samedi 27 octobre 2012

« I now only feed off skin, sextexts and sidewalks »




Qu’est-ce que ça veut dire, être une vampire ? Evidemment, la grande affaire, c’est la séduction.


Je pensais à ça quand j’étais en Ukraine. C’est sûr que, là-bas, les filles sont une provocation permanente. De quoi plonger dans une dépression profonde une féministe occidentale.


Bien sûr, je suis comme ça, même si j’essaie d’emprunter des formes pas trop évidentes. Je sais bien que ça doit vous apparaître incroyablement superficiel, la figure même de l’aliénation, mais pour moi, c’est le jeu même de la vie.


Susciter l’attention, le désir des autres, c’est la manière la plus importante de se sentir exister. Si ça se dérobe, c’est fichu.


Et puis, c’est un plaisir, celui du jeu, le jeu des relations de pouvoir entre les sexes.



Le vampirisme, c’est tout ce qu’on évacue aujourd’hui dans la société occidentale au nom d’une idéologie égalitariste et unisexe : l’affirmation de la féminité, du désir, de la volonté de puissance. S’y associent toutes les complexités des nanas : masochisme, bisexualité, sensualité sombre, goût du pouvoir, goût du sacré.


Tout ça, vous le savez, c’est mes trucs. C’est peut-être un petit peu les vôtres, à vous aussi, puisque vous me lisez et même si vous ne vous l’avouez pas.


Avec mes copines, notre grand plaisir, c’est de nous raconter toutes nos histoires torrides. C’est la compétition entre nous, c’est à celle qui vivra l’histoire la plus dingue. C’est vrai qu’on est plutôt détachées; on ne perçoit pas les hommes à travers le prisme du grand amour. C’est peut-être un trait de la mentalité slave, ce qui fait dire qu’on est intéressées. Les histoires, ça doit toujours rester léger, ne pas engager plus que ça. Ce qui compte, c’est la brûlure des instants vécus.


Mais c’est vrai que la séduction, ce n’est pas facile. Il faut se démener. Le plus simple, c’est d’abord la solution triviale : on s’habille chic et sexy, on se maquille et on se balade dans la ville, l’air désoeuvrée.  Généralement, ça marche et ça suffit si on privilégie la quantité. J’aime bien ça aussi et puis je ne suis pas farouche, je me laisse volontiers aborder pourvu que le type soit potable. Après, ça dépend mais, généralement, ce n’est pas terrible. J’avoue quand même que j’aime bien faire quelquefois plaisir à des déshérités : des moches, des vieux, des paumés, tout ceux qui n’auraient jamais oser rêver séduire une fille comme moi. J’aime l’amour facile, étourdi, inconséquent et puis je pense que c’est blessant de se refuser à un homme dont on a suscité le désir.


Mais il y a aussi l’autre stade de la séduction, plus compliqué. C’est mental, ce sont des rapports de force mais il faut justement que ce ne soit pas perçu comme ça. C’est là que j’essaie de m’éclater. C’est dans ma boîte, dans mon boulot. On emploie près de 6 000 personnes, ce qui n’est qu’une grosse PME. Officiellement, je pense que presque tout le monde me déteste. Officieusement, je crois que c’est différent et j’ose espérer que beaucoup rêvent de moi.


Photos de la grande photographe moscovite que j’adore : Elena OGANESYAN

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