dimanche 11 octobre 2009

Le temps des victimes



Ouh la la !!! Les premiers développements de l’affaire Polański m’avaient laissé croire qu’on avait parfois un jugement éclairé en matière de mœurs. Ca n’a évidemment pas duré. Bien vite, ça a été le déchaînement, l’hallali, y compris de la part de personnalités que l’on croyait libérales. Un long article d’une tartufferie exemplaire dans « le Monde » ; des commentaires réprobateurs de Daniel Cohn-Bendit mais celui-là, entouré d’Eva Joly et de Dominique Voynet, qui déclare se distraire en jouant au football le dimanche, on se doute bien qu’il est en voie de fossilisation.

Un seul courageux, Alain Finkielkraut, que l’on se plaît pourtant à présenter, absurdement, comme hyper-réactionnaire.

























Et puis, l’écoeurante affaire Frédéric Mitterrand. Frédéric Mitterrand, le seul homme politique pour lequel j’accepterais de voter. Je n’ai lu que ses « Aigles foudroyés » mais croyez-moi, je suis compétente en la matière, c’est le meilleur bouquin sur l’Europe centrale du début du 20 ème siècle.

Quel drôle de pays ! On a vraiment l’impression de vivre entouré de petits boutiquiers haineux. Un pays où la révolution sexuelle en est restée à un stade pré-oedipien, avec une sur érotisation graveleuse de l’ensemble du champ social (les media, la publicité), mais en développant une vision apeurée et effrayée du monde.

Il faut tout de même rappeler qu’en France, le quart de la population carcérale est composé de délinquants sexuels. La loi pénale est en outre devenue extrêmement lourde et même absurdement disproportionnée : heureusement que Bertrand Cantat s’est contenté d’assassiner Marie Trintignant ; il a pu s’en sortir au bout de 4 ans (je ne pense pas néanmoins que ce soit trop peu), auréolé de la mystique de l’amour romantique. Mais s’il avait été un abominable pervers, qui avait tenté de caresser une jeune lituanienne, il continuerait sûrement de croupir dans une prison, victime de l’opprobre généralisé.



On a forgé cet étrange concept de « crime sexuel ». Le crime sexuel, j’ai cru comprendre que c’était l’agression qui vous traumatisait définitivement, irrémédiablement.



























Le traumatisme, c’est la tarte à la crème de la psychologie contemporaine. On serait, presque tous, des victimes. Un jour, on aurait subi une agression ou une tentative de séduction. Vous ne vous en souvenez pas toujours mais votre psychiatre est là pour en faire ressurgir le souvenir. Bien sûr, la victime ne s’en remet jamais, elle est définitivement traumatisée. Mieux, les « spécialistes » nous apprennent que les victimes deviennent souvent plus tard des agresseurs.



Inutile de rappeler que le point de vue de Freud est tout à fait différent : chaque événement est une « reconstruction », un mélange de réel et de fantasme ; en outre, la « cohérence » d’une vie ne se construit pas autour d’événements successifs mais dans l’articulation, inédite pour chacun de nous, du désir et de l’interdit.



























Ce qui est problématique pour moi, c’est que cette posture victimaire conduit à vivre dans une peur et une angoisse permanentes. Le monde serait plein de dangers, peuplé, durant l’enfance, de parents incestueux et de pervers pédophiles et plus tard, à l’âge adulte, de violeurs, de harceleurs et de criminels sadiques.


Un troupeau apeuré, cette image nietzschéenne rend souvent bien compte de la société française. C’est la domestication de l’homme, le renoncement à l’audace et à l’indépendance de l’esprit des Lumières.





Lenartowicz, Wiktor Sadowski, Franciszek Starowieyski

2 commentaires:

Pascal a dit…

Beaucoup d'affiches polonaises sur lesaffiches.com
Many polish poster on lesaffiches.com

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Pascal,

Il y a encore de nombreux sites où l'on peut trouver des affiches polonaises.

C'est encore assez bon marché mais elles sont de plus en plus recherchées.

C'est sûrement un bon investissement.

Bien à vous

Carmilla