samedi 13 janvier 2018

Le temps de lire

Les gros livres (plus de 400 pages), d'habitude ça m'effraie et je renonce: j'aime changer, passer à autre chose et je n'ai pas envie d'être coincée dans un même univers pendant plus d'une semaine. Mais j'ai dérogé à cette règle pendant ces dernières semaines : j'avais un peu plus de temps disponible et j'ai donc ingurgité quelques pavés:

- Juli ZEH: "Brandebourg" (516 pages exactement). Juli ZEH est une figure majeure de la littérature contemporaine allemande. J'aime beaucoup ! Son dernier bouquin se passe dans un petit village de l'ancienne R.D.A. peu à peu envahi par des "bobos". C'est l'affrontement entre l'Est et l'Ouest, la ville et la campagne. C'est aussi un thriller entretenu  par la rumeur et la manipulation généralisée. C'est enfin une critique féroce de toutes les idées en cours, l'écologie en particulier.
   

Philippe JAENADA: "La serpe" (634 pages). Commençons par une petite déception: c'est quand même moins bien que "La petite femelle" paru il y a deux ans.  Et c'est vraiment trop long avec des digressions, marque de fabrique de Jaenada, qui sont vraiment trop nombreuses. Mais l'histoire est tout de même fascinante et nous plonge, avec beaucoup de véracité, dans la France des années 40-50.


Pierre LAMALATTIE: "L'art des interstices" (542 pages). On le compare souvent à Michel Houellebecq: même âge, même formation (ils se sont connus à l'INA), même regard désabusé sur le monde. Ce qui le différencie peut-être, cest son humour et son empathie. Son dernier bouquin est, principalement, une critique hilarante de l'art dit moderne.


Oleg KHLEVNIUK: "Staline" (559 pages). Un ouvrage majeur basé sur l'ensemble des archives soviétiques qui viennent d'être déclassifiées. Un livre  glaçant qui impute à Staline la pleine et entière responsabilité de la Terreur et des crimes.


Alexandre JEVAKHOFF: "La guerre civile russe - 1917-1922". (643 pages). Une période effroyable de l'histoire (10 millions de morts) sur la quelle a régné, pendant 70 ans, un silence presque absolu. On commence seulement à découvrir et à raconter cet événement dantesque. 


Du moins copieux, maintenant:

Hervé LE TELLIER: "Toutes les familles heureuses- J'ai toujours su que ma mère était folle". Une étrange famille, celle de l'auteur, au sein de la quelle l'amour ne va pas de soi.


Julie WOLKENSTEIN: "Les vacances". Si vous aimez la Normandie et la Comtesse de Ségur,  ce livre est fait pour vous. Très original, léger, plein d'humour.



Dominique SCHNEIDRE: "Trois verres de vodka". La rencontre avec le génial et contesté cinéaste polonais, Andrzej ZULAWSKI. Un livre très intelligent: "ce que vous appelez excès, c'est la vie même".


Nathalie COURTET: "A pied dans le Caucase (Azerbaïdjan, Géorgie, Arménie)". Si vous ne savez pas où passer vos prochaines vacances, je vous conseille vivement le Caucase. Le livre de Nathalie Courtet (qui a déjà publié une trilogie sur un voyage en Asie à vélo) vous convaincra sûrement. J'ai bien aimé ce livre qui n'hésite pas à parler d'histoire, de géographie, de politique mais je ne suis pas disposée à faire le voyage dans les mêmes conditions que l'auteur.


A nouveau, quelques-unes de mes petites photos prises durant la période des fêtes à Paris.

6 commentaires:

nuages a dit…

Merci pour ces conseils de lecture !

En ce qui concerne l'art contemporain et ses milieux, je conseille vivement "La dilution de l'artiste", de Jean-Philippe Delhomme, qui date de 2001. Très drôle aussi.

Parmi mes lectures récentes, le magnifique livre de Paolo Rumiz, "La légende des montagnes qui naviguent", un périple dans les Alpes et les Apennins (un voyage de 2003-2006, mais seulement publié en français cette année).

Et aussi, d'André Versaille, "Les musulmans ne sont pas des bébés phoques", un livre salutaire qui remet les pendules à l'heure par rapport aux dénis des intellectuels de gauche à propos de l'islam, des islamistes et des djihadistes.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

De Paolo Rumiz, j'ai lu "Aux frontières de l'Europe et "l'ombre d'Hannibal". J'ai trouvé ça excellent. Il est vraiment un grand écrivain-voyageur. Je n'ai pas lu ses trois derniers livres qui m'inspiraient moins mais j'ai peut-être tort.

Je prends bonne note des livres de Delhomme et Versaille.

Bien à vous,

Carmilla

dasola a dit…

Bonjour Camilla, concernant le spectacle d'Alexis Grüss, c'est la reprise de celui de celui de l'année dernière: une réussite. Alexis Grüss a un don avec les chevaux. C'est à voir.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Dasola,

J'avais vu, il y a longtemps, un spectacle de Grüss.

C'est très beau, très esthétique. C'est bien différent du cirque traditionnel.

J'avais trouvé magnifique cette dernière affiche.

Bien à vous Carmilla

nuages a dit…

Merci, Carmilla, de m'avoir conseillé, entre autres, le livre de Pierre Lamalattie, "L'art des interstices". Je viens de le lire à Avioth et j'ai passé un très bon moment. Les cent premières pages, j'ai eu un peu de mal, mais ensuite j'ai lu le livre avec un grand plaisir. J'ai apprécié sa critique de l'art contemporain et ses observations sociologiques. Et en effet, Lamalattie est moins cruel que Houellebecq. Il y a même une vraie tendresse pour ses personnages. Je pense que je vais me mettre en quête de ses autres livres.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Je trouve injuste que l'on parle si peu de Pierre Lamalattie. Ses critiques du monde contemporain sont pourtant très pertinentes et son humour est féroce sans être méchant.

Mais il est vrai que ses critiques de l'art "moderne" ne doivent pas plaire à tout le monde. J'ai bien aimé, dans son dernier livre, ses portraits des gloires établies: Soulages, Braque..Et pourtant, c'est vrai qu'on assiste à une immense farce.

Je vous conseille en effet de lire les 2 premiers livres de Pierre Lamalattie et notamment "121 curriculum vitae pour un tombeau".

Bien à vous

Carmilla