samedi 14 juin 2025

De la Santé mentale


On vient de faire de la santé mentale, en France, une grande cause nationale. Tout le monde réclame désormais, à cor et à cris, un renforcement des structures psychiatriques, notamment en milieu scolaire. Les jeunes, en particulier, iraient mal, dit-on. Et les violences à l'école, il faudrait davantage de médecins scolaires pour les prévenir. 


Visiblement, le sujet accroche. Presque tout le monde a sa petite idée sur la question et, d'ailleurs, presque tout le monde se croit grand psychologue. On adore catégoriser les autres, bavasser sur leurs failles et insuffisances. Pire: on aime les "tuer psychiquement" en leur faisant part de notre diagnostic sans appel.


Et puis, dans les médias, on multiplie les émissions recueillant les confidences, on organise des débats d'"experts" qui viennent asséner un diagnostic. On rend public le trouble mental parce que l'on pense qu'il faut d'abord parler et que la plus mauvaise chose, c'est de garder pour soi sa souffrance. Nul ne s'avise de ce que porter en place publique son malaise, ça peut aussi être le meilleur moyen de se retrouver définitivement enfermé dans un statut de victime. 


Le contraste est immense avec les décennies passées, cette époque de l'anti-psychiatrie et de la fin proclamée des structures asilaires. On parlait même des "flickiatres" et on faisait la promotion de la schizophrénie révolutionnaire. C'était l'époque glorieuse de la psychanalyse, de Cooper, Laing, Lacan, Foucault, Deleuze. Thomas Szasz allait jusqu'à parler du mythe de la maladie mentale (qui n'existerait tout simplement pas) et d'une véritable fabrique de la Folie.


Enorme retour de bâton aujourd'hui. On voue désormais aux gémonies ces penseurs. La psychiatrie est réhabilitée et la psychanalyse discréditée. Presque tout le monde s'en félicite et rares sont ceux qui s'interrogent et expriment des réserves. 

Personnellement, je suis sceptique. Peut-être parce que j'ai vécu dans des sociétés slaves où les gens étaient nettement plus dingos qu'ici sans que ça suscite de réprobation ou inquiétude particulières. Mais  aujourd'hui, les sociétés occidentales semblent de plus en plus en quête d'ordre et de normalité. Un ordre pas seulement politique mais aussi mental. On voudrait vivre dans un monde à la Orwell composé de gens sains et équilibrés. 

En adepte de la pensée des Lumières, ça me heurte profondément. Qu'en est-il de mon libre arbitre quand j'abandonne le cours de ma vie pour le confier à des spécialistes ? Et ces spécialistes, j'ai l'impression qu'ils n'ont pas tellement évolué dans leurs thérapies si j'en juge par le nombre effrayant de leurs prescriptions d'anti-dépresseurs (près de 5 millions annuellement) et d'hypnotiques-anxiolytiques (près de 10 millions). Presque 15 millions de Français vivent ainsi comme des zombies, dans une espèce de coton-brouillard permanent. 

Cette grande camisole chimique à la quelle à peu près personne n'échappe, ça n'émeut pas grand monde. On est tous des dépressifs, virtuels ou réels, et on se satisfait de cet assujettissement à la psychiatrie. Mieux, on en redemande ! Le renversement est complet: personne n'est malade mental, proclamait-on autrefois; on est tous de potentiels malades mentaux, dit-on aujourd'hui.

Je veux pour preuve de ce grand retour de la psychiatrie, le succès du récent bouquin du journaliste de France-Inter, Nicolas Demorand. Il n'hésite pas à déclarer: "je suis malade mental". Il se déclare "bipolaire", l'appellation plus chic des anciens maniaco-dépressifs. C'est-à-dire qu'il vivrait, en quelque sorte, sur courant alternatif permanent: à des phases de créativité et d'exaltation succèderaient des périodes de prostration et d'abattement. 


Des milliers de lecteurs se sont reconnus en lui, se sont diagnostiqués, eux-mêmes, bipolaires, et l'ont remercié d'avoir publiquement évoqué sa maladie. Ca les aurait déculpabilisés: se pensant autrefois minoritaires, ils ont maintenant le sentiment de relever d'une grande communauté, celle des hyper-sensibles qui créent dans la souffrance.

Les déprimés créatifs, finalement on les aime bien. Ils correspondent bien à l'air du Temps, misérabiliste et victimaire. 

Emmanuel Carrère a adopté un peu la même posture dans son bouquin "Yoga". Le vague à l'âme, le coup de blues, les affres existentiels, ça parle à tout le monde. Ca a un côté héros romantique en butte à l'absurdité du monde, cherchant à donner un sens à sa vie.

Moi, je ne me m'associerai pas au concert de louanges qui a entouré la publication du livre de Nicolas Demorand. Je dirai que c'est un simple "torchon" même si je ne l'ai que feuilleté en librairie. Significativement, il l'intitule "Intérieur nuit". Comme s'il y avait, en chacun de nous, un gouffre intérieur, indicible, incompréhensible. Comme si on était tous des hommes malades à la Dostoïevsky ("Carnets du sous-sol"), irrésistiblement emportés par les démons et l'irrationnel.

Nicolas Demorand s'interdit, en fait, de chercher à comprendre son mal-être. Et c'est sans doute pour cette raison qu'il n'envisage pas d'autre thérapie que médicamenteuse pour faire face à ses obligations sociales et professionnelles. De sa vie personnelle, de ses accidents, de ses traumatismes, il ne nous dit rien. Il est plutôt dans le registre continu de la plainte, sans cesse dans la recherche de la bonne molécule qui le remettra à flots. La "maladie" bipolaire épouse ici les intérêts de l'industrie pharmaceutique. C'est aussi l'illustration de la société libérale et de ses affres avec les oscillations, à la Fitzgerald, entre la gloire et la déchéance.


Mais le gouffre noir qui serait en nous, je n'y crois pas. Il n'y a pas, chez nous, d'un côté le rationnel et de l'autre l'irrationnel. Ce qu'a plutôt démontré Freud et la psychanalyse, c'est que même les phénomènes les plus illogiques sont justifiables d'une analyse rationnelle. Rien n'est absurde ou anecdotique dans le cheminement de nos vies, tout est cohérent, tout s'explique : sous une apparence complexe et tortueuse, tout est message. Il faut simplement faire effort, savoir lire, lever les résistances à la révélation de notre vérité. Mais on préfère souvent vivre dans le déni de notre grammaire profonde.


C'est donc d'abord une illusion de croire que la maladie mentale, ça existe à l'état brut. Que ça serait presque inscrit dans une espèce de fragilité ou de prédisposition psychologique naturelles. C'est plutôt un parcours semé d'embûches, de troubles et d'agressions subies avec les quels on essaie de composer tant bien que mal.


Et puis, la Santé Mentale, on ne sait pas non plus à quoi ça peut correspondre. Un monde dans le quel personne ne serait malade est aussi, voire plus, effrayant qu'un monde dans le quel tout le monde est  malade (ce qui caractérise peut-être le monde contemporain). 

La réalité, c'est plutôt que l'identification des maladies mentales résulte simplement de la ligne de partage qu'une société établit entre le normal et le pathologique. Les "fous" d'hier ne sont plus les "fous" d'aujourd'hui. Il y avait autrefois plein d'hystériques, de névrosés et de paranoïaques. Ces gens là semblent avoir disparu et, sur le devant de la scène, on promeut plutôt les bipolaires, les pervers (notamment narcissiques), les manipulateurs et les incestueux. Mais ces catégorisations nouvelles ne sont-elles pas réductrices et stigmatisantes ?

Images de S.I. Witkiewicz, Emil Nolde, Egon Schiele, Jean Dubuffet, Wilfredo Lam, Yayoi Kusama.

Je recommande :

- Etienne Fabre: "Un certain Louis Wolfson". En 1970, est paru, en France, un livre Ovni: "Le Schizo et les langues", préfacé par Gilles Deleuze. Son auteur est américain et se déclare schizophrène. L'écriture du livre est fulgurante, d'une nouveauté radicale. Mais aussitôt après la publication de son livre, Louis Wolfson disparaît. Qu'est-il devenu ? Dans ce livre, Etienne Fabre part sur ses traces et dresse un portrait incandescent de Louis Wolfson. Un livre puissant et passionnant.

- Alice Carrière: "Tout Rien Quelqu'un". Un autre livre absolument singulier. Alice Carrière est la fille de la peintre américaine Jennifer Bartlett et de l'acteur franco-allemand Mathieu Carrière. Une mère trop distante et un père trop proche: un mal-être continu. Un parcours de vie entre soirées underground et branchées à New-York et établissements psychiatriques. Un bouquin vertigineux et remarquablement écrit.

- Patrick Lemoine et Sophie Viguier-Vinson : "La santé psychique des écrivains et de leurs personnages". Un bouquin dont je me méfiais d'abord avec ses "diagnostics du psychiatre". Mais il est bien souligné que l'auteur, l'écrivain, ne se confond pas toujours avec ses personnages. Et il est vrai que les grands troubles psychiques sont omniprésents dans la littérature. Ce bouquin se révèle très clair et pédagogique avec plein de petites remarques incisives. C'est un autre regard auquel on n'est pas obligés d'adhérer mais chacun pourra tirer profit de cette approche de la littérature.



16 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour Carmilla
La normalité ? Mais qu’est-ce que la normalité ? J’espère que ce n’est pas juste une mode, une manière d’être à une époque donnée, une moyenne mathématique et statistique. Lorsqu’une personne utilise ce thème, j’ai l’impression qu’il commet un pléonasme, parce qu’on l’utilise comme un fourre-tout, on y colle n’importe quoi, jusqu’à nous faire croire que nous sommes tous anormaux, tous malades, pour s’attaquer à notre libre arbitre, notre liberté d’agir, mais aussi d’assumer nos responsabilités. Dans cette normalité qu’on évoque, y aurait-il, un peu, beaucoup de paresse, comme un refus de s’impliquer et de lutter, pour devenir. Cette espèce de dépression n’est pas seulement l’exclusivité de notre société moderne ; vous avez raison, cela à toujours existé, certes sous différentes facettes. Selon les normes actuelles nous n’aurions plus droit à nos tristesses, nos déceptions, nos colères, qui je le souligne ont toujours fait partie de la vie des humains. Qu’est-ce que l’on tente d’expliquer présentement ? Nous serions plus malheureux aujourd’hui comme jamais nous l’avons été dans toute l’histoire de l’humanité ? Serions-nous incapables de souffrir aujourd’hui ? À la moindre petite déception, allez, une petite capsule. Au nom des normes il faudrait tous être semblables. Mais de quelles normes parle-t-on ici, émise pas qui, pour soigner quoi ? Nous nageons dans un véritable délire, ce qui résulte aux diatribes du Président Américain sur le fentanyl, qui semblerait entrer à la tonne aux USA. Se pourrait-il que les américains soient si malheureux dans l’un des pays les plus riches au monde, qu’ils ont un besoin pressant de se procurer des anti-douleurs sur la frontière des paradis artificiels avant de glisser vers des substances encore plus performantes ? On ne se demande pas quelle sens il faut donner à son existence, parce qu’on s’imagine qu’on a mal ; mais mal à quoi ? Ils l’ignorent. Nous en serions rendus comme vous le dites si bien, dans le dénie de notre grammaire profonde. Je suis d’accord avec vous Carmilla ; la santé mentale ça correspond à quoi ? Je ne sais pas. Nous le savons tellement peu, que les experts appelés à la barre lors d’un procès, évoquent tout et son contraire, devant le procureur qui porte les accusations et la défense qui évoque que son client est inapte à subir son procès, le juge doit trancher entre est-il apte, ou inapte ? Il devra décider sur un petit bout de phrase : l’accusé est-il capable de faire la différence entre le bien et le mal ? Et, c’est tout. Nous en connaissons tous, il y a des accusés qui s’en sont sortis à bon compte. On ne peut pas toujours faire semblant.
Merci et bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Les sociétés occidentales vivent en effet dans cette idée absurde, que je juge même presque délirante, qu'on n'aurait jamais été aussi malheureux psychiquement qu'aujourd'hui.

Et ça a pour conséquence un recours accru accru à la psychiatrie et aux anti-dépresseurs.

Ca relève d'abord, comme vous le précisez, d'une volonté normalisatrice: on n'aurait plus le droit d'être tristes ou en colère. On devrait être tout le temps souriants et sympas.

Et puis nos sociétés sont-elles à ce point anxiogènes ? Jamais les possibilités offertes à la population dans le monde occidental n'ont été si grandes.

La complainte et les lamentations de l'occidental, j'avoue que j'y suis peu réceptive. Surtout aujourd'hui. Il faudrait savoir sortir de sa cage narcissique. Un peu d'attention aux événements mondiaux devrait conduire à relativiser les choses.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla
Indépendamment de notre volonté, nous serons peut-être poussés vers cette situation internationale surtout avec l’éclatement en fin de semaine du conflit ouvert entre Israël et l’Iran, pendant que ça s’éternise en Ukraine. Nous pouvons imaginer que d’autres humains vont être précipités dans la peine, la douleur et l’incertitude. Peut-être que nous étions trop bien, trop confortable pour être heureux. Qui sait si en prenant un coup d’ennuis, nous ne sommes pas tiré une balle dans le pied ? Nous nous sommes plaints le ventre plein, et nous allons peut-être nous retrouver sans estomac, au risque de perdre notre sens commun. Car, c’est un danger d’exiger le bonheur à tout prix, lorsqu’on n’a pas la moindre idée de la nature de ce bonheur. À l’extrême, nous exigeons ce bonheur, cette joie ; et pourtant pour ce faire, il nous faudrait la construire. Mais nous sommes trop paresseux pour le faire. C’est étrange, nous sommes instruits, mais nous ignorons comment faire. N’est-ce pas déstabilisant ? N’exigeons pas la plénitude des autres, mais répandons cette plénitude dans notre entourage tout en sachant que nous ne pourrons continuellement échapper au malheur, en une sens, soyons prêt à souffrir, ayons une disposition mentale que tout peut arriver, et que le pire, s’il n’est pas certain, peut toujours se produire. Si nous ne sommes pas disposés dans ce sens, alors nous risquons de rencontrer des cohortes de Rushdie et de Lançon. Il n’y aura ni assez de papier pour décrire les horreurs, et peut-même, qu’il n’y aura pas assez de lecteurs pour les lire. Qui sait, peut-être que présentement, nous nous dirigeons vers cet état ? Nous savons tous ce qui s’est passé hier dans le Minnesota. Cette Sénatrice Démocrate qui a été abattu comme un chien. Comment ne pas penser à Rushdie qui a été assailli à coup de couteau et qui allait perdre son œil droit ; et que dire de Lançon qui s’est retrouvé sans mâchoire inférieure. Eux, ont failli y passer, mais ils ont survécu, et ce fut de longues et douloureuses convalescences autant physiquement que mentalement. Lorsque tu es immobilisé dans un lit, que tu ne peux même pas lire, que tu ne peux même pas parler, alors tu as beaucoup de temps pour penser. Ils se sont interrogés, et pourtant, ils se sont refaits, ils sont encore des nôtres. Je ne perds pas mon temps en ce mois de juin en relisant : Le Couteau de Rushdie, et : Le Lambeau de Lançon. Je me souviens toujours de ce brillant jeune pilote, seul rescapé, qui avait été brûlé atrocement lors d’un accident de Otter. Lui aussi a vécu une longue convalescence, mais il n’a plus jamais été le même. Comment cela ne pourrait-il pas occuper mon esprit ? D’autre part, il y a une masse d’humains qui piétinent leur existence misérablement et qui osent se plaindre continuellement.
Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laure

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je n'ai malheureusement pas l'impression que les fracas actuels, la tragédie des guerres, perturbent beaucoup les populations des pays "abrités".

Je constate même une lassitude générale: on en a marre de l'Ukraine et de Gaza. Qu'ils se débrouillent tout seuls. Il faudrait changer de disque. Quant à l'Iran, on a surtout peur que le prix de l'essence à la pompe augmente.

Je ne sais pas si c'est une attitude absolument condamnable. Après tout, moi-même, je ne suis pas avec une grande attention les confits sanglants de l'Afrique.

Mais c'est vrai, quand même, qu'il y a une tendance de plus en grande à l'indifférence, au repli sur soi.

Ca me semble, en partie, lié au misérabilisme et à la plainte continuelle que l'on entretient sans cesse du moins en Europe. Tout va mal, tout y est vu sous l'angle du catastrophisme et de l'appauvrissement. C'est évidemment absurde mais c'est surtout déprimant, démoralisant. On pleure la bouche pleine, dit-on en France. Mais je ne sais pas comment on peut sortir de ça.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla
Abrités, oui, pour le moment, mais avec tout ce qui se déroule présentement, nous pourrions tous, d’une manière, ou d’une autre, être entraîné dans un conflit généralisé ; qui jusqu’à maintenant, nous avons réussi à éviter. Les israéliens sont en train d’en faire une démonstration éclatante, après Gaza et le Liban, les voilà à Téhéran. Abrités, peut-être, mais dans notre très grande inconscience. Les chiens sont lâchés et nous ignorons quand ils vont rentrer, pendant que nous baignons dans notre lassitude, que nous chérissons notre petit confort, en pensant, que ça n’arrive qu’aux autres. C’est ce qu’on pensé Philippe Lançon et Salman Rushdie, lorsqu’ils se sont réveillés au dernier matin avant que tout bascule, malgré leur lucidité et surtout les avertissements. Ils étaient marqués d’avance et ça n’a pas raté. Depuis, les violences n’ont pas cessé de croître, et c’est loin de s’apaiser. Ce qui est une attitude condamnable. Pourquoi les russes ne vont pas aider leurs amis iraniens ? Un jour, dans ces situations, il y aura quelqu’un qui va traverser la ligne rouge. Nous sommes bien enlignés pour que cela se produise. Je ne le souhaite pas, mais j’en suis bien conscient. Les européens auront de quoi se plaindre pour le vrai lorsqu’ils seront confrontés à l’inévitable. Ainsi, nous aurions fini de nous plaindre la bouche pleine, parce qu’on n’aura plus rien à se mettre dans l’estomac. Lançon dans son épreuve en a fait l’expérience, trois mois sans pouvoir rien avaler, nourrit à l’aide de tuyaux, jusqu’au point d’oublier les saveurs, et même d’être incapable de parler. Il était réduit à l’impuissance de son silence, blessé aux mains, ne lui restait plus que l’ardoise pour communiquer avec quelques mots. Malgré ses malheurs, ses blessures, il n’a pas évoqué la mort, il ne l’a pas appelé à son aide, même dans les périodes les plus difficiles et cruelles. Il faisait constamment un long tour de lui-même. Ce qu’il évoquera par cette phrase lourde de sens : « Tout est magie, tout est absurde, tout est sentiment et rebondissement. La morale est dite par un bouffon. » Écrira-t-il, après avoir assisté la veille à une représentation théâtrale d’une pièce de Shakespeare : La nuit des rois. Il était loin d’imaginer, que la nuit était en train de se refermer sur lui-même. Certains ont des manières cruelles d’entrer dans leur destin. D’autres n’en reviennent pas. Y aura-t-il un matin, où un humain se réveillera en constatant qu’il est le seul survivant ?

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Philippe Lançon n’est pas seulement un excellent raconteur, mais il est aussi un journaliste conscient et honnête, et qui plus est, un grand lecteur.
J’ai pensé à vous Carmilla, lorsqu’il évoque Marcel Proust.

« C’est le moment d’évoquer l’usage que je faisais maintenant de Proust, un auteur que j’avais lu avec passion, à la fois comme une sorte de bible et comme un intense divertissement, à plusieurs époques de ma vie. Je pouvais entrer dans la Recherche à n’importe quel endroit, n’importe quand, comme dans un château où j’aurais grandi, pour retrouver des personnages que je connaissais mieux que la plupart de mes amis, puisque Proust me les avait dévoilés peu à peu dans leur solitude et leurs moindres replis comme si nous étions tous morts, lui, eux et moi, tous morts, tous humains, et tous un peu divins. »
Philippe Lançon
Le lambeau
Page -377-

Ce paragraphe m’apostrophe à chaque fois que je le relis.

C’est bien écrit et c’est bien dit.

Vous Carmilla, qui connaissez très bien Proust, que vous avez lu et peut-être relu, et surtout compris, vous n’êtes pas seul sur cette terre dans ce même genre de pensé. Cette compréhension c’est peut-être notre porte de sortie afin de comprendre ce qui nous arrive.

Salutations distinguées Carmilla

Richard St-Laurent


Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

La situation internationale me désespère d'autant plus qu'elle est conduite par des bandits et des abrutis à l'ego démesuré.

Je ne sais pas le quel est le pire. Peut-être Trump. Son infantilisme, son arrogance, son imbécilité profonde le rendent totalement imprévisible. La caprice guide, chez lui, le politique.

Et malheureusement, les gens éduqués ne savent pas comment réagir avec lui. Le tout récent sommet du G7 au Canada en est une démonstration. Trump a clairement signifié aux participants qu'il n'en avait rien à fiche de leurs opinions. Le multilatéralisme, il n'en veut pas. Lui seul est maître du monde.

A cette gifle, à cette insulte, personne n'a réagi. Tout le monde s'est même aplati et a minimisé les choses.

S'agissant donc de l'Iran, bien sûr qu'il faut souhaiter la chute du régime de Téhéran. Mais l'immense problème, c'est qu'il n'y a, aujourd'hui, aucune opposition organisée, aucune alternative politique crédible.

Une Révolution en Iran, aujourd'hui, a de grandes chances de promouvoir de nouveaux tyrans ou pire d'entrainer le pays sur la voie du chaos total (exemples de la Lybie et de l'Irak).

Quant à Philippe Lançon, je le connais bien comme critique littéraire et je le trouve remarquable en la matière. Mais je ne sais pourquoi, j'éprouve une étrange réticence à lire son bouquin; "Le lambeau". Peut-être parce que le monde de l'hôpital est, pour moi, trop éprouvant.

Et s'agissant de Proust, il fait pour moi partie de ces écrivains qui peuvent changer votre vie, vous permettre de voir, différemment, le monde et la société qui vous entourent. C'est un écrivain qui vous rend à la fois plus lucide et plus sensible à la beauté.

Mais je conçois aussi très bien qu'on soit insensible à Proust. Il n'est pas du tout obligatoire de l'aimer.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Un bout de réalité
« Lorsqu’on ne s’y attend pas, combien de temps faut-il pour sentir que la mort arrive ? Ce n’est pas seulement l’imagination qui est dépassée par l’événement ; ce sont les sensations elles-mêmes. J’ai entendu d’autres petits bruits secs, pas du tout de bruyantes détonations de cinéma, non, des pétards sourds et sans écho, et j’ai cru un instant…mais qu’ai-je cru, exactement ? »
Philippe Lançon
Le lambeau
Page -74-
Soudain un charivari occupe tout l’espace, l’anarchie complète s’installe, le temps vous échappe, les sensations s’estompent, vous perdez la maîtrise de votre corps, vous ne pouvez même pas crier, même l’attention déraille, vous êtes complètement impuissant, vous ne sentez rien en attendant la douleur, cela va-t-il faire mal ? Mais c’est une question qui passe tellement rapidement, que vous n’arrivez même pas à la formuler. Vous devenez le jouet du destin. Et, soudain, c’est le choc, la balle qui vous transperce, le mur qui vous bloque, la chute sur le plancher de ciment, le taureau qui vous charge, la charge qui vous écrase, l’automobile qui n’en finit plus de faire des tonneaux, la scie qui vous ampute un bras, l’arbre qui vous tombe dessus. Quelques instants, entre la normalité et le désastre, quelque chose comme un état particulier comme une chute sur plusieurs étages.
Lançon a senti ce moment très juste à l’heure de son désastre, il n’a même pas senti que la balle qui devait en principe lui fracasser le crâne, mais qui venait de lui arracher la mâchoire, à l’instant même, n’a pas provoqué la douleur. Lisons sa description de ce moment unique :
« Si j’écris une phrase comme : j’ai cru un instant que nous avions des visiteurs imprévus, peut-être indésirables, voire tout à fait indésirables, je voulais aussitôt la corriger selon une grammaire qui n’existe pas. Elle unirait toutes ces proportions et, en même temps, les éloignerait assez pour qu’elles n’appartiennent plus ni à la même phrase, ni à la même page, ni au même livre, ni au même monde. Sans doute avais-je déjà comme les autres basculé dans un univers où tout arrive sous une forme si violente que c’en est comme atténué, ralenti, la conscience n’ayant aucun moyen de percevoir l’instant qui la détruit. »
Philippe Lançon
Le lambeau, page -74-et-75-
Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent

Richard a dit…

Lançon, a connu cette lenteur, cette approche de la douleur, presque de la mort. Il a éprouvé ce sentiment de stagnation que tous ceux qui entrent dans cette phase de la lenteur à cause de l’intensité du moment. J’imagine un pilote qui a perdu le contrôle de son appareil foncer vers le sol, conscient qu’il n’a aucune chance de s’en sortir, peut-être qu’il pense rapidement : Vite que tout cela finisse le plus rapidement possible. Se sera la dernière chose qu’il vivra de sa vie, la dernière sensation, même la peur aura disparu dans l’action et le temps va devenir d’une densité peu commune. Ce qui ressemble à un grand frisson. Lançon n’a pas pris conscience de ce qui allait se passer, qu’il serait même une victime du drame. Ce n’était pas le type à courir après ce genre de sensation, d’expérience, il m’est toujours apparu comme quelqu’un de posé. Il n’avait rien de la tête brûlée, encore moins du provocateur. Pourtant, il avait été reporter international, dans des situations difficiles, voir dangereuse.
Nous ne savons pas toujours quand nous courons après le danger. Nous sommes souvent inconscients, au pire, imprudents, nettement au-dessus de notre condition, convaincu de notre invulnérabilité. Ce que n’était pas le cas de Lançon et de ses camarades de travail chez Charlie Hebdo, qui semblaient se payer du bon temps, qui rigolaient autour de la table en égrainant des biscuits et des morceaux de gâteau, loin des madeleines de Proust, tout en montrant une photo d’Elvin Jones prise en 1964 à son camarade Cabu. La belle vie au cœur de Paris pour ceux qui ont la chance de faire ce qu’ils aiment, qui ont eu la possibilité de choisir, et qui ne se doutent de rien.

Richard a dit…

Pourtant présentement, nous savons que nous courons vers les difficultés. On sait ceux qui font problème dans la pièce, nous en avons tellement parlé au cours des dernières années. Nous savons que nous sommes en danger ; mais on est incapable de la moindre action, parce que souvent les intellectuels ont peur de prendre des risques. Nous l’avons constaté cette semaine à Kananaskis. Le Traite qui est passé en coup de vent, pour ne pas commettre d’erreur, et ne pas trop échanger avec Carney. Ce qui n’a pas empêché d’insulter le Président de La France. Puis, il est parti avant la fin. Sur le fond, Taco veut éviter les affrontements, parce que ce n’est pas un très bon débatteur. C’est pour cette raison qu’il est poli avec Carney. Jusqu’à maintenant, depuis que Carney est au pouvoir, le Traître a évité les affrontements. C’est déjà ça de pris, mais on n’attend beaucoup plus pour la suite des événements.

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Philippe Lançon a un incontestable talent littéraire et critique. Sa prose est effectivement magnifique avec une grande qualité descriptive.

Mais il n'est pas pour autant un romancier avec cette capacité à mobiliser notre imaginaire. Et Philippe Lançon s'est d'ailleurs essayé au genre mais sans grand succès.

C'est probablement le genre "document réel" qui a suscité l'attention du public. Ce rappel de la fragilité de notre condition, de l'illusion de notre pérennité.

Mais pour le reste, je l'ai déjà écrit, Charlie Hebdo, ça n'a jamais été, à mes yeux, la belle vie ni la pointe de l'esprit critique. Je me suis toujours sentie étrangère à son humour. Celui-ci relève plutôt pour moi d'un ancien monde, sexiste et cynique, aujourd'hui révolu. Mais Philippe Lançon n'a pas ce mode de pensée.

Mais en matière d'arrogance, personne n'est, bien sûr, en mesure d'égaler Donald Trump. La bêtise satisfaite d'elle-même, le narcissisme et la mégalomanie incarnés.

J'en viens à souhaiter qu'il se casse vraiment la figure sur quelques dossiers. Mais je ne suis pas sûre que ça instillera le doute en lui tant il est convaincu de son génie.

En attendant, je plains vraiment les grands responsables internationaux, contraints de faire semblant, de se plier en apparence, d'habiller ses âneries et insultes d'une forme de génie tactique. Quelqu'un, un jour, aura-t-il le courage de se révolter, de lui dire ses 4 vérités, qu'il n'est qu'un porc et un âne ?

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla
Nous ne pouvons pas réduire continuellement l’écriture à une manière de s’exprimer, comme la réduire à l’imaginaire romantique, qui serait selon certain un summum de l’expression écrite. Encore une fois, l’écriture, c’est beaucoup plus vaste et l’ouvrage de Lançon nous en donnes une démonstration grandiose. Le lambeau ce n’est pas seulement un bout de tissu déchiré, qui s’envole au vent ; mais c’est aussi un morceau de chair vascularisé, qui sera transposés sur une autre partie du corps pour la réparer.

Lançon touche à tellement de sujets dans son ouvrage, qu’on se demande s’il a oublié quelque chose. Décrire la méthode d’une procédure chirurgicale, il faut quand même faire ses devoirs pour comprendre la nature des gestes, les raisons pour lesquels ont opte pour une manière de faire, tout en espérant le résultat souhaité. Il rapporte aussi les discussions qu’il entretient avec Cloé sa chirurgienne, quelques fois même les accrochages ; mais aussi les gestes de reconnaissances, d’affections, avec une recommandation de lecture, ou encore un bon disque de musique classique, entre autres Bach. Tout cela forme un ensemble de vie, où il n’y a pas seulement l’accident, la misère, la souffrance ; mais toute la vie, toute la quotidienneté, entre Proust et Kafka, Glenn Gould et Elvin Jones, les odeurs de cuisines qui se mélangent aux odeurs du corps, la manière de prendre sa douche, avec un corps couvert de pansements et de tuyaux qu’il ne faut pas mouiller autant que possible. Les moments de solitudes, les nuits d’insomnies, les marches dans les corridors, l’attente de l’angoisse, le retour des visiteurs. Lançon ne nous épargne rien. Personnellement j’aime ce récit hyperréaliste, où chaque petit moment de la journée s’inscrit dans la durée, qui nous fait sentir vivant.

Ce livre, ce n’est pas seulement un ouvrage quelconque ; c’est un partage. Lançon partage son expérience, ce qui est une grande générosité.

J’aime lorsqu’il écrit :

« Le visage que j’avais était une convention qui avait disparu. »
Philippe Lançon
Le lambeau
Page -266-

Il y a de quoi à se laisser bercer
Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Bien sûr Richard. Savoir observer le réel, le quotidien, essayer de rendre compte de l'instant vécu, ça fait partie, au premier chef, de l'écriture.

Je le reconnais d'autant plus que j'ai bien conscience que, pour ce qui me concerne, je ne sais pas du tout écrire.

D'abord, je n'ai qu'un rapport instrumental au français, je ne le "sens" pas vraiment. On peut m'insulter en français, je le comprends mais ça ne me perturbe pas.

Et puis, je crois qu'il y a la conséquence de mes études. J'ai été formée à l'abstraction. Du coup, je ne cesse de tout théoriser, de tout formaliser, j'ai du mal à rendre simplement compte du vécu, de l'instant.

Je suis donc absolument infichue d'écrire un roman ou de relater une histoire vécue. Ce n'est pas de la fausse modestie, il est important d'avoir conscience de ses limites. Ce qui est sûr, c'est que je ne me risquerai jamais à "écrire", à raconter quelque chose.

J'admire donc d'autant plus les gens qui ont cette capacité. Rendre compte compte du monde qui les entoure, de ce qu'ils éprouvent, de leur ressenti. Philippe Lançon a indéniablement ce talent.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla
C’est toujours un plaisir d’échanger avec vous Carmilla, sur l’écriture, les manières de s’exprimer, de penser, que j’ai retenu cette courte phrase de Lançon
« Écrire est la meilleure manière de sortir de soi-même. »
Philippe Lançon
Le lambeau
Page -365-
Écrire, je suis d’accords avec Lançon, c’est sortir de soi-même, se donner une opportunité de vivre autre chose, et pour ce faire, il ne faut jamais négliger l’élément déclencheur, ce qui qui va vous secouer, vous renverser, vous blesser, vous abandonner aux portes de la mort. Vous n’aurez même pas besoin de forcer le trait, encore moins d’exagérer ; les questions vont surgir rapidement, et les réponses vont apparaître lentement. Lançon est véridique à ce sujet lorsqu’il écrit qu’il n’aurait pas écrit ce livre, s’il n’avait pas vécu cette expérience. Il était impératif de sortir de lui-même, de se regarder dans un miroir afin de constater ce qu’il était devenu, d’affronter son destin, qui n’allait pas en rester là, parce qu’il sentait déjà l’avenir lui peser dessus. C’est étonnant, lorsqu’on examine une photo de Lançon avant l’événement. Je dirais, qu’esthétiquement, cet homme a une belle tête, il possède un beau visage au regard intense, qui plaisait aux femmes, c’est ainsi, on n’y peut rien, certains naissent beaux. Il n’y a pas de mérite dans ce domaine. Lorsqu’on regarde cet homme, cette tête d’homme, après l’événement, après les multiples interventions chirurgicales, après des montagnes de doutes et de souffrances, d’inquiétudes et de craintes, je souligne qu’il a toujours le même regard chaleureux, et malgré son menton, je dirais que cet homme Lançon, est toujours aussi beau. Il y a peut-être une note de sévérité qui s’est installée dans son regard comme une impression passagère. Qui sait, nous sommes peut-être plus beau entre les deux oreilles, qu’à l’extérieur de nous-mêmes ? Comme il a passé beaucoup de temps à la Salpêtrière il aura malgré sa gueule cassée, tissé des liens avec tout le personnel qui l’entourait. Je pense qu’on l’a bien apprécié comme patient. Peut-être que dans sa vie courante, c’était, et cela est demeuré, l’existence d’un grand séducteur ? Les sentiments dépassent souvent l’esthétique. Il ne suffit pas d’être beau pour aimer !

Richard a dit…

Voilà un bout de texte qui mérite d’être cité…
« J’ignore si Chloé est revenue me voir dans la nuit du 7 au 8 janvier, après la première opération. Je l’ai vu pour la première fois le 8 janvier, dans ma chambre, cou droit, blouse blanche et sourire aux lèvres : ce fut comme une apparition – et j’écris cela au sens propre, car celui qui la regardait n’était rien de plus qu’un enfant prêt à s’émerveiller de tout ce qui pouvait l’aide à vivre. Si de moi elle ne savait rein, de mon corps elle savait déjà tout ce qui pouvait lui servir. Je lui ai demandé sur l’ardoise si elle voulait une vieille photo de moi en prévision des opérations. Je voulais être utile. Elle a haussé les épaules et souri : (Bah ! Je n’en ai pas besoin !) J’étais surpris. J’aurais aimé lui dire : (Comment voulez-vous refaire mon visage si vous ignorez à quoi il ressemblait ?) Je me croyais encore chez Photoshop. Cependant, qu’elle en sache autant et si peu sur moi ne me gênait pas et j’ai cessé d’y penser en m’abandonnant pour la première fois à ce sentiment dangereux et nécessaire : la confiance. D’elle je ne savais rien mais, très vite, me renseigner sur elle, auprès d’elle, devint pour moi essentiel. Il fallait que je m’en rapproche pour oublier à quel point j’en dépendais. Je devais connaître les secrets de la fée imparfaite. »
Philippe Lançon
Le lambeau
Page : -239-et-240-
Carmilla, seriez-vous, à votre manière une fée imparfaite ?

C’est une belle manière d’écrire sur sa chirurgienne, parce qu’ils sont partis pour un long voyage, qui ne sera pas fait en sens unique. Il faudra sans doute établir cette fameuse et incontournable confiance autant du côté de la soignante que du côté du patient. Nous y revenons toujours à cette fameuse confiance, surtout pour une personne qui tranche dans un autre corps, on sait que les chirurgiens ont confiance en eux. Comment pourrait-il en être autrement ? Ils sont même en sur-confiances comme, j’ose le dire, les pilotes d’avions. Ce qui n’est pas rien, pensez-y bien, quelqu’un que vous ne connaissez pas, et qui ignore tout de vous, vous remet entre vos mains, sa confiance, et des fois même, par procuration. Ce qui fait de ce sentiment : la confiance, quelque chose de dangereux et nécessaire.
Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

La dépendance absolue du malade par rapport à son médecin, le retour à la détresse primitive de l'enfant, c'est cela qui est terrifiant dans la vie de celui qui est hospitalisé.

L'angoisse nous façonne alors entièrement et on a a oublié toute autonomie, toute capacité d'affirmation de soi. C'est une épreuve terrible pas seulement physique mais surtout psychique.

Bien à vous,

Carmilla