samedi 5 août 2017

Vacance


Ça y est ! Paris est vide Quel plaisir de se promener dans une ville qui apparaît, tout à coup, presque fantôme.

J'ai le sentiment d'une étrange liberté, de pouvoir faire ce que je veux. Juste une robe légère, très légère, des high-heels, très high (12 cms ce qui me fait culminer à 1m 88), pas de soutif (mon malheur: je n'ai presque pas de seins), simplement une culotte, très string, de grandes lunettes noires, très, très grandes et très, très noires. Mais on me fout, malgré tout, complètement la paix, c'est à peine si on me siffle ! 

Il me semble qu'on ouvre la Fnac des Ternes rien que pour moi; quant à mon poissonnier, Daguerre, il me sélectionne tout ce qu'il y a de mieux et dans mon café, "le Courcelles", on se précipite pour me satisfaire. 

Tout devient cool, facile. Je peux même faire vrombir ma BM à toute berzingue et stationner à peu près où je veux.


Je n'aime pas l'été, la chaleur, la lumière, les jours sans fin, mais je reconnais qu'il y a une beauté propre à l'été : les couleurs éclatantes, les contrastes violents, l'ivresse, l'exacerbation de la sensualité !


Surtout, c'est un suspens de la vie, de ses contraintes. L'été, les vacances, c'est l'abolition des interdits, des tabous, des hiérarchies. Pendant quelques jours, on peut se croire tout puissants !

Les vacances, c'est la vacance ! La vacance du pouvoir, des interdits! Cette courte période durant la quelle on peut croire que tout est possible, permis. Cette courte période durant la quelle les barrières sociales semblent abolies, durant la quelle on peut croire qu'on est quelqu'un d'important. On peut mentir, s'inventer des destins extraordinaires en toute impunité.


Moi, je me sens justement en vacance.  Vacance d'esprit : "vacancy"  bien sûr et pas "holidays".

J'erre, je rêvasse ! Je me sens détachée de toutes les préoccupations: pas seulement celles du monde mais aussi les plus quotidiennes, les plus courantes.

J'écoute sans cesse "Atmosphere" de Joy Division (années 70-80) et je demeure sous l'empreinte de 2 films extraordinaires : "Grave" de Julia Decournau  et "Love Hunters" de Ben Young. Dépêchez-vous d'aller les voir. C'est renversant, bouleversant. Des films d'une magnifique horreur. Et puis, vous me comprendrez peut-être mieux !

Quant aux "holidays", aux vacances, je n'ai pas de projets à court terme. Je ne vais même pas en Ukraine (je n'y supporte plus la chaleur en été). Je n'envisage que quelques jours à Hambourg la semaine prochaine. Mais après, ...., après..., j'ai décidé de changer de vie. Je vous en reparlerai.


Affiches ART Déco des années 30. L'Art Déco, on redécouvre un peu aujourd'hui mais je crois que c'était vraiment prodigieux.

Mes lecteurs polonais et allemands connaissent, bien sûr, Zoppot (Sopot). Pas de commentaire !

La première affiche, très célèbre, est de Jupp Wiertz (1888-1939).

4 commentaires:

paul a dit…

Du caractère de ce qui est poétique mais sans s'en apercevoir. C'est en marchant sur un estran (ce sort de vacance aux plages) que me revint cette idée tout à fait répandue, on noircit les mots inutiles d'un livre et il apparaît des sortes de poèmes, regardez

"
Mon malheur : je n'ai presque pas de seins
Mais on me fout, malgré tout, complètement la paix
Je peux même faire vrombir ma BM à toute berzingue
C'est un suspens de la vie, de ses contraintes
L'été, les vacances
"

Allez, je réécoute la très longue intro du tout classique Bela Lugosi's Dead
Bonne journée Carmilla

nuages a dit…

Je suis, quant à moi, à Avioth, et je lis plein de livres, dont : "Exodes" de Jean-Marc Ligny (une épopée post-apocalyptique dans un monde surchauffé et dévasté où subsistent quelques enclaves sous dôme, où vivent les puissants qui restent) ; "Automne allemand" de Stig Dagerman : une plongée saisissante dans l'Allemagne misérable et en ruines de 1946 ; "Une femme à Berlin" d'une anonyme : le récit impressionnant de deux mois de la vie d'une Berlinoise entre avril et juin 1945, avec les viols innombrables commis par les soldats russes.

Et il ne fait pas trop chaud ! Demain, on annonce même un net rafraîchissement et quelques pluies, ce qui me réjouit.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Paul,

Votre arrangement, recomposition, est en effet intéressant.

Il va de soi que je n'ai pas de prétention à écrire de la poésie. J'en suis bien incapable. Juste essayer d'écrire simple, c'est mon objectif.

Bela Lugosi's Dead, c'est une très bonne référence. J'aime bien.

Bien à vous

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Bonjour Nuages,

J'imagine qu'Avioth est aujourd'hui à peine moins animé que Paris au mois d'août. Mais c'est très agréable aussi.

S'agissant de la chaleur, on n'a plus que 3 semaines à souffrir, jusqu'au 1er septembre. Après, c'est généralement l'effondrement et on commence à se préparer à l'hiver. La durée des jours dégringole déjà à grande vitesse: 3 minutes de moins chaque jour.

Je me souviens d'avoir lu, il y a dix ans "Une femme à Berlin". C'est un récit très impressionnant. Mes souvenirs de Stig Dagerman sont en revanche plus lointains et moins marquants.

Bien à vous

Carmilla