire revenir à la domination. Son charme dévastateur se transforme en arme redoutable même chez les femmes les plus timides. Dans cette course effrénée de la domination, séduire pour soumettre, afin de parvenir à vous construire un nid, tout en surveillant votre mâle afin qu’il n’aille pas s’épivarder ailleurs. On ne donne sa beauté qu’une fois dans la vie, après, on ne peut plus la reprendre. C’est quand même étrange, vous qui ne voulez pas de famille, vous en parlez d’abondance, comme s’il y avait un manque chez-vous ; mais rassurez-vous, vous n’êtes pas la seule dans votre cas. Tant qu’à être dans la compétition extrême, allez-vous mesurer avec le Blondinet, Musk, Zuckerberg, et surtout Vance qui vient de vous garrocher en pleine face que le problème présentement, ce n’était ni la Chine ni la Russie, mais que c’était l’Europe. Est-ce que ça ne vous donne pas envie d’aller vous bagarrer avec tous ces grands mâles ? Je suis sûr que le cousin Vladimir à Moscou serait heureux de vous avoir dans les câbles. Voilà un défi à votre mesure, et à ce chapitre vous pourriez remplacer Ursula von der Leyen. Rien de mieux que de défendre ce en quoi vous croyez. Ça nous changerait de tous ces bénis oui-oui, qui sont prêts à se soumettre. Voilà un défi à votre niveau ! Vous donneriez un peu de corps à l’Union Européen. Se serait bien, vous qui ne craignez pas de mettre des financiers dans votre petite poche d’en arrière. Je savoure déjà de vous voir grimper dans la face d’Orban, je ne voudrais pas manquer cela. Vous n’avez que l’embarras du choix, les ennemis ne manquent pas. Ce qui pourrait satisfaire votre appétit inextinguible de domination. Allez-vous refuser ce plaisir ? Vous auriez une grande famille qui s’appellerait la : Communauté européenne ! On vous surnommerait : La Teigne. Je pense que ça ne manquerait pas de piquant. Allez, laissez-vous tenter, la porte du corral est ouverte et dans le coin du clos, le Blondinet est en train de manger son foin ruminant sa vengeance. C’est le moment de passer à l’action ! Deux dominateurs dans le corral au moment de vérité. Pour vous mettre en train je vous recommande la lecture de : Julia Cagé et Thomas Piketty. Une histoire du conflit politique. Excellente lecture pour vous mettre en forme de quoi attiser votre colère.
Est-ce que j’exagère ? À peine…
De dominateur à dominatrice
Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Concernant Trump, chaque jour me plonge dans une désolation accrue.

Il est devenu bien pire que tout ce que l'on redoutait. Sans doute parce qu'il a aujourd'hui une absolue confiance en lui, totalement convaincu de son génie.

Ce qui m'inquiète, c'est que lui et Poutine ont tout pour s'entendre. Même culte de la force et de la virilité. Même mépris du Droit et des autres, même conviction de leur supériorité propre.

J'essaie de me rassurer en me disant qu'ils sont tellement semblables qu'ils ne vont, bientôt, plus pouvoir se supporter.

Et puis Trump a, peut-être, une seule qualité, son imprévisibilité. Du jour au lendemain, sur un coup de tête, il est capable de changer de point de vue.

Quant à moi-même, à ce que j'en dis, dans mon blog, attention ! D'abord, je force toujours le trait. Ensuite, on est toujours mauvais juge de soi-même et je ne suis, peut-être, pas aussi antipathique que je l'esquisse. Disons que j'essaie simplement de m'en sortir le moins mal possible en ce monde. Je n'ai pas de solution de secours ou de sécurité. Il faut donc bien que j'avance et me bagarre.

Cela dit, je n'ai absolument aucune ambition ni intérêt politiques. Travailler auprès de l'Union Européenne, très peu pour moi. Je me satisfais très bien de mes chiffres, de mes bilans comptables et analyses prospectives. Ce sont des choses sûres et précises dont l'étude peut apporter une réelle plus-value à des entreprises et à leurs employés.

Quant à la question "que veut une femme ?", on peut la transposer au sexe masculin même si elle se pose différemment. Mais dans les deux cas, c'est fait d'angoisse et d'incertitude.

Merci pour vos références de lecture. Même si j'avoue que Julia Cagé et Thomas Piketty, ce n'est pas vraiment ma tasse de thé. Ce sont "des profs" que j'hésiterais à recommander pour des fonctions en entreprise.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

D’angoisse et d’incertitude !
Je les connais, j’ai vécu parmi eux, je les ai sentis, je les ai regardés dans les yeux. Je pouvais sentir leurs tremblements, leurs hésitations, la peur au ventre lorsqu’ils embarquaient dans mon Otter, je sentais leur angoisse et leur incertitude, certains prenaient des médicaments, d’autres s’enivraient, tous hésitaient à grimper à bord. Je l’avais là devant moi cette humanité pétrie d’angoisses et d’incertitudes. Même chose sur les bateaux, lorsqu’il m’arrivait de prendre un ferry entre Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse, je regardais ceux qui montaient à bord, ils y en avaient plusieurs qui auraient aimé être ailleurs. On peut se faire rudement secouer sur le golfe Saint-Laurent, ça fait partie de l’Atlantique Nord. Mais les humains ne se limitent pas à afficher leur angoisse et leur incertitude en avion comme en bateau. Certains sont angoissés même dans leurs rêves, leur taux angoisse augmente dès qu’ils ouvrent les yeux, et c’est encore pire lorsqu’ils ouvrent la porte de leur habitation. Ils vivent dans leur angoisse, sans leur angoisse ils ne sont rien. Ils cultivent leur angoisse. La moindre incertitude les empêche de vivre. Le moindre contre-temps les paralysent. Ils veulent tout, mais ils sont incapables d’attendre. Incapables de prendre des décisions, de sortir de leur routine, de changer de Cap, que dire, de changer de vie. Ils plient, ils se soumettent, comme le font leurs dirigeants présentement, parce que ces hommes et ses femmes politiques ont peur, ils craignent Poutine, Xi Jinping, Trump, ils craignent la guerre, la famine, même s’ils n’ont jamais vécu ces genres d’expériences, et tous ce dont nous sommes témoins présentement, avant de peut-être d’en devenir des acteurs. D’une manière ou d’une autre, et comme je le disais à des passagers déplaisants : « Pas besoin de vous en faire, on ne meurt qu’une fois, mais surtout il ne faut pas que l’instant de vérité s’étire ». Le reste, c’est juste un peu d’aventures. Un peu de poussière ou de neige derrière nous. Ce qui ne m’empêche pas présentement de fustiger toutes ces conneries, et surtout la peur de souffrir avant de disparaître, parce qu’on est prêt à s’agenouiller devant nos agresseurs, à capituler avant de livrer bataille. Qu’on est prêt à élire des imbéciles. Nous en avons la preuve, n’importe qui peut devenir Président des États-Unis d’Amérique. Quel sera le prochain malade mental à accéder à ce poste ? Parce que les citoyens évitent de s’occuper de leur politique, qu’ils négligent leur démocratie. J’accuse tous ceux qui ne sont pas allé voter lors des dernières élections autant américaines que françaises. Comment expliquer ce genre d’abstraction, ce refus de la réalité, cette indifférence crasse ?
Richard St-Laurent

Richard a dit…

Dans : Une histoire du conflit politique de Julia Cagé et Thomas Piketty, qu’est-ce qu’ils font ces deux auteurs, aidé par une multitude de chercheurs, où leurs noms apparaissent sur deux pages de remerciements, ce qui n’est pas rien et encore moins banal. Ils tentent d’expliquer cette marge en France, où à la fin du XIXe siècle, où l’on votait entre 80 à 90% des électeurs inscrits, pour un siècle plus tard se retrouver à 50% et un peu moins aux dernières élections législatives. Nous ne pouvons pas les blâmer, ces auteurs et ces chercheurs, d’idéologie et de partisanerie. C’est beaucoup plus vaste que cela, cela passe par les prémisses historiques de la Révolution Française, où est né cette démocratie, sur les manières de voter, avec les répartitions des populations, des villes riches comme des campagnes pauvres, et des campagnes riches comme des villes pauvres, ce qui touche la démographie qui est une spécialité de la géographie, ce qui fait appel à un travail technique, mathématique, statistique, économique, sociologique, les données sont celles du Gouvernement Français. On a pour ce faire numériser toutes les archives nationales sur les élections passées, ce que salut Piketty qui avoue qu’il n’aurait pas pu faire ce travail sans cette numérisation grâce à l’électronique. Ils croisent le tout avec les statistiques économiques, les crises politiques, l’évolution l’alphabétisation en France à partir de la Révolution jusqu’à aujourd’hui, comment votent ceux qui sont formés et ceux qui n’ont pas eu l’opportunité de faire des études supérieures. Les auteurs vont très loin dans plusieurs domaines, il y a un immense chapitre sur l’évolution des migrations et comment au cours de l’histoire, ces migrants vont voter, très éclairant, ça dépasse les propos simplistes et idéologique de : Le Pen, Zemmour, et Mélenchon. Il touche aussi le côté religieux, un catholique ne vote pas comme un protestant. On ne vote pas en campagne comme vote en ville. Un pauvre ne vote pas comme un riche, mais des fois, aussi surprenant que cela puisse être, les pauvres votent avec les riches. Il arrive à des constats vraiment étonnants. Que souvent le vote est plus socio-économique que partisan, que l’argent prime sur les idéologies, où l’argent parle plus fort que les principes. Il y a de quoi être étonné ! Dans ce grand pays de La France, où l’on prône l’égalité, il faut en convenir, vous n’y être pas encore dans cette fameuse idéologie des égalités. Je souligne quand même que vous faites des efforts dignes de mentions. Piketty fait le même genre de travail que vous, ils donnent une explication aux chiffres, et je suis sûr, connaissant vos qualités et votre formations, Cagé et Piketty vous pendraient dans leur équipe.
De dominateur à dominatrice
Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent

Richard a dit…

En complément de lectures
Je recommande :
Résister à la culpabilisation
Par
Mona Chollet
Et
La société punitive
Par
Michel Foucault

Rien de moins

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

L'angoisse et l'incertitude, ça ne concerne pas seulement la peur immédiate de la Mort, le danger qui nous guette, le cours terme.

C'est surtout, pour moi, le cours général d'une vie. C'est rarement une ligne droite. C'est plutôt fait de bifurcations. Je m'étonne plutôt que presque rien ne semblait me prédestiner à ma vie actuelle (dont je ne suis néanmoins pas mécontente).

Piketty et Julia Cagé, j'ai l'impression de cerner leur méthode. Ils partent d'une idée préconçue et, ensuite, ils convoquent une flopée de chiffres pour faire scientifique. On se laisse hypnotiser par ça. Mais les chiffres, il est facile de les arranger, de les sélectionner, de procéder à des découpages. Il s'agit, au total, de confirmer dans le résultat l'idée préconçue. Mais avec des chiffres, on peut tout démontrer: tout et son contraire. Que les inégalités s'accroissent ou se réduisent par exemple. Les biais sont multiples.

Je ne suis pas sûre qu'en dehors de la comptabilité, on explique grand chose avec les chiffres. Sur l'évolution des mentalités et choix politiques, sur la crise néolibérale, je préfère ainsi "Le nœud démocratique" de Marcel Gauchet. Ca m'apparaît plus pertinent même si ça ne s'appuie sur aucun chiffre.

Bien à vous,

Carmilla

Nuages a dit…

Le livre de Cagé et Piketty a été contesté sur maints aspects méthodologiques.
Je n'ai pas creusé la question, mais je recommande plutôt "La France d'après. Tableau politique" de Jérôme Fourquet.

https://www.seuil.com/ouvrage/la-france-d-apres-tableau-politique-jerome-fourquet/9782021542493

C'est lumineux, pertinent.

Richard a dit…

Bonjour Carmilla
Tout ce qui importe c’est d’expliquer pour comprendre.
C’est tout ce qui importe afin de se faire une idée sur ce que nous vivons et comment nous pourrions influencer l’avenir.
À ce chapitre La France est un modèle, deux siècles de démocratie, ça se décortique, ça s’explique, ce pays est devenu ce qu’il est non sans raison, pas seulement à coups de propagandes et d’idéologie. Ceci dit, on n’échappe pas à la réalité du terrain et parler et réfléchir sur les inégalités c’est très dérangeant, parce que c’est une réalité incontournable et qu’elle se manifeste à tous les niveaux d’une société, peu importe le régime politique. Ce qui explique que la vérité est beaucoup moins séduisante que le mensonge. Mais, la réalité finit toujours par nous rattraper. Au cours des trois derniers mois nous venons d’être témoin d’événements que l’on croyait impossible. Comment des électeurs pauvres ont pu voter pour une bande de riches mécréants ? C’est à cause des inégalités économiques qu’on ne parvient pas à atténuer, ce qu’avait très bien expliqué Piketty dans : Le Capital de XXIe siècle. Dans cet ouvrage, il consacre un chapitre entier aux inégalités américaines, et va reprendre le même exercice avec la Russie, La Chine, et l’Inde. Si on revient en France qu’est-ce qui a provoqué La Révolution ? Se sont les inégalités économiques. On s’entend que le paysan pauvre, ou l’ouvrier qui travaillait dans une ville, n’était pas sur le même pied que les nobles et encore moins au niveau des ecclésiastiques, se souvenir que 60% des possessions en France à la veille de La Révolution était en possession de l’église catholique. On connaît la suite de l’histoire, les révolutionnaires bourgeois se sont appropriés ces biens en partie, le reste a servit à éteindre la dette publique. Et, les paysans pauvres sont restés pauvres, si bien qu’aux élections de 1795, ils ne sont pas allés voter, parce qu’ils étaient déçus des révolutionnaires qui n’avaient pas tenus leurs promesses du partage des terres. La révolution les avait floués. Présentement en France vous vivez la tripartition, la gauche, la droite et le RN qui est le seul parti politique en progression, on peut en référer aux dernières élections législatives. Oubliez cela les communistes et les socialistes, ils ne sont plus dans la course depuis longtemps. Compte tenu de votre expérience de vie, parce que vous avez vécu sous ces régimes à l’est, je peux comprendre vos craintes, je sympathise avec vous. Quoi qu’il en soit, je vais lire Marcel Gauchet, Le nœud démocratique, mais je vais terminer d’abord : Une histoire du conflit politique en France. Je ne m’en cacherai pas, c’est une lecture exigeante, mais tellement passionnante.
Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Je pense, en effet, que l'approche de Jérôme Fourquet est beaucoup plus pertinente. Elle n'est pas exclusivement centrée sur les inégalités mais plutôt sur les grandes évolutions sociologiques: urbanisme, modes de vie, éducation. L'émergence d'une grande classe moyenne diplômée avec des aspirations spécifiques constitue ainsi, en effet, une clé de compréhension importante de l'évolution des sociétés, française et européenne. La représentation de la société a beaucoup évolué.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je pense quand même que Piketty est un mono-maniaque.

Il a décidé que tout s'expliquait par les inégalités et leur augmentation constante. Il s'applique donc à sortir, dans chacun de ses bouquins, une flopée de chiffres démontrant cette thèse simple, voire simpliste.

Problème: en les choisissant bien, on peut faire dire tout et son contraire aux chiffres.

A rebours de Piketty, la quasi-totalité des études économiques montrent que la France est, au contraire, aujourd'hui, l'un des pays les plus égalitaires au monde. Et en effet, les dépenses sociales y sont les plus élevées au monde en pourcentage de la richesse nationale.

Il en va de même pour les USA. Piketty martèle que les inégalités y ont considérablement progressé depuis les 40 dernières décennies. Problème: d'autres études montrent exactement le contraire.

Ses analyses sont trop sommaires et trop exclusivement économiques. Et il m'apparaît absurde de contester l'importante amélioration du niveau de vie des sociétés occidentales depuis plusieurs décennies.

Ce qui explique l'évolution des sociétés, c'est plutôt une évolution de leur composition sociologique. Nuages évoque, ci-dessus, l'approche de Jérôme Fourquet. Je crois que c'est, en effet, autrement plus convaincant.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla
Se faire dire ses vérités c’est toujours déstabilisant, encore plus lorsque cela s’adresse à un pays orgueilleux comme la France, supposément le pays le plus égalitaire au monde, où l’on retrouve des communes pauvres qui font à peine 10,000 Euros de revenus moyens à comparer à des communes riches où les salaires dépassent allègrement les 100,000 Euros. Si c’est cela l’égalité, alors je ne suis plus sur la bonne planète. Mon premier SDF, je ne l’ai pas rencontré à Montréal, ni à Toronto, ni à Vancouver, encore moins à Sherbrooke, non, je l’ai rencontré coucher dans une rue de Paris en plein avant-midi ! J’étais assez surpris, que je me suis arrêté un long moment devant ce type et que j’ai pris une photo. Je me suis demandé, dans une grande métropole mondiale comme Paris, s’il pouvait y avoir des personnes qui dormaient dans la rue dans des vêtements sales en serrant une baguette de pain dans ses bras. Etais-ce possible ? Parce que moi aussi, j’ai erré dans ma vie, j’ai couché dehors, j’ai connu la faim ; mais j’avais choisi cette vie, c’était mon aventure, je voulais savoir ce qui en était et cela à été une rude école. À l’époque je n’ai jamais pensé que ce phénomène de SDF prendrait l’ampleur qu’il a pris. Dans notre univers occidental, cette misère, est inadmissible ! Et comment a surgi La Révolution française ? Elle est née sur des inégalités qui étaient insoutenables à la fin du XVIIIe siècle. Inégalités qu’on a essayé de régler avec des filets sociaux pendant deux siècles. Votre socle fondateur en France, se sont les inégalités, ce que ne manque pas de souligner des auteurs comme Balzac et Hugo, et un peu plus tard, sans doute le plus grand auteur social : Émile Zola. Voilà le travail de Piketty et Cagé et des tous les auteurs chercheurs qui ont participés à cet ouvrage. Ils racontent l’histoire politique de votre pays, sa venue en démocratie, pas toujours brillante de cette France qu’on vante, et ça se poursuit aujourd’hui. Il ne faut pas oublier que votre Président, et vos institutions parlementaires se sont cassés les dents sur la crise des gilets jaunes, et sur le dossier des retraites. Mais les exemples ne manquent pas au cours de ces deux siècles, nous pouvons évoquer le droit de vote aux femmes qui a été accordé en 1944, si cela n’est pas de l’inégalité, je ne sais pas quoi c’est. Il y avait plusieurs pays au monde qui a cette époque avaient donnés le droit de vote aux femmes. Être privé d’un droit de vote c’est une inégalité, entre les hommes et les femmes. On leur avait accordé au début de la révolution, puis on leur a retiré, comme on avait retiré le droit de vote aux plus pauvres de la société pour retourner à un vote de censitaire, ce qui allait déboucher sur la révolution de 1848. C’est une autre époque pas très glorieuse de la France. Il y a de quoi avoir honte comme un bambin qui vient de pisser sur le plancher de la cuisine et qui va se faire punir. Il faudra attendre Jean Jaurès et Léon Blum pour faire bouger les choses. Jaurès qui va finir avec une balle dans la tête et Blum qui sera battu à mort !
Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

S'emporter n'est pas démontrer. Je ne suis pas une froide égoïste et je comprends l'aspiration égalitaire. Mais je sais aussi à quelles dérives elle peut conduire. Je l'ai déjà souligné: la société soviétique avait, à peu près, réalisé le rêve égalitaire. Mais c'était une égalité dans la misère et la sinistrose.

S'agissant de la France, que cela plaise ou non, on ne peut pas contester qu'elle compte parmi les sociétés les plus égalitaires. En atteste le niveau le plus important au monde de ses "dépenses sociales" par rapport à sa richesse nationale. Quant à la fiscalité sur les revenus, elle est élevée pour ceux qui y sont assujettis, surtout si vous êtes célibataire (mais plus de 50 % des ménages en sont exemptés). Et la fiscalité sur les entreprises est l'une des plus lourdes en Europe.

Je souligne notamment que tout le monde peut avoir accès à des soins médicaux libres et gratuits. Il en est de même de l'enseignement, y compris universitaire. Que la durée du travail, à l'échelle d'une semaine, d'une année ou d'une vie professionnelle, y est la plus basse du monde. Que la durée des allocations-chômage est l'une des plus élevées.

Vous me parlez des clochards. Je précise que tout citoyen (y compris les étrangers en situation régulière) bénéficie d'une allocation minimale, nommée RSA, qui permet, plus ou moins, de subsister. Les clochards, ce sont donc surtout les étrangers sans papiers et il est vrai que la France est un pays de forte immigration.

On ne peut vraiment pas dire que la France soit un pays ultra-libéral organisé au profit des riches. Elle souffre peut-être même d'un excès de dépenses publiques qui pénalisent sa croissance économique.

Quant au passé, la France de l'Ancien Régime et celle du19ème siècle n'étaient certainement pas plus inégalitaires qu'ailleurs. Les Révolutions, elles ont de multiples causes, culturelles notamment. C'est une commodité de les réduire à un seul facteur.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla
Enfin une bonne nouvelle, il faut en profiter, car par les temps qui courent, elles sont rares. Et, qui sait elles vont peut-être se faire de plus en plus rares. J’ai reçu hier de ma bibliothèque municipale le livre de Peter Frankopan : Les Métamorphoses de la terre. Je ne pensais pas l’avoir aussi rapidement. J’aime ma bibliothèque publique, qui est un facteur d’égalité sociale. L’accès au savoir pour tous ! Qui plus est, ça commence bien avec une citation de Voltaire :
« Trois choses influencent sans cesse sur l’esprit des hommes, le climat, le gouvernement, et la religion. »
Voltaire, Essai sur les mœurs et l’esprit des nations 1756
Il ne pouvait pas être le plus explicite le vieux Voltaires, issu du siècle que vous préférez Carmilla. Aujourd’hui, il est rare que l’on cite Voltaire, ce n’est pas qu’il est dépassé, mais qu’il est encore dérangeant.
Ce qui m’a le plus surpris, c’est une citation à la page 12 du livre de Frankopan, par l’une des femmes que vous préférez entre tous : « Vous avez volé mes rêves et ma jeunesse avec vos paroles creuses. Et encore, je fais partie des plus chanceux ! Des gens souffrent, des gens meurent. Des écosystèmes entiers s’effondrent, nous sommes au début d’une extinction de masse, et vous ne savez parler que d’argent et de la fable d’une croissance économique perpétuelle. Comment osez-vous ? »
Greta Thunberg en septembre 2019 au sommet de l’ONU sur le climat.
Je n’ai pas pu faire autrement, je suis parti à rire lorsque j’ai lu ce bout de texte, j’ai pensé à vous.
Peter Frankopan est un écologiste, et il ne s’en cache pas, ni s’en excuse. Il l’affirme dès les premières pages de la longue introduction.
Par rapport à son écriture et surtout à sa méthodologie, il ressemble étrangement à Piketty. Il ne faut pas se surprendre, même longue introduction, utilisation des chiffres à outrance, et on y retrouve aussi des graphiques. Ce sont deux auteurs qui ont sensiblement la même formation universitaire, ils sont de la même génération, ils conçoivent de la même manière. Piketty raconte l’histoire politique de la France sur deux siècles, Frankopan va me raconter l’histoire du climat de la terre, ce qui me rapproche de Darwin, de Teilhard de Chardin, et du vieux Théodore Monod qui a parcouru à pied une bonne partie de l’Afrique, dont je vous recommande la lecture : Le Chercheur d’Absolus.
Oui, merci beaucoup Carmilla !

Richard a dit…

S’emporter n’est pas démontrer. Oui, je vous l’ai dit, j’assume et je le suis et j’y tiens, je suis un forcené, et pas seulement dans mes activités mentales, je le suis aussi dans la réalité du terrain, parce qu’il faut toujours croiser ses connaissances théoriques avec les réalités du terrain. C’est effectivement un privilège de pouvoir croiser la pratique à la théorie, et la théorie à la pratique. Je suis un forcené dans plusieurs domaines, et souvent dans ma vie j’ai poussé le bouchon à fond. Hier, il s’est passé un événement à la bibliothèque municipale lorsque je suis allé chercher l’ouvrage de Frankopan. Pendant qu’il y avait quelques lectrices qui fouillaient dans les rayons accompagnés de quelques enfants, j’en ai profité pour parler de mes dernières lectures avec les préposées aux prêts ; et en autre de l’ouvrage de Mona Chollet : Résister à la culpabilité, ce qui nous a amené à parler de, justice sociale, d’inégalité, de politique, et de Thomas Piketty, et j’étais parti. Soudain, j’ai eu une étrange impression, j’étais le seul à parler, j’étais en conférence. Je reconnais que je ne l’ai pas une très belle voix, qu’elle n’est pas agréable à entendre, c’est le moindre que je puisse dire, et lorsque le discours m’emporte et que mon ton monte, c’est encore pire. Entre deux phrases, j’ai entendu un enfant qui pleurait. La mère et la fille sont passés près de moi, et j’ai entendu la mère dire à sa fille : Ne t’en fait pas on va revenir tout en m’adressant un regard assassin. J’appelle ces moments, des moments ultimes d’une grande intensité. Lorsque je suis convaincu de mon affaire, il est difficile de m’arrêter, je deviens fendant et acariâtre, par contre, je suis conscient de qui je suis et j’assume. C’est l’un de mes côtés de forcené très désagréable. Mon entourage le sait, et il vaut mieux laisser la bête lire tranquillement dans son coin, quitte à l’envelopper de silence, et le pire c’est que je n’ai pas l’habitude de m’excuser. Ce qui m’a valu dans ma vie quelques congédiements et des haines inextinguibles. Je sais le poids des mots, je sais leurs pouvoirs destructeurs, et encore dans cette époque détestable d’agressions, de mensonges et d’injustices, je n’ai surtout pas envie de baisser les bras. Je suis un mauvais juge, mais je n’ai pas mon pareil comme défenseur. Vous vous dites souvent difficile à vivre. Je vous répondrais : que par chance un océan nous sépare !
Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent

Nuages a dit…

Je vous suggère de regarder une nouvelle vidéo, un nouvel entretien entre Xavier Tytelman et le général Iakovleff, qui me semble intéressant, bien que, il est vrai, ce général ait déjà formulé des prévisions, dans le passé, qui ne se sont pas vraiment réalisées, au sujet de la guerre en Ukraine.
Il table sur l'épuisement de l'économie russe qui pourrait provoquer la chute du régime, ou en tout cas la fin de la guerre. Il n'a par ailleurs pas une haute opinion de Trump, qui pourrait se faire rouler par Poutine, mais un Poutine aux abois, à la tête d'un pays au bord du collapsus.

https://www.youtube.com/watch?v=XG7p5WEbJII

Je serais intéressé d'avoir votre avis.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Rassurez-vous. Je crois n'être ni susceptible, ni colérique, ni acariâtre. Je pense même être tolérante. Dialoguer, débattre, c'est tout de même bien émettre des opinons diverses, éventuellement divergentes.

Je ne suis pas d'accord avec Piketty mais je l'ai lu. Il croit en un interventionnisme accru de l'Etat et un accroissement des dépenses publiques. C'est pour moi la meilleure recette pour s'enfoncer dans la servitude et l'appauvrissement.

Le livre de Frankopan est effectivement très intéressant. Il travaille sur le temps long, très long même. Je ne suis pas sûre, cependant, que le climat suffise à expliquer l'histoire des civilisations. Il y a ainsi un bouquin récent de l'américain Kyle Harper qui a rencontré un grand succès en expliquant la chute de l'Empire romain par un réchauffement climatique. Ca m'apparait excessif, ça n'est qu'un facteur parmi d'autres souvent beaucoup plus essentiels.

Greta Thunberg, je n'ai rien contre elle. Mais elle n'est pas une scientifique et elle n'a qu'une posture émotionnelle. Il faut plutôt s'interroger sur notre civilisation qui fait d'une enfant son héroïne pour conduire l'avenir du monde. On se montre, nous-mêmes, étrangement immatures.

Enfin, je ne suis pas facile à vivre en ce sens que je déteste que l'on intervienne dans ma vie, que l'on cherche à m'imposer des choix. Mais sinon, je crois respecter l'identité des autres. Je ne cherche jamais à m'immiscer dans leurs vies.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

J'apprécie beaucoup Xavier Tytelman et le général Iakovleff. Deux personnes sensées qui savent défendre certaines valeurs (démocratiques notamment).

C'est vrai que la Russie commence à être aux abois et que son économie commence à s'écrouler. Mais Trump et Poutine sont deux cochons qui ont tout pour s'entendre.

Mais j'avoue être complétement sonnée, catastrophée, par la démarche américaine. C'est l'alliance des brutes et des prédateurs. De ceux qui ne croient qu'en la force et méprisent le Droit.

Le seul espoir, c'est que l'Europe fasse preuve de courage en disant fermement Non aux arrangements en cours. C'est presque un choix de civilisation. Mais je doute que l'Europe ose s'affirmer.

Merci encore et bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla
À part les livres, les connaissances, nous partageons, si je puis dire, une certaine manière de mener nos vies, personnellement, je n’ai aucun problème avec cela, il n’y personne qui n’embarquerait dans ma vie, ils auraient bien trop peur. Personne ne va toucher à ma liberté. Les gens de mon entourage le savent.
Vraiment intéressant le livre de Frankopan et je suis loin d’être perdu, parce que nous ne sommes pas les seuls facteurs de changements. Ses propos nous font sortir des émotions, c’est rudement compliqué l’évolution, pour reprendre vos paroles c’est plus compliqué que cela.
Ça m’a fait rudement plaisir de lire la citation de Darwin :
« Je tâcherai ici d’offrir une esquisse rapide – quoi qu’imparfaite – de l’évolution de l’opinion commune quant à L’origine des espèces. » Charles Darwin. De l’origine des espèces, 1870.
Nous pouvons saluer sa modestie et en lisant hier soir le livre de Frankopan, je pensais à tous ces chercheurs comme Darwin, Teilhard de Chardin et Monod qui auraient aimé posséder tous les outils modernes que nous possédons. Quels genres de découvertes auraient-ils fait ? Déjà qu’ils en avaient fait beaucoup avec les moyens qu’ils avaient.
L’autre pensée que j’ai eue, c’est qu’il n’y aura pas de solution facile et simple, que la science ne sera peut-être pas la solution, ou du moins la seule solution. Mais y a-t-il une solution ? J’aime lorsque Frankopan affirme qu’en tant d’espèce, nous pourrions disparaître, j’avoue que j’y pense depuis longtemps. Ça pose la question suivante : Est-ce qu’en tant d’espèce nous méritons de vivre ? Je me le demande surtout que depuis deux jours, et c’est sans équivoque, que c’est l’Ukraine qui a attaqué la Russie et que Zelenski est un dictateur. Désolation des désolations, il y a des gens qui croient à cela ! Jésus-Christ et le Père Noël ont encore de l’avenir. Nous ne voulons pas changer de manière de vivre ; mais peut-être que les éléments qui composent notre atmosphère vont nous obliger à changer ? Peut-être qu’il n’y a rien à faire ? Voilà une autre hypothèse dérangeante ?
Et puis, il n’y a personne pour répondre à ma petite question : Combien la terre, idéalement, devrait compter d’humains ?
J’attends toujours votre réponse Carmilla
Richard St-Laurent

Richard a dit…

Il est de mise, puisque nous parlons de changements climatiques et de météorologie de mentionner qu’au Québec et dans tous l’est Canadien, nous avons connu deux tempêtes au cours de la dernière semaine. Nous avons reçu de ces deux dépressions 70cm de neige au total. Les déneigeurs ne savent plus où mettre la neige.
Au cours des trois derniers hivers, nous avons connu au Québec, des hivers relativement doux, peu de neige, mais je savais que l’hiver reviendrait en force, et c’est exactement ce qui s’est produit. Ce matin à 6 heures, sur les rives glacées de la rivière Saint-François, le thermomètre indique -22 degrés.
Je vous parlais dernièrement des inversions de températures avec le nord. Sur Schefferville ce matin il fait -17 degrés. Il fait plus chaud à Schefferville qu’à Sherbrooke ! C’est un phénomène qui semble vouloir s’installer à demeure, du moins pour le moment.
Merci Carmilla
Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

L'hiver à Paris semble se terminer. Depuis hier, les températures diurnes avoisinent les 15°. Mais du 15 décembre au 15 février, nous avons eu un hiver plutôt plus froid que d'habitude avec des températures proches de 0°. Evidemment, c'est ridicule pour vous mais il faisait surtout très gris et très sombre, sans aucun rayon de soleil.

Quant à l'évolution du monde et de la terre, l'homme a, en effet, tendance à oublier que son existence est contingente et limitée. Et se pose peut-être aussi le problème de la surpopulation. On ne peut pas négliger qu'en 50 ans, soit deux générations, la population mondiale a plus que doublé. La tendance semble heureusement s'inverser.

Quant aux propos de Trump, sa rhétorique est la même que celle de Poutine. Raconter n'importe quoi en mentant effrontément.

Bien à vous,

Carmilla

On se dit d'abord que c'est tellement énorme que ça ne marchera jamais. Mais on se trompe. A force de les marteler, les mensonges deviennent des vérités.

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

Les russes sont aux abois ? Je n’ai jamais vu Poutine aussi souriant et en forme. Il a l’air ravis de s’être trouvé un allié de choix. Les États-Unis lui ont même proposé d’envoyer des compagnies de forage américaines en Sibérie. Hier Trump a évoqué le restait des sanctions commerciales envers la Russie.

Je puis comprendre que vous pouvez vous sentir sonnée et catastrophée, on le serait à moins que cela. Je vous fais remarquer que toutes ces brutes et ces prédateurs sont d’excellents capitalistes à commencer par Musk et tous les autres qui suivent. Elle est belle l’égalité ! Il est beau le monde capitaliste. Ô Merci monsieur le monde ! Ils favorisent, un parfait exemple de la répartition de la richesse et de la justice…

Nous venons d’assister à une démonstration éclatante avec l’élection de novembre dernier du résultat des inégalités aux USA. Les esclaves ont voté pour un maître. Mais posez-vous la question : Combien de politiciens européens rêvent de mettre la hache dans vos acquis sociaux comme on est en train de le faire aux USA, d’abattre l’État De Droits, la démocratie, en Europe comme en France ? Et l’on refuse de le voir !

Terminé les discours, ces gens-là ne comprennent que la force, et je propose qu’on leur serve cette médecine jusqu’à satiété, jusqu’à tant qu’ils nous supplient d’arrêter.

Il n’y a plus rien à négocier. Quand est-ce que vous allez comprendre cela ? Terminé les beaux discours et les beaux partys.
Yakovleff vous l’a dit dès les débuts des opérations, d’abords une zone de (no flying zone), c’est de cette façon qu’ils ont réglé le problème en Yougoslavie, puis suivi par des troupes au sol, beaucoup de troupes au sol. Qu’est-ce que nous avons fait ? Nous avons procrastiné, on a tergiversé, non seulement nous serions victorieux aujourd’hui, mais on aurait sauvé beaucoup de vies. Moi-même, je l’ai dit combien de fois qu’on serait obligé de salir les mains, qu’il fallait s’impliquer. Je peux comprendre les Ukrainiens présentement lorsqu’ils disent : On a fait tout cela pour ça ! Je peux comprendre leur rage. Carmilla je retiens votre dernière petite phrase, où vous doutez de l’Europe.
Musk a révélé cette semaine que si AfD en Allemagne faisait plus de 21 % dimanche prochain, il sortirait le champagne, pendant ce temps, celui qui ne voulait pas froisser Poutine, prévoit faire un voyage à Washington la semaine prochaine pour aller se prosterner devant le Blondinet.
Bravo monsieur le monde, c’est un magnifique gâchis…
Richard St-Laurent


Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

J'avoue que je ne sais plus trop que penser et que dire aujourd'hui.

Bien sûr qu'il aurait fallu, dès le début, un appui plus fort à l'Ukraine. En quelques mois, l'affaire aurait été réglée avec une victoire sur la Russie. Mais les gouvernants de l'Ouest devaient compter avec leur opinion publique et celle ci était toujours timorée. Rappelons-nous Munich 1938. Ce n'était peut-être pas les négociateurs qui étaient nuls et trouillards s mais c'étaient les populations britanniques et françaises qui ne voulaient pas entendre parler de la guerre. C'est pareil aujourd'hui.

Cependant la situation est maintenant tellement grave que si les dernières démocraties occidentales ne réagissent pas avec force, elles vont se retrouver laminées par la grande coalition des brutes ne connaissant que la force et ignorant le Droit.

Et, en prime, elles doivent encaisser les insultes et le mépris de ces grands menteurs.

Seule consolation: je peux vous assurer qu'en Ukraine, en ce moment, c'est certes la consternation. Mais c'est aussi la révolte et la volonté de ne pas se laisser faire.

Bien à vous,

Carmilla