vendredi 25 décembre 2009

с Рождеством, Wesołych Świąt,…le banquet des morts


Evidemment, vous allez trouver que mon illustration n’est pas de très bon goût pour une soirée de Noël, mais est-ce qu’on peut demander à une vampire d’avoir bon goût ?


Et puis, il s’agit d’une image de mon amie Natalie Shau, en passe de devenir mondialement célèbre. Natalie est une lituanienne de Vilnius mais elle a aussi des origines mongoles et a beaucoup vécu à Londres. Natalie se met le plus souvent elle-même en scène. Elle a trouvé une partie de son inspiration à Vilnius même; la tendance gothique y est très forte chez les jeunes filles et puis on y adore la figure du diable.

Surtout, ce tableau de Natalie Shau constitue pour moi une parfaite illustration d’un article extraordinaire de Claude Levi-Strauss : « Le père Noël supplicié ». Il vient d’être republié dans la revue « Philosophie magazine » de ce mois.

On y apprend que les fêtes de Noël, avec leurs orgies de cadeaux et leurs repas fastueux, ne sont pas tellement une manifestation profane ou l’apogée de la société de consommation. Deux choses essentielles se jouent en réalité dans les fêtes de Noël : d’abord, une sorte de rite d’initiation qui vient marquer la frontière entre les enfants et les adultes. Les enfants se voient confirmés dans leur exclusion de la société des hommes par l’ignorance de certains mystères.

Plus profondément, derrière cette opposition entre les enfants et les adultes se joue une opposition entre les vivants et les morts. Dans la dynamique de l’échange, du don et du contre-don, les enfants occupent la position des morts qui viennent harceler et tourmenter les vivants.
Cela est évident dans les fêtes d’Halloween mais c’est également manifeste dans les fêtes de Noël ; les adultes, en offrant des cadeaux aux enfants, les offrent, en fait, à l’au-delà et cherchent un bref compromis, durant le quel seront suspendues toute crainte et toute amertume.
Avec le cadeau de Noël, nous rejouons un rituel très païen et demandons aux enfants de nous aider à ne pas mourir et à croire en la vie.
Et le repas du réveillon est un moment de réconciliation, un temps de suspens dans le cadre d’un banquet qui associe les vivants et les morts.
D’ailleurs, dans les pays slaves, on réserve toujours un couvert pour un convive inattendu, inconnu. « Le convive de la dernière fête ».

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