samedi 26 février 2022

Melancholia

 

"Melancholia", le film de Lars Von Trier (sorti en 2011), j'y pense sans cesse, c'est l'exacte  métaphore de ce que je vis en ce moment. C'est une histoire simple, la collision redoutée et finalement fatale d'une énorme planète, "Melancholia", surgie brusquement des profondeurs de l'infini, avec la Terre.

C'est un peu ce qui se passe en ce moment en Europe. Ça avait pourtant démarré dans la gaieté d'une grande fête, celle des débuts d'une nouvelle année durant la quelle on devait enfin pouvoir vivre normalement. J'envisageais, pour ma part, voyages et rencontres. 


 Puis on signale l'approche incertaine d'un danger. D'abord, on n'y croit pas, c'est impossible, c'est de l'intox. Ensuite, les choses se font de plus en plus menaçantes mais avec des signaux encore contradictoires. On devrait y échapper cette fois encore se dit-on. Et soudain, la grande catastrophe se fait imminente, certaine. La seule interrogation, c'est quand précisément ?

C'est l'angoisse de l'incertitude, absolument lancinante. Je me réveille la nuit et je me précipite sur Internet en quête d'informations. Ça va mieux..., puis ça empire..., ça oscille sans cesse. On en vient à souhaiter le pire, que ça éclate enfin puis un dénouement. Rien de tel pour déstabiliser que de semer le trouble, l'inquiétude. On devient comme ces patients qui, après des semaines d'angoisse dans l'attente d'un diagnostic, sont presque soulagés quand on leur fait savoir qu'ils sont atteints d'une grave maladie. Au moins, ils savent.

Mais maintenant, ça y est pour nous Européens. On est à la merci d'un grand paranoïaque, obsessionnel, qui en veut à la terre entière. Un vieillard odieux, à l'esprit victimaire et vengeur. J'espérais qu'après le déclenchement de la catastrophe, j'allais trouver un certain calme et une nouvelle motivation. Mais non, je demeure complétement abattue. C'est toute une partie de mon passé qu'on m'arrache. 

Et puis, ce qui est terrifiant, c'est de découvrir qu'on est capables de haine envers l'Autre, envers nos agresseurs. Notre belle rationalité trouve, hélas, des limites. Les Russes, je me mets à les vomir, c'est sans états d'âme, sans scrupules moraux, qu'ils viennent nous casser la gueule. Je n'arrive pas à comprendre ça.  

Ce qui est enfin difficile, c'est que je ne peux guère trouver d'interlocuteurs, échanger ici, à Paris. L'Ukraine, ça ne dit d'abord rien en France, c'est le grand trou noir. Et puis, il y a un anti-américanisme et une russophilie généralisée dans la population française et sa classe politique qui me sidèrent. "C'est normal que la Russie soit préoccupée par sa sécurité et puis c'est sûr que l'Ukraine, comme la France, comme l'Europe, n'est qu'un pion des Américains. Ce sont les Américains qui veulent la guerre pour assurer le triomphe du l'impérialisme et du libéralisme. Et puis la Crimée, elle est bien russe et c'est sûr qu'après la chute du mur, on a méprisé, humilié la Russie et on n'a pas respecté les engagements pris de ne pas étendre l'Otan". 


 J'entends ça tous les jours, autour de moi, dans la rue, dans les médias. D'abord, les victimes, on s'en fiche et puis qu'est-ce qu'on peut répondre à cette propagande complotiste qui opère un fantastique retournement de l'agresseur et de l'agressé? Qu'est-ce que ça veut dire ces Russes qui se sont sentis humiliés après la chute du communisme alors qu'ils ont été libérés ? Je ne vais pas répéter que ce n'est pas l'Otan qui fait peur à Poutine mais le développement d'une société européenne et démocratique en Ukraine; et puis l'histoire de l'Ukraine n'a pas été intégralement russe mais elle a aussi été,  largement façonnée  par la République polono-lituanienne (de 1569 à 1795 tout de même) et par l'Autriche-Hongrie; enfin, il suffit de mettre les pieds en Crimée pour percevoir qu'elle n'a rien de Russe, qu'elle est encore largement ottomane. Mais ces histoires d'une terre russe ou autre, en bref d'un territoire national originel, c'est, de toutes manières, une absurdité.

Pourquoi à l'Ouest, tant de gens, de droite et de gauche, soutiennent-ils ce régime dégueulasse aux mains d'une kleptocratie qui tue, fait la guerre, assassine ses opposants, opprime les minorités ? Pourquoi presque personne ne s'offusque des propos ahurissants de Poutine à la télévision russe où il dénie à l'Ukraine un droit à l'existence (un Etat artificiel, créé par les Bolcheviks, un gouvernement fantoche, néo-nazi). Et ceux adressés à Emmanuel Macron quand il lui déclare qu'avec sa puissance nucléaire, il est capable de l'exterminer lui et toute l'Europe avant même qu'il ait le temps de réagir ?

S'agissant de l'inertie européenne, de la France notamment, je pense souvent au livre du polonais Andrzej Bobkowski : "Douce France". C'est un récit, au jour le jour, de la défaite française en 1940. L'invasion-occupation allemande y est décrite de manière particulièrement dérangeante, à mille lieux des épopées héroïques souvent développées. On célèbre avec joie, chants, danses et libations, l'armistice du 22 juin 1940. La débâcle n'est qu'une espèce de formalité administrative qui ne perturbe guère la vie quotidienne. On continue de prendre du bon temps, de bien manger et de bien boire. Quant à la Libération de Paris présentée comme un haut fait d'arme, faut-il rappeler qu'elle n'a fait qu'un peu plus de 1 000 morts tandis que le soulèvement de Varsovie faisait 200 000 victimes sous l’œil impassible des Russes. Paulina Dalmayer commente ce livre en parlant d'un Art français de la capitulation. Un Art français qui est devenu un Art européen. On n'a pas suffisamment été immunisés contre les virus autoritaires et on préfère l'épaisseur de son bifteck à ses rêves. 

Ce qui manque à l'Europe, c'est peut-être un supplément d'âme. Significativement peut-être, les Français ont  oublié, à peu près complétement (le Pont de l'Alma, Malakoff, ça ne dit plus rien à personne), qu'ils ont fait une longue guerre (1853-1856) en Crimée contre la Russie (avec le concours des Turcs et des Anglais). Le motif en était apparemment futile, une affaire de lieux saints et de leur contrôle en Palestine. Une histoire bien sûr inconcevable aujourd'hui. Faire la guerre pour des questions spirituelles, ça apparaît carrément absurde. 

Mais, à l'inverse, en nos temps bassement "réalistes" et calculateurs, on n'éprouve aujourd'hui aucune honte à marteler qu'on ne va surtout pas risquer la vie d'un seul soldat pour l'Ukraine. C'est le temps du cynisme. Résonnent ainsi en moi ces propos terribles du poète Iouri Tynianov (1894-1943) :

"Constaté qu'en temps de guerre, les gens à l'abri de tout danger militaire et éloignés du front en parlent beaucoup et éprouvent une joie proche de l'ivresse. Lucrèce : "Debout sur le rivage sûr, j'observai avec volupté les nageurs qui se noyaient au large". 

Images d'abord du film "Melancholia" puis de la Guerre de 30 ans"  (1618-1648). Une longue guerre civile européenne, faite de massacres, de famines et de maladies, sur fond de conflits religieux. Elle aurait provoqué plusieurs millions de morts. L'Europe en est sortie ravagée, ruinée.

Mes conseils de lecture :

- Astolphe de CUSTINE : "La Russie en 1839". Un journal de voyage qui a profondément déplu en Russie mais demeure pertinent. On vient d'en publier une version de poche en septembre 2021 (Edition Vera Milchina). Mais ça fait quand même 900 pages très tassées.

- Gustave DORE : "Histoire de la Sainte-Russie". Un ouvrage illustré, dramatique et caricatural, publié en 1853. Il fait l'objet de rééditions régulières.

- Pierre SAUTREUIL : "Les guerres perdues de Youri Beliaev". Un excellent livre sur la guerre du Donbass.

- Benoît VITKINE : "Donbass" et son tout récent "Les loups". Par le correspondant du "Monde" à Moscou. Un roman noir, une fiction, qui décrit bien les oligarques locaux et le marécage politique ukrainien.

- Andreï KOURKOV : "Les abeilles grises". Le tout dernier livre du grand écrivain ukrainien (auteur notamment du "Pingouin). C'est l'histoire de deux hommes qui vivent dans un petit village de la "zone grise", la bande-tampon entre l'Ukraine et les territoires séparatistes du Donbass. 

- Michel ELTCHANINOFF : "Dans la tête de Vladimir Poutine". Le meilleur bouquin sur Poutine même si je ne suis pas sûre que le dictateur dispose d'un bagage intellectuel aussi important (c'est plutôt une brute inculte). C'est à compléter par le tout dernier livre de Michel Eltchaninnoff : "Lénine a marché sur la lune". Très original et passionnant.

- Andrzej BOBKOWSKI : "Douce France". Le récit de la défaite-débandade française de 1940 par un jeune témoin polonais. Un livre qui peut faire grincer beaucoup de dents mais qui donne aussi à réfléchir. Il a été édité récemment en poche.

S'agissant enfin de mon blog, je m'interroge sur sa poursuite. Mes petites réflexions, dans le contexte actuel, deviennent dérisoires, voire ridicules. L'abandonner, le repenser, je ne sais pas encore.

23 commentaires:

Nuages a dit…

Dans les médias français (et belges aussi), c'est quand même la quasi-unanimité contre l'agression russe.
Dans les quelques conversations que j'ai peu entendre ici à Bruxelles, c'est la condamnation de Poutine qui ressort.

J'ai fait un modeste don à la Croix-Rouge ukrainienne, c'est très peu de chose, mais pour moi, symboliquement, c'était important.

Enfin, il faut évidemment continuer votre blog, toujours riche et intéressant, interpellant souvent. Arrêter de parler d'autres sujets que cette guerre, même parfois futiles (mais qu'est-ce qui est futile ?), ce serait donner la victoire à Poutine.

Carmilla Le Golem a dit…

Grand merci Nuages,

Effectivement, en ce moment, les médias et personnalités politiques en France ont révisé leurs analyses, difficiles à défendre surtout en contexte électoral. Mais auparavant, j'ai souvent entendu et lu la critique des USA fauteurs de guerre et responsables du conflit avec une Russie menacée. C'est en phase avec la propagande de Poutine qui n'arrête pas de raconter que les Occidentaux n'aiment pas les Russes, qu'ils les ont humiliés dans les années 90/10 et qu'ils cherchent maintenant à les encercler pour les détruire. On n'imagine pas, à l'Ouest, ce que sont les médias et la propagande en Russie. En ce moment, on ne parle même pas de la guerre à la télévision russe. On évoque simplement les atrocités commises par les Ukrainiens dans le Donbass mais on se garde bien de dire que des troupes russes sont aujourd'hui en territoire ukrainien. Ahurissant, n'est-ce pas ?

Votre solidarité est touchante de même que celle affichée par les pays européens et d'Amérique du Nord.

Mais je crains que cela ne suffise pas. Je demeure très pessimiste. Je pense vraiment que l'Ukraine va être écrasée, dépecée, très prochainement. Ca va soulever quelques protestations et puis, dans quelques mois, tout cela sera effacé, oublié. Je crains même de ne pouvoir y retourner un jour.

Quant à mon blog, j'ai besoin de réfléchir. Je sais aussi qu'il peut être irritant, provoquant. Mais j'ai surtout pour but de sortir des idées habituelles.

Bien à vous,

Carmilla

KOGAN a dit…

Bonjour Carmilla
Je ressens comme vous beaucoup de désespoir et de peine face à ces événements tragiques qui viennent de surgir en Ukraine ...il n'y a définitivement plus d'âme dans l'humain mais que de haine qui n'arrête pas de gonfler dans beaucoup de pays...ne pouvons nous pas vivre sans toute cette violence exacerbée par tous ces dictateurs...je ne crois plus en l'homme ...mais espérons et prions pour les habitants de l'Ukraine et à les soutenir dans leur remarquable résistance et détermination à défendre leur terre.
Bien à vous.

KOGAN a dit…

Surtout n'arrêtez pas votre blog...nous n'avons jamais vu un écrivain arrêter d'écrire.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Jeff pour vos gentils messages,

C'est effectivement la haine, une haine pathologique de Poutine envers les Ukrainiens et leurs aspirations démocratiques, qui a conduit au déclenchement de cette guerre. Les arguments qu'il évoquait (l'extension de l'OTAN, le nazisme au pouvoir en Ukraine) n'étaient que des prétextes absurdes.

Il aurait fallu pouvoir éliminer Poutine il y a bien longtemps mais il est vrai qu'on a trop longtemps cru que l'on pouvait négocier et dialoguer avec lui alors qu'il ne connaît que la force.

Je pense malheureusement que quelles que soient nos prières, il va encore gagner et écraser l'Ukraine. Le déséquilibre militaire est trop fort.

J'espère que vous, de votre côté, allez toujours bien et continuez d'avoir une activité artistique.

Quant à moi, je ne suis sûrement pas un écrivain. Je n'ai, très sincèrement, aucune prétention concernant mes petits textes. Que certaines personnes les lisent, c'est très bien et ça me fait plaisir. Et je ne verrais même aucun inconvénient à ce qu'elles les exploitent librement. L'essentiel, c'est l'échange.

Quant à la poursuite de mon blog, il est vrai qu'en ce moment, je me sens un peu perdue et tout m'apparaît insignifiant en regard de cette guerre.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

On n'a pas suffisamment été immunisés contre les virus autoritaires et on préfère l'épaisseur de son bifteck à ses rêves. 

Bonsoir Carmilla.

J’ajouterais : jusqu’au jour où nous n’aurons même plus la capacité de rêver à un bifteck bien épais!

Vous êtes pétrie d’angoisse et d’inquiétude. Je bouille de rage lorsque je vois des femmes qui marchent vers des frontières incertaines, accompagnées de jeunes enfants de trois ou quatre ans. Une grand-mère qui ramasse ses vitres de fenêtres en miette, et ces hommes de la milice qui n’ont jamais tenu un arme dans leurs mains. Tout ceci est révoltant. Pourtant, nous avons beaucoup échangé, vous et moi, sur ce sujet au cours des derniers mois. Voilà nous y sommes. Maintenant, l’impensable s’est transformé en réalité, il faudra faire face à cette réalité aussi amère soit-elle.

Pendant ce temps, les membres de l’Union européenne se tripotent sur les sanctions à appliquer parce qu’ils préfèrent leur petit confort égoïste. Le temps de la diplomatie et des palabres est dépassé. Une seule chose, lorsque tu te retrouves devant l’ennemie, il faut que tu sois capable de souffrir plus que lui pour le vaincre.

Si non...Après se sera le tour à qui? Les pays Baltes? La Pologne? On dirait un mauvais film dans lequel nous avons déjà joué, genre 1936. Alors que l’Europe a essayé d’apprivoiser le fauve qui affûtait ses griffes.

Est-ce que nous sommes prêts à sacrifier un peu, voir beaucoup de liberté, même en vivant sous le joug de dictateurs? Alors on ne mérite pas cette liberté, même pas un bifteck mince!

Sommes-nous sur le bord du suicide nucléaire? Si malheureusement on arrive là, nous l’aurons mérité comme humanité, parce que nous sommes incapables de régler nos problèmes.

Carmilla si vous êtes en communication avec des personnes que vous connaissez en Ukraine, qui cherchent un refuge, recommandez le Canada, les portes sont ouvertes ici. Le Gouvernement Fédéral vient d’annoncer que nous sommes prêts à accueillir des Ukrainiens, même sans papier. Vous n’êtes pas seul, vous avez une base arrière, c’est le Canada!

Courage et bonne chance Carmilla!

Richard St-Laurent

Anonyme a dit…

Bonsoir Carmilla,

Je suis solidaire avec vous et avec tous les Ukrainiens en souffrance.
Surtout n'arrêtez pas votre blog. C'est précisément parce qu'il est provoquant qu'il est intéressant. Et je suis d'accord avec Nuages : Poutine aura gagné dans sa folie si vous renoncez à écrire comme vous le faites.
Je suis très triste et éprouvé par ce qu'il se passe. Comme vous, je suis pessimiste sur l'avenir de ce pays que vous nous avez fait découvrir. Je le suis aussi parce mon jeune fils est militaire dans un corps de spécialité qui pourrait très vite le conduire en Roumanie et cela m'inquiète beaucoup. Mais ça c'est mon affaire et, je le répète, il faut faire preuve de solidarité et ne pas être égoïste. Qu'il fasse ce qu'il a à faire avec honneur, comme tous ces civils qui quittent leurs familles pour aller se battre. Ils sont admirables.
Prenez soin de vous.
Bien à vous.
Alban

KOGAN a dit…

Oui tout apparaît insignifiant en regard de cette guerre,
je n'arrive toujours pas à comprendre ce qui fait naître la haine au plus profond de l'homme, et cette peur ancestrale de la guerre qui hante notre "modernité", et que nous n'avons pas voulu voir venir avec le cas Poutine.
Tous les chocs déjà subis dans notre propre vie, affectifs, physiques et spirituels nous ont fait perdre initialement une partie de nous même, voilà qu'un nouveau dragon vient réveiller notre conscience endormie, et nous faire perdre nos repères.

Bon dimanche, la semaine sera ensoleillée.

Bien à vous

Jeff

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Oui, je suis très pessimiste parce que la disproportion des forces militaires est énorme et que Poutine est décidé à mettre le paquet. Certes, une bonne partie de la population a pris les armes mais je ne crois pas que ça puisse peser beaucoup quand on sait à peine tirer et qu'on doit affronter des chars. Et puis, je constate qu'on n'a pas encore dressé de barrages dans la ville de Kiev. Les grandes avenues sont quasiment libres et c'est un vrai billard pour ces mêmes tanks. Mais je dis peut-être des bêtises.

Mon seul motif d'espoir, c'est que la communauté internationale semble se réveiller et que la réprobation est unanime (sauf en Chine et une partie du Moyen-Orient). Des sanctions sérieuses sont enfin envisagées. On commence à ne plus penser simplement à son bifteck. C'est la seule solution : si l'on arrive à faire de la Russie un pays paria, on peut espérer faire tomber Poutine. Mais ça risque de prendre du temps.

En attendant, je sais qu'il a l'intention sinon de rayer l'Ukraine de la carte du moins de de la réduire drastiquement en limitant ses territoires à l'Ouest du Dniepr et en la privant d'accès à la Mer Noire.

Des Ukrainiens au Canada ? Bien sûr mais les pays d'Europe se montrent aujourd'hui largement accueillants. C'est surtout en Pologne que les Ukrainiens s'installent en raison de la proximité géographique et, surtout, de la proximité linguistique: pour une conversation pratique, il y a une compréhension "naturelle".

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Alban,

N'exagérons rien. Mon blog ne préoccupe sûrement pas beaucoup Poutine. Ma difficulté, c'est que je me sens maintenant "vidée" intellectuellement, incapable de penser à autre chose qu'aux "événements". Et, à leur sujet, il y a beaucoup de gens plus compétents et mieux "en prise avec le terrain" pour en parler. Il faudrait que je sois sur place pour avoir une légitimité à m'exprimer.

Quant à "l'acidité" de mon blog, j'ai parfois des remords (quand j'évoque par exemple le livre "Douce France" de Bobkowski) mais à quoi bon écrire la même chose que tout le monde ?

Je ne crois pas que la Roumanie puisse être menacée. Sinon, c'est un pays très beau et très dynamique. La campagne roumaine est absolument merveilleuse et Bucarest est devenue très vivante. Depuis quelques années, la croissance économique est très forte. Elle s'appuie notamment sur de nombreuses plateformes informatiques.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Jeff,

Pourquoi la haine en effet ? C'est bien sûr la haine de l'autre, la difficulté à l'admettre et le comprendre en tant que tel, c'est-à-dire différent de nous.

S'agissant de Poutine, il justifie sa haine des Ukrainiens en affirmant qu'ils accaparent des territoires sur lesquels ils n'ont aucun droit. Et puis, au-delà des évidences, il nie toute spécificité de l'Ukraine : la langue (qui ne serait qu'un russe abâtardi), l'histoire (qui se confondrait avec l'histoire de la Russie), la culture (qui serait à peu près inexistante). En un mot, il nie tout droit à l'existence de l'Ukraine. Celle-ci n'existerait que par "accident", une énorme erreur des Bolcheviks.

Je crois qu'il est important d'exprimer notre désaccord. C'est la "conscience européenne" qui est en jeu, faite d'universalisme et de tolérance. C'est ce qui nous rapproche, ce que nous avons en commun, qui est important. L'âme russe, la spécificité russe (supérieure aux autres, bien entendu), c'est une ânerie nationaliste et même fasciste.

Bien à vous,

Carmilla

Anonyme a dit…

Entièrement d’accord avec vous !!
Continuez, s’il vous plaît.

M. la Quiche

Vincent a dit…

Bonjour Carmilla,

Il est de plus en plus admis que pour Poutine, ce serait "le coup en trop".
Il a manifestement sous-estimé les réactions tant des Ukrainiens, que de l'opinion internationale.
On peut penser, peut être avec naïveté, que ce serait le début de la fin pour lui.
Après tout, bien des régimes,qui semblaient solides, se sont effondrés rapidement.

J'espère en tous cas que vous continuerez votre blog que je suis régulièrement depuis des années.

Bien à vous.

Vincent

Carmilla Le Golem a dit…

Grand merci M. La Quiche,

Heureuse également de votre réapparition. Ca me fait plaisir de constater que j'ai des lecteurs de longue date.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Vincent,

Sans doute, en effet, Poutine est-il allé, cette fois ci, beaucoup trop loin.

Je pensais moi-même qu'il y aurait une passivité générale de la communauté internationale comme dans les affaires de la Crimée et du Donbass. Les condamnations exprimées, fermes et unanimes, les sanctions enfin réelles, permettent d'espérer un peu.

Mais il faut aussi demeurer réaliste parce que, sur le terrain, l'armée russe demeure beaucoup plus puissante. La seule solution, ce serait un renversement de Poutine. En interne, c'est peu probable, il est rare qu'un dictateur soit renversé par son entourage (Bachar al-Assad est toujours là). Les oligarques peuvent éventuellement commencer à s'inquiéter. Dans la rue, ça peut se produire mais pas avant assez longtemps, quand la situation économique et les restrictions deviendront insupportables.

Et puis, j'ai très peur d'un autre scénario. Un jusqu'au boutisme de Poutine qui le conduirait jusqu'à l'"Apocalypse now". Il faut savoir qu'il est emporté aujourd'hui par un délire nationaliste et xénophobe, lui et sa clique. Il exerce son pouvoir implacable avec 4 types aussi délirants que lui : Sergueï Choïgou (Défense), Sergueï Lavrov (affaires étrangères), Sergueï Narychkine (renseignements extérieurs), Dmitri Medvedev (vice-président).

Je ne sais pas qui est le plus fou d'entre eux, mais ce qui est sûr, c'est qu'ils s'en fichent complétement si la Russie est écrasée, réduite à la misère. Ils se vivent, un peu comme Hitler, dans un scénario "Crépuscule des Dieux". Ils ne cèderont jamais, ne changeront jamais, sont incapables d'un comportement rationnel. Le monde réel n'a pas beaucoup d'importance, c'est aussi un peu la mentalité russe et c'est ce qu'il faut malheureusement prendre en compte.

Bien à vous,

Carmilla

Nuages a dit…

Je viens de mettre le site de "Novaïa Gazeta" dans mes favoris. Avec Google translate, je peux lire tous les articles. Ce journal d'opposition fait honneur aux démocrates russes.

Si les citoyens russes le veulent vraiment, ils peuvent s'informer. Il faut que cette information honnête soit diffusée le plus largement en Russie. Evidemment, le pouvoir a la possibilité de rendre inaccessibles les sites qui lui déplaisent...

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Je ne savais pas que Google translate était désormais à ce point efficace. J'avais l'impression que ça ne produisait que des textes farfelus.

Oui, la "Novaïa Gazeta" est un très bon journal. Mais sa diffusion demeure malgré tout confidentielle (mais il est vrai qu'on ne dispose pas, en la matière, de chiffres fiables, ceux-ci allant de 0,2 M à 30 M de lecteurs).

Et puis certes, un véritable journal d'information est nécessaire tant la propagande des médias russes est folle et intensive. Néanmoins, les gens qui veulent s'informer y parviennent (il est impossible de bloquer tous les réseaux). Le vrai problème est qu'il y a, malgré tout, une assez large adhésion de la population russe à la politique de Poutine. Il faut quand même rappeler que la conquête de la Crimée en 2014 a été, presque unanimement, célébrée.

Bien à vous,

Carmilla

Nuages a dit…

Un exemple de traduction Google, faite à l'instant, d'un article de "Novaïa Gazeta".

"Poutine avance sur l'Ukraine. Septième jour. En ligne
Frappes aériennes sur des villes ukrainiennes, des dizaines de morts, isolement de la Russie

Le centre de Kharkov après une frappe aérienne le matin du 1er mars. Photo : Sergueï Kozlov / EPA-EFE

Le septième jour de l'attaque de Poutine contre l'Ukraine a commencé. À Jytomyr, à la suite d'une frappe aérienne "sur la base des forces armées ukrainiennes", quatre personnes ont été tuées, dont un enfant. À Kherson, l'armée russe s'est emparée du port fluvial, de la gare et des bâtiments administratifs. Les rapports des services de renseignement ukrainiens font état de troupes biélorusses près de la frontière.
Pendant ce temps, les États-Unis ont fermé l'espace aérien aux compagnies aériennes russes, Apple a suspendu les ventes de ses produits et restreint l'utilisation d'Apple Pay pour les Russes, et Sberbank bloque les cartes des citoyens russes qui ont fait don de fonds à des fondations ukrainiennes.
"Novaya" fait suite à "l'opération spéciale militaire" de la Fédération de Russie en Ukraine et continue de ne présenter que des faits avérés."

Paul a dit…


Salut à vous ô vampire,

1.
Dans C'est moi qui souligne de Nina Berberova dont je viens de relire par survol les quelques 540 pages (passons sur l'index biographique de pas moins de 34 pages qui viennent s'ajouter à la fin), il y est tellement peu question d'Ukraine que par une épicerie (Pychman) de Billancourt, ville où elle vécut dans son exil (proche de l'usine Renault où selon elle, un ouvrier sur 4 était de l'armée blanche). Berberova va enfin (première édition américaine en 1969) se taper une préface digne du nom (en français) en janvier 1989, où elle feint de peiner à se remémorer un mot qu'elle délivrera au dernier paragraphe de sa préface : "Nécessité" (!) pour illustrer les mystérieuses relations franco-russes :
- Catherine et Diderot,
- Custine et Kozlovski,
- Tourgueniev et Flaubert,
et puis ces relations ou contacts selon elle devinrent admirativement "mondains ou littéraires" : Gide admirait Dostoïevski, Romain du Gard admirait Tolstoï, etc. Dans cette préface, elle semble s'apercevoir tardivement (1989) que l'Ukraine n'est pas, d'aucunes littératures ni de rien qu'un grenier â blé et tout plein des plaisirs avec, elle parvient à ajouter ce poème ("nécessité" fait loi ?) d'Alexis Tolstoï ("autre souche que Léon" précise-t-elle), il s'adresse ici à Catherine II de Russie : C'est vertigineux

"Madame, vos ordres en Russie
Étonnent le monde ébloui",
Lui écrivaient Voltaire de Ferney
Et Monsieur Diderot de Paris.

"À votre peuple sans tarder
Accordez les libertés premières !
Il les attend de vous, Majesté,
Comme l'enfant le lait de sa mère."

"Messieurs, tous deux vous me comblez",
Répond-elle, et sans embages
Aux paysans de l'Ukraine
Édicte une loi sur l'esclavage.

- Autographe de mon paternel dans la page de garde de cette édition poche "Août 92", le livre est fort à la mode à cette époque, c'est mon livre de treillis à l'armée (je suis parmi les derniers conscrits du service militaire) en 1996.
- Pas d'entrée sur Makhno à l'index.
- Une seule observation également sur la Crimée pour nous informer que s'il était resté quelque chose, dit l'un de ses innombrables interlocuteurs du monde des arts et des lettres : "on y aurait toujours nos villégiatures" (!)

2.
Cela pour illustrer notre kremlinophilie qui peut se détailler comme suit
https://desk-russie.eu/2022/02/25/la-kremlinophilie-francaise.html

3.
André Markowicz a publié dans le journal le monde, hier, un article remarquable. Natif de Prague, de langue maternelle russe, partisan de Navalny, de l'Ukraine, de tout ce qui pourra détruire Poutine depuis vingt ou trente ans. Il vit en Bretagne au côté de la poète Françoise Morvan il démonte les mécanismes de think-tank comme celui de l'institut du Locarn en Bretagne, pro-russe, ils décrivent la complicité d'Yves Rocher (entreprise membre du Locarn) dans l'arrestation de Navalny, ils décrivent les soutiens inconditionnels en 2000-2010, de Jean-Yves Le Drian alors conseiller régional breton, pour le Locarn. Ils affirment qu'on pourrait oublier le procès Navalny qui est actuellement en cours.

4.
Je regarde Big Lebowski, qui boit des russes blancs juste après la guerre d'Iraq, circa 1990.

Enfin, je ne trouve pas précisément l'édition poche de Custine dont vous parlez.

Veuillez excuser les innombrables parenthésages.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

C'est effectivement impressionnant.

Je ne sais même pas comment c'est possible parce que la structure d'une langue slave n'a vraiment rien à voir avec celle du français. Les traducteurs professionnels, du moins dans les domaines techniques, ont du souci à se faire.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Paul,

Il me semble que cela fait près de 5 ans que vous n'avez pas émergé.

Merci pour toutes vos remarques pertinentes. Et peu importent les "parenthésages".

On m'a dit, en effet, que Berberova avait connu une période de célébrité en France, vers la fin de sa vie. Mais aussi rapidement qu'elle a atteint une certaine renommée, elle est tombée dans l'oubli. Je suppose qu'elle a été supplantée par l'apparition d'une nouvelle littérature russe moderne (Sorokine, Pelevine, Bouïda, Gouzel Iakhina etc...) en regard de la quelle elle apparaît un peu désuète.

C'est vrai que les Russes ont toujours entretenu une certaine condescendance envers les Ukrainiens. Ils les désignent du mot de "khokhol". Je ne sais pas exactement comment traduire mais ça désigne ces bottes de foin particulières dressées en hauteur dans les Carpates.

Il y a quand même eu Gogol qui a parlé de l'Ukraine. Il y aussi, on l'oublie trop, Sacher-Masoch dont les contes galiciens sont très intéressants. Et puis aujourd'hui, il y a Kourkov et Andrukhovitch (père et fille) qui ne déparent pas la littérature européenne.

Le pourquoi de la russophilie est sans doute très complexe. J'ai l'impression que les motifs en sont souvent réactionnaires : un goût pour la spiritualité/sentimentalité, voire le mysticisme. Et puis tout un folklore de contes de Noël avec de beaux paysages de neige et de gentils animaux.

Ma tête de turc, personnellement, c'est Hélène Carrère d'Encausse, tout de même secrétaire perpétuelle de l'Académie française et encensée en France comme spécialiste absolue de la Russie. Elle n'arrête pas de faire la propagande de Poutine et elle nous assomme avec ses bouquins ennuyeux. Ceux-ci ne sont, à mes yeux, qu'une vaste escroquerie. Ce ne sont que des synthèses malhabiles, sans dimension littéraire, d'autres ouvrages. Tout ce qu'elle écrit est bien connu ailleurs. Son seul mérite est de lire des ouvrages étrangers mais elle n'a même pas de point de vue original.

Je connais bien Markowicz et j'ai lu son article du "Monde". C'est le meilleur traducteur de Dostoïevsky, le plus fidèle à son écriture "débridée", voire négligée. Je ne connaissais pas cet étrange Institut Locarn en Bretagne.

Makhno, vous pouvez trouver sa plaque funéraire au columbarium du Père Lachaise.

Quant à de Custine, vous pouvez le trouver facilement (il est très récent). Attention, c'est bien un poche mais il est cher (compte tenu de son poids) : 22 €. Essayez le site Fnac livres. Mais attention, son prénom est ASTOLPHE et non pas Adolphe. L'éditeur, c'est bien Véra Milchina et c'est vraiment intéressant.

Bien à vous,

Carmilla

Paul a dit…

Bonjour Carmilla,
Oui c'est bien ça, j'ai dû m'intéresser à votre blog vers 2017. Soit vous avez une bonne mémoire, soit la recherche indexée au blog est aisée. Comme j'ai été assidu je sais que vous avez du chiffre autant que de la lettre, j'avais bien retenu Masoch déjà sous vos conseils et n'est-ce pas à mettre au crédit des capitulations dont vous parliez, et pour être limpide, avec également la relation-fascination type franco-russe ? C'est Berberova qui le dit sans le dire, après, après.. Flaubert Tourgueniev la relation n'est plus physique, et elle l'a d'abord été, nécessairement physique. Voyez-vous le terrain sur lequel je me navre. De Masoch chez vous - à vous lire ai-je retenu - je tiens dans la règle des 80-20 que 20% de l'humanité est sadique et 80 est Masoch. Si l'on parle en plus des passions de l'homme vieillissant - un peu mon cas désormais - tout s'éclaire tout est limpide tout est sale. J'espère que vous venez de me lire en vous détachant des actualités en Ukraine, j'ai essayé de comprendre l'histoire et j'ai là une petite somme de préjugés vieillots : diplomatie, capitulation, homosexualité. Ajoutons à cela que je reprends contact avec - tiens, là une ukrainienne - vous, quand votre pays d'origine est à feux et à sang et que je suis rassuré de comprendre que vous n'y êtes pas. Bref, je suis merdique, cela dit vous me brossez le bon portrait (quelle mémoire), en une première et dernière phrase : ours et fauché. Je devrais vous dire que vous êtes condescendante mais vous tenez raison.
Pourquoi 5 ans ? Les événements bien sûr mais autres choses, la découverte ou l'approfondissement pour moi de Marko, une façon de dire comme on a qu'une rousse dans sa vie, on n'a qu'un russe, j'ai comparé et j'ai laissé tomber votre lecture ; j'aurais voulu que vous soyez systématiquement dans l'introspection - chose impossible -, moins de tourisme enfin, et plus de ceci plus de cela, bref. Au moment où votre blog agit comme un charme (au sens étymologique de chant - pour l'oiseau encagé celui qui vole et chante n'est-il pas simplement malade), je fuyais. En ce qui concerne Markowicz, c'est un traducteur de génie qui parlait en janvier récemment, en plein dimanche après-midi sur arte, de Dostoïevski (et Tourgueniev je crois mais Dostoï sûr), dans une belle émission, il affirmait qu'il était un raciste de première catégorie, il faisait un pas de géant à la télé, parce que, parfois, dans ces introspections sur fb, il se perd à ne pas comprendre les vrais enjeux de la littérature moderne, le wokisme, l'écriture inclusive, le féminisme, la francophonie etc. Comprenez que, pour moi aussi HCEncausse est une cata.
Durant ces 5 ans, accessoirement, j'ai tenté pour la première fois de trouver un éditeur, échec. Ours toujours c'était ma dernière tentative. Pendant les confinements j'ai regardé énormément de films depuis une plate-forme russe (qui peut basculer sans difficulté sur box et donc sur mon téléviseur)! Incroyable fond et culture cinématographique de tous bords chez ces ruskofs, ils connaissent tout ce que j'estime de mystérieux et historique au cinoche français ! Et, le ciné russe évidemment. Ah oui, un seul voyage : Nice l'été dernier et Conques, fascinantes, exactement comme Vigo sentait déjà Nice il y a un siècle.
Voilà tout de bien détaillé. À plus tard !

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Paul,

Il se trouve simplement que j'ai la chance d'avoir une mémoire dans le temps quasi imparable. Surtout, mon fonctionnement fait que je m'attache à tout mémoriser, à tout avoir dans la tête (j'évite de prendre des notes, d'avoir des agendas).

Sur la fascination franco-russe, il me semble que c'est un Russe, Alexandre Kojève, qui a fasciné l'intelligentsia française de son temps (notamment Lacan, Bataille), qui a décrit la fascination exercée par le maître sur l'esclave et la lutte qui s'ensuit. C'est toute la dialectique du désir. On abhorre et on envie-adore les puissants.

Je comprends bien qu'on se lasse de mon blog. Moi-même, je ne me relis jamais. Davantage d'introspection ? A vrai dire, je deviens de plus en plus détachée. Les affres sentimentales ou affectives, j'ai du mal à considérer que c'est important. Mais je suis sans doute assez dure et arrogante.

Quoi qu'il en soit, je pense qu'il faut savoir considérer lucidement les aspects les moins avouables de notre personnalité. Nous sommes avant tout des gens mauvais disait Dostoïevsky et il ne s'épargnait guère lui-même (il était sans doute, en effet, raciste). C'est effectivement très loin du wokisme et des pensées pures aujourd'hui prônées.

Flaubert et l'homosexualité ? Le récent bouquin de Régis Jauffret (auteur que j'apprécie) l'évoque brièvement (avec Alfred Le Poittevin).

Quant à vos tentatives littéraires, ne vous découragez peut-être pas. Même si je suis étrangère à cette ambition, il me semble qu'il faut peut-être d'abord sortir des sentiers battus, de la pensée et des idées communes.

Bien à vous,

Carmilla