dimanche 4 avril 2010

Contre la barbarie mondialisée, la culture

Evidemment, s’il vous prenait la fantaisie de suivre mes pas et de partir, comme moi, très loin vers l’Est, peut-être me maudiriez-vous ensuite jusqu’à la fin de vos jours. Probablement même, dans ces villes où je ne vois que motifs d’émerveillement, vous ne verriez qu’ensembles lugubres. Même Cracovie ne vous inspirerait peut-être que tristesse alors que j’y trouve mille lieux de culture et de raffinement. Quant à Lvov, Odessa, Kiev…


C’est vrai que l’Est, ça ne correspond pas à ce qu’on attend d’un pays touristique : des couleurs éclatantes, du soleil, une gaité et un farniente obligatoires, des divertissements organisés pour oublier qu’on s’ennuie à mourir.



Chacun ses goûts, c’est vrai ! Mais moi, j’en ai vraiment par-dessus la tête des visions continuellement ressassées en France : les gens de l’Est seraient pauvres et malheureux.
Il faudrait peut-être arriver à corriger certains clichés. De mon récent séjour à l’Est, j’ai ainsi retenu quelques impressions :


- J’ai passé tout un après-midi à l’école Polytechnique de Lvov. Un vaste campus arboré, des locaux magnifiques, des jeune gens splendides, bien habillés, courtois, visiblement épanouis et désireux de réussir. Bref, un contraste inquiétant avec les sordides universités et lycées français.


- Ensuite, j’ai consacré une grande partie de mon séjour à fréquenter des cafés, des pâtisseries, des restaurants incroyablement raffinés. A chaque fois, une véritable galerie d’art renouant avec l’esprit viennois où les artistes exposaient dans les cafés leurs œuvres. Cela dans une ambiance festive émouvante, le plus souvent avec un accompagnement musical de qualité. Je vous surprendrais sûrement en vous disant que la ville où les cafés sont les plus beaux en Europe, c’est indiscutablement Cracovie mais mon Lvov n’est pas mal non plus. Cela témoigne du niveau et du raffinement d’une culture. Rien à voir en tous cas avec la quasi totalité des établissements miteux parisiens avec plastique et formica.



- Et puis, il y a l’extraordinaire vitalité culturelle. Partout des librairies, des théâtres, des opéras aux quels chacun peut avoir accès grâce à des prix très bas. Le goût du spectacle, de la poésie, de la musique…Si les slaves se détestent tous plus ou moins les uns les autres, ce qui est évidemment consternant, ils ont néanmoins un point commun, l’amour de la culture. Cela se perçoit à tous les niveaux. Là bas, on sait très bien ce qu’est l’identité culturelle : ce sont les grands auteurs, les grands musiciens, les grands artistes que même les gens les plus modestes s’estimeraient déshonorés de ne pas connaître. Il n’est pas concevable qu’un Russe, même sans éducation, n’ait pas lu Tolstoï, Dostoïevsky, Pouchkine, ou qu’un Polonais ne soit capable de réciter des passages entiers de Mickiewicz ou Szymborska.



Le monde slave arrivera peut-être donc à résister à la barbarie et à la vulgarité occidentales, au « mainstream », au kitsch, à cette effroyable entreprise d’uniformisation du monde.



Edward Okuń , Stanisław Wyspiański, photos de Carmilla Le Golem en particulier de l’opéra de Lvov (Lviv) étrange copie du palais Garnier.

Aucun commentaire: