Depuis quelques mois, on ne cesse de se faire peur et de se lamenter à propos de l'endettement de l'Etat français. Surtout à droite à vrai dire, parce qu'à gauche, on continue de s'en fiche (la croissance sera tellement forte avec notre belle politique économique que les emprunts se rembourseront tout seuls).
Mais, à droite comme à gauche, tout le monde fait de la Morale à ce sujet. L'argument le plus ressassé, c'est qu'on va léguer un terrible fardeau à nos chers enfants. On serait d'effroyables égoïstes parce qu'on continue de consommer et de se baffrer à grands coups d'emprunts sans considérer que les générations à venir devront payer la facture de nos bombances. De vrais propos de Pères Jésuites au 19ème siècle.
On se croit un grand économiste quand on énonce cette "idée reçue". Saut qu'elle est une ânerie. D'abord parce que l'Etat ne cesse de "rouler" sa Dette en remboursant par de nouveaux emprunts ceux qui arrivent à échéance.
Et puis dans tout contrat d'emprunt, il y a un débiteur (l'Etat) et un créancier. Et le créancier, c'est majoritairement vous et moi, toutes les personnes qui "placent" leurs petites économies. Les malheurs de l'Etat font en quelque sorte le bonheur des épargnants et ce bonheur, il est sans doute bien réel puisque l'épargne française représente deux fois le montant de sa Dette.
Les chers enfants, on leur prépare donc plutôt un avenir de rentiers (la France est d'ailleurs déjà un pays de rentiers) puisqu'on va leur léguer des créances sur l'Etat. Mais ça n'est pas non plus complétement vrai parce que la maturité moyenne des emprunts d'Etat est inférieure à 10 ans, ce qui ne correspond qu'à une demi génération.
Est-ce que ça veut dire qu'il n'y a pour l'Etat aucun risque à emprunter ? Non bien sûr, parce que les financiers internationaux peuvent être saisis de défiance et réclamer une prime de risque pour continuer à acheter de la Dette française. Et ça peut se traduire par des surcoûts énormes en frais financiers.
Mais ça n'est pas l'objet de ce post. Ce qui m'apparaît important, c'est que dans le grand concert moralisateur d'aujourd'hui, j'entends surtout le retour de la vieille haine chrétienne envers l'usure, le prêt rémunéré. Cette haine qui a marqué tout le Moyen-Age et empêché son développement économique. Cette haine qui est aussi l'une des origines de l'antisémitisme puisque les Juifs n'étaient pas soumis à cet interdit et que l'une de leurs seules activités possibles était celle de prêteur.
Prêter de l'argent, ça revient à rémunérer le Temps dans la perspective chrétienne (puis musulmane). Mais le Temps, ça ne peut pas s'acheter parce que le Destin vers lequel on doit tendre, c'est celui du "rachat" de nos fautes prélude à la vie éternelle. Et l'éternité, ça ne peut pas s'acheter.
C'est pour cette raison que la Dette a d'emblée été assimilée, dans la pensée chrétienne et occidentale, au péché.
D'ailleurs en allemand, le mot Schuld, ça veut dire à la fois la Dette et la faute.
En fait, on est tous obsédés par la Dette. On se sent tous psychologiquement débiteurs et coupables.
Pour les Chrétiens, on l'est d'emblée avec le Péché originel. Et il faut attendre la venue du Christ pour "racheter" nos fautes.
Mais pour les Juifs, c'est terrible également parce qu'être désigné comme le peuple élu, ça crée une exigence morale terrible, une dette exorbitante. Comment se monter à la hauteur d'une pareille distinction ?
Et que dire du protestantisme dans le quel l'activité la plus quotidienne, ses moments les plus prosaïques, doivent être consacrés à son salut personnel.
Et il en va de même, peut-être en plus exigeant, dans l'Islam. C'est chaque geste (pur ou impur), chaque attitude, qu'il faut interroger.
Et aujourd'hui, avec la crise écologique, on ne cesse de nous culpabiliser et de nous dire qu'on est débiteurs envers les générations futures et même la planète toute entière.
Tous coupables..., on n'arrive pas à sortir de la sujétion du péché religieux. On nous fait sans cesse honte et reproche.
Etre débiteur et coupable, c'est devenu la condition même de l'homme occidental. Et c'est affreux parce qu'on est bien incapables de faire face à ça et qu'on est donc de plus en plus angoissés.
C'est le philosophe Nietzsche qui a le mieux décrit cet avènement du monde moderne dans "La Généalogie de la Morale". Il y montre que le grand bouleversement politique et social du monde, il est intervenu quand on s'est mis à établir des relations de créancier à débiteur entre tous les hommes. Et cela s'est effectué de manière cruelle, en utilisant la contrainte physique, au besoin par le châtiment et la torture. C'est, par exemple, la terrifiante machine de la colonie pénitentiaire de Kafka.
Pour "faire société", il a fallu "dresser" les gens à faire des promesses et à tenir leurs engagements. Et on sait bien que ça n'est pas facile et même angoissant.
Mais c'est à partir de là, aux alentours de la fin du 15ème siècle, qu'est née la Dette, puis le Capitalisme. L'avènement de celui-ci n'a d'ailleurs, contrairement à l'opinion commune, pas grand chose à voir avec "L'éthique protestante" de Max Weber". Bien plus décisives sont la naissance des banques, de la comptabilité en partie double, des émissions obligataires, des sociétés par actions.
Et avec le Capitalisme, c'est vraiment terrible. Tant qu'on était encore religieux, on pouvait encore nourrir un petit espoir. On pouvait espérer qu'avec le Jugement dernier, toutes nos dettes et toutes nos fautes seraient effacées, même nos escroqueries financières, même nos crimes et délits les plus affreux.
Mais c'est fini tout cela ! Le capitalisme est d'une impitoyable cruauté: ni les dettes, ni les fautes ne seront jamais rachetées. Il faut impérativement payer, sans détours ni contours possibles.
On pourra juger que c'est un insupportable asservissement et réclamer, en conséquence, l'annulation de toutes les dettes (David Graeber). Ca revient à oublier que la Dette, c'est ce qui a permis à l'humanité de sortir de la misère économique.
Je recommande:
- Friedrich Nietzsche: "La Généalogie de la Morale". Avec le Zarathoustra, c'est le bouquin de Nietzsche à lire absolument. Une grande histoire de l'humanité soumise à un processus cruel de domptage/domestication. Cette vision d'une société disciplinaire a influencé, de manière décisive, Michel Foucault et toute "la pensée 68".
- David Graeber: "Dette 5 000 ans d'histoire". David Graeber est aujourd'hui porté au pinacle mais j'ai vraiment du mal à adhérer à ses bouquins bavards et confus. On sent qu'il part toujours d'une idée préconçue et qu'il "déroule" ensuite à partir de là (un peu comme Piketty et son présupposé d'inégalités qui s'accroissent sans cesse). Ici, l'histoire de la Dette serait inséparable de la construction du pouvoir et les débiteurs en seraient évidemment les assujettis. Conclusion: il est légitime d'effacer les dettes. C'est un peu simple parce qu'on oublie que les créanciers sont souvent aussi les perdants de l'affaire.
A ces élucubrations, je préfère de véritables économistes:
- Michel Bourgeois : "Si l'argent nous était conté - Grandes Histoires et petites anecdotes de la monnaie physique". Par un économiste belge: c'est donc souvent drôle et amusant.
- Jacob Goldstein : "La véritable histoire de la monnaie - De l'âge de bronze à l'ère numérique". Un panorama très complet. L'histoire de "la fiction" la plus remarquable de l'humanité.
- Jean-Marc Daniel: "Nouvelles leçons d'histoire économique - Dette, inflation, transition énergétique, travail". Le tout dernier bouquin de ce véritable économiste. Pour ne plus s'endetter, il faut cesser de privilégier la consommation au détriment de l'investissement.
14 commentaires:
Bonjour Carmilla
Franchement Carmilla, vous vous faites plaisir avec votre dernier texte de l’année 2024, et c’est un plaisir partagé. C’est en plein dans votre domaine, parce que nous traînons dans nos économies, une part difficile à mettre derrière nous : la faute, que d’autres préfères appeler, le péché, ce vieux fond religieux qui vient nous empoisonner la vie. Serait-ce que nous n’avons jamais quitté, ce vieux fond de tonneau religieux ; ou bien, que nous ne sommes jamais entrés complètement, dans le véritable capitalisme à outrance. Le fait, de joindre la dette au péché, serait par le fait même, un manque de confiance. Parce qu’il faut bien le souligner, le prêt, c’est une question de confiance, tout comme la monnaie d’ailleurs, le prêteur se doit d’avoir confiance à l’emprunteur. Cet emprunteur se doit d’être solvable. Alors, on ressort les vieux préceptes religieux, qui ont bien servi les religions pour surtout faire peur, de manière à soumettre tous les fidèles. L’Église Catholique, dans ce domaine de dominer par la peur, aura été une championne, mais elle n’est pas la seule. Facile de traumatiser les crédules avec la peur de l’enfer, le péché originel, affublé de fables, toutes fantaisistes, sorti tout droit de l’imagination humaine ; tout comme la menace de saisir un emprunteur, parce qu’il est dans l’incapacité de rembourser ses dettes, de le mettre en faillite. Être en faillite, c’est l’opprobre, la honte ultime, c’est se faire mettre en dehors de la société. Souvenons-nous, qu’il n’y a pas si longtemps, on emprisonnait pour dettes. Sur le fond, ce n’était pas très productif. On a mêlé le tout avec la faute originelle, la peur de l’enfer, le péché. Soyez parfait comme notre Père céleste est parfait ! Malgré toutes nos avancées, tous nos progrès, nous traînons derrières nous toutes ces valeurs archaïques. Pourtant, s’il y a une institution qui a profité des progrès économiques, c’est bien l’Église, creusant sans cesse le fossé entre ses principes et les réalités de la vie, pour devenir une puissance économique. Ce qui était le cas au Québec dans les années 1950. Ce qui lui conférait un pouvoir immense, pas seulement sur les âmes, mais aussi sur beaucoup d’autres institutions, comme la santé, l’éducation, les hospices, et même les institutions politiques. Être le maître de la politique c’est bien, mais être maître de la politique et de l’économie, c’est beaucoup mieux. Par contre, cela ne te met à pas à l’abri du changement. Je suis content, que vous avez souligné, que les épargnes en France, dépasse le poids de la dette, ce qui est le cas de plusieurs pays dans le monde. Les gens qui ne veulent pas prendre de risque, achète des obligations d’épargnes du Québec et du Canada. Ce qui revient à dire, qu’on se prête à soi-même.
Bonne fin de journée Camilla
Richard St-Laurent
Merci Richard,
Je ne planifie jamais, à vrai dire, la production de mes textes. Ca surgit simplement au fil de l'eau et de mes inspirations subites. Mais j'essaie quand même d'éviter de parler de ce qui a trait à ma vie professionnelle.
Effectivement, comme vous le dites bien, dans le mécanisme de l'endettement des Etats, les nationaux ne se rendent pas compte que leur épargne est essentiellement consacrée à acheter des titres de la Dette de l'Etat, c'est à dire des obligations. Et c'est ainsi qu'en effet, ils se prêtent à eux-mêmes.
Mais c'est aussi un mécanisme économiquement destructeur à court et moyen terme. Il vaudrait bien mieux que toute cette épargne, plutôt qu'être siphonnée par l'Etat pour couvrir ses déficits, aille au financement d'entreprises. Ce détournement par l'Etat se fait, en réalité, au détriment d'investissements d'avenir et de créations d'emplois. C'est surtout pour cette raison que l'endettement des Etats a des effets négatifs.
Sinon, il subsiste en effet un vieux fond religieux dans notre relation à la Dette et à l'emprunt. Mais qu'on le veuille ou non, c'est bien la Dette, avec la création des établissements de crédit, qui a permis le décollage économique du monde occidental en surpassant notamment la Chine et les pays musulmans. La naissance du capitalisme, elle est ainsi historiquement datée.
Bien à vous,
Carmilla
Bonjour Carmilla
Il appert, qu’on ne traite pas un individu comme un pays, surtout lorsque qu’il devient en cessation de paiement. Je sais qu’on fait tout un plat de la dette d’un pays. La France n’est pas en reste, parce que c’est un sujet récurrent au niveau international et le Canada n’échappe pas à ce débat. Il ne faut pas se réduire à un chiffre de combien nous devons, mais faire entrer aussi, ce que nous possédons, ce que nous produisons, ce que nous inventons, ce que nous achetons et ce que nous vendons. Je déteste lorsque nous lance un chiffre comme cela dans les médias, comme si c’était la vérité ultime. C’est spectaculaire, mais il faut sortir du spectacle. À ce chapitre, le plus bel exemple se sont les États-Unis d’Amérique. Leur dette de $1,300.00 de milliards, ça n’a pas l’air de les déranger, ils fonctionnent. Dettes qui sont tenues pas de multiples prêteurs, en autre les citoyens américains, et par d’autres pays dans le monde, en autre La Chine, qui semblerait aussi en détenir un bonne part. Il ne viendrait jamais l’idée au chinois de réclamer ce que leur doivent les USA. Il pourrait mettre les américains en faillite. Qu’aurait-il à gagner ? Ils savent très bien, qu’eux aussi ont emprunté au niveau international, et qu’on pourrait leur faire subir le même traitement. Ce qui serait mortifère, non seulement pour ces deux nations, mais pour toute l’économie mondiale. Ils sont enchaînés à la même enclume sur le bord du précipice. L’argent, c’est comme les livres, il faut que ça bouge. Est-ce que cela serait une bonne décision de payer toutes leurs dettes ? N’aurait-il pas un danger de revenir au Moyen-Âge ? Que faire avec l’argent accumulé ? Une expression qui me fait rire et qui est beaucoup employée par les journalistes : Les coffres du gouvernement sont vides. Tout le monde devrait savoir qu’il n’y a pas de coffre au gouvernement, que c’est une mauvaise métaphore, que quotidiennement, il y a des entrées d’argent, mais qu’il y a aussi des dépenses, mais pas de coffre. Autre expression qui m’horripile : le trésor public. Mais au fait, il est enterré où le trésor public ? On fait dire n’importe quoi à ces expressions. Comment on a relevé La France et l’Allemagne après la Deuxième Guerre mondiale ? Certainement pas en recherchant des coffres et des trésors. Pourquoi, ne pas expliquer franchement la situation, au lieu que de se livrer à ces genres de spectacles désolants ? Les gens sont capables de comprendre. Les médias les sous-estiment, et c’est bien dommage. Les électeurs se sentent floués comme s’ils ne comptaient pas dans l’équation de la démocratie. Ils ont l’impression de se faire prendre pour des imbéciles, d’être roulés, et il faudrait se surprendre de la renaissance du conservatisme, de régimes qui glissent rapidement vers l’autoritarisme. Nous en avons été témoin le 5 novembre dernier aux USA !
Pourquoi Elon Musk a embarqué dans le chariot de Trump ? La question à prime abord a l’air saugrenue. Musk qui affirmait voilà trois ans qu’il était athée, que soudainement, il avait lu La Bible, et était devenu croyant pour plaire à la droite ultra religieuse du parti Républicain. Par le passé, il a déjà traité Trump d’imbécile, de danger public et d’incompétent. Et voilà que la nouvelle éclate au grand jour : Fissures dans la coalition de Trump à cause d’une histoire de Visas H1-B. Visas qui a tout l’air d’un passe-droit. Je m’attendais à ce genre d’histoire, mais tout de même, pas si tôt.
Musk a un rêve, celui de se rendre sur la planète Mars. Pour se faire, il a besoin de deux choses : d’argent, et d’ingénieurs compétents. Les problèmes sont énormes et toutes sa fortune n’y suffirait pas, alors il s’est rapproché du pouvoir, et quoi de mieux que de se glisser à l’intérieur d’un parti politique instable. Il va aussi avoir besoin de nombreux ingénieurs compétents et il faudra en importer d’ailleurs, alors pas question de couper toutes les sources extérieures d’émigrations, pas question d’abolir ce fameux Visas H1-B, visas qui est légal, et dont il s’est servi jadis lorsqu’il a voulu entrer aux USA. Il n’a pas investi 75 millions de dollars dans la campagne du Blondinet de Washington dans un geste de charité, c’était un investissement, il attend le retour. Les États-Unis pourraient se retrouver avec un président croupion. Ce qui est étrange, c’est que Trump qui a l’habitude de tout commenter, est soudain passé en silence radio.
Musk, sait qu’il a besoin de toute la puissance des USA pour atteindre ses objectifs. Il sait où trouver l’argent. Et cet argent, c’est le peuple américain qui va lui procurer, s’il réussi à convaincre le patron, et le parti Républicain. Dans l’esprit de Musk, il ne semble pas y avoir le moindre péché de la dette, aucune faute à l’horizon. Il n’a même pas de permission à demander à quelqu’un. Ce qui vient à l’encontre des politiques sur les émigrants dont on ne veut pas voir sur le sol américain, mais tous les expulser, peut importe que tu sois ingénieur ou pas.
Ce qui est étrange dans cette nouvelle, c’est que plus personne ne parle de la dette américaine. Ils sont complètement ailleurs. Tout va bien madame la marquise ! Comment se sentir coupable, devenir obsédé par la dette, pendant que les dirigeants sont en train de jouer dans un théâtre à la Borgia ?
Cette particularité d’un peuple soumis aux aléas d’un hasard pernicieux, est particulièrement intéressante dans l’histoire de l’humanité, d’être un peuple choisi, mais aussi d’être des exclus dans toutes les civilisations. On tolérait, au mieux, les Juifs, dans les meilleures situations, mais ce n’était pas une acceptation. Partout, toutes les professions étaient fermées aux Juifs, ne restait plus que l’argent, sur le fond ils n’avaient pas le choix, c’était cela, ou bien la misère, qui conduirait à leur disparition. De leur précarité, ils ont fait leur métier. C’est quand même remarquable, et finalement, ils se mirent à prêter aux pays qui les méprisaient, aux rois qui les détestaient, jusqu’à tirer les ficelles du pouvoir. Cette histoire, est et demeure, une leçon d’humanité et d’humilité. Les Juifs n’ont pas seulement traversé un désert, ils ont passé leur temps à traverser des vastes espaces désertiques. Il n’y a aucune différence, sauf pour les moyens employés. Les interdictions du Moyen-Âge et celles de Hitler, se ressemblent étrangement. Deux millénaires de souffrances, d’endurances, de peines, de peurs, de larmes. Avaient-ils vraiment le choix pour s’en sortir que d’exercer, les métiers de l’argent ? Ils ont transformé leur vulnérabilité en force, et depuis, je ne dirais pas qu’ils ont réussi, mais qu’ils ont amélioré leur sort. Certes, c’est sans doute lourd d’être un peuple élu, c’est peut-être encore plus lourd de se projeter dans l’avenir. Pour eux, la réussite n’est jamais assurée, la fortune n’est jamais assez grande. Être exclus et prêter de l’argent, c’est une situation dangereuse et paradoxale.
Est-ce que j’ai une bonne perception lorsque vous évoquez le poids de la dette et qu’à moyen terme, ce n’est pas gagnant ? Éviter les dettes pour investir ; mais pour investir dans quoi ? Habituellement, on investit dans des entreprises qui produisent des biens qu’on pourra vendre. Je garde toujours ce chiffre en mémoire : 75% du commerce aux USA, c’est de la consommation. Qu’on le veuille ou non, c’est cela qui fait l’économie. Les économistes se mordent le front dès que la consommation baisse. À moins qu’on change complètement de système, quelque chose de nouveau et d’inédit, je pense qu’on va faire encore un bout de chemin avec ce système.
« Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière ou du boulanger, que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu’ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme. »
Adam Smith
En deux phrases que j’aime bien, nous avons le fondement du capitalisme.
Merci Carmilla et bonne fin de journée
Richard St-Laurent
Merci Richard,
Je considère tout de même le surendettement des Etats comme un élément fortement négatif compromettant, à terme, la croissance économique d'un pays.
Pourquoi ? Parce que la croissance d'un pays, elle repose sur l'investissement et la recherche. Et pour cela, il faut du Capital, beaucoup de Capital.
En temps normal, ce Capital, il est fourni par l'épargne des ménages via les établissements bancaires. Et quand la situation d'un pays est saine, plus il y a d'épargne (et donc de capital), plus il y a d'investissements et de croissance. Quels investissements ? Ce n'est pas à nous d'en décider, il y a des millions d'entrepreneurs qui ont plein d'idées mais qui cherchent des moyens de financement. Les banques sélectionnent simplement les projets les plus rationnels et les plus prometteurs.
Ce système reposant sur l'épargne a très bien fonctionné dans les pays occidentaux (et notamment en France) jusque dans les années 80. Mais à partir de cette date, les gouvernements ont été pris de démagogie et de court-termisme et se sont surendettés pour soutenir la consommation.
On a privilégié la consommation à tout prix au détriment de l'investissement. Une politique de gribouille absolument funeste à mes yeux.
D'abord parce qu'en s'endettant, l'Etat siphonne la plus grande part de l'épargne des ménages au détriment des entreprises. Quant aux banques elles-mêmes, elle préfère s'adonner à la spéculation financière en jouant, sans trop de risques, sur les écarts de taux entre tos les produits de cette énorme masse d'emprunts. Résultat, il ne reste quasiment plus rien pour l'investissement des entreprises.
Je pense donc que c'est une illusion de considérer que la consommation fait la croissance. Soutenir la consommation, ça ne fait que creuser le déficit du commerce extérieur.
En revanche, l'épargne investie a un effet multiplicateur important (de 4 à 6) sur la croissance économique.
Une baisse de la consommation n'est donc pas forcément préjudiciable. Elle peut même être une bonne chose si elle s'accompagne d'une augmentation de l'épargne.
Il est vrai, toutefois, que ça n'est que mon point de vue et que je fais généralement hurler quand je le développe. Mais je demeure convaincue de la nécessité, même si ça semble contraire au bon sens, de "refroidir" la consommation pour relancer la croissance économique, la vraie croissance, par l'investissement.
Quant à Musk, c'est désolant et inquiétant. Comment peut-on être à la fois un génie et un sinistre imbécile ?
Et enfin, quant aux Juifs, ils sont effectivement de grands banquiers et financiers. Mais jusqu'à une époque récente (la fin du 18ème siècle), c'était l'une des seules activités qu'ils étaient autorisés à exercer.
Bien à vous,
Carmilla
Bonjour Carmilla
Merci pour votre brillante explication, nous avons le choix entre la consommation et les investissements pour la recherche. Donc, logiquement nous devions consommer moins, pour investir plus, ce qui devrait être notre choix. Je suis sûr que cela devrait faire l’affaire d’Elon Musk, c’est la raison pour laquelle j’ai évoqué cette fissure dans la coalition du Blondinet, cette soif de capitaux pour réaliser ses projets. Musk n’est pas un imbécile, au contraire, il est beaucoup plus dangereux que Trump.
Il appert, que la dette exerce une pression sur les individus comme sur les institutions, et les pays. Je considère, que déjà, de ne pas avoir de dette, c’est d’être riche, parce que cela permet la liberté d’action, de faire ce que nous voulons. Je l’ai déjà mentionné, au point que cela n’est plus une question économique, mais politique, parce que nous sommes devant un choix. Est-ce que nous voulons nous satisfaire que de consommer de l’éphémère, ce que nous vendent les chinois et les américains ; ou bien, se lancer dans des projets de recherches, qui exigeraient de nous, des choix plus drastiques, une vie plus austère, mais porteuse d’espérances beaucoup plus intéressantes. Ne pas subir l’évolution, mais l’accompagner, faire corps avec elle, voir même la promouvoir. Il faut reconnaître, que là, nous empiétons sur le terrain des écologistes. Pour une part, c’est leurs visions, consommer moins. Si nous consommons moins, on se dispensera de s’endetter. Personnellement, je n’ai aucun problème avec cela. Non seulement nous avons besoin de nouvelles idées, mais d’autres façons de penser, d’autres manière d’imaginer. Ce qui influencerait nos conceptions, peut-être même nos sociétés. Ce que nous connaissons présentement, certes, c’est confortable, mais c’est loin d’être de summum de nos capacités, notre réalité c’est toujours un passage vers autre chose. Nous pensons que nous sommes arrivés un point où nous pouvons nous dispenser de la politique, que nous n’aurons d’autre idéologie, que celle de nous admirer dans le miroir du passé, pour nous noyer dans la nostalgie. C’est ce qu’est devenu le parti Républicain aux USA. L’idéologie, que jamais nous ne reviendrons, ni ne dépasserons cette puissance de jadis. Se plaindre de sa condition présente, c’est une chose ; pleurer sur son passé c’est une perte de temps. Les gens qui ont voté pour le Blondinet regardent vers le passé en perdant leur temps. Ainsi, ils ne sont pas soumis au choix, entre la possibilité de réussir, mais aussi de se fourvoyer. Faire un choix, c’est ainsi, cela sent chez nos voisins du sud, l’isolationnisme. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle !
Comment ne pas apprécier votre question de : Comment peut-on être un génie et un sinistre imbécile ? Musk est sans doute une espèce de génie qui a un côté sinistre, mais qui est loin d’être un imbécile.
Lise Payette qui a été Ministre dans le cabinet de René Lévesque, disait : Lorsqu’un parti politique vacille et erre, c’est le temps de l’investir. C’est exactement ce que viens de faire Musk, qui a compris comment retourner Trump sur la broche, en le comblant d’éloges, parce que le Blondinet ne demande que cela, d’être reconnu, flatté, caressé dans le sens du poil, par ces manœuvres, le rouler dans la farine, avec en prime 75 millions pour sa campagne électorale. Musk est en train d’investir le parti Républicain, c’est une prise de pouvoir sinistre. Il a même l’intérêt de laisser toute la place au Blondinet. Il a ferré le poisson, mais il n’est pas obligé de le sortir de l’eau. Dans l’ombre il peut en faire un président croupion. Lorsqu’un type semblable est à la manœuvre, c’est difficile de lui arracher le gouvernail. Musk est de la race de ceux qui peuvent étirer une agonie indéfiniment, non pas selon son bon plaisir, mais d’une manière froide et rationnel, dans le style Talleyrand, à la sauce Machiavel, pour transformer le pouvoir présidentielle en ruine. Ce qui ne manque pas d’intérêt. Je ne me suis pas intéressé à ce personnage de Musk, parce que je ne pensais pas qu’un type comme lui, se lancerait non seulement dans la politique, mais serait à la manœuvre. Qui plus est, on lui a donné un poste tout à fait incroyable, rappelons-nous que Musk n’est pas un élu, mais il pourra avec le pouvoir qu’on lui aura conférer, liquider peut-être la moitié de l’appareil administratif des États-Unis. Il y a de quoi attendre le 20 janvier dans la crainte. Ce qui plaît à Trump, mais aussi à tous ses partisans : « Moins de gouvernement. » Voilà le but ultime, pour avoir les mains libres. Il sera sans doute plus difficile de s’agenouiller devant Musk que devant Trump. La différence, c’est que Trump n’a pas de but, ni aucune philosophie, sur la suite du monde. Musk lui a un but ultime, sans doute très en avant de tout le monde, but ultime, que Harari a très bien décrit dans son dernier ouvrage Nexus, sur l’intelligence artificielle. Trump ignore tout de l’IA, mais Musk en sait un bout, et je ne serais pas surpris qu’il se serve de cette technologie. Ce n’est pas pour rien qu’il désire avoir à ses côté les meilleurs ingénieurs. Qu’il ratisse le monde pour les meilleurs cerveaux. Quand est-ce que vous avez entendu Trump parler d’ingénieur, de nouvelles technologies, et de politique internationale ?
Arrêt sur image : dans ce parti Républicain, il y a un personnage de trop. Pour reprendre mon expression d’hier, nous risquons d’assister à une pièce de théâtre style Borgia. Comment faire disparaître quelqu’un sans faire couler le sang, sans spectacle, sous la barbe des journalistes ? Parce que si cela continue ainsi, il ne restera plus que cela comme contre-pouvoir : la presse.
C’est étrange, je trouve que Musk a une gueule de dictateur.
Mais qu’est-ce qu’il fait de sauter sur une scène à côté du bouffon Trump ? Est-ce une mauvaise représentation, un spectacle bas de gamme, une manœuvre de diversion ? Qu’est-ce que Musk fait près de Trump ? C’est complètement illogique, ça jure, ça n’a aucun sens. Et lorsqu’on regarde autour de nous, cela devient virale et universel.
C’est une impression qui se renforce chez moi depuis longtemps. Je me demande si nous sommes en train de nous faire manipuler ? Du moins ça ressemble à cela. Nous sommes peut-être en train de nous faire égrener ce qui nous sert de démocratie ? Nous fermons les yeux pour ne pas contempler notre impuissance. Peut-être que nous sommes parvenus à l’outrance de la consommation, pour n’avoir plus à penser ? Sommes-nous en train de perdre notre conscience ?
Lorsque vous faites la démonstration de votre point de vue Carmilla, vous faites hurler, rassurez-vous, vous n’êtes pas la seule. Il en va de même lorsque je m’adresse à des personnes, soudain, j’ai l’impression non plus d’avoir des personnes libres devant moi, mais des zombies. Il y a de quoi être désolé, déçu, et peiné. Ce qui nous rappelle ce retour du conservatisme, parce que c’est confortable, c’est comme donner un bonbon à un bambin afin qu’il cesse ses pleurs ou ses récriminations. Une manière de détourner l’attention. Ce qui souligne la fragilité des êtres humains, qui peuvent se faire embarquer dans n’importe quelle horreur.
Merci Carmilla pour votre texte, c’est très apprécié.
Richard St-Laurent
Merci Richard,
La mécanique de la croissance par l'investissement est, généralement, mal comprise. Tout simplement parce que trop de gens pensent que les banques ne prêtent que ce qu'elles ont en dépôt. Mais non ! Le dollar qui est inscrit sur votre compte en banque permet d'octroyer un prêt de plusieurs dollars à un particulier ou une entreprise. C'est le mécanisme de la création monétaire par les banques,, un mécanisme qui n'est pas forcément inflationniste.
C'est ce qui a largement fait la croissance du capitalisme. Ce qui explique aussi l'échec économique de l'URSS et des pays communistes où il n'existait pas de véritable système bancaire.
Mais c'est évidemment un système d'équilibre instable. Si tout le monde veut, en même temps, récupérer ses fonds, c'est la grande panique et la faillite.
Et puis, de mon point de vue, les banques ne financent plus, aujourd'hui, l'économie. Elles se contentent de recycler les titres de la Dette des Etats et de spéculer sur les écarts de taux. Voila, je crois, l'origine principale de nos difficultés. D'où la nécessité d'un désendettement des Etats.
Quant à Musk, je ne sais trop qu'en penser. Pense-t-il vraiment pouvoir supplanter Trump ? N'oublions pas que celui-ci est convaincu de son génie et qu'il est chatouilleux. Il peut rapidement s'irriter de voir sa primauté contestée et limoger, à grands fracas, cet acolyte encombrant.
Et puis l'activisme politique de Musk a des répercussion sur ses affaires. J'ai rencontré récemment des Allemands qui me disaient qu'ils allaient se dépêcher de revendre leur voiture Tesla. Ou bien la plateforme X (anciennement Twitter) ne cesse d'enregistrer des désabonnements.
Mais tout est imprévisible avec ces deux brutes. Tout peut arriver et, probablement, plutôt le pire.
Bonne Année, néanmoins, à vous,
Carmilla
Bonjour Carmilla
En ce jour, je vous souhaite la liberté et tous les moyens pour la protéger. Je vous souhaite de l’inspiration pour brasser des idées. Je vous souhaite de longs voyages enrichissants, et à tout ce qu’il y a de meilleur pour vous !
Cordialement vôtre
Richard St-Laurent
Merci pour vos bons voeux Richard !
Parmi les 3 que vous énoncez, celui des voyages m'apparait le plus facile à réaliser.
Les deux autres sont plus hypothétiques. L'inspiration d'abord, je ne sais pas moi-même comment j'arrive à poster chaque semaine, depuis si longtemps, sans, je l'espère, trop radoter, ressasser. J'ai peur de devenir trop insupportable.
Quant à la liberté, il me suffit, en ce début d'année, de penser à l'Europe, aux USA et à l'Ukraine pour me demander vers quel gouffre on se dirige.
Je ne sais pas, quant à moi, ce que je peux vous souhaiter. Probablement des lectures bouleversantes, des rencontres insolites et enrichissantes et enfin plein de belles images suscitant, en vous, émotion.
Bonne année,
Carmilla
Bonjour Carmilla
C’est plaisant de discuter avec vous, parce que cela va dans toutes les directions, nous invite à nous interroger, nous pousse à chercher, à comprendre, et à expliquer. Je ne me lasse pas de vos choix de sujets, surtout lorsque c’est politique et économique. J’aime votre vue d’ensemble de la société, parce qu’ils sont différents des miennes. Votre dernier texte sur la dette en fin d’année était non seulement pertinent mais aussi éclairant. Se sont des propos que tout citoyen devrait comprendre. Et puis, il y a les suggestions de lectures, que j’apprécie beaucoup. De toute façon, je suis toujours en recherche d’ouvrages significatifs. Tout ce qui compte c’est de comprendre. Ainsi, nous pouvons croiser nos connaissances et nos cheminements, de quelle façon nous évoluons, de quelques manières nous approchons les problématiques qui ne manquent pas en cette période d’incertitude. Cela nous évite de nous décourager malgré tous les dangers, reste que cette période que nous vivons est passionnante, surtout lorsqu’on imagine de quels côtés vont pencher les événements. Je pense que nous sommes capables de relever les défis. Nous sommes plus résilients que nous le pensons. Il y a des gens bien qui gardent le silence, mais se sont de bonnes personnes. Elles ignorent peut-être qu’elles peuvent réaliser de grandes choses, mais tout peut arriver dans la vie. Présentement, les nouvelles sont mauvaises, ce n’est pas très engageant, mais cet état ne condamne pas la confiance en l’avenir, j’ose croire que des bonnes nouvelles vont finir par nous parvenir. Je sais, c’est mon irrésistible côté passionnel, que dire, mon côté de forcené, que vous avez si bien décrit. J’ai lu dernièrement une phrase de Hannah Arent très inspirante : « Une crise devient catastrophique que si nous répondons par des idéologies toutes faites. » À chaque fois qu’un événement déstabilisant se produit, on ne sait pas comment réagir, nos réponses toutes faites deviennent inutiles. Il faut se réinventer, trouver une solution qu’on n’a jamais imaginée, c’est à la fois inquiétant et surtout stimulant. Lorsque cela survient, alors s’installe une grande satisfaction, c’est la réussite, et vous en faites partie Carmilla, comme nous tous, comme les humains qui nous entoure. La nouvelle en fin de semaine de la fissure dans le clan Trump, c’est peut-être une petite lueur, mais à force d’enligner les petites lueurs, on finira peut-être par avoir la lumière. C’est quand même incroyable, nous sommes très éloignés l’un de l’autre, nous avons grandit dans des univers complètement différents, nous ne nous sommes jamais rencontrés, pourtant, nous communiquons en grand, c’est une manière de regarder l’autre par une fenêtre unique, de toucher l’infini d’un quotidien, et pour ma part d’avoir des nouvelles de l’Europe parce que vous êtes aussi une personne de terrain.
Bonne fin de journée Carmilla, et, ayez confiance !
Richard St-Laurent
Merci Richard pour votre appréciation sur mes petits textes.
Mais je suis sans doute aussi trop dispersée. J'ai toujours été incapable de me concentrer sur une seule discipline, une seule chose, il a toujours fallu que j'aille voir ailleurs. Ce qui fait que je ne connais rien vraiment à fond. Certains profs me l'ont reproché: j'aurais peut-être pu être une scientifique de bon niveau. Mais ça ne m'intéressait pas, j'ai préféré rester superficielle.
Je ne sais vraiment pas comment va évoluer le monde. Et c'est sûr qu'il emprunte plutôt aujourd'hui la voie des "idéologies toutes faites". C'est la montée, qui semble irrésistible, du modèle autocratique ou illibéral alimenté par une idéologie populiste, conservatrice et identitaire. Il n'y a vraiment pas à attendre de sursaut démocratique. Et d'ailleurs afficher aujourd'hui ses convictions démocratiques et libérales, c'est se faire taxer immédiatement d'impérialisme et d'exploitation capitaliste.
Dernier point: je ne pense vraiment pas que nous sommes "très éloignés l'un de l'autre". Vous n'êtes pas Chinois et je ne suis pas Turque, nous n'avons pas "grandi dans des univers complétement différents". Nous sommes, tous les deux, occidentaux et imprégnés de culture européenne. Si vous vous rendiez dans ma ville de Lviv, je pense, même si elle est sinistrée aujourd'hui, que vous n'y seriez pas tellement dépaysé. Et moi-même, quand je me suis rendue aux Etats-Unis, je ne peux vraiment pas dire que je m'y suis sentie perdue.
Je crois, en fait, à l'esprit universaliste français: on a beaucoup plus de choses en commun que de divergences. Et ça touche l'ensemble des aspects de notre vie, même les plus intimes, même les relations entre les hommes et les femmes.
Bien à vous,
Carmilla
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