dimanche 23 août 2009

Naumburg, Röcken : le retour de Nietzsche


A Naumburg et à Röcken, dans l’ancienne R.D.A., on a réhabilité les lieux et habitations de Nietzsche, délaissés sous l’ère communiste. On a surtout érigé des sculptures commémoratives, de prime abord déconcertantes mais qui correspondent bien en fait à la singularité du penseur et surtout à sa modernité.


Comme toutes les adolescentes, dans l’exaltation de mon unicité, j’ai bien sûr été nietzschéenne. Je suis aujourd’hui beaucoup plus réservée. D’abord parce qu’à l’encontre de nombreux thuriféraires français qui voient en Nietzsche un penseur d’extrême gauche, on ne peut tout de même pas faire complètement abstraction de nombreux textes, sur la démocratie, les juifs, les femmes, qui vous font sauter au plafond.


Et puis les épigones de Nietzsche sont maintenant partout. L’ « homme sans qualités » d’aujourd’hui est sûr de lui, égocentrique, affirmant son individualité et dépourvu de toute compassion. Tellement à l’écoute de ses émotions, à la recherche de son authenticité, fréquentant les psychiatres et spécialistes de l’âme pour faire de sa vie une œuvre d’art.




Hi, Hi !!! Ce qui est sûr, c’est que Nietzsche a terrassé Kant.


En fait, ce que j’aime bien chez Nietzsche, c’est sa philosophie de l’histoire : la culture et la civilisation comme processus cruel de domestication et de dressage. La discipline des corps et des esprits, c’est une réalité de plus en plus forte aujourd’hui qui accompagne la banalisation démocratique.


Je terminerai en disant qu’on a, en outre, peut-être mal compris Nietzsche. « Dieu est mort, alors tout est permis », dit on couramment.


Mais non, répond Dostoïevsky !! ! Si Dieu est mort, alors plus rien n’est permis parce qu’il n’y a plus rien à désirer. Plus rien que ce vide effrayant de la présence au monde. Rien, il ne se passe jamais rien, la vie comme non-événement massif, répétition à l’identique que l’ennui infiltre sans cesse.

Archives et photos de Carmilla Le Golem - Sigma DP 2

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