dimanche 7 août 2016

La normalité du tueur


Après chaque attentat en France, on semble s'étonner. Comment se fait-il qu'on n'ait pas repéré, longtemps à l'avance, les assassins ? Les tueurs, c'est forcément des dingues, des exaltés, des pervers, des fous et ça se remarque tout de suite. Les Renseignements, la police, c'est vraiment des Pieds Nickelés.


Et puis, on découvre que les assassins étaient des types tout ce qu'il y a de plus normal et même des jeunes gens éventuellement sympathiques et serviables.

Ça peut apparaître des réflexions de parfaite idiote mais c'est sûr qu'on vit, aujourd'hui, dans un monde d'indifférenciation croissante: du Bien et du Mal, de la vie et de la mort, du masculin et du féminin. Tout est pareil, tout se vaut et il n'y a plus d'interdit à transgresser. Tout peut, de toute manière, s'acheter.



Et c'est comme ça qu'on assiste à la dilution impressionnante de la démence dans le cours banal de la vie. La folie et la normalité sont aujourd'hui englobées dans un même monde, l'envers et l'endroit d'une magnifique bande de Möbius.

Bien malin qui pourra les distinguer ! Et c'est peut-être pour ça qu'il est si facile de commettre un crime aujourd'hui. De le préparer de manière méticuleuse, impavide. D'abord, les freins matériels, moraux, n'existent plus. En plus, tout le monde s'en fout, de vous, de vos projets, jusqu'à la déflagration finale.


Et même après! Passé un premier moment d'émotion, tout ça s'évapore comme un incident de la société du spectacle: ce qui est important, c'est qu'on puisse rapidement reprendre le cours de la banalité, de la vie aplatie.

Et d'ailleurs, la mort, on a décrété que ça n'existait plus. Bientôt on sera immortels, Google nous l'a promis !
Plus de barrières, plus de murs, vive le transhumanisme !


La paradoxale contiguïté de la vie et de cette mort que l'on refoule à toute force. La porosité, ténuité, du passage de la vie au trépas mais aussi bien de la normalité à la monstruosité. C'est ça la modernité !

Mais il arrive, aussi, que la Mort se venge ! Qu'elle vienne nous rappeler que rien n'est réversible ! La monstruosité,  tout à coup, fait sens dans un océan d'indifférence !

De la mort, on ne se débarrassera jamais. Elle se fait même, paradoxalement, de plus en plus insistante, elle nous hante sans cesse, elle saisit  continûment le vif.


Une sélection de tableaux illustrant des scènes de crime: Edvard MUNCH, Paul CEZANNE, René MAGRITTE, George GROSZ et enfin Franz Von STUCK. C'est ce dernier tableau que je préfère.

2 commentaires:

KOGAN a dit…

Bonjour CARMILLA

Le gouvernement minimise les exactions des actes terroristes pour éviter le soulèvement...

On tue ton enfant on te répond DEMOCRATIE et FRATERNITE dans ce merveilleux paradis pour assassins en liberté...

Depuis trente ans, nous avons déconstruit notre culture, dévalué les idées, sanctifié la repentance, brimé la laïcité, suicidé notre école...

Dans les cervelles soigneusement vidées des nouvelles générations peuvent dès lors s'insinuer des cultures de substitution... "cultures des banlieues"... "cultures jeunes" ...bien frêles face à la montée d'un certain islam fondamentaliste.

Les nouvelles technologies sont le vecteur de cette substitution.

A ce jour, bizarrement, on ne constate toujours pas d'attentats ou d'assassinats perpétrés par des bouddhistes, des chrétiens, ou des protestants...mais il ne faut pas oublier non plus...les croisades, la St BARTHELEMY , 1870, 1914 , 1940 , etc... etc...l'éternelle domination des uns sur les autres.

Et pendant ce temps on n'arrête pas de nous dire que le monde est pourtant beau.

Bien à vous.

Jeff

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Jeff pour votre message,

Je n'en partage cependant pas la teneur décliniste.

Oui, je crois, malgré tout, que le monde est aujourd'hui plus beau, plus riche, plus tolérant, plus éduqué et même plus sûr qu'autrefois (et notamment qu'il y a 30 ans). C'est l'un de mes sujets de dispute les plus fréquents avec les "politiques" de gauche ou de droite. Je puis avancer beaucoup d'arguments en faveur de ma thèse mais ça m'entraînerait trop loin.

Je vous rejoins cependant sur les questions de la repentance et du communautarisme. Et puis, je suis aussi irritée par cette affirmation sans cesse réitérée que les attentats n'ont rien à voir avec l'Islam. Ça n'est évidemment pas complètement vrai mais ça n'est pas non plus complètement faux, un regard plus critique s'impose en tous cas.

Enfin, je n'aime pas non plus ce poncif comme quoi le christianisme serait tout aussi criminel que l'Islam (cf. l'Inquisition).

Bien à vous

Carmilla