samedi 1 mai 2010

Révolutions


Aujourd’hui, le 1er mai, c’est un grand jour pour moi, mais je ne vous dirai évidemment pas pourquoi.

En tous cas, ça m’évoque la révolution, les révolutions, le bouleversement social bien sûr mais surtout le mouvement orbital d’une planète. Le Clezio en avait fait le titre plein d’ambiguïté d’un de ses bouquins les plus réussis.

Alors, j’ai choisi d’illustrer ce jour exceptionnel avec l’un de mes peintres favoris, Michał Świder.
Je crois que lui aussi est à peu près inconnu en France, de même que la plupart des peintres contemporains que j’aime : Jan Lebenstein, Joanna Chrobak, Zdzisław Beksiński, Kacper Kalinowski.


Ce qui m’étonne, c’est qu’en matière picturale, en France, on reste prisonnier d’une approche formaliste. On demeure convaincu que la modernité, c’est l’abstraction.

Quitte à passer pour une demeurée, je crois quand même que l’abstraction, ça commence à dater un peu. Ca a pris naissance, il y a bien longtemps, en Europe Centrale, en Russie notamment, là même où ça n’est plus aujourd’hui considéré comme d’actualité.

C’est en effet le peintre Vassily Kandinsky (Василий Кандинский) qui est le fondateur et le théoricien de l’art abstrait. Il a peint, en 1910, sa première aquarelle abstraite « Sans titre ». Le mouvement a ensuite rapidement trouvé son apogée et peut-être sa conclusion avec un autre russe, Casimir Malevich (Казимир Малевич) et son « carré blanc sur fond blanc ».

Tout ça a tout de même un siècle. C’est énorme pour une avant-garde.



Mon sentiment est que l’art abstrait est aujourd’hui l’art petit bourgeois. La preuve, il décore les murs des administrations et les appartements des bobos et il n’effraie et ne choque plus personne. Même les peintres du dimanche s’y sont mis.

Je partage l’analyse de Pierre Klossowski, le frère de Balthus, qui considérait que le triomphe du formalisme en peinture était inséparable d’une montée du puritanisme et d’un appauvrissement psychologique.

La grande peinture, c’est l’ambiguïté, la duplicité, bref le trouble. L’art abstrait, ce n’est souvent que l’univocité, le signe simple et transparent.



Michał Świder

2 commentaires:

Princesseneige a dit…

Excellent, ton choix des tableaux, toujours excellent!

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Princesse,

Mais tu sais, trouver de belles images, surtout pour nous, n'est pas très difficile. L'une des clés est de pouvoir lire plusieurs langues.

A bientôt