dimanche 16 mars 2014

Livres, rêves



Il est très difficile pour moi, en ce moment, de tenir ce blog parce que je suis, bien sûr, trop préoccupée par l'Ukraine. Je ne vais donc pas parler, cette semaine, des événements en cours parce que je risquerais d'être trop véhémente. Je dirai simplement que j'admire beaucoup l'attitude du Président Turtchinov et de son 1er Ministre Iaktseniuk qui refusent de répondre à la violence par la violence. Ils  donnent au monde une grande leçon de démocratie. Moi-même, il y a longtemps que j'aurais appelé à prendre les armes contre les Russes.



Pour me calmer, je me contente donc, aujourd'hui, de recenser les livres que j'ai aimés ces dernières semaines.

 Christophe FIAT : « La comtesse ». La comtesse, c’est Sophie Rostopchine, comtesse de Ségur. Un petit livre délicieux, épatant. Je ne sais pas si j’avais, jusqu’alors, jamais lu la Comtesse de Ségur. J’avais juste visité, il y a deux ans, les abords du château des Nouettes près de la ville de « L’Aigle » en Normandie. Ce bouquin m’a tellement enthousiasmée que j’ai lu tout de suite après « Le général Dourakine ». 

Louis-Charles Fougeret de Monbron : « Le cosmopolite ou le citoyen du monde ». C’est un livre qui aurait inspiré le « Candide » de Voltaire. Fougeret de Monbron (1706-1760) était connu, jusqu’alors, pour ses romans licencieux (« Margot la ravaudeuse »). Ce bouquin est un chef d’œuvre de grand style, d’impertinence, de cynisme, de burlesque. Fougeret de Monbron, c’est le meilleur de l’esprit du 18 ème siècle, « le prototype du mauvais sujet à l'indépendance d'esprit intraitable». Une merveille !



Christian GARCIN : « Ienisseï (suivi de Russie blanche) ». Le fleuve Ienisseï, c’est, après l’Ob et devant la Lena, le plus grand fleuve russe. Un livre intelligent, très juste qui, outre l’Ienisseï,  évoque, en quelques pages, l’un des pays les moins connus au monde : la Biélorussie.

Ensuite, quelques livres plus consistants :





Lola Lafon : « la petite communiste qui ne souriait jamais ». Une extraordinaire évocation de Nadia Comaneci, la gymnaste absolue. Une analyse impitoyable, également, de la Roumanie de Nicolae Ceaușescu qu’a bien connue Lola Lafon.



Edward GIRARDET : «Il paraît que vous voulez me tuer». Les récits d’un journaliste américain, grand connaisseur de l’Afghanistan, son pays de cœur, qu’il parcourt depuis 1979.  C’est très concret, très vivant mais également très critique vis-à-vis des puissances occidentales.



Anne DUFOURMANTELLE – Laure LETTER : « Se trouver - Dialogue sur les nouvelles souffrances contemporaines». Une exploration des maladies contemporaines de l’âme, la fatigue, la solitude, l’angoisse, les insomnies.



Laurence FONTAINE : « Le marché – Histoire d’une conquête sociale ». Tout le monde s’entend bien sûr, aujourd’hui, pour vouer aux gémonies le marché qui serait responsable des crises et du malheur de l’humanité. Personnellement, je m’intéresse beaucoup à l’histoire de l’économie et ce livre m’a passionnée. Le marché est aussi facteur d’émancipation (notamment pour les femmes) parce qu’il permet d’accéder à la responsabilité de l’échange.



Mary-Kay WILMERS : « Nous les Eitingon ». L’histoire emblématique d’une famille hors normes du 20 ème, celles de marchands juifs issus de Biélorussie. On voyage beaucoup (la Russie, l’URSS, Leipzig, New-York) et on traverse l’histoire : la prise du pouvoir par les bolcheviks, l’assassinat de Trotsky au Mexique, la naissance de la psychanalyse aux côtés de Freud.


 
Brina Svit : « Visage slovène ». La Slovénie, c’est terrible ! Je ne suis pas sûre que l’on sache, en France, que la Slovénie appartient à l’Europe depuis plusieurs années et a produit quelques intellectuels célèbres (Renata Salecl, Slavoj Zizek). Qui connaît Bled, llubljana ? Brina Svit est une franco-slovène. En plus, son bouquin évoque Buenos –Aires et Witold Gombrowicz. Tout pour vous dépayser, vous décentrer.  




Régis JAUFFRET: « La ballade de Rikers Island ».  Strauss-Kahn, quelle barbe ! Ce pavé, à l’écriture fluide, se lit, pourtant, très facilement. Ce qui m’a intéressée : le récit de la vie d’un imposteur, un pauvre type,  mais qui est tout de même devenu président du FMI. Le croisement du pouvoir et de la domination sexuelle.

Nina Bouraoui : « Standard ». Portrait d’un homme sans qualités qui rencontre un jour une femme forte, une femme plus forte que tous les hommes. Un livre complétement différent de tous les précédents livres de Nina Bouraoui. Une nouvelle réflexion sur le pouvoir et la sexualité.




Christophe CARLIER : « L’euphorie des places de marché ». J’aime ces bouquins, trop rares, qui évoquent, le monde du travail et de l’entreprise. C’est, tout de même, le quotidien de la plupart des gens. Le conflit hilarant entre une secrétaire, Agathe, monstre d’inertie, et un jeune cadre dynamique.




Images du grand photographe polonais, Marcin SACHA

Ce post se veut aussi une modeste expression de la lutte contre la Barbarie qui envahit aujourd'hui les esprits.

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