samedi 16 août 2025

Intermède

 

Cette semaine, je n'avais vraiment pas envie de rédiger un post tant les nouvelles d'Ukraine, avec la rencontre Trump-Poutine, sont écœurantes, déprimantes. 


Qu'un criminel de guerre ait pu être reçu avec tant de fastes et de signes d'amitié par les U.S.A. m'a profondément choquée (il suffit de comparer avec l'accueil fait à Zelensky). C'est pire que Munich 1938 parce qu'on ne sait quel coup fourré, ces deux salopards concoctent maintenant ensemble.


Ces deux porcs qui se réunissent, ça m'a révulsée. Ils se réjouissent, sans vergogne, du dépeçage-festin à venir, des affaires juteuses qu'ils vont pouvoir combiner aux dépens de tout un peuple.


On prépare le triomphe de la haine et de la force sur le Droit. Et au-delà, la démoralisation générale de l'Europe qui ne s'effondrera peut-être pas en raison d'une invasion militaire mais, plus simplement, par la propagation de la bêtise, de l'égoïsme national et du nihilisme.


Le plus dur, c'est que Trump et les Russes ne cessent d'insulter les Ukrainiens. Ils expriment, sans vergogne, leur mépris total: on ne serait que des minables, des personnes négligeables, qui prennent simplement plaisir à contrarier les puissants de ce monde.


Ils arrivent à faire passer cette idée que les Ukrainiens sont les fauteurs de guerre et qu'ils ont bien cherché ce qui leur arrive. Et c'est terrible pour les Ukrainiens tous traumatisés, pour plusieurs générations, par la guerre: pourquoi a-t-on voulu nous tuer ? Si on leur dénie le statut de victime, ils ne parviendront jamais à surmonter ce meurtre physique et psychologique.


Il est dommage qu'on ne diffuse pas, en France, certaines émissions de la télévision russe. On n'imagine pas les horreurs absurdes qui y sont colportées. L'Ukraine y est présentée comme un pays de barbarie totale: on y massacre les enfants, prostitue les femmes, s'entretue à chaque coin de rue. Et, sur cette société de corruption générale, règne un imposteur, un clown grotesque et idiot, Zelensky.


Quant à Trump, il compare d'abord la guerre russo-ukrainienne à "deux jeunes enfants qui se bagarrent comme des dingues dans un parc. Ils se haïssent et ne veulent pas être séparés. Parfois, il vaut mieux les laisser se battre pendant un certain temps".


La bêtise et le cynisme de ces propos ont sidéré en Ukraine. Trump ne cesse de mettre sur le même plan les morts russes et les morts ukrainiens. Mais je suppose que s'il rêve d'être bientôt acclamé par les foules dans les rues de Moscou, il demeure suffisamment lucide pour ne pas envisager une visite à Kyïv.


Ensuite, Trump s'étonne que Zelensky refuse de céder des territoires. Sa mauvaise volonté démontrerait bien qu'il est un va-t-en guerre et surtout un ingrat, incapable de reconnaître ses efforts colossaux en faveur de la Paix. S'il n'a pas son Prix Nobel de la Paix, ce sera à cause de cet empêcheur de tourner en rond. Nul doute qu'il lui en fera durement subir les conséquences.
 

Et si Trump n'a pas obtenu, hier, le cessez-le-feu dont il avait fait son objectif, il est évident qu'il va en rejeter la faute sur l'entêtement de Zelensky et des Ukrainiens. L'arrêt de la guerre serait de la responsabilité de la victime, l'Ukraine, et non de l'agresseur, la Russie. Il est vrai que Poutine a déclaré récemment que c'était la Pologne qui avait d'abord attaqué l'Allemagne en 1939.


J'ai envie de demander à Trump si, pour mieux sceller son amitié avec Poutine et obtenir ce fameux cessez-le-feu russo-ukrainien, il ne pourrait pas envisager de restituer l'Alaska à la Russie (Poutine s'en contentera sans doute) ? Et s'il ne pourrait pas envisager, dans le même élan, de se faire pardonner du Mexique en lui restituant le Texas ?


Le grand danger, c'est la vanité, l'ignorance et la sottise de Trump. S'il tombe dans le panneau des manœuvres russes, c'en est fini. Le camp pro-occidental sera discrédité en Ukraine et le Kremlin pourra tranquillement préparer l'installation d'un nouveau pouvoir à Kyïv: un "partisan de la Paix" (comme en Géorgie).

 
Mais je me rends compte que je ne voulais pas rédiger de post mais que je commence, quand même, à en esquisser un.


Tant pis, c'est l'attente du pire qui m'entraîne ! Je m'attends à être complétement assommée ce samedi et ces prochains jours.


Par contraste et dans cette fièvre, je n'ai pas trouvé d'autre dérivatif que de vous diffuser, aujourd'hui, quelques-unes de mes récentes petites photos.


Ce sont des lieux qui s'inscrivent largement dans mon quotidien, qui en jalonnent son parcours. Des cafés, des commerces. Et puis des images et des rencontres singulières. Ca n'est probablement pas très intéressant parce que de signification, ça n'en a vraiment que pour moi.


C'est souvent anodin mais le banal est quelquefois singulier et il finit par vous hanter.








La 1ère et la dernière images sont de la peintre allemande Gabriele Münter (à la quelle une belle exposition est, en ce moment, consacrée).

Je les ai choisies parce que je pars en Allemagne, lundi prochain. Je vais donc aussi suspendre, provisoirement, mon blog.

Et comme je me rends, notamment, dans la ville de Thomas Mann (Lübeck), je me suis attaquée à "La Montagne Magique". Jusqu'alors, j'avais été effrayée par son poids: 1 200 pages. Mais je me rends compte aujourd'hui que c'est vraiment un des très grands livres de la littérature mondiale, au petit nombre de ceux qu'il faut avoir absolument lus. Et surtout, le texte bénéficie d'une nouvelle traduction très convaincante.



11 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

Nous le savons tous pertinemment, qu’un jour nous n’aurons pas le choix d’affronter nos ennemis. Plus que nous hésitons, plus il sera difficile de prendre des décisions désagréables. Nous n’osons pas nous imposer de peur de les froisser. Ce n’est pas ainsi qu’on protège la paix, un État de Droit, et la liberté. Cette réunion aura été une démonstration claire de la faiblesse du Traître devant son Maître : Le Cousin de Moscou.

Une journaliste de Radio-Canada a écrit : « Trump a tout donné, et Poutine semble n’avoir rien cédé. » Rania Massoud, Radio-Canada. 16 août 2025.

C’est ce que je redoutais, et cela s’est produit. Le monde entier en aura été témoin. Témoignage accablant, cette petite phrase de Rania Massoud. Tout est dit, les massacres vont se poursuivre.

Voilà comment se comporte le Traître, qui trahit non seulement ses engagements lorsqu’il agit comme un Taco, mais qui trahit aussi son pays en détruisant sa démocratie. Ce qui n’est pas surprenant de la part d’une girouette.

Nous laissons faire pour nous embourber dans une servitude volontaire. C’est une soumission écœurante. Le tout, pendant que le Traître et le Cousin s’amusent à des jeux dangereux tout en célébrant leur retrouvaille.

Nous sommes tous témoins, et si nous n’agissons pas, nous serons tous coupables.

Bon voyage en Allemagne Carmilla, et c’est en plein l’époque pour lire des ouvrages comme : La Montagne Magique de Thomas Mann.

Richard-St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Le plus gros défaut de Taco, c'est qu'il s'aligne tout de suite sur la position de celui qui vient de parler. Et en plus, il est lâche, il n'ose pas avouer les turpitudes qu'il concocte.

Il semble ainsi qu'il vienne de s'aligner sur les positions de Poutine: pas de renforcement des sanctions économiques et, surtout, plus de ce cessez-le-feu qu'il exigeait comme condition absolue préalable.

Il veut maintenant un traité de paix, plus sécurisant selon lui. Mais un traité de paix, ça suppose des mois, voire des années de négociation (2 ans pour les Corée). Et pendant tout ce temps là, la Russie aura tout le temps de poursuivre, en toute impunité, son agression militaire. Les bombardements des villes ukrainiennes ne sont pas prêts de cesser.

Et puis, il faudrait que d'ores et déjà, l'Ukraine "échange des territoires", c'est-à-dire cède ses propres territoires à une Russie qui ne les a pas encore conquis.

Je ne sais si Taco obtiendra, comme il en rêve, le Prix Nobel de la Paix. Mais il obtiendra, au moins, celui de la bêtise et de la pusillanimité.

Bien à vous,

Carmilla

Paul a dit…

Bonjour Carmilla,
Si vous voulez je peux commenter vos photos l'une après l'autre - ironie ; elles ne sont pas si mal. En juillet je suis allé au Danemark via Anvers (aller) puis Gand (retour vers la Bretagne). Ah l'Allemagne hanséatique en voiture, je l'ai connue! surtout l'abscons détour de Hambourg (des plombes).. Globalement je suis revenu charmé du socialisme hanséatique (c'est long à expliquer mais Vooruit retraduisait des siècles de guilde et d'associations d'ouvriers et artisans depuis les débuts, au moyen-âge). J'ai vécu chez les Danois dans un immeuble ouvrier en briques et chez les Gantois, la fête nationale a ruiné notre nuit de retour. J'ai connu Gand il y a vingt-ans pour le fameux noir et blanc de Van Eyck au dos d'un volet du fameux triptyque, mais cette fois en réalité augmentée. Anvers, inconnue de moi, m'a subjuguée comme le sonnet de Plantin, la lecture ici de votre blog, n'y est sans doute pas pour rien. Thomas Mann, j'ai lu ça jeune, c'est véritablement au-dessus de tout (estives?) et d'un grand style, bien que traduit, j'ai entendu parler de la nouvelle traduction mais tout nous manque surtout ce temps. Cet après-midi nous partons visiter le jardin de Kerdalo sur une lubie de ma fille - qui visita Lubeck en voyage scolaire au printemps. Bonne lecture, bon voyage.

PS en ce qui concerne notre sentiment d'actualités je ne vois plus tellement ce qui sépare celui d'un Ukrainien d'un Européen, puisqu'il s'agit, hors de l'Europe, d'octroyer des territoires conquis par la Russie, à la Russie belligérante, en échange de ne pas agresser l'Europe, le chantage est bien là maintenant

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Paul pour votre appréciation sur mes photos.

Disons que j'aime bien faire des photos mais que j'essaie simplement de m'appliquer. Et je sais aussi que je n'ai pas de talent (ni aucun talent artistique en général).

C'est peut-être navrant mais avoir conscience de ça, c'est apaisant également: je ne me torture pas à propos de mon hypothétique génie.

Gand, je me promets de voir bientôt le bouleversant "Agneau mystique".

Le Danemark, je connais un peu. Je suis fascinée par l'histoire de son "roi fou", Christian VII, et le rôle de son médecin allemand Struensee qui a entretenu une passion secrète avec la Reine et a surtout introduit au Danemark la pensée des Lumières. Vous connaissez probablement un très beau film à ce sujet: "Royal Affair" de Nikolaj Arcel (2012).

Quant à Kierkegaard, je n'y comprends pas grand chose mais j'ai beaucoup aimé, à son sujet, un livre de Claude Pujade-Renaud: "Tout dort paisiblement sauf l'amour".

L'Allemagne et surtout l'Allemagne du Nord et de l'Est, je connais bien, voire très bien. Lûbeck, j'adore. Mais c'est sans doute le Romantisme allemand qui m'a fascinée. Parce que je ne peux pas m'empêcher de considérer avec distance la société allemande contemporaine. On y rencontre moins des romantiques que d'affreux petits bourgeois.

Quant à l'Ukraine, c'est désespérant. Il faudrait échanger des territoires ukrainiens contre... des territoires ukrainiens. Il y a là une logique qui me dépasse.

Et s'agissant enfin de Kerdalo, c'est curieusement un prince russe qui l'a conçu. Mais ça n'a vraiment rien d'un Parc à la Russe. L'inspiration serait italo-anglaise. C'est finalement bizarre.

Carmilla

Paul a dit…

Bonjour Carmilla, Au haut de ce parc il y a un belvédère qui donne sur le bourg de Tréguier où j'ai repensé au sens caché de votre texte lors de votre visite. Un obus ici, c'est sûr que non seulement ça n'est jamais arrivé mais que ça ne peut pas arriver, et vous le faisiez bien sentir. Pas dit ainsi chez vous et qui sonne comme une menace chez moi. Sur la tronche de l'universalisme. Aujourd'hui, plus que jamais le champ jauni de soleil et l'aber en bas ou le clocher en face c'est tellement mon habitus que ça peut remplir une colonne dans le N.-Y.Times, il y aurait de quoi être surpris pourtant. J'ai aimé le parc, on va dire, russe cosmopolite (vous avez raison sur son étonnante inspiration mais c'est un bon credo). Depuis, beaucoup de rageux voisins du parc le conchie : des plots, des coupes, du foutoir.. Kierkegaard, bon voilà que c'est l'amour im-po-ssi-ble, et il aurait pourtant été (avec Jules Léquyer), un briochin contemporain de lui, l'un des précurseurs du romantisme allemand, et de l'existentialisme. L'âge - ahem - nous fait laisser de côté ces notions de génie et de talent, heureusement. Nous dépassons alors des âges critiques (celles de nos idoles ou de nos ancêtres), le génie ne m'a pas heurté, le talent est le travail etc. Mais c'est vrai. Le Danemark est un petit royaume exotique ai-je pensé, il m'a semblé plus universel des Lumières que la France d'aujourd'hui, désavouée d'elle-même de ses idéaux, et je ne connais ni le livre ni le film dont vous parlez mais je les ai notés. Vous ne croirez pas si je vous dis que je suis tombé par hasard dans la ou l'une des librairies françaises de Copenhague (comme aimanté présomptueusement) et de réclamer une littérature franco-danoise qui plus est ! On m'a répondu interloqué - qu'entendez-vous par 'franco-danois'. Sorti avec Hôtes de Merete Stistrup, j'étais bien mouché.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Paul,

Kerkegaard, c'est la répétition (ou la reprise suivant les traductions) et le ressouvenir.

C'est dirigé contre cette idéologie contemporaine qui voudrait qu'une vie réussie soit une vie pleine de changements, en mouvement perpétuel.

C'est ne rien comprendre à la vie, à son essence (prise dans les 3 dimensions du temps). La vie idiote, c'est celle-là en fait, celle d'un excité permanent.. Et une vie continuellement changeante, sans aucune répétition, sans pause possible, serait d'ailleurs infernale. La répétition est le point d'ancrage de notre identité profonde.

Et on éprouve une véritable et étrange plaisir dans la répétition. Le plaisir du ressouvenir, de l'identique et de ce qui en est légèrement différent. C'est pour cela que Kierkegaard avait un comportement déconcertant avec les femmes: incapable de conclure et de se marier. Mais ça se comprend: est-ce qu'il n'est pas préférable de vivre dans le ressouvenir, plein d'intensité, d'une femme aimée plutôt que de supporter celle qui se révèle, plus tard, une mégère ?

Sinon, j'aime bien les pays scandinaves mais je trouve quand même la population d'un prosaïsme confondant: hygiéniste et utilitariste. Je préfère le caractère tordu et compliqué, sophistiqué, des Français.

Mais j'adore la littérature danoise, pas seulement Grondahl plutôt grand public. Les bouquins de Kim Leine (surtout "L'abîme") et de Carsten Jensen (La première pierre) m'ont vraiment scotchée.

Quant à Christian VII, son histoire, ca vaut vraiment tous les romans les plus déjantés. Et il est vraiment très célèbre au Danemark.

C'est vraiment enfin que le bonheur paisible des Français m'apparaît parfois en décalage. Mais c'est quand même bien cela que l'on envie. Mais il ne faut pas non plus s'y noyer (comme ce sanglier sur une plage bretonne).

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla
J’ai trouvé une phrase que j’avais malheureusement oublié au travers de toutes mes lectures, et qui concerne le temps présent avec toutes ses dérives, et surtout la guerre en Ukraine.

« Aujourd’hui, l’heure des prédateurs a sonné et partout les choses évoluent d’une telle façon que tout ce qui doit être réglé le sera par le feu et par l’épée ».
Giuliano Da Empoli
L’heure des prédateurs
Page -13-

Ce qui rejoint certaines de mes réflexions, où nous n’aurons pas d’autres choix que de livrer bataille, de s’impliquer à fond, afin de ne pas être exterminé. Nous le savons pertinemment, nous n’aurons pas d’autre choix que d’affronter nos ennemis.

L’heure des prédateurs, c’est à lire et à relire, où il est question de Chat(GPT)et d’IA, et surtout de subjectivité autant chez Da Empoli que chez Lionel Naccache dans : Sujet, es-tu là? Je suis en train de croiser leurs réflexions sur les nouvelles technologies. Ils ne sont pas si éloignés que cela, même si leurs parcours et leurs expériences sont différentes.

Bonne fin de journée

Richard St-Laurent


Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Le temps des prédateurs, en effet.

Ce qui me désole en particulier, aujourd'hui, c'est que l'on considère unanimement que l'Ukraine a perdu la guerre et que la Russie l'a gagnée. On néglige totalement que, depuis plus de 3 ans maintenant, le front n'a pas bougé.

La puissance russe, c'est une fiction et, mieux armée, l'Ukraine aurait pu ou pourrait encore renverser la situation.

Quant aux nouvelles technologies, on passe effectivement à autre chose avec elles. Par le biais des algorithmes qui nous confortent sans cesse dans nos opinions et préjugés, on ouvre la possibilité d'une manipulation générale des opinions. Quand on utilise un smartphone, c'est flagrant: on vous livre d'abord les informations supposées correspondre à vos goûts et centres d'intérêt. Ce ne pas ainsi qu'on peut espérer développer son esprit critique.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla
Développer son esprit critique.
C’est notre tâche primordiale à nous tous les humains, et cela depuis la nuit des temps ; mais encore plus importante aujourd’hui comme jamais dans l’histoire humaine. Ce qui est tout le contraire de la réaction automatique instantanée. Qui plus est, dans cette période que nous vivons, on tente continuellement d’influencer nos pensées et nos réflexions d’une façon insidieuse en caressant nos préférences, en approuvant nos choix, et je n’oserais pas parler ici de séduction, qui à mon sens, s’adresse exclusivement aux humains. On nous détourne de la connaissance pour nous réduire à l’information instantanée des grands titres spectaculaires. Nous préférons le spectacle pour en faire partie, c’est la raison pour laquelle ils nous bombardent d’informations continuellement. Par contre, la connaissance exige du temps qui s’étire entre les doutes, les remises en question, les errances, les recherches. Lire un livre est plus exigent que de se pencher sur son téléphone. Faire des recherches nous oblige à attendre, et cette attente est loin d’être inutile, parce que notre esprit est toujours en activité même si nous pensons à autre chose, ou à rien, mais nous n’en n’avons pas conscience, c’est un processus qui s’étire sur un temps long et laborieux, entrecoupé de repas, de rencontres, de lectures et de sommeil. Faut-il sacrifier cet état pour simplement une performance plus rapide ? Si nous perdons notre sens critique, nous perdrons une part de notre humanité, de ce qui nous aura fait. Une de vos photos illustre bien cette situation dans l’entrée des spectateurs, un groupe de personne sont assises sur les marches, tous sont en train de regarder leur téléphone, sauf cette dame au premier plan, qui s’amuse avec son enfant. Est-ce la société que nous désirons ? Où cela nous mènera-t-il ? Quel est l’avenir de ce bambin ? Comment dans son univers développera-t-il son esprit critique ? Prenons conscience que nous ne sommes pas obligés de nous soumettre à toutes les technologies au point d’en devenir les esclaves. Les technologies sont des manières de faire pour utiliser nos outils. Le reste nous appartient, ou devrait nous appartenir, si nous conservons notre esprit critique. Ce qui ne sera pas une mince tâche. Il faut tenir nos imperfections comme l’essence même de nos existences, elle fait parti de ce tout. Pourquoi devrions-nous devenir parfaits comme nos machines, qui ont été fabriquées par des êtres imparfaits ?
Bonne fin de journée Carmilla et je vous souhaite de conserver votre esprit critique.
Richard St-Laurent

Richard a dit…

Pour faire suite:

« Le grand dilemme qui a structuré la politique au XXe siècle est le rapport entre l’État et le marché : quelle part de notre vie et du fonctionnement de notre société doit être sous contrôle de l’État et quelle part doit être laissé au marché et à la société civile? Au XXIe siècle, le clivage décisif devient celui entre l’humain et la machine. Dans quelle mesure nos vies doivent-elles être soumises à de puissant systèmes numériques – et à quelles conditions? En fin de compte, les individus et les sociétés devront décider quels aspects de la vie réserver à l’intelligence humaine et quels aspects confier à l’IA ou à la collaboration entre l’homme et l’IA. Et chaque fois qu’ils choisiront de privilégier l’humain, là où une IA aurait pu garantir des résultats plus efficaces, il y aura un prix à payer. »
Giuliano Da Empoli
L’heure des prédateurs
Page : -129-

Voilà un exemple d'esprit critique

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Le sens critique ? Le problème, c'est qu'il n'est pas inné mais acquis. Pour en avoir un peu, il faut, malgré tout, avoir lu et étudié.

Et ça ne suffit pas non plus et on s'illusionne souvent aussi sur soi-même et ses capacités intellectuelles. On demeure pleins, nous aussi, d'idées préconçues, toutes faites. Il y a une forte part de leurre dans la vie sociale à la quelle on adhère en toute bonne conscience.

Et puis, les nouvelles technologiques, elles offrent malgré tout de nombreux avantages et facilitations de la vie aux quels il est difficile de résister. Je peste contre le smartphone mais je ne peux pas concevoir de m'en passer..

Pour ce qui me concerne, je ne sais pas vraiment. Ce que je sais seulement, c'est que ce que je pense aujourd'hui est souvent bien différent de ce que je pensais il y a 20 ans. Est-ce parce que j'ai gagné en lucidité ? Je n'en suis pas sûre.

Est-ce qu'une IA pourra, un jour, prendre ma place ? Dans ce qui concerne les analyses répétitives sans doute. S'il faut savoir faire preuve d'innovation, créativité, c'est beaucoup moins sûr.

Mais j'ai du mal à faire des prophéties. Il y a seulement 20 ans, personne n'avait une idée claire et juste de ce qui est aujourd'hui notre quotidienneté. Le pire n'est pas toujours certain.

Carmilla