Tout le monde se réjouit, aujourd'hui, de la chute de Bachar el Assad. On ne peut qu'être sensibles, en effet, à ces scènes de liesse dans toute la Syrie, à l'immense joie de ces familles qui retrouvent leurs parents, leur amis, après l'ouverture des prisons. A la détresse, également, de ceux qui apprennent qu'il n'y a plus d'espoir, que leur proche est mort, froidement exécuté sous la torture.
On peut s'interroger, évidemment, sur la personnalité de Bachar el Bassad. Comment celui qui était un jeune homme timide, éduqué (trilingue), qui ne s'intéressait initialement qu'à la médecine (l'ophtalmologie), a pu devenir un grand criminel de sang froid ? Sans doute parce qu'il prenait bien soin de s'abriter derrière la "machine institutionnelle", de ne surtout jamais rencontrer aucune de ses victimes afin qu'elles demeurent totalement abstraites.
On peut s'interroger aussi sur le nouveau pouvoir qui se met en place. On observe qu'il prend d'abord soin de se donner du temps, beaucoup de temps: 2 ans pour élaborer une nouvelle constitution, 4 ans pour organiser de nouvelles élections. D'ici là, beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts et le régime aura eu toute latitude pour "remettre les choses en place". Dans quel sens, dans quel ordre, nul ne le sait aujourd'hui.
Mais pourquoi je joue à la journaliste, pourquoi je vous parle de la Syrie aujourd'hui alors que je n'y ai jamais mis les pieds ? C'est vrai que je n'y connais pas grand chose mais le Moyen-Orient, ça a toujours été une réalité proche pour moi qui suis originaire de l'Europe Centrale.
Pour des Français, les Turcs, ça a toujours été un Empire très lointain, tellement lointain qu'il ne faisait pas très peur. Au point que, dès François 1er (alliance franco-turque de 1536 avec Soliman le Magnifique), on s'est montrés très accommodants avec lui. Au point, aussi, de lui avoir prêté main forte, au 19ème siècle, dans la guerre de Crimée contre la Russie.
Quant à l'Iran, la Perse autrefois, c'était carrément Terra Incognita. Il a fallu attendre Napoléon 1er pour envisager de renouer des relations diplomatiques. Et surtout, de concevoir, à partir de là, un projet démentiel: envahir l'Inde, sous domination anglaise, par une coalition des armées françaises et russes qui auraient fait leur jonction en Perse. L'assassinat de Paul 1er, ce Tsar délirant, a mis fin à cette aventure qui aurait changé la face du monde (la France et la Russie maîtres des Indes).
Depuis la France donc, on ne se rend pas du tout compte que le Moyen-Orient, ça a toujours été une grande marmite bouillonnante, toujours prête à exploser et source de conflits et d'angoisses. Et au sein de cette grande marmite, les protagonistes principaux (la Turquie, la Perse, la Russie, l'Europe Centrale) n'ont quasiment jamais cessé de se redouter ou de se haïr et de se faire la guerre. Mais aujourd'hui encore, en Europe Centrale, les Turcs demeurent associés à des images d'effroi.
Et il est vrai qu'en Europe Centrale, jusqu'à la bataille de Vienne, en 1683, l'avancée turque semblait irrésistible. Elle est allée, effectivement, très loin vers l'Ouest et vers le Nord. je pense souvent à une plaisanterie de mon père: "aujourd'hui, on va se promener en Turquie" et il y avait, en effet, à quelques kilomètres de notre ville de Lviv, plusieurs anciens postes-frontières avec l'Empire ottoman. Les populations concernées vivaient dans l'angoisse, tremblaient de peur. On évoquait les supplices, les massacres perpétrés. Les mentalités en ont été durablement marquées, avec une association de l'horreur et du tragique. Et on a bien oublié, en Europe de l'Ouest, que ce n'est que récemment, que les territoires des actuelles Grèce, Serbie, Roumanie, Bulgarie ont été libérés de l'envahisseur turc.
Et cette libération, il faut bien reconnaître qu'elle s'est largement faite avec le concours de la Russie. Parce que le plus grand ennemi de l'Empire ottoman, ça a été la Russie. Depuis le 16ème siècle, les deux Empires n'ont cessé de se faire la guerre (13 guerres russo-ottomanes au total). On peut ainsi rappeler que la fameuse Crimée était ottomane jusqu'à Catherine II. Il n'y avait certes aucune générosité, aucune compassion, de la part des Russes envers les peuples soumis. Outre une garantie de leur accès à des mers chaudes, leur motivation était essentiellement religieuse: restaurer la prééminence de l'orthodoxie, faire revivre Byzance. Ce sont ces innombrables guerres de religions qui ont forgé, dans les pays des Balkans, le mythe du "Tsar libérateur". Ca explique, en partie, leur attitude ambiguë, leur complaisance, envers la Russie aujourd'hui.
Et ces relations compliquées de la Turquie avec ses voisins, ça concerne, aussi, son principal rival à l'Est, l'Iran. Je connais assez bien l'un et l'autre, mais c'est étrange, en effet, à quel point ces deux pays musulmans sont si différents. Les paysages, les villes, les mœurs, rien n'est pareil. Il ne faut pas oublier que du 16ème au 19ème siècle, les deux Empires n'ont cessé de se bagarrer et il y a eu au moins 9 guerres ottomano-persanes. Quasiment, là encore, une guerre perpétuelle alimentée, elle aussi, par un conflit religieux (entre chiites et sunnites). On mentionne ça rarement mais sans cet état de guerre permanent qui a détourné une grande partie de ses forces armées, l'Europe toute entière aurait probablement été envahie par les Turcs. Quoi qu'il en soit, Turcs et Iraniens (sunnites et chiites) continuent de se combattre et se détester. Et Bachar El Assad s'est d'autant plus fait haïr qu'il appartenait à une minorité religieuse, celle des Alaouites apparentée aux Chiites (donc aux Iraniens).
Et ça ne va pas mieux en ce qui concerne les relations entre l'Iran et la Russie. Il y a eu 5 guerres entre la Russie et l'Iran au 18ème et au 19ème siècles à l'issue des quelles la Perse a perdu tous les territoires du Caucase (notamment ceux de la Géorgie, Arménie et Azerbaïdjan). Et ça s'est terminé, en 1945-1946, avec une tentative sécessioniste, appuyée par l'URSS, de l'Azerbaïdjan iranien. Toutes ces guerres perdues restent, aujourd'hui encore, en travers de la gorge des Iraniens qui continuent d'éprouver rancœur envers les Russes. L'alliance récente irano-russe, dans le cadre de la guerre contre l'Ukraine, celle de deux parias internationaux, me laisse dubitative.
Tout ce beau monde (Russes, Turcs, Iraniens) se déteste donc cordialement. Ils n'ont qu'un seul point commun d'entente : la haine de l'Occident.
Leur terrain d'affrontement indirect a donc été la Syrie. Mais il n'en ressort, aujourd'hui, qu'un grand vainqueur: la Turquie. Les deux autres, dépités, honteux, se gardent bien de s'exprimer.
D'ores et déjà, le nouveau Gouvernement syrien a annoncé une collaboration accrue avec la Turquie. Et Erdogan sera le premier des grands dirigeants à se rendre à Damas. Il ira, notamment, y prier à la Grande Mosquée des Omeyades et visiter le tombeau de Saladin.
On a déjà oublié, en Occident, qu'il a converti, en 2020, la Basilique chrétienne Sainte-Sophie en mosquée. Et on a oublié aussi qu'il a promis d'aller prier dans la mosquée de Jérusalem.
On revient plus d'un siècle en arrière lorsque l'Empire ottoman était encore tout puissant et s'étendait jusqu'en Egypte. Mais sa grande erreur a été de se ranger aux côtés des Empires Centraux (Allemagne et Autriche-Hongrie) au cours de la 1ère Guerre Mondiale. La France et la Grande-Bretagne se sont alors associées, en représailles, pour dépecer ce grand "homme malade" qu'était le Califat turc. Et ses diplomates (accords Sykes-Picot) ont alors "joué" les Arabes contre les Turcs pour créer des Etats complétement artificiels: l'Irak, la Syrie, le Liban, la Palestine.
Comme on le sait, le résultat a été désastreux dans cette partie du Moyen-Orient que l'on a arabisé. Des guerres et attentats perpétuels, la catastrophe économique, la quasi disparition des importantes communautés juives et chrétiennes. Un beau succès de la diplomatie franco-anglaise que l'on n'évoque jamais.
Mais aujourd'hui, alors qu'on contemple cet effroyable chaos (celui du Panarabisme, des Frères musulmans et de Daech), on commence à se dire que le retour sinon de l'Empire ottoman, du moins du Grand Turc et du Grand Califat, se révèle une perspective plutôt rassurante pour l'Occident. Un islamisme plus soft, moins radical, plus pragmatique, plus en phase avec l'évolution des mœurs. Un emballage beaucoup plus aimable.
Peut-être, mais ça ne veut pas dire que l'Occident n'a pas de soucis à se faire et qu'il trouvera un véritable partenaire. La voie européenne qui s'offrait à la Turquie est désormais bien écartée et ce grand Califat turc qui est en train de se reconstituer ne renoncera probablement jamais à ses rêves de domination. Le Panturquisme renaît et, depuis la chute de l'URSS, il a repris, fermement, pied dans toute l'Asie Centrale (avec deux grosses têtes de pont: l'Ouzbékistan et le Kazakhstan). La priorité, c'est maintenant de retrouver son assise arabe au Moyen-Orient. Et ça peut constituer un nouveau Grand Pôle du monde, puissant et expansionniste.
Un post sûrement trop long et sûrement pas très professionnel. C'est sans doute très subjectif mais j'écris à partir de mon histoire propre, celle de l'Europe Centrale. Je connais donc tout de même assez bien ces 3 Etats voyous que sont l'Iran, la Russie et la Turquie. Je les déteste et les aime à la fois.
Je recommande:
- Mikhaïl LERMONTOV: "Un héros de notre temps"
- Youry TYNIANOV; "La mort du Vazir Moukhtar"
Ces deux bouquins, qui ont pour cadre le Caucase et l'Iran, font partie pour moi des plus beaux livres de la littérature russe.
- Olivier GUEZ: "Mésopotamia". Un grand livre, déjà évoqué, mais dont on a trop peu parlé. Il montre bien à l'issue de quelles douteuses manœuvres, Français et Anglais se sont "amusés", durant la 1ère Guerre mondiale, à redécouper le Moyen-Orient. Avec toutes les fatales conséquences que l'on sait aujourd'hui. Mais je n'ai pas l'impression qu'on en ait tiré la moindre conséquence.
Enfin, je me rends, la semaine prochaine, dans celle qui fut "La Babylone de l'Europe". Je ne suis pas sûre de trouver le temps de poster.
22 commentaires:
Bonjour Carmilla
Et toutes ces souffrances pourquoi ?
Est-ce pour échapper à une certaine lassitude ? C’est quand même inouï, ce climat anormal de tant de souffrances. La paix et la joie ne serait que platitude, où la souffrance et la mort serait le fondement de l’existence, là où on célébrait la gloire de mourir, bien avant d’adorer les dieux. Et, on continue de souffrir, comme si c’était la valeur ultime, peu importe l’époque. La haine et la vengea s’établissent dans l’horreur, plus c’est horrible, mieux c’est ! Si du fond des âges, il fallait additionner toutes ces victimes, on manquerait de chiffre, au point de se demander si un jour cette situation aura une fin ? Tout cela baigne dans l’absurde, jadis les iraniens détestaient les russes, et aujourd’hui ils sont leurs alliés face à l’Ukraine, même comme vous le dites, ils haïssent les russes. Comment comprendre que l’on puisse être l’allié de ceux qu’on déteste ? Il semblerait que cette situation insoutenable n’existe à outrance qu’au Moyen-Orient. Vive la pluralité dans le désastre, on n’a qu’à se remémorer ce qui se déroule présentement au Liban depuis le début des années 70, ou encore cette Syrie qui se relève péniblement d’un cauchemar d’une quinzaine d’années, et je puis en rajouter, la liste s’étire comme une phase de l’éternité. Et dire, que ce fut le berceau du commerce, de la religion, de la civilisation. « Nous avons baptisé notre espèce Homo sapiens – l’homme sage. Mais on est en droit de se demander dans quelle mesure nous avons fait honneur à ce nom ». C’est la première phrase coup de poing, qui tonne comme une accusation dans le dernier ouvrage de Yuval Noah Harari, intitulé : Nexus. Avec notre naissance, notre existence aléatoire, nos malaises constants, comme une longue agonie, sommes-nous en train d’annoncer notre fin ? Nous pouvons évoquer de nombreuses raisons de cet état qui ne cesse de nous échapper, mais ce n’est même pas une mauvaise excuse. Là-bas, il n’y a pas d’excuse et encore moins de pardon. Le plus bel exemple c’est la Turquie, qui joue sur tous les tableaux. Il est permis d’avoir des doutes sur la suite des événements en Syrie. Comment ne pas penser que cela pourrait tourner comme en Afghanistan ? Dans ce coin du monde, tout est possible, surtout le pire. Il est si facile de transformer, le vert islamique en fleuve de sang. Tout ceci souligne que nous sommes incapables de régler nos problèmes. Certes, c’est un constat désolant, mais c’est la réalité. Pourquoi tant de souffrances ? Les innocents n’ont pas demandé de vivre dans ces horreurs.
Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent
Merci Richard,
Oui, aujourd'hui tout est imprévisible et donc possible. Je viens ainsi d'apprendre que vous alliez bientôt devenir le 51 ème Etat des Etats-Unis. Au nom simplement du slogan: "America First". Qu'importe le Droit international. On affiche d'abord sa force et, après, on évalue les réactions. Et il faut bien dire que celles-ci sont très molles, parce qu'on est trop policés, qu'on a peur de se fâcher définitivement et d'être sanctionnés.
C'est le grand retour de la Force dans les relations internationales. Et pour exprimer sa force, toutes les alliances sont possibles même entre ceux qui étaient, autrefois, les pires ennemis. Le Moyen-Orient, il n'est ainsi, depuis plusieurs décennies, que le théâtre d'un grand rapport de forces. Aujourd'hui, la Turquie semble en passe de l'emporter. Mais les alliances sont changeantes et les partenaires d'un jour peuvent devenir les ennemis de demain et inversement.
Les sociétés démocratiques sont, hélas, de plus en plus contestées. Et ça devient catastrophique lorsque le pays qui en était l'un des flambeaux, les USA, tourne casaque et adopte les mêmes méthodes que ceux qu'il combattait.
Bien à vous,
Carmilla
Bonjour Carmilla
Les USA sont erratiques. Ils sont toujours assis entre deux chaises, entre intervenir ou l’isolationnisme. Rappelons-nous qu’à la fin des années 30, une majorité des américains étaient contre l’entrée en guerre. Il leur aura fallu Pearl Harbor pour se réveiller. Et, maintenant, voilà que ça revient. Il y a toujours eu un courant populiste et conservateur chez nos voisins du sud. Ils sont très judéo-chrétiens, mais très égoïstes. C’est un manque de lucidité et de culture politique. Ce qui intéresse les américains, c’est la petite politique intérieure, et pour le reste, tout comme la Chine, une recherche exhaustive de matières premières et surtout d’énergie. À ce chapitre le Canada est très attrayant. Nous sommes loin d’avoir épuisé nos matières premières. Ce qui est remarquable, le Blondinet a évoqué pendant sa campagne électorale qu’il ne voulait pas se mêler de politiques internationales, et le voilà maintenant en train de se comporter comme un vulgaire colonialiste. Ça donne une idée du personnage et son manque de vision politique ! Sans oublier qu’il veut mettre la main sur le canal de Panama et s’emparer du Groenland, il a sans doute oublié qu’ils ont un traité sur le canal, et que le Groenland fait partie de l’OTAN. Pourquoi remettre en question des traités qui jusqu’à maintenant ont bien fonctionné ? Mettre la hache dans l’OTAN, c’est l’une des obsessions du Blondinet. Tant qu’à devenir de 51ième États des USA, il faut voir les réactions canadiennes, même l’ancien Premier ministre canadien, Jean Chrétien vient de faire une sortie, en publiant une lettre dans les journaux. Dans les faits comme le souligne Chrétien, Trump est en train, par ses propos intempestifs, de solidifier la solidarité des canadiens. Nous sommes un peuple pacifique, mais en état d’urgence, nous pouvons nous transformer et devenir très coriace. Ici, nous savons très bien que les américains craignent que les chinois et les russes ont des vues sur l’Article Canadien. C’est la phobie de l’invasion par le nord. Situation politique qui perdure depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais le Blondinet ignore tout cela. Comme nous le disons ici : il est d’une ignorance crasse. Il ne désire pas faire la guerre, mais il est prêt à envahir tout le monde. C’est un personnage plein de contradictions, qui ne s’occupe que d’une chose, occuper les médias quotidiennement, et ce n’est pas à l’avantage des USA. Certes, il a été élu démocratiquement, alors nous pouvons nous interroger sur la culture politique de ceux qui ont voté pour ce sinistre personnage. J’ose le dire, parce qu’on n’ose pas en parler tellement le sujet est tabou. Les électeurs américains ne sont pas conscients du poids politique international qu’ils représentent.
Je sais, je n’en n’ai pas fait mention au cours des dernières semaines. Je laissais les événements aller. Je donnais de la corde. Tous ces événements se produisent à un mauvais moment pour nous, alors qu’on se disputait dans le parti libéral, que les conservateurs sont en avance dans les sondages, que le Premier ministre devait gérer plusieurs crises politiques. La dernière année n’aura pas été facile pour Justin Trudeau. Il a dit : Je vais démissionner parce que je ne peux pas être l’homme de la situation et être aux prises avec des problèmes politiques à l’intérieur de mon propre parti. Puis, il faut tenir compte de l’usure au pouvoir après dix années aux affaires de l’État. La présente législature va être prorogé jusqu’à la fin de mars, donc nous devrions être en élection le printemps prochain. Tout cela s’est produit pendant que nos voisins du sud étaient en campagne électorale présidentielle, que la situation internationale demeurait incertaine, sans oublier les conflits qui sont loin de leurs conclusions, je pense ici à l’Ukraine sans oublier Israël. Ça craque de partout. Situations qui sentent l’impuissance, le manque de volonté, où le réveil, s’il survient, risque d’être douloureux. Comme citoyens nous ne pouvons pas nous détourner de la politique, présentement l’indifférence n’a pas sa place, pas plus en Europe qu’en Amérique. Je dirais que c’est notre devoir primordial de citoyens. Il ne suffit pas d’être responsable dans notre vie privée, il faut l’être aussi tant niveau public que politique. Sur le fond, le gouvernement comme institution démocratique, c’est nous ! Et ça nous avons tendance à l’oublier. J’entends souvent ces propos, que les citoyens n’ont pas de pouvoir et que les élections ça ne donne rien. Déjà avec nos droits de votes, nous sommes le pouvoir, nous faisons parti d’un tout, même si nous débattons entre nous, même si nous perdons une élection, le cadre est et reste toujours en place. C’est la seule garantie de pérennité. C’est la différence entre l’asservissement et la liberté. C’est aujourd’hui que nous pouvons nous rendre compte que nous avons vécu une longue période facile en Amérique du Nord, mais que les choses pourraient tourner, et sans doute pas à notre avantage. C’est un risque bien présent. Tout ce qui se déroule sous nos yeux présentement, c’est du gaspillage politique, nous épuisons des compétences devant des clowns médiatiques, ce qui ne devrait pas nous réduire à l’impuissance. Nous valons plus que cela, oui, beaucoup plus que nous l’imaginons. Je dirais même que cela devrait être notre désir primordial.
Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent
J’ai relu votre texte Carmilla
Je les déteste et les aime à la fois.
Je vous sens déchirée, car il est difficile dans l’ambiguïté des sentiments, entre l’amour et la haine, de voguer entre ces deux extrêmes. Ce n’est pas une mince affaire. Il faut beaucoup d’énergie pour vivre un tel genre de réalité, c’est à la fois épuisant et douloureux, parce qu’il n’y pas de pont entre les deux. Je sens votre attachement que vous manifestez fréquemment dans vos textes pour ces civilisations, l’Europe de l’Est et le Moyen-Orient. Ce dernier texte n’est pas trop long, et je dirais même qu’il est lumineux et vrai, du véritable travail d’historienne et de journaliste. Vous venez de mettre vos sentiments sur la table. Il y a de quoi saluer votre courage et votre modestie. Vous la grande voyageuse, vous êtes maintenant réduite à être confinée à l’Europe de l’ouest. Pas question de voyager au travers ces pays qui sont en proies à la violence et à l’incertitude. Et les choses ne sont pas en train de s’arranger. Je n’ai pas l’impression que les événements vont dans le bon sens de celui que nous souhaiterions. Nous frôlons le désastre et la perte. C’est comme si tout nous glissait des mains. Le temps s’étire et rien ne s’arrange. C’est comme un long plongeon sans fin. Notre monde se rétrécit, notre horizon se bouche, mais nous devrons passer au travers, essayer de voir plus loin, comme celui ou celle qui aime passionnément une personne, partagé entre l’amour et la haine. C’est l’image qui me vient à l’esprit. Je reconnais que nous avons été chanceux nous en Amérique, nous n’avons pas connu la guerre et ses destructions. Qui sait, dans ce climat d’incertitude, nous pourrions y être plongé. Espérons qu’on pourra éviter cela, mais rien n’est moins sûr. Alors il faut envisager le pire, tout en se disant que le pire n’est pas certain.
Bon voyage à Envers, grand bien vous fasse
Richard St-Laurent
Merci Richard,
Je ne crois pas que Trump envisage sérieusement d'annexer le Canada ou le Groenland ou Panama etc...
Mais c'est d'abord sa tactique: faire peur pour établir un rapport de force. Et à partir de là, de cette peur suscitée, contraindre son interlocuteur à des concessions.
Il n'est pas très différent de Poutine, en ce sens, ce dernier étant toutefois probablement plus extrémiste, car n'hésitant pas à recourir à la guerre.
Mais c'est une tactique du chantage qui est odieuse, absolument contraire aux règles du Droit international. Avec Trump, les USA ne peuvent plus se prévaloir d'être les flambeaux de la Démocratie dans le monde.
Et le pire, c'est que ça marche et même très bien. Personne n'ose froisser, irriter Trump de peur de sanctions. Tout le monde marche sur des oeufs, les dirigeants européens n'ont rien dit et font assaut de servilité. C'est la lâcheté généralisée. Zuckerberg n'est sans doute pas sincère dans son ralliement. Il sait bien cependant qu'il risque, sinon, de voir son entreprise démantelée.
Trudeau était, me semble-t-il, quelqu'un de bien mais c'est sûr que Trump le déteste absolument et s'apprêtait donc à déstabiliser le Canada pour le contraindre à partir.
On assiste, en ce moment, à un effarant recul des valeurs démocratiques dans le monde entier.
Et il est vrai que c'est déstabilisant pour moi-même, à titre individuel. La Russie, c'est tout de même une langue et une culture. Je peux m'y rendre mais c'est moralement impossible.
La Turquie, c'est un pays magnifique avec une histoire extraordinaire. On peut s'y rendre sans difficultés mais que d'interrogations suscitées. Ce n'est plus du tout le même pays.
Quant à l'Iran, s'y rendre, à titre individuel, est devenu risqué pour un occidental. On a vite fait de vous arrêter pour vous utiliser comme monnaie d'échange.
Donc oui, mes possibilités de voyages se sont bien réduites.
Bien à vous,
Carmilla
Bonjour Carmilla
La lâcheté est l’un de nos défauts les plus méprisable, qui ressemble à la trahison paresseuse, entre la haine et la soumission. Il n’y a pas de quoi être fier. C’est un sujet récurrent qui revient dans notre Histoire humaine. Que nous n’osons pas analyser tellement qu’elle est blessante. Terreau favorable au désengagement et à l’oubli, au recul et au désengagement, où la confiance prend le bord pour se résumer à un piétinement de l’honneur.
Cette lâcheté qui s’étale devant nos regards médusés me fâche. Après, nous finissons toujours par en payer le prix fort, et nous n’apprenons plus, après l’horreur, que cela se reproduira encore. Mais ça revient comme un malaise chronique, une maladie incurable, qui profite de nos faiblesses, pour nous contraindre à la soumission. Après, nous utilisons nos supers compétences pour torcher nos dégâts. Nous ne sommes pas regardant sur nos gaspillages. Nous pouvons dormir sur nos deux oreilles en oubliant volontairement ceux qui défendent leur patrie. On les accuse même de lutter et de croire en des idéaux, fondement de nos avancements, en se débarrassant de ceux dont l’intelligence brille trop. Et cette lâcheté se transforme en médiocrité en attendant de descendre encore plus bas dans l’ignominie.
Est-ce tout ce dont nous sommes capables ? Pour les plus lucides, nous en sommes les tristes spectateurs. Nous observons le déroulement d’un cauchemar sans fin, et butant sur les questions : Comment cela est-il possible ? Comment cela s’est-il produit ? Toute cette procession qui s’agenouille devant le nouveau maître fabulateur, à la vérité, nous préférons le mensonge décadent. Aux braves, nous préférons les lâches en les idolâtrant. Nous adulons ainsi, les adulateurs de la transgression du droit. C’est ainsi, qu’un criminel peut devenir le maître d’un pays. Et nous laissons faire en toute lâcheté.
Ce qui me rappelle une chanson de Bob Dylan, intitulée Blind Wellis Mc Tell, que Francis Cabrel a adapté en français, où il est question de chaînes, de soumission et d’esclavage.
Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent
Merci Richard,
Sur la lâcheté, vous avez raison dans l'absolu.
Mais encore faut-il que les rapports de force soient à peu près égaux.
Et que pèsent le Danemark, le Canada, la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, considérés isolément face à la puissance économique des USA ? Trump peut facilement porter des coups très forts à l'économie de chacun d'entre eux en relevant fortement les droits de douane.
Et si les USA peuvent, sans trop de dommages, se passer d'importations en provenance de ces différents pays, il n'en va pas du tout de même pour ces derniers.
La seule solution, ce serait que les Européens soient capables d'adopter une position commune vis-à-vis de Trump. Mais on est très loin de cela. Le malheur, c'est que l'Europe n'a pas avancé et n'avance pas. Elle est même de plus en plus divisée et de nombreux populistes (en Autriche, Croatie, Italie, Bulgarie, Slovaquie, Hongrie, Roumanie) s'attachent à la faire exploser. Ces dissidents, qui récusent l'Etat de Droit, il faudrait parvenir à les mettre à l'écart.
Mais aujourd'hui, on préfère, en effet, ne rien faire et encaisser les coups en souriant.
Et sur l'Ukraine, affaire qui relève pourtant en premier lieu de l'Europe, il est évident que Trump a pris en mains le dossier et qu'il règlera directement le sujet avec Poutine sans même que l'Europe et l'Ukraine aient leur mot à dire. Et tout le monde sera prié de faire semblant d'être content.
Bien à vous,
Carmilla
Bonjour Carmilla
En économie, il y a un principe incontournable, il faut vendre, mais aussi acheter, autrement dit il faut échanger, donc il faut favoriser les échanges, autrement ça ne fonctionne pas.
Si tu commences à imposer des droits de douanes sur les importations, tu brises les échanges, ce qui n’est pas très favorable pour commercer. On appelle cela une guerre commerciale.
L’élite politique canadienne, tous parties politiques confondus font des pressions sur les américains pour leur faire comprendre que ce n’est pas à leur avantage de procéder ainsi.
Je pense que les américains ont compris cela, du moins pour ceux qui commercent, mais aller donc faire comprendre à cet enfant gâté qui fait de la politique comme si c’était un jeu, qui s’imagine qu’en imposant des droits de douanes, les industrielles américains qui ont des usines au Canada, vont retourner aux USA pour échapper à ces droits de douanes.
La situation économique est nettement en notre faveur, notre dollar vaut $070 cents américain, notre balance commerciale est nettement positive pour le moment. Nous pouvons exporter à volonté. Et c’est cette différence qui fait saliver et dérange le Blondinet. Qui plus est, ils ont des besoins énormes, non seulement en matières premières, mais aussi en produits finis, en biens et services. Ce n’est pas toujours un avantage d’avoir une monnaie forte pour un pays surtout au niveau des exportations. Ils sont moins compétitifs pour cette raison. Si problème il y a, c’est celui-ci, en installant des droits de douanes à l’importation il se tire dans le pied tout en rêvant que le reste du monde va s’installer chez eux, et qu’il pourrait faire travailler tous les américains et même plus. Ironie de l’affaire, pour se faire, il va avoir besoin d’émigrants, comme ils auront besoin de bois de construction pour rebâtir en Californie après les feux. Et, qui va fournir le bois ? Le Canada.
La générosité des Canadiens et des Québécois est reconnue à travers le monde. Présentement, on leur fournir des pompiers forestiers et des avions citerne pour combattre les feux en Californie, et tout ce que trouve à faire cet imbécile patenté, c’est de nous mépriser et de nous cracher dessus, comme il a humilié le Gouverneur de la Californie !
Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent
Certes Richard,
Le libre-échange est ce qui est a permis le développement économique du monde entier. Mais il est difficile de faire comprendre cela aux "nationaux" qui s'estiment toujours victimes d'un échange inégal, qui ne perçoivent pas que la concurrence étrangère leur permet de spécialiser davantage et de gagner en qualité.
La Chine populaire et l'ensemble du monde communiste ont pourtant vécu en quasi-autarcie avec les brillants résultats que l'on sait.
S'agissant des Etats-Unis, il faut toutefois préciser que, du fait de leur masse propre, le commerce extérieur n'est pas aussi déterminant pour leur économie. Par rapport à leur marché intérieur et la globalité de leur économie, leurs échanges avec l'étranger représentent une part bien moins importante que celle des pays européens et sans doute, aussi, du Canada.
Contrairement à ce qu'on pense, les USA ne sont pas, en données relatives, un grand pays exportateur et importateur. Des sanctions économiques, des restrictions, les affecteraient sans doute beaucoup moins. Ils peuvent se passer du Canada ou de la France mais le Canada ou la France ne peuvent se passer des USA.
Voila encore une réalité bien contrariante. Qu'on le veuille ou non, les USA sont en positon de force.
Bien à vous,
Carmilla
Bonjour Carmilla
Les américains ont toujours eu de la difficulté à soigner leur dichotomie entre leur économie et leur politique, surtout extérieure. Une large partie de leur population pensent qu’on peut tout régler au niveau mondial seulement avec l’économie, c’est l’une des raisons pour laquelle, leur politique brouillonne ne les avantage pas. Nous venons d’en vivre un exemple incontournable avec les dernières élections présidentielles. Ils n’ont jamais assez de puissance, ils en désirent toujours plus. Lorsqu’on est aussi puissant, on ne peut pas dételer la politique de l’économie, il faut que ça forme un tout. C’est l’une des raisons majeures de leur diplomatie déficiente. Ce qui n’est pas inintéressant. S’ils possédaient une diplomatie compétente, les problèmes au niveau international se règleraient plus diligemment. En d’autres mots, ils n'ont aucune tradition diplomatique. Ils ont édifié leur pays dans la méfiance de la politique envers leur gouvernement. Ce qui explique, qu’ils ont un système politique compliqué, qui trouve ses sources dans celui des premiers émigrants qui sont arrivés aux USA, et qui a été renforcé lors de leur indépendance, dans cette méfiance maladive de l’autorité. Le moins de gouvernement possible. Ce n’est pas une surprise lorsqu’on nous annonce que ceux qui seront au pouvoir la semaine prochaine, veulent supprimer la moitié de la fonction publique fédéral. Comment ne pas être inquiet devant des propos comme : Votez pour moi, et vous n’aurez plus jamais besoin de voter ! (Propos tenu par le Blondinet lors de la dernière campagne électorale). Certes, il y a eu de grands présidents aux USA, mais la liste des franchement mauvais est beaucoup plus longue. Et le dernier en date de retour aux affaires, est le pire de tous. C’est l’une des caractéristiques de ce pays. Ce qui leur permet d’avoir une économie flamboyante, et une politique déficiente. Et, cela fonctionne. Pas besoin de se préoccuper de la politique, pourvu que l’économie fonctionne. Mais, lorsque tu ne t’occupes pas de politique, cette politique vient te chercher par en arrière. Elle vient jouer les trouble-fêtes. C’est une notion que non seulement, les américains ignorent, au pire, qu’ils ne veulent pas comprendre et qu’ils rejettent. Ce qui se résume à un manque de culture politique. Pour ne pas employer l’expression, d’une ignorance crasse et volontaire. Nous les canadiens, nous avons l’opportunité de les avoir comme voisins. Je reconnais qu’ils ne sont pas reposants, mais ils nous forcent continuellement à nous dépasser et à négocier finement. Ce qui explique pourquoi, le Canada ne peut pas devenir le 51e étant américain, parce que nous sommes différents, et que nous tenons à cette différence.
Avec les américains, tout, est tout le temps, remis en cause. Dans les faits nous sommes toujours en négociation, et s’il en est ainsi, c’est parce qu’ils sont des gros consommateurs de matières premières pour alimenter non seulement leur industrie lourde, mais aussi leur consommation intérieure. Nous sommes courtisés, et pas seulement par les américains. Se serait sans doute une mauvaise stratégie de nous larguer, parce qu’il y a d’autres pays qui cognent à notre porte, en autre la Chine qui fouille dans bien des recoins de cette planète pour des matières premières, sans oublier les russes qui désirent nous asservir par leur impérialisme, ce qui pourrait nous mettre dans des situations embarrassantes voir dangereuses. Déjà que les chinois se sont mêlés de politique intérieure au Canada avec des ingérences dans notre système politique. Quelle serait la réaction des américains, si le Canada, par malheur, passait sous la botte d’une puissance étrangère ? Nous sommes au milieu de toutes les convoitises, je vous laisse le soin d’imaginer le reste. Qui plus est, ne pas oublier le passage du nord-ouest, qui avec le réchauffement, sera beaucoup plus praticable. Il est toujours question de commerce, mais aussi de politique, et de hautes diplomaties acrobatiques, ce qui dépasse complètement les lubies du Blondinet. Nous ne sommes plus dans le même univers. L’autarcie n’est pas une solution pour les américains. Certes ils pourraient vivre dans cette autarcie, et abandonner le restant des pays du monde à une dérive dangereuse. La planète est sans doute trop petite pour se livrer à ce genre d’exercice. Dans les circonstances que nous vivons présentement, le complexe de supériorité peut être difficile à assumer de la part de nos voisins, d’autant plus qu’ils ont toujours eu des problèmes à assumer ce qui leur a été imposé par les événements historiques, exemple les deux guerres mondiales. Ils sont arrivés au sommet du monde par accident, et ils ne s’y attendaient pas, ni le souhaitaient. Aujourd’hui, c’est devenu pour eux, un problème existentiel. Ce qu’ils résument à l’Amérique en premier, et le restant de l’humanité à l’avenant. Écarteler entre le mondialisme et l’isolationnisme dans une espèce de psychose récurrente, où nous pouvons voir Musk, se balader en Allemagne pour humilier le chancelier et fraterniser avec l’extrême droite. Visite, qui nous laisse dubitatif. Ce qui ne mérite certainement pas le vocable de diplomatie, genre de bricolage à la pièce. Ça rime à quoi cet épanchement mauvais entre le mondialisme et l’isolationnisme ? Est-ce que les USA seraient vraiment capables de vivre en autarcie ? Du moins, ce n’est pas le signe que le président désigné laisse voir.
Nous oublions souvent, que les USA ont d’énormes problèmes intérieurs, une pauvreté récurrente, un système de santé déficient, on n’a qu’à se rappeler la gestion de la pandémie avec ses nombreuses victimes, ce qui n’aurait pas dû être le cas dans un pays aussi avancé technologiquement, une inégalité sociale effarante, une circulation d’armes à feu sidérante, un taux de violence incontrôlable, un système de justice asymétrique où tous ne sont pas égaux devant la loi, (nous venons d’en voir un exemple probant), un système pénitencier déplorable : et pourtant cette société fonctionne, ce qui est très étonnant. Est-ce que ce peuple est prêt pour l’autarcie ? C’est peut-être les pauvres qui sont le plus armé pour l’autarcie, parce qu’ils connaissent la misère. Particulièrement ceux qui ont voté pour Trump, il suffit de regarder la carte électorale de la dernière élection. Ce qui ressemble à un déni des élites du pays, un refus de la connaissance, où la parade se résume à demeurer dans sa médiocrité, lorsqu’on entende de ce côté-ci de la frontière, que les Canadiens sont tous des communistes, parce que nous disposons d’un filet social qu’ils n’ont pas, et qu’ils ne veulent pas bâtir, ce qui les soulagerait de beaucoup de problèmes. Cette manière de faire porter le blâme sur les autres, manière dont le Blondinet se sert abondamment pour humilier ses adversaires. Il faut trouver un coupable, sortez le goudron et les plumes. On sent que tout cela pèse lourd sur cette société américaine. Certes, ils sont puissants, mais il ne faudrait pas oublier leurs faiblesses de toutes leurs disparités, et je vous assure que cela pèse lourd dans la balance. Pour reprendre vos paroles : c’est une réalité bien contrariante. Ils sont puissants, mais ils ne savent pas utilisés leurs forces, et surtout ils ne savent pas la doser. Je me souviens juste avant que la guerre en Irak commence, les américains nous avaient inciter à participer à ce conflit et nous avions refusé. Nous pouvons encore dire non. Nous savions que les Irakiens n’avaient pas d’arme de destruction massive, et de notre part, ce fut une bonne décision, tout comme celle de la France d’ailleurs. Il faut se souvenir de l’excellent discours de Dominique de Villepin à l’ONU. Dommage qu’il possède la plus grosse armée au monde, et qu’ils ne possèdent pas la diplomatie qui pourrait l’accompagner. C’est pour toutes ces raisons que je viens d’évoquer, que les USA ne sont peut-être pas aussi puissants que nous l’imaginons, et que tourner le dos au monde ce n’est peut-être pas la meilleure solution. OUI, NOUS POUVONS ENCORE DIRE NON. Que cela reste notre prérogative.
Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent
Sans oublier au travers de toutes mes lectures celle de Charles-Philippe David, qui est professeur titulaire de science politique fondateur de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l’Observatoire sur les États-Unis, Université du Québec à Montréal. Qui a publié un petit livre qui s’intitule : L’aigle en péril. La politique étrangère américaine à la croisée des chemins. C’est très bien écrit, clair, net et limpide. Lecture que je recommande, publié chez : Somme toute Le Devoir
Richard St-Laurent
Merci Richard,
Je connais trop mal les USA pour oser exprimer un avis tranché à leur sujet. Disons que j'ai adoré New-York pour son extraordinaire cosmopolitisme. Le reste du pays m'apparaît d'un ennui mortel. Le triomphe de la banalité. Et puis, je n'apprécie pas la littérature américaine. C'est d'un prosaïsme sidérant.
Pour en revenir à l'actualité, je crois que Biden a été un grand Président et un digne représentant de l'idéal démocratique américain.
Il me semble que Trump tourne le dos à ce qui avait façonné, jusqu'alors, la politique américaine. On ne peut absolument pas le comparer aux Bush, père et fils, ou à Reagan. Il y avait, chez ces derniers, un idéal cosmopolite, une volonté d'exporter les valeurs du monde libre. Ca allait jusqu'à des interventions extérieures évidemment critiquables. Mais Reagan a tout de même favorisé la chute du communisme, ce qui n'est pas rien.
Avec Trump, c'est le repli des USA sur eux-mêmes, c'est "America first". Il n'y a donc aucun altruisme à attendre de leur part. Les autres pays, il leur est surtout demandé de ne pas embêter les USA, de ne pas leur compliquer la vie avec leurs conflits et leurs guerres, de ne pas faire entrave à leur business. Pour cela, on veut imposer aux autres des traités inégaux.
Mais il faut aussi avoir le courage de considérer une réalité incontournable. Il n'y a plus de grand rival politique, culturel et économique, aux USA. L'Europe est en voie d'effacement et c'est l'Europe elle-même, en plein décrochage depuis le tournant du siècle, qui est responsable de son funeste destin. Et c'est cette faiblesse, économique, politique, culturelle, qui donne les coudées franches à Trump.
Et en l'absence de véritable concurrent sur la scène internationale, face à cette Europe affaiblie, l'Amérique veut imposer ses règles. Trump exige des membres de l'Otan une revalorisation de leur effort militaire, il veut mettre la main sur le Groenland, il envisage de casser tous les modèles sociaux et économiques.
Les "traités inégaux", c'est ce qui avait cours au XIX ème siècle (avec la Chine notamment). Trump remet ça à la mode. C'est humiliant et on sait, aujourd'hui, ce que ça a, ensuite, donné (on ne peut pas dire que les Chinois adhèrent aux valeurs européennes).
Bien à vous,
Carmilla
Bonjour Carmilla
Je souligne que New-York, ce n’est pas les États-Unis d’Amérique, comme plusieurs le soulignent, ce n’est pas l’Amérique profonde, celle des campagnes et des vastes espaces. J’affirme même que c’est un lieu assez particulier, surtout avec son progressisme, son originalité, et son multiculturalisme. Ce qui explique son originalité qui en fait un bastion démocrate. Mais le reste du pays est loin d’être d’un ennui mortel. C’est un univers qui bouillonne continuellement. Lire les auteurs américains c’est ouvrir un monde particulier, ce qui permet de mieux les comprendre. Je prends par exemple Paul Auster qui est un pur New-yorkais, qui a une vision très singulière sur sa société. Le lire c’est comme prendre un bain de foule, c’est pénétrer dans des familles dysfonctionnelles, c’est l’un de mes auteurs favoris que je relis continuellement. Et puis, il y a tous les autres en partant de Melville, en passant par Steinbeck, Faulkner, Bellow, qui a leur manière demeurent des auteurs critiques de leur époque, des auteurs sociaux. Il y a les incontournables, comme Auster que je considère comme le plus universaliste très ouvert sur le monde, très différent des aventuriers comme Hemingway et Harrison qui sont toujours en train de battre la campagne pour se livrer à la chasse aux gros en levant le coude. Sans oublier un intellectuel d’une grande classe, un peu à part, William Styron pas très éloigné de l’inclassable Henry Miller, qui demeure l’antithèse du puritanisme américain, et finalement John Irving toujours d’un réalisme poignant. Il y a sans doute bien d’autres auteurs américains que je ne connais pas. Lorsque je pense à tous ces auteurs, je me sens très loin de Trump. Malgré tous les événements présents, les États-Unis d’Amérique demeurent un pays fascinant, difficilement réductible à sa plus simple expression.
Est-ce que Biden aura été un grand président ? La question est posée par plusieurs, vous n’êtes pas la seule, Charles-Philippe David le considère comme comme un président moyen, mais il reste un vieux routier de la politique américaine, un type exigeant, curieux de tout, d’une grande classe. Je me demande si on peut qualifier ses hésitations de procrastinations ?
Je reconnais que la réalité présente n’est pas très encourageante, mais nous n’avons pas le choix, il faudra faire avec. Comme vous le dites, il faut avoir le courage de considérer les choses. Je sens que vous avez mal à votre Europe. J’ai cru, sans doute à tort, que l’Europe serait soudée derrière l’Ukraine, ce qui ne s’est pas avéré et c’est dommage. Ce qui est désolant et je sympathise avec vous.
Ce qui obnubile les américains présentement, c’est la montée en puissance de la Chine. Ils ont les yeux tournés vers l’Asie du Sud-Est. Ce qui incite le Blondinet à laisser tomber l’Ukraine pour chérir une autre marotte qui se transformera sans doute en piège à con. Mais essayer de séduire Xi Jinping, ou encore pire de le menacer, ça ne suffira pas. Les chinois en ont vu d’autres. Et l’impulsivité de Trump ne doit pas les impressionner. Les chinois ne sont pas très bavards sur la venue de cet énervé. Ils ont tout le temps pour eux. Cette Chine, est peut-être la nation qui compte le plus sur le temps long. Je pense même que les chinois présentement sont en train de faire les poches aux russes. S’accaparer de richesses naturelles, à bas prix, c’est une aubaine qui ne se refuse pas. Jinping est sans doute le seul parmi les dirigeants mondiaux à pouvoir dire ses vérités à Poutine, sans doute à petite dose, sans éclat, comme à un allié de circonstances, parce que cet allié a besoin de vous et ça les chinois le savent depuis longtemps. Ils n’ont rien à faire avec les valeurs européennes, car leur seul fondement dans cette échelle des valeurs, c’est eux-mêmes.
Nous étions partis de la renaissance de l’Empire ottoman, pour en faire un véritable tour du monde. Ne pas oublier, qu’Israël vient d’imposer ses vues, voilà ce que ça donne lorsqu’on frappe fort, on obtient ce que l’on veut, si on avait supporté l’Ukraine de la même manière qu’Israël, se serait terminé là-bas aussi.
Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent
Merci Richard,
Effectivement New-York, ça ne représente pas les USA. Si c'était le cas, comme vous le précisez bien, Trump aurait subi une lourde défaite électorale.
Le reste du pays, ça ne m'inspire guère mais il serait vraiment prétentieux, de ma part, d'exprimer un jugement.
Quant à la littérature américaine, j'exagère bien sûr et je l'ai quand même lue. Mais elle m'apparaît prosaïque, engluée dans la quotidienneté. Je n'y perçois pas d'interrogation existentielle.
Quant à la Chine, c'est vrai qu'elle est en train de faire de la Russie son vassal. Et ça devient un énorme problème. J'interroge à chaque fois les Russes que je connais: ça ne vous dérange pas, vous qui vous prétendiez européens, vous qui êtes franchement racistes, d'être maintenant assimilés à ces barbares asiatiques que vous méprisiez tant ? Mais je n'obtiens pas de réponse. On me dit simplement que c'est provisoire.
Quant à Israël, je ne suis pas sûre du tout que ce soit terminé. Il ne s'agit que d'un cessez-le-feu et non d'un accord de paix. Et les simples évolutions démographiques font craindre une disparition ou, du moins une marginalisation complète, d'Israël.
Bien à vous,
Carmilla
A la désolante perspective de voir Trump revenir au pouvoir lundi, je regrette encore plus le départ du secrétaire d'Etat Anthony Blinken. Sans connaître tous les détails de son action, je trouve que c'est un homme politique d'une grande classe, d'une grande humanité. J'aurais été très heureux qu'il soit président.
Merci Nuages,
Je partage votre point de vue. Anthony Blinken est, en effet, un homme absolument remarquable: très cultivé, intelligent, démocrate, sympathique.
Mais je ne sais pas s'il aurait eu plus de chances que Kamala Harris d'être élu. Le problème, c'est qu'il y a maintenant une haine générale, pas seulement aux USA, des élites.
J'étais chez vous ces derniers jours, à Anvers. Très beau, très intéressant. J'y ai vu aussi une belle exposition Ensor. J'ai quand même été surprise par le faible bilinguisme de la ville. Il n'y a surtout aucune inscription publique en français. On m'a même dit que la réglementation l'interdisait. Consternant.
Mais maintenant, je suis en Hollande: Delft et La Haye.
Bien à vous,
Carmilla
Oui, en Belgique, à part la région de Bruxelles, officiellement bilingue (bien qu'à très forte majorité francophone), les régions sont unilingues. Le néerlandais est la seule langue officielle en Flandre, de même que le français est la seule langue en Wallonie.
Pour être complet, il faut mentionner la petite région de langue allemande (Eupen - St-Vith), qui fait partie de la province de Liège, et où la langue officielle est l'allemand.
Merci Nuages,
J'avoue mal comprendre cela. C'est dommage tout de même. Parler plusieurs langues, c'est tout de même une richesse et puis, vous faites partie du même pays. Mais je connais trop mal pour pouvoir juger.
Cela étant, tous les Belges que j'ai rencontrés se sont montrés particulièrement sympathiques et accueillants quand je leur disais que j'étais Française (ce qui est un demi mensonge).
Bien à vous,
Carmilla
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