dimanche 19 juillet 2009

Eloge de la jupe



Comme je l’ai déjà dit, je suis très narcissique et j’aime séduire. C’est pourquoi j’attache une très grande importance, presque dévorante, à mon apparence extérieure, vestimentaire et corporelle. Etre mince et être belle, c’est mon obsession et je perds chaque jour un temps infini à choisir mes habits et à me maquiller. J’aime ressembler à une poupée.


Du reste, j’en fais toujours trop et j’ai conscience d’être à la limite du mauvais goût mais c’est mon côté Europe Centrale avec d’autres codes de la féminité. Mes modèles, même si elles appartiennent à une ancienne génération, sont Arielle Dombasle et Amanda Lear. C’est intéressant de mesurer à quel point elles sont détestées parmi les femmes.



J’ai bien conscience qu’en me lisant vous me prenez tout de suite pour une super-conne. Certes, mais mon goût des apparences est aussi une position presque éthique. Je m’insurge contre l’interdit de la séduction et l’écrasement de la différence sexuelle qui marquent notre époque. Pourtant, le mouvement semble irréversible. J’étais récemment à la terrasse d’un café sur la place du marché de Montmorency et j’observais un groupe de lycéennes : toutes brutasses, toutes hommasses, toutes en uniforme cheap (jean, t-shirt, baskets).




























C’est sûr, dans 20 ans, plus aucune femme n’osera porter de jupe et se maquiller. On justifie cette évolution en avançant des arguments généralement pratiques, de confort, ou de recherche d’authenticité et de simplicité. Les plus politiques, les plus retors, vont jusqu’à évoquer la montée de l’islamisme.


Certes, beaucoup de femmes s’habillent discrètement, simplement pour avoir la paix. Il est vrai que l’hyper-érotisation graveleuse de notre vie quotidienne a un pendant : la montée d’une formidable frustration chez tous ceux qui sont exclus de la compétition sexuelle; tous ces laissés pour compte innombrables, tous ces pauvres types qui ne peuvent avoir accès au marché sexuel que Michel Houellebecq a su décrire avec tant d’empathie.





























Il me semble cependant que la tendance s’impose d’elle-même et qu’il n’y a pas besoin de répression extérieure. Elle est un symptôme supplémentaire de cette société écologiste et transparente que j’ai en horreur. Une société où on promeut une vision naturelle et hygiéniste de la sexualité, comme un simple besoin à satisfaire, sans aspérités et sans ambiguïtés.


D’où la montée insidieuse d’un puritanisme féroce avec l’éradication progressive du désir et l’aplatissement de la différence sexuelle.


Le degré zéro du désir dans l’indifférenciation et l’équivalence généralisées, voilà ce qui est aujourd’hui recherché.


Alors, il est peut-être important que les femmes, de même qu’elles manifestaient, parait-il, dans les années 60 pour le droit au port du pantalon, manifestent aujourd’hui pour le droit au port de la jupe. C’est une même liberté.






BARBIER - POIRET - LEPAPE

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