samedi 18 juin 2011

« L’agonie de la Russie blanche »


« L’agonie de la Russie blanche », c’est un livre-reportage de Gaston Leroux, l’auteur du « Mystère de la chambre jaune ».

Gaston Leroux connaissait très bien la Russie. C’était bien sûr peu banal mais on s’intéressait à cette époque beaucoup plus à la Russie qu’aujourd’hui. Du moins, on considérait le pays avec moins de préjugés. Gaston Leroux a donc séjourné à plusieurs reprises en Russie et a couvert la guerre entre le Japon et la Russie en 1905. Je crois qu’il y a même un « Rouletabille chez le Tsar ».


Mais bon…, la Russie blanche, pour moi ce n’est pas la Russie tsariste mais c’est la Biélorussie ou le Belarus (on ne sait pas bien comment on doit dire en français) qui se trouve justement, en ce moment, à l’agonie.

Je trouve ça absolument fantastique, incroyable et ça soulève pour moi le problème de la qualité de l’information à l’Ouest. On nous parle régulièrement, avec inquiétude, de la Grèce et de son probable écroulement financier. Mais de la Biélorussie, de la chute vertigineuse de sa monnaie depuis la fin du mois de mai et de la fin probable de son dictateur, Loukachenko, pas un mot ou presque. On assiste en ce moment à des scènes frénétiques dans les villes de Biélorussie entraînées dans le gouffre de l’hyperinflation; la population cherche désespérément à échanger ses roubles (ses « zaïtchiks », ses petits lièvres, comme on les appelle et comme ils figurent sur les billets de banque) contre n’importe quoi. Mais malheureusement, il n’y a absolument plus rien dans les magasins.


La Biérolussie, c’est un peu la même situation financière que la Grèce mais tout le monde s'en fiche et personne n’est là pour l’entretenir en survie artificielle;  mais c’est probablement pour ça qu’elle s’en sortira plus rapidement.

Ce désintérêt, c'est vraiment étonnant. Pourtant, la Biélorussie a, à peu près, la même population que la Grèce et est surtout beaucoup plus vaste. Enfin, la Biélorussie, tiraillée entre la Russie et l’Europe, a un intérêt stratégique majeur avec un potentiel économique important. Si vous cherchez à faire fortune, je vous incite vivement à investir dans quelques mois en Biélorussie.



Moi, la Biélorussie, ça fait partie des pays chers à mon cœur et je pense que je suis l’une des rares françaises à qui il arrive d’y passer des vacances. Au moins, je suis à peu près sûre de ne pas y retrouver mes voisins de palier ou d’y croiser une excursion Frantours. D’ailleurs, je ne connais aucun guide en français sur la Biélorussie.

C’est vrai que les villes, hormis Grodno, sont assez moches et que Minsk peut prétendre, sans fausse modestie, au titre de ville la plus laide d’Europe.


Et puis tout y est ringard et ridicule, un peu à l’image de Loukachenko, personnage grotesque, primitif, imprévisible.

Ca a aussi un aspect un peu fantomatique avec des villes aux grandes avenues silencieuses et grises, d’une propreté chirurgicale, que rien ne vient égayer, ni enseigne publicitaire ni devanture avenante. Tout y est encore propriété d’Etat et donc lamentable.


On retrouve en fait l’ambiance de l’ancienne U.R.S.S., mélange de déglingue et d’ambiance glauque avec prostituées, flics véreux et trafiquants. Dès que vous franchissez la frontière, vous comprenez. Et puis, il faudrait que je vous décrive l’ambiance des festivités nocturnes, dans des dancings miteux, noyés sous les décibels,

Un retour en arrière fascinant. Une histoire momifiée, sous bandelettes depuis plus de vingt ans.

Alors, faut-il être un indécrottable nostalgique de l’URSS pour aller en Biélorussie ? Il y a aussi d’autres raisons.


D’abord, la campagne est vraiment merveilleuse et enchanterait tous les écologistes avec ses masures en bois, ses lacs, ses forêts primitives et ses chevaux de trait.

Surtout, un voyage en Biélorussie est une aventure, une véritable aventure avec d’innombrables gens que vous rencontrez et avec qui vous vous liez en une journée. Surtout des jeunes, des très jeunes, tous beaux à mourir et avides de connaissances et de découvertes. C’est curieux, on vous dit : attention, la Biélorussie, c’est plein de policiers en civil. C’est possible, mais ça n’empêche personne de parler et de critiquer vivement. C’est pour ça qu’on peut pronostiquer à très brève échéance la mort du régime.


Voilà, si je vous ai convaincus, vous êtes bien entendu invités à m’accompagner cet été en Biélorussie.


Marina Lie (Марина Ли) est une jeune artiste de MINSK. On note tout de suite la parenté avec l’œuvre de Natalie Shau. C’est normal, il n’y a qu’une centaine de kilomètres de Vilnius à Minsk

2 commentaires:

nuages a dit…

Très intéressant billet.
On ne parle que rarement de la Biélorussie, sauf à chaque réélection frauduleuse de Loukachenko. Ça me passionnerait d'y voyager et d'y photographier.
En ce moment, je lis un récit de voyage que je trouve passionnant : "Aux frontières de l'Europe", de Paolo Rumiz (éd. Hoëbeke). Je viens de lire les chapitres relatifs à la Carélie et à l'Estonie. Je savoure.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Le livre de Paolo Rumiz est effectivement excellent et je le recommande.

Aller en Biélorussie n'est pas trop difficile même s'il n'y a évidemment pas d'agence de voyages qui propose la destination. Mais on arrive à obtenir un visa sans trop de difficultés (je peux indiquer la procédure).

C'est sûr qu'un reportage photographique en Biélorussie peut être très intéressant, tellement le pays est peu connu et tellement sa campagne est belle.

Vous y serez de toute manière très bien accueilli.

Je n'y vois qu'une difficulté : il faut impérativement savoir lire le cyrillique.

Carmilla