samedi 27 septembre 2025

Coming Back


La semaine dernière, j'étais en déplacement dans les Alpes.


Et notamment à Grenoble, une ville que je connais bien puisque j'y ai vécu et travaillé pendant 3 ans.


Comme à chaque fois que je reviens sur des lieux de mon passé, j'y ai éprouvé un sentiment de vertige.


Le même vertige que celui que je peux éprouver quand je retrouve Lviv ou Téhéran.


C'est presque ce sentiment d'inquiétante étrangeté qu'a si bien décrit Sigmund Freud.


Les choses sont à la fois familières, immédiatement identifiables, et, en même temps, différentes, presque bizarres, voire angoissantes. Je retrouve les mêmes lieux, les mêmes monuments, mais je ne reconnais plus personne. Les commerçants, les passants, la foule, ne sont plus les mêmes. Presque comme si on avait remplacé toute la population et que j'arrivais en pays étranger. Même mes anciens amis ont presque tous disparu. Et quant à l'Hôpital Universitaire où j'avais exercé, sans doute plus personne ne se souvient de moi.


C'est comme si une cloche, "une cloche de détresse" (selon la belle expression de Sylvia Plath), se mettait à sonner le glas.


Et cette cloche me signifie: cette ancienne partie de ton existence est finie, révolue. C'est terminé..., plus jamais tu ne la revivras. C'est le corbeau "Nevermore" du magnifique poème d'Edgard Poe. C'est l'irréversible et la nostalgie.


Et puis, c'est vrai que moi-même, lorsque j'étais Grenobloise, j'étais bien différente de la Parisienne absolue que je suis devenue. 


Je m'étais étrangement vite adaptée à cette vie proche de la Nature. Avec le sport pour préoccupation première: les randonnées du week-end dans la montagne, le patin à glace, le ski. Et puis la splendeur des paysages, la végétation, les animaux. 


Il est vraiment curieux de penser qu'on ne trouve belles les montagnes que depuis peu de temps. Jusqu'à la fin du 18ème siècle, il y a donc seulement un peu plus de deux siècles, on les trouvait angoissantes, oppressantes, hostiles à l'homme. Jean-Jacques Rousseau a été l'un des premiers à s'émerveiller du merveilleux spectacle des montagnes. Et ensuite, les écrivains romantiques  n'ont cessé de célébrer leur magnificence, l'exaltation sentimentale qu'elles procuraient.


Les lacs (Le Léman, Annecy, Le Bourget), c'est à peu près pareil. On ne les trouve beaux et enchanteurs que depuis peu de temps. Avant, on avait une peur instinctive de l'eau et des tempêtes qui pouvaient se déchaîner. Il est vrai que presque personne ne savait nager.


La montagne, j'ai donc toujours adoré. Autant la mer m'ennuie (ce paysage d'une monotonie lancinante, partout réduit à une simple ligne d'horizon), autant la montagne m'inspire.


Et puis à Grenoble, j'avais un peu l'impression de retrouver Téhéran, une grande ville dominée par de hautes montagnes. De même, cette année, en me rendant à Erevan (Arménie), j'ai eu le même sentiment de retrouver, en quelque sorte, mes sources, tout ce qui me fait vraiment vibrer.


A Grenoble, j'avais mes petites habitudes. D'abord culinaires: le gratin dauphinois, le poulet aux écrevisses, l'Omble chevalier, les ravioles de Roman, les mursons de La Mure, le chocolat Bonnat, le gâteau Zugmeyer et, bien sûr, la Chartreuse verte. Aujourd'hui, il n'y a plus que de l'Omble chevalier que j'achète régulièrement.


Et puis des lieux pour moi mythiques, liés à mon histoire personnelle: au Nord, le fort Saint-Eynard, le monastère de la Grande-Chartreuse, le Charman Som, la maison des Charmettes; et puis, au Sud, le Mont Aiguille et la ville de Die. Et enfin, quand j'avais vraiment besoin de ville, je me rendais à Genève.


Tout cela est fini, révolu. Mais je ne suis pas non plus nostalgique parce que je sais bien que si d'aventure, je revenais à Grenoble, je ne vivrais sans doute pas la même expérience. Et cette dernière serait sans doute déceptive. "On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve", disait si bien Héraclite.


L'irréversible, le "Nevermore", c'est ce qu'on doit apprendre à affronter. C'est la grande leçon de la vie.





Mes petites photos, prises un peu à la volée, de mon bref séjour alpin. A Grenoble, Chambéry (la maison des Charmettes de JJ Rousseau), Lausanne, Yvoire, Evian et même à la fin, même si c'est sans grand rapport, Besançon (ville de Charles Fourier, Proudhon et Victor Hugo).

Les Alpes, c'est une région éminemment littéraire. C'est d'abord Stendhal à Grenoble, puis Lamartine (je n'ai survolé que son "Voyage en Orient") à Aix-les-Bains, le Bourget, et Jean-Jacques Rousseau à Genève et Chambéry. J'ai parcouru, à cette occasion, ses "Confessions". C'est vraiment très étonnant: le premier exemple d'une autobiographie aussi sincère que narcissique et justificatrice. Irritant et fascinant.

Hasard personnel, une de ces coïncidences étranges de la vie : j'étais à Grenoble la semaine dernière. Et il y a 3 semaines, j'étais à Stendal, ville allemande de Saxe-Anhalt. L'écrivain Henri Beyle, futur Stendhal, y a séjourné à l'occasion des campagnes napoléoniennes. Il a alors pris pour nom de plume cette ville de la ligue hanséatique.

Il ne faut pas oublier, non plus, que c'est à Genève, au cours de "l'année sans été" (1816, à la suite de l'éruption du volcan indonésien Tambora), qu'ont été esquissés, dans la fameuse villa Diodati, le fascinant roman "Frankenstein" de Mary Shelley et "Le vampire" de Polidori. Mary Shelley était "en fuite", accompagnée de son époux, le poète Percy Shelley (qui périra, plus tard, dans un naufrage) et de Lord Byron.




samedi 20 septembre 2025

"Familles, je vous hais"

 

En France, en ce moment, c'est la rentrée littéraire.

C'est l'un des aspects les plus sympathiques et singuliers du pays.

En quelques semaines, se déversent ainsi près de 400 nouveaux titres. De ce tombereau, n'émergeront, bien sûr, que quelques heureux élus et l'immense majorité peinera à dépasser la barre des 1 000 lecteurs et sera recyclée ou pilonnée.

Mais qu'importe  L'essentiel, c'est que cette rentrée continue d'alimenter les conversations. Evidemment, ça ne concerne que "les élites" mais, foin du populisme montant et des enragés du smartphone, la France demeure un "pays de littérature". Peut-on imaginer qu'on cesse, bientôt, de s'y intéresser à la rentrée littéraire ? Ce serait un signal vraiment sinistre, une Orwellisation du pays.


Certes, la qualité n'est pas toujours au rendez-vous dans ce déluge automnal et il n'est même pas sûr qu'un seul titre, un seul auteur, survive à l'actualité.


Cette année, c'est étonnant, sidérant: on est submergés de bouquins familiaux ou plutôt familialistes, évoquant Papa et Maman: Catherine Millet, Anne Berest, Raphaël Enthoven, Régis Jauffret etc... 


En apparence, ça n'est pas nouveau parce que la famille, ça a été un thème privilégié de la littérature du 20ème siècle. Mais c'était généralement pour la vomir, l'abominer. C'était le "famille, je vous hais" d'André Gide, "Vipère au poing" d'Hervé Bazin, ou le "Poil de carotte" de Jules Renard. Et que dire des horreurs de Jouhandeau ? L'éducation, elle était le support de l'affranchissement familial. 


Aujourd'hui, on est très loin de ça. On s'inscrit plutôt dans le prolongement de ses parents et on fait souvent leur éloge. Dans le nouveau roman familial, on s'interroge plutôt sur la transmission et on va jusqu'à évoquer le transgénérationnel avec les grands-parents et au-delà. C'est un véritable bouleversement des mentalités. On s'inscrirait, à quelques déclinaisons près, dans une lignée. C'est quasiment une vision d'Ancien Régime.


Personnellement, ça me trouble beaucoup et, même, ça me gêne. D'abord parce que j'ai quand même la prétention de croire que je me suis construite largement toute seule et d'abord en opposition à tout ce que je détestais. Durant mon enfance, adolescence, ce qui me mettait presque en rage, c'était qu'on me dise que je ressemblais, physiquement ou mentalement, à tel ou telle parent(e). C'était comme si on prenait plaisir à m'effacer, me néantiser.


Ca ne veut pas dire que j'ai haï mes parents ou que j'ai été en révolte continuelle contre eux. Absolument pas, d'autant qu'ils étaient vraiment très libéraux. Mais de leur vie personnelle et intime, je me sentirais absolument incapable de parler, tout simplement parce que je n'en ai jamais rien su.

 
Qui étaient-ils, quels ont été leurs aventures personnelles, leurs passions, leurs malheurs ? Je n'en sais rien et, surtout, je n'ai jamais cherché à le savoir. C'est peut-être sur ce point précis que j'ai le plus l'impression de ne vraiment pas être française. Parce que mon éducation, elle a reposé sur une stricte barrière entre les générations. On n'échangeait surtout pas entre parents et enfants sur sa vie privée. C'est sans doute un manque de transparence mais, pour moi, ça s'est aussi révélé un gage de liberté, l'ouverture possible à autre chose, décidée de ma propre initiative.


Et je trouve donc carrément obscènes ces bouquins modernes qui traitent des aventures sentimentales de ses parents. C'est sûr que je serais bien incapable de traiter de ce sujet à propos des miens. Mais d'abord, je ne voulais, moi-même, surtout ne rien savoir de la vie personnelle de mes parents.


Et puis, y-a-t-il une once d'objectivité dans ces récits modernes ? Peut-il même y en avoir une ? Le vécu réel, on ne cesse de l'habiller, l'embellir ou le noircir, de nos projections affectives, il n'est qu'une de nos constructions parmi d'autres. Chaque récit est à la fois complétement faux et complétement vrai. Et aujourd'hui, on fabule, on s'invente une généalogie édifiante. On se plaît à se présenter comme fils/fille de...


L'éducation, elle pose forcément des interdits. On les intègre ou on les rejette. Mais c'est finalement la force de notre résistance à ce qu'on nous inculque qui forge ce que l'on appelle notre caractère. On devient fort ou faible suivant que l'on se rebelle ou accepte passivement son destin.


Beaucoup de gens se piquent de généalogie aujourd'hui. Ils adorent se reconnaître dans leurs ancêtres. Je ne me suis jamais penchée sur mes origines, sur l'histoire de mes ancêtres. C'est d'ailleurs quasi impossible mais j'ai d'emblée eu cette démarche en horreur: Paix aux morts !


Que veut-on démontrer par là, à recenser les fais et gestes de ses ancêtres ? Ca correspond, selon Freud, au roman familial des névrosés, à celui de tous ceux qui s'imaginent que leurs parents ne sont pas leurs vrais parents et qu'ils sont, en fat, les enfants de princes et princesses. C'est à la fois une démarche élitaire et une manière de compenser les blessures et humiliations subies.


Mais finalement, c'est une manière de se déprécier soi-même, de néantiser celle/celui que l'on est. Comme si on devait s'excuser de simplement exister. C'est finalement très triste.


Et c'est pourquoi tous ces romans familiaux qui viennent de sortir cet automne sont complétement hors sol, à côté de la plaque. S'enfermer dans la nostalgie, ça peut consoler mais ça ne permet pas de comprendre et d'affronter les grands bouleversements en cours.


Images de Gabriele Münter, Edward Hopper, Jose Miguel Amandil, Brigitte Aubignac, Claude Monet, John Philip Falker

Dans la masse de ces publications automnales, je recommande toutefois vivement :

- Emmanuel CARRERE : "Kolkhoze". La force de ce bouquin, ce qui le démarque vraiment, c'est que l'histoire individuelle rencontre, sans cesse, la Grande Histoire.

- Cécile GUILBERT : "Feux sacrés". Cécile Guillbert, je l'adore. Elle est surtout connue comme critique littéraire (Saint-Simon, Sacher Masoch, le 19ème siècle, Andy Warhol etc..). Dans ce récit intime, elle raconte d'abord son intérêt surprenant pour la spiritualité hindoue. Mais aussi et surtout, le scandale de la mort de ses proches et sa rencontre de l'amour. La leçon, c'est finalement: "savoir mourir, s'éveiller, apprendre et renaître pour mieux vivre".


samedi 13 septembre 2025

"Allemagne, mère blafarde"

 

L'Allemagne, je ne sais pas moi-même pourquoi j'y reviens si régulièrement.

Alors même que mon allemand est médiocre.

Sans doute parce que c'est quand même l'Europe Centrale et que, sous de nombreux aspects, je m'y retrouve tout de suite: l'architecture des villes, les horaires matinaux, la cuisine. Et puis ce goût pour la spéculation, la théorisation. Les Allemands sont à la fois très prosaïques, très ras des pâquerettes, et très abstraits.


Les apparences, on n'y prête guère attention. L'élégance vestimentaire, on ne sait pas ce que c'est. On s'habille n'importe comment, sans apprêt. Les hommes sont obèses. Quant aux filles, elles sont également informes, habillées comme des sacs et dépourvues de séduction.


 La nourriture, c'est sans cérémonial: une platée de cochonailles assortie de patates et puis une pâtisserie dégoulinante de crème. La diététique, on ne sait pas ce que c'est et j'ai du mal à me nourrir en Allemagne. C'est du moins très bon marché et c'est servi à toute heure.

Et puis cette bouffe simple, pour pas grand chose, ça favorise la convivialité allemande (le "zusammen sein", le vivre ensemble). Ca se concrétise par des brasseries continuellement ouvertes, des jeux de société et des journaux offerts à tous et puis de grandes tablées rugissantes carburant à la bière. Bien sûr, ça n'est pas raffiné mais c'est égalitaire. Les "petites gens" peuvent y trouver accueil et réconfort quotidiens. 

C'est une bonne expression de ce bonheur allemand qu'avait évoqué l'écrivain Michel Tournier. Personnellement, ça me fascine de fréquenter ces lieux. On n'a pas le même spectacle social en France où les restaurants sont guindés et avec une cuisine élitaire et tarabiscotée.


Mais le paradoxe allemand, c'est que ces mœurs brutes se doublent d'un esprit quasiment "métaphysique". L'Allemagne et la France ont ainsi un grand point commun: la pensée abstraite. Ca a fourni des pelletées d'ingénieurs, mathématiciens et philosophes.


Et chez les Allemands, c'est renforcé par un respect général pour la "Kultur". Même les gens les plus modestes connaissent leurs grands philosophes et ont une idée de leurs théories (ce qui est beaucoup plus approximatif en France).


Mais c'est quand même un pays très divers. La Bavière, ça n'a pas grand chose à voir avec l'ancienne Prusse.


Personnellement, c'est plutôt l'Allemagne du Nord et de l'Est qui m'intéresse: toute la Saxe, le Brandenburg, le Mecklenburg, la Thuringe, le Schleswig-Holstein. C'est sans doute mon paradoxal côté prussien.


C'est très peu touristique (j'ai réussi la performance, durant tout mon séjour, de ne croiser aucun Français) et très mélancolique. C'est aussi le principal territoire d'éclosion du "Romantisme Allemand", cet extraordinaire mouvement littéraire (bien différent du Romantisme français) qui continue de façonner l'esprit européen.


Là-bas, j'ai trouvé un nouveau cadre de vie et éprouvé le sentiment d'être délivrée des contingences de ce bas-monde, de sa pression continuelle. J'ai pu m'adonner au plaisir simple d'observer, à la terrasse d'un café d'un petit village médiéval (Tangermünde), les allers et venues de ses habitants.  


Et puis l'Allemagne, elle est, comme la France, pétrie d'Histoire. Pas un lieu qui n'évoque aussitôt le passé. Mais à la mémoire, le tragique s'ajoute sans cesse. 


C'est aussi, c'est moins connu, l'un des pays de naissance de l'Europe.


Ca se passe d'abord à Trèves (Trier). On l'a généralement oublié mais au 4ème siècle après JC, la capitale de commandement de l'Empire romain d'Occident se situait non pas à Rome mais au bord du Rhin, à Trier. Sous l'Empereur Valentinien, c'était une ville magnifique dont il subsiste quelques vestiges impressionnants.


Et puis, si l'on poursuit dans le temps, il faut absolument se rendre à Aix-la-Chapelle (Aachen). La cathédrale d'Aachen, pourtant toute proche, c'est étonnamment peu connu en France. Pourtant, c'est vraiment l'une des merveilles du monde. Elle a commencé à être édifiée à la fin du 8ème siècle et elle est une synthèse de Sainte-Sophie à Istanbul et de San Vitale à Ravenne (Ravenna).


De Trier à Aachen, on passe ainsi, en quelques kilomètres, des Romains aux Carolingiens, via les Mérovingiens. Les villes de naissance du monde occidental. Est-ce que ça ne fait pas rêver ?


Mais j'avoue que, pour moi, les vraies villes allemandes, ce sont les villes du Nord et, en particulier, celles de la Ligue de la Hanse.


Toutes ces villes ont été très actives du 13ème au 17ème. J'en adore l'architecture médiévale austère, impressionnante, mélancolique à souhaits. J'ai ainsi séjourné à Bremen (Brême), Lübeck,Wismar, Tangermünde (avec une mention spéciale pour cette petite ville méconnue).


Lübeck, la plus impressionnante, c'est évidemment la ville de Thomas Mann et des Buddenbrook. C'est aussi la ville de Günter Grass, l'écrivain qui a le mieux retranscrit les mythologies allemandes contemporaines.


Toute proche, il y a Wismar. C'est l'ancienne Allemagne de l'Est et on y éprouve un sentiment de vide. Les grandes places, les plages sur la Baltique, le grand port avec ses bateaux mystérieux. 


Une ville idéale pour y tourner un film vampirique. 


Et puis, je dois absolument mentionner le petit village bucolique de Worpswede (tout près de Bremen). Il a été, de la fin du 19ème siècle au début du 20ème, une véritable colonie socialiste d'artistes qui a développé une nouvelle forme d'expression dans le sillage de l'impressionnisme français. La grande star en a été Paula Mordersohn-Becker mais il faut aussi mentionner Rainer Maria Rilke et Heinrich Vogeler.


Et enfin, puisqu'on est dans le registre de la culture, j'ai visité, une nouvelle fois, la maison de Nietzsche à Naumburg et celle de Marx à Trier. Mais il faut bien reconnaître qu'elles sont décevantes et qu'on n'a pas fait beaucoup d'efforts pour les rendre attrayantes, intéressantes.































Mes petites photos, classées par ordre chronologique (suivant mon itinéraire), dans les villes d'Aachen (Aix-la-Chapelle), Bremen (Brême), Worpswede, Lübeck, Wismar, Schwerin, Tangermünde, Leipzig, Naumburg, Wetzlar, Trier.

Je recommande évidement les bouquins de Thomas Mann et ceux de Günter Grass. 

Sur l'ancienne R.D.A., les livres les plus justes sont, à mes yeux, ceux de Maxim Leo ("Histoire d'un Allemand de l'Est", "Là où nous sommes nous" et "Le héros de Berlin"). C'est plein d'humour et ça s'écarte de l'habituelle rumination policière et répressive. La vie n'était évidemment pas drôle en RDA mais les gens ne passaient pas non plus leur temps à pleurnicher et se lamenter. Ils vivaient aussi, avaient des histoires d'amour et éprouvaient, comme nous tous, des instants de grâce.

Et enfin, sur le village de Worpswede et Paula Mordersohn-Becker, il existe un très bon bouquin (paru en 2016) de Marie Darrieussecq: "Etre ici est une splendeur". Et je signale que la 9ème photo est la maison de Paula M.-Becker et la 12, celle de sa tombe.

Quant à l'image 32, elle est celle de Grete Minde, une icône féministe en Allemagne. Grete Minde, elle a fait l'objet d'une nouvelle du grand écrivain du 19ème siècle, plutôt méconnu en France, Teodor Fontane. Il s'agit d'une jeune femme de Tangermünde qui fut injustement condamnée au bûcher au 17ème siècle.

Et le titre de mon post, il fait bien sûr référence au beau film de Helma-Sanders Brahms sorti en 1980.

Enfin, la dernière image, c'est celle de la célébrissime Uta de Naumburg (XIème). Pour Umberto Eco, Uta était, sans aucun doute, la figure absolue de la beauté féminine. C'est intéressant quand on rappelle que Naumburg était la ville de Nietzsche.