dimanche 11 janvier 2015

Le Royaume de Naples


Il y a quelques jours, j'étais en Italie, à Naples précisément. C'est vrai que ça ne fait pas partie de mes lieux habituels d'errance mais l'Italie, c'est agréable en dehors de la saison touristique.


Je suis évidemment un peu larguée là-bas: je ne connais même pas trois mots d'italien, c'est la honte! Mais c'est vrai, aussi, qu'en Italie j'ai beaucoup de succès; j'y suis presque une star!  Diaphane, grande, maigre, c'est sûr qu'on m'y remarque davantage qu'à Moscou ou à Berlin. Et puis, en Italie, on aime bien le spectacle: tout le monde, homme, femme, est bien habillé et aime s'exhiber.


Toute ignorante que je sois, il y a quelque chose que j'aime bien chez les Italiens: c'est leur rapport décomplexé à l'autorité. La "soumission", on ne connaît pas trop, c'est incongru.


La société disciplinaire, de contrôle des uns par les autres, on n'aime pas trop. C'est sûr qu'on n'est pas en Allemagne ou en Suisse. L'Italie, c'est sûrement moins efficace, moins organisé mais personne ne va vous embêter, faire de remontrances parce que vous traversez la rue en dehors des clous, roulez ou stationnez n'importe où, faites sécher votre linge sur votre balcon. Les policiers, les fonctionnaires sont affables, bon enfant. Le monde de Fellini, tout de fantaisie débridée, n'a pas encore complètement disparu.


D'une manière générale, il n'y aucune brutalité des rapports humains. Chacun compatit aux difficultés de l'autre et lui pardonne, bien volontiers, ses horribles défauts. 


On a le droit d'être paresseux, fantasque, désorganisé. On a même le droit d'être quelqu'un de pas complètement irréprochable, d'être, bref, un citoyen complètement ordinaire mais libre. Ça change des discours vertueux dont on nous submerge aujourd'hui.



C'est comme ça qu'on a, en Italie, un sentiment d'allégresse et de liberté. La légèreté de la grâce et du non-conformisme.









Photos de Carmilla Le Golem à Naples. Bizarrement, je n'ai quasiment pas fait de photos durant mon séjour; par manque de temps mais aussi d'inspiration. Rien de plus difficile que de photographier des endroits sublimes. Alors je ne vous livre que les quelques trucs que j'ai pu tirer.

Si l'on va à Naples et plus précisément à Pompéi, ça peut être l'occasion de lire, relire, la "Gradiva" de Jensen (1837-1911) , un livre onirique merveilleux que l'on trouve facilement: il est inclus dans le bouquin de Sigmund Freud: "Délires et rêves dans la Gradiva de Jensen". Si vous aimez mon blog, lisez "Gradiva".

Il faut aussi mentionner que Richard Wagner et Friedrich Nietzsche ont séjourné et se sont longuement rencontrés à Sorrente. C'était en 1876. Nietzsche, Paul Rée et Malwida von Meysenburg étaient hébergés à la villa Rubinacci  (aujourd'hui l'hôtel Eden), tandis que Richard et Cosima Wagner résidaient à l'Hôtel Vittoria (toujours existant). A visiter sans doute mais je n'ai pas eu le temps de le faire. 

En littérature italienne, je ne suis vraiment pas forte, mais j'ai bien aimé, il y a quelque temps : "Persécution" d'Alessandro Pipperno et "Tous les salauds ne sont pas de Vienne" d'Andrea Molesini.

2 commentaires:

nuages a dit…

Comme lecture, je conseille aussi "Contre Venise" de Régis Debray, où il parle bien entendu de son aversion pour Venise (que moi j'ai beaucoup aimée) et de son amour de Naples, version inversée de la ville.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Je ne connais pas ce livre de Régis Debray mais l'argumentation apparaît étonnante.

Comment ne pas aimer Venise? Pour moi, c'est aussi un souvenir de la splendeur byzantine.

Il est vrai que l'un des problèmes de l'Italie, c'est l'envahissement touristique. Je me souviens être allée une fois à une mauvaise date (vacances de Pâques) à Venise. La foule y était celle du métro parisien. Ca m'a traumatisée et j'ai longtemps hésité à y revenir.

Carmilla