vendredi 11 janvier 2008

Le Golem - le sanatorium sous la clepsydre













Bruno Schulz


Lvov encore... dans mes déambulations souvent éthyliques, je recherchais les fantômes de trois écrivains majeurs : Bruno Schulz, Leopold Von Sacher Masoch, Joseph Conrad.

Bruno Schulz, originaire d’une petite ville voisine, Drohobycz, évidemment lugubre, informe, prise dans une gangue de brique rouge, de neige sale et de boue, désespérante tristesse, Drohobycz transfigurée par Schulz, prise sous l’arc d’une pulsion scopique, centre du monde, cadre épique et fantastique, dédale de ruelles, cours intérieures, maisons délabrées, personnages mythiques, exubérance de la petite communauté juive, avec ses rabbins, ses marchands, scènes de rues, fiacres, commerces de pacotille.

Et puis, Schulz, l’esprit du Golem : la manipulation démiurgique, l’endossement de personnalités multiples, les mannequins qui figurent la vie, la création artistique qui n’est plus imitation mais expérimentation criminelle, le « séducteur et magnétiseur redoutable »…

Ainsi « le traité des mannequins » :

« La réalité prend certaines formes uniquement par jeu, pour créer l’illusion. Quelqu’un est homme, quelqu’un d’autre cafard, mais aucune de ces formes n’atteint l’essence, elles ne sont qu’un rôle momentanément adopté, une peau qui sera bientôt rejetée. Il s’agit là d’un monisme extrême de la matière pour laquelle les objets ne sont que des masques. Tout cela est empreint d’une atmosphère de coulisses où des acteurs débarrassés de leurs costumes rient aux larmes de leurs rôles pathétiques ou tragiques. Dans le fait même d’une existence particulière, il y a de l’ironie, de la blague, de la bouffonnerie, comme si l’on vous tirait la langue ».

« Il n’y a aucun mal à réduire la vie à des apparences nouvelles. Le meurtre n’est pas un péché. Ce n’est souvent qu’une violence nécessaire à l’égard de formes engourdies et réfractaires qui ont cessé d’être intéressantes.
Il n’y a pas de matière morte, la mort n’est qu’une apparence sous laquelle se cachent des formes de vie inconnues. » (Les Boutiques de cannelle).

Le Golem – Spinoza en acte – le Golem qui m’a façonnée, moi Carmilla, éphémère scintillement entre songe rêve et cauchemar, évocation du désir.

1 commentaire:

KOGAN a dit…

Bonjour CARMILLA

On ne boit que lorsqu'on est heureux...vous dis-je.

A nouveau vous frappez fort à coup de "Knout" avec votre nouveau post, et qui survient en pleines commémorations et surdose médiatique de disparitions d'Artistes...Pax Vobis

Ce que je retiens avec intérêt de Bruno SCHUZ:

« Il me semble que le monde - la vie - n'a d'importance pour moi qu'en tant que matériau de création. À la minute où je ne peux pas utiliser la vie pour mon œuvre, elle devient pour moi ou effrayante ou dangereuse, ou aride à en mourir. » BS


« Je ne sais pas comment se forment en nous dans notre enfance certaines images d'une signification décisive. Elles jouent le rôle de fils plongés dans une solution, le long desquels se cristallise le sens du monde. » BS



Question enfance j'ai bien connu une certaine signification décisive façon "KNOUT"...mais c'était une toute autre "expérience"...

Bien Amicalement

Jeff