vendredi 4 décembre 2009

L’ange déchu


Depuis les états baltes, il est facile, via Tallinn, de gagner Helsinki. Je prenais un magnifique hydroglisseur, le Super Sea Cat, qui vient malheureusement, parait-il, de disparaître.

La Finlande, c’est très curieux. C’est un pays qui a été opprimé par les suédois puis par les russes qui y ont laissé une forte empreinte : on parle encore beaucoup suédois et l’architecture évoque souvent irrésistiblement la Russie.
On dit qu’Helsinki ressemble à Saint Petersbourg mais je trouve qu’il faut vraiment beaucoup d’imagination pour penser cela. C’est vrai cependant que, pendant la guerre froide, on tournait à Helsinki les films censés se passer en Union Soviétique.
J’aime bien la Finlande parce qu’on a l’impression d’être dans une sorte de bout du monde, confus et indistinct, presque toujours perdu dans les brumes et la grisaille. Rien n’est net, aigu, solide, tout est flou, spongieux, élastique. Ca me rappelle toujours un film de Ruy Guerra, « Tendres chasseurs », tourné à Saint Pierre et Miquelon.

A Helsinki, j’aime beaucoup les boîtes de jazz et l’architecture art nouveau, art déco. La gare centrale est époustouflante, sûrement la plus étonnante d’Europe.

Et puis, j’adore la statue symbole de la ville. Elle s’appelle Havis Amanda et surmonte une fontaine qui est un lieu de rencontre privilégié.




Surtout, je suis fascinée par le peintre Hugo Simberg et son extraordinaire tableau « l’ange blessé » (1903) qui a été reconnu, récemment, peinture nationale de la Finlande.

Un ange blessé, c’est une figure presque scandaleuse. C’est la corruption par le mal d’une image qu’on voudrait parfaite et asexuée.

L’ange blessé de Simberg me fait toujours penser à l’ange pleureur de la cathédrale d’Amiens. Là aussi, c’est une représentation, paraît-il, unique et d’autant plus troublante.



Hugo SIMBERG, photo Carmilla le Golem (SIGMA DP2)

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