samedi 20 mai 2017

Est-ce qu'on a un Destin ?


Je sais bien que je risque d'agacer en parlant de lui mais c'est sûr qu'Emmanuel Macron est fascinant. D'abord, il nous ringardise tous un peu en nous renvoyant à nos préjugés et oppositions sommaires. Ensuite, il incarne la rencontre, incroyable, d'un homme et d'un Destin: il y a un an, il était vraiment le seul à croire en lui.


C'est ça qui m'étonne, me trouble le plus, tellement c'est éloigné de ma vision de la vie. Le Destin, c'est vrai que beaucoup de gens semblent croire en ça ! Dès leur plus jeune âge, dès leur adolescence, plein de gens semblent sûrs de ce que, plus tard, ils deviendront, de ce qu'ils feront. Leur vie est, d'emblée, programmée. Pour ça, ils sont dociles, ils se plient au cursus obligatoire, ils font les bonnes études. Ils ont une confiance inébranlable en eux. Mais finalement, ces gens là sont heureux. La vie sur des rails, c'est bien !


Moi, je n'ai jamais su ce que je voulais faire, je n'ai jamais cru que j'avais un destin. Je n'ai jamais eu aucune ambition personnelle, professionnelle, artistique. Je me suis toujours sentie ballottée par la vie, vivant simplement au hasard des circonstances. La vocation, le Destin, ça m'a toujours été étranger. Peut-être que j'aurais pu, aussi, être vendeuse, serveuse, call-girl, taxi, hôtesse, bureaucrate etc..., et que je me serais sentie pareillement heureuse et n'en aurais conçu aucune amertume. Mon seul problème, ça n'a, toujours, été que la survie économique.


La vie, ça m'est toujours apparu une espèce de loterie (les amours, les amants, la vie professionnelle), façonnée au gré des hasards, opportunités. M'adapter, ça a été ma seule préoccupation. Bien sûr, j'aurais préféré être artiste, intellectuelle, mais je n'avais pas, non plus, le niveau.


La méritocratie républicaine, on parle beaucoup de ça aujourd'hui ! Mais mes mérites à moi, ils m'apparaissent très limités. J'ai certes réussi quelques concours, éventuellement prestigieux, mais simplement par hasard, par chance ! J'étais toujours impréparée, à côté ! J'ai toujours pensé que c'était mon physique qui avait fait la différence et je me suis toujours sentie coupable vis-à-vis de ceux dont j'avais pris la place.

On m'a, heureusement, découvert un petit talent en maths, finances. Pourquoi pas ? Mais ça aurait pu, aussi, être autre chose. Je ne m'en plains pas parce que, finalement, je vis, maintenant, débarrassée des problèmes matériels que j'ai toujours eus en horreur.


Mais, au total, qu'est-ce que la vie ? Je ne regrette pas, non plus, de ne jamais avoir eu aucun projet, aucun objectif, de ne m'être jamais identifiée à aucun destin, aucune vocation. Ça ne m'a finalement pas si mal réussi même si je suis dispersée, incohérente, spécialiste de rien du tout. Ma superficialité, je la revendique même !


Mais être un papillon, est-ce que ça n'est pas mieux qu'être un bœuf ?


Tableaux de Claude VERLINDE, peintre surréaliste français, né en 1927 de parents flamands. Il est tombé dans l'oubli comme presque tout le mouvement surréaliste. Pourquoi ? Ça n'était tout de même pas si mauvais. On s'est mis à haïr, curieusement, la représentation.

4 commentaires:

KOGAN a dit…

Je crois que le destin est une force surnaturelle qui agit sur nous par événements auxquels nous devons faire face tout au long de la vie.

Les bons comme les mauvais moments se succèdent au fil du temps, et rien ne se passe par hasard, les aventures de la vie ne surgissant pas à partir du rien.

Philosophiquement parlant, notre destin est déterminé par une chaîne de cause et d’effets, que rien n'est hasardeux, chacun de nous ayant sa dose, et qu'il y a dans notre existence une part importante d'aléatoire entre le présent et le futur .

Je crois aussi que c'est ce que nous allons "particulièrement découvrir et vivre" avec la venue de notre nouveau président , se protégeant soudainement des médias(l'ayant servi copieusement pendant sa campagne), et diffusant subtilement un début de mystère et de secret autour de sa personne...comme MITTERAND savait s'y employer de façon démoniaque en son temps...c'est aussi cela, le pouvoir...

Comme Saint THOMAS, je ne crois que ce que je vois...et je dois porter en plus des lunettes, pour vérifier et en être bien sûr...mais je pressens quelques futures interférences.

Bon week-end
Bien à vous
Jeff

nuages a dit…

En ce qui concerne le destin, ou plutôt la foule des possibles, la multiplicité des routes, des trajectoires, je recommande de revoir l'excellent double film d'Alain Resnais, "Smoking" et "No Smoking". Jouissif et vertigineux à la fois.

http://www.cineclubdecaen.com/realisat/resnais/smokingnosmoking.htm

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Jeff,

Je ne suis pas sûre de partager votre point de vue.

Un monde entièrement déterminé, "une force surnaturelle", je n'y crois pas trop.

C'est peut-être réconfortant néanmoins parce que c'est vrai que la pensée du hasard a quelque chose d'insupportable et de profondément injuste.

Quant à Emmanuel Macron, je ne sais pas non plus. Sa politique économique est aujourd'hui très floue et on ne sait pas s'il s'attaquera aux vrais problèmes. Mais il a d'ores et déjà démontré qu'il était un grand stratège.

Bien à vous

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Ce film d'Alain Resnais est en effet "vertigineux" et illustre bien les multiples possibilités et versions de nos vies.

Je pense en effet que notre existence n'est jamais "écrite" et qu'elle subit de nombreuses bifurcations dont nous ne sommes pas les maîtres.

Bien à vous

Carmilla