samedi 5 juillet 2014

Délivrez-nous de nos corps !


Le sport, qu'est-ce qu'on nous bassine avec ça en ce moment ! Une chose m'a quand même fait plaisir: la Russie a été ridiculisée au cours de la Coupe du Monde. Un regret aussi: j'aurais bien aimé une finale France-Belgique.


Comme passion collective, le sport, c'est vraiment horrible: la rencontre du totalitarisme et des instincts infantiles. La psychologie collective a pour ressort une demande éperdue d'amour, la demande d'un chef, disait Freud.


Comme passion individuelle, c'est plus compliqué, c'est autre chose. Dans le sport, il y a la recherche d'un dépassement de son individualité propre, une tentative de s'arracher de l'humaine condition.


Je connais un peu ça puisque j'ai toujours été fascinée par les sports d'endurance: la course à pied surtout mais aussi le vélo et la natation. Dans ces sports, ce ne sont pas les épreuves de compétition qui sont difficiles, c'est l'entraînement nécessaire qui est terrible et qui réclame une absolue persévérance: au moins une heure par jour pour un coureur à pied et jusqu'à 5 heures pour un nageur. C'est lancinant, monstrueux.


Ca correspond bien à ma volonté de puissance. J'ai ce fantasme très fort en moi d'être rapide, légère, inépuisable. Pour ça, je me suis toujours levée aux aurores pour faire du sport quelles que soient les circonstances. Ca a porté ses fruits: rares sont les gens capables de courir plus vite que moi.


Bien sûr, ça correspond aussi à des préoccupations narcissiques. Il s'agit aussi, pour moi, d'être mince; pas question d'avoir un kilo de trop, quelle horreur !


Mais ça va au-delà de ça. C'est un peu simple de dire que, dans le sport, on cherche à se conformer à un corps narcissique idéal, façonné notamment par les icônes publicitaires et médiatiques.


Ce qui m'apparaît plus essentiel, c'est que, dans le sport, on cherche, avant tout, à s'affranchir de son corps et même à l'abolir. On ne veut plus être dépendants de sa matérialité, de ses limites, sa pesanteur, sa lourdeur et ses contraintes.


En cela, on rejoint la démarche des anorexiques. Etre tout puissants au point de maîtriser et les corps...et la vie. On cherche un au-delà du corps, on cherche à être de purs esprits, délivrés des souffrances de l'individuation.

Tableaux de Quint BUCHHOLZ, peintre allemand (1957).

Enfin, si vous voulez un peu mieux me connaître et connaître Carmilla, je vous recommande absolument le film "Under the skin" de Jonathan Glazer avec Scarlett Johansson. Magnifique !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

vous avez lu le livre Under the Skin, Carmilla ? C'est encore autre chose que le film et j'ai adoré ce livre.

Carmilla Le Golem a dit…

Ben non !

Et je n'avais même pas noté que le film était l'adaptation d'un bouquin.

Je vais donc partir à sa recherche.

Grand merci Anne

Carmilla