jeudi 1 novembre 2012

“Catching up with the news is excruciating while here the night is so tender”




Evidemment, depuis lundi, avec le résultat des élections législatives en Ukraine, c’est un peu la déprime même si c’était attendu.

Ce qui est humiliant surtout, c’est l’assourdissant silence des media à l’Ouest. On s’en fiche vraiment complètement. Pourtant, il y a une responsabilité non négligeable : si on avait laissé entrevoir la plus petite possibilité d’une adhésion de l’Ukraine à l’Europe, on aurait pu éviter son glissement vers la Russie.

Enfin… moi je vais aller cultiver mon jardin et préparer mon proche voyage au Japon.


Je termine en évoquant les Pussy Riot pour leur exprimer mon admiration. Je n’avais pas beaucoup prêté attention à elles, jugeant que leur geste relevait de la simple provocation esthétique et n’avait pas de véritable dimension politique. Il est vrai aussi qu’en Russie, on n’a pas beaucoup parlé d’elles et de leur procès. J’ai révisé mon jugement en découvrant que ces trois jeunes filles étaient intellectuellement remarquables. Je pense en particulier à Nadejda Tolokonnikova dont j’ai lu un interview qui m’a sciée. Il faut savoir qu’elle est une jeune philosophe de bon niveau et qu’elle s’appuie en particulier sur la figure de Socrate, lui-même accusé de corrompre la jeunesse, pour conduire son action.

Ce qui m’a enfin hérissée, c’est qu’en France, beaucoup de voix, pas seulement à droite, se sont levées pour condamner l’intervention des Pussy Riot au sein d’un lieu sacré, la cathédrale de Moscou. Difficile après ça de prétendre critiquer les islamistes.


Tableau de Taras LOBODA, peintre ukrainien (né en 1961).

Photo de Carmilla Le Golem à Kiev

Photo de Nadejda Tolokonnikova (Наде́жда Толоко́нникова), originaire de Norilsk, sûrement l’une des villes les plus austères du monde.

8 commentaires:

nuages a dit…

Les résultats des élections en Ukraine, assez prévisibles et classiques (avec toujours l'opposition très forte entre l'est et l'ouest du pays), n'ont peut-être pas fait l'objet d'une large couverture médiatique en Europe occidentale parce qu'elles ne faisaient que s'inscrire dans la même tendance qui avait vu l'élection de Ianoukovitch ?

En 2004, avec la Révolution orange et la mobilisation populaire pour contester l'élection présidentielle truquée, la couverture médiatique avait été très importante.

Par ailleurs, j'ai vu que les élections législatives du 28 octobre 2012 avaient été marquées par la percée de l'Union pan-ukrainienne "Liberté", nationaliste d'extrême droite.

http://en.wikipedia.org/wiki/All-Ukrainian_Union_%22Freedom%22

Ce parti fait d'excellents résultats en Ukraine occidentale (Lviv, Ternopil, Ivano-Frankivsk)

http://www.cvk.gov.ua/vnd2012/wp302pt001f01=900pf7171=71.html

C'est assez inquiétant, non ?

Carmilla Le Golem a dit…

Vos analyses sont pertinentes, Nuages !

En effet, ce qui est terrible, c'est qu'il y a 2 Ukraines : une Ukraine de l'Ouest (l'Ouest du DNIEPR) et une Ukraine de l'Est.

A l'Est (et à Odessa), on n'a vraiment pas envie de parler ukrainien et d'entendre parler de l'Ukraine. On ne connaît que la Russie.

Je ne sais pas combien de temps ça va pouvoir durer.

Je pense quand même que l'Europe de l'Ouest aurait pu avoir un rôle positif mais on a préféré ne rien faire par bêtise et ignorance.

Sinon, c'est sûr que les mouvements de droite et d'extrême droite sont puissants en Ukraine. Mais ce n'est pas la même idéologie qu'à l'Ouest. Des étrangers, il y en a très peu en Russie ou en Ukraine et les musulmans sont très bien intégrés. Rien à voir avec Marine Le Pen. En plus, il y a toujours le souvenir très fort de la seconde guerre et de l'horreur du nazisme. Je déteste bien sûr les mouvements de droite, mais ce sont surtout des ultra-nationalistes.

Il est cependant possible qu'ils gagnent malheureusement du terrain dans les années à venir surtout si l'Europe continue d'afficher le même dédain vis à vis de l'Ukraine.

Carmilla

Anonyme a dit…

On en a parlé mais pas assez fort ;
voir l'article publié sur "presseurop" le 30 /10 ,intitulé "réveil difficile pour le rêve ukrainien"; l'europe est tellement engluée dans ses problèmes qu'elle regarde à ses pieds ,hélas . Lola

Carmilla Le Golem a dit…

J'avoue, à ma grande honte, que je ne connaissais pas "presseurop".

Grâce à vous, j'ai découvert et j'ai trouvé que tous les articles étaient justes et de très bonne qualité.

Je ne pense cependant pas que le désintérêt de l'Europe pour l'Ukraine soit simplement lié aux préoccupations supérieures de "la crise".

Il y aussi le souci de ne pas déplaire à Moscou et de ne pas dévier d'un schéma européen où l'on tient les slaves en suspicion.

C'est terrible parce qu'avec l'incertitude actuelle, personne ne veut investir en Ukraine alors que le potentiel du pays est important.

Grand merci

Carmilla

Anonyme a dit…

Vous pouvez lire, aussi :"The odessaphile" in The Economist (culture) moreintelligentlife nov-dec 2012 in english . Intéressant
Lola

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Lola,

Je n'ai cependant pas réussi à trouver cet article. Mais il faut dire que je ne suis pas très forte en recherche informatique.

Je ne suis pas non plus "odessaphille". L'architecture est certes admirable, même si elle est largement délabrée, mais il y règne une chaleur épouvantable durant un très long été. J'étais très mal cet été car il faisait continuellement 35 °. Et puis Odessa, c'est russe,russe.Je préfère Kiev ou Lvov.

Mais,n'ayant pu lire l'article que vous évoquez, je réponds peut-être complétement à côté de votre mail.

Amicalement

Carmilla

nuages a dit…

Une intéressante analyse des élections en Ukraine ici :

http://welections.wordpress.com/2012/11/04/ukraine-2012/

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages !

En effet, c'est tès juste.

Carmilla