vendredi 28 décembre 2007

Incandescence de la nuit


















Tadeusz Kantor

Lvov, mon beau labyrinthe personnel : bonheur de vivre dans un monde protéiforme, sans repères fixes. Aérienne légèreté de celui qui ne se sent tributaire d’aucun lieu, d’aucun pays, d’aucune culture. Etrange liberté de celui qui vit dans une dictature parce qu’il se sent dégagé de toute responsabilité et pense pouvoir agir dans une sorte d’innocence perverse, sans bien ni mal.

Que l’on puisse éprouver de l’allégresse dans un monde malgré tout sinistre, que la grisaille et la laideur paraissent tout à coup incandescentes et soient vécues avec intensité, c’est ce paradoxe que j’ai le plus de mal à traduire ici…ici, en Occident, où tout est neutre, tiède, indifférent et où les choses rayonnent d’une évidente simplicité.

S’y ajoutait un sentiment d’apocalypse joyeuse dans l’implosion de l’empire soviétique. Tout s’effondrait, nous vivions au bout du monde, dans des villes complètement déglinguées, dans une ambiance de lendemain de guerre, de torpeur, de déshérence : corruption, affaissement généralisés, efflorescences monstrueuses de salpêtre qui rongeait les immeubles jugendstil, fondrières géantes, relents nauséeux d’égouts et de pourriture, rhizomes ocres de la rouille rongeant les derniers vestiges de la société industrielle. Tout devait être lugubre, sinistre, et pourtant rien n’était triste dans cette ville d’une joyeuse mélancolie. L'innocence et la folle gaieté du volcan…

2 commentaires:

Unknown a dit…

Vous nous parlez d'une ville ukrainienne et illustrez votre billet d'une oeuvre d'artiste duquel j'aurais plutôt vu pour illustrer votre billet évocateur de voyages ardents et quelques peu fébriles, hasardeux tout autant que risqués, j'aurais plutôt vu de cet artiste cette oeuvre...... http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/72/Podkowi%C5%84ski-Sza%C5%82_uniesie%C5%84-MNK.jpg,

Mais bon,

Bonne journée!

Carmilla Le Golem a dit…

Sans doute mais cela est déjà bien ancien pour moi. Je débutais simplement mon blog. J'espère m'être un peu améliorée depuis.

Carmilla