dimanche 26 juillet 2015

Mes rêves


Impossible de dormir avec l'horrible chaleur de ces dernières semaines !  Surtout, je suis assaillie de rêves ou plutôt de cauchemars. Je ne sais pas bien, à vrai dire, distinguer l'un de l'autre. On glorifie le rêve comme s'il était systématiquement empreint de félicité, associé au plaisir et à l'accomplissement. En fait, il est plutôt pour moi porteur d'angoisse, de frustration, de culpabilité. Et un mauvais rêve, ça vous déstabilise, ensuite, pendant toute la journée parce qu'on se rend bien compte que ça correspond bien à une réalité très forte en nous. C'est vraiment notre "renard intérieur" qui se plaît à venir dévorer nos entrailles.


Mais à vrai dire, je fais toujours un peu les mêmes rêves: quelques thèmes inlassablement répétés avec quelques variations. J'ai recensé comme ça quatre grands types de rêves chez moi.


D'abord, c'est celui de l'échec à un examen. Comme ça, je rêve souvent que je me vois dans l'obligation de repasser le baccalauréat et, bien sûr, j'échoue lamentablement. C'est, bien sûr, bizarre parce que je n'ai pas échoué à mon baccalauréat ni d'ailleurs à aucun examen. Mais il paraît que c'est ainsi..., qu'on ne rêve que des examens que l'on a réussis. De toute manière, que l'on soit reçu ou collé, un examen c'est, toujours, une période d'angoisse, une effroyable épreuve pour notre narcissisme. Pour ce qui me concerne, je me souviens que l'époque du baccalauréat, c'était l'apogée de mon arrogance et de mon orgueil. Je me sentais toute puissante, je me croyais admirée. Le baccalauréat, ça ne pouvait être que le moment de gloire de la petite prodige venue du bout du monde, de nulle part. J'étais vraiment une connasse, j'étais sûrement infecte, d'une épouvantable condescendance; pouvoir me côtoyer était un privilège que j'accordais parcimonieusement. J'étais tellement odieuse que j'ai quand même eu peur de ne pas être à la hauteur. Depuis, la vie et ses claques m'ont un peu tempérée mais pas complètement non plus, bien sûr.


Après, c'est le retour des morts... Mes parents, qui sont morts affreusement, font, tout à coup, leur réapparition. Ils sont sinistres, ensanglantés, et ils viennent m'engueuler : "Quelle tête de linotte tu es, Carmilla! Tu t'es empressée de nous mettre dans un cercueil et de nous enterrer mais tu n'as même pas pris la peine de vérifier si on était bien morts." Je suis évidemment confuse mais, heureusement, ils meurent généralement à nouveau à la fin du rêve, pour de bon cette fois. Enfin! ce retour incessant des morts-vivants, ça montre bien qu'on se sent continuellement coupables de la mort de ses parents.


Ensuite, je suis assaillie de rêves érotiques. C'est surtout avec les maris, compagnons, de mes copines mais c'est uniquement ceux avec lesquels je n'ai effectivement jamais couché. Ou bien alors, c'est avec de vieux libidineux de mon entourage mais qui ne m'ont, jusqu'alors, jamais harcelée. Ça se passe dans des lieux invraisemblables et on fait des trucs pas possibles que je n'ai jamais osé faire pour de vrai. Evidemment, on est découverts par ma copine ou par des proches et c'est très embarrassant.


Enfin, je rêve souvent que j'ai commis accidentellement un crime. Mais j'ai choisi de cacher ça, persuadée, au départ, qu'on ne me découvrira pas. Mais, petit à petit, l'étau se resserre et je sens qu'on va me démasquer, que je vais devoir avouer...C'est une angoisse terrible.


Evidemment, je peux me dire que tout ça est absurde et que ça ne mérite pas que je m'y arrête. Mais je m'interroge en fait souvent. Qui suis-je vraiment: le rêveur ou le rêvé ? J'ai aussi de bonnes raisons de penser que je suis également le rêvé et que, même si c'est effrayant, c'est finalement une réalité très forte. 


Tableaux (le 1er et le dernier) d'Arnold Schoenberg (1874-1954). Le grand musicien était également peintre.

Oeuvres également d'Odilon REDON, Zdzislaw Beksinski. 

5 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour madame le Golem.

Votre billet pourrait s’intituler : La vulnérabilité et l’angoisse. Vous résistez aussi difficilement que moi à la chaleur déstabilisante. Nous n’échappons pas à notre environnement, quoi qu’ici au Québec, nous connaissons un mois de juillet frais et pluvieux, pendant que tous, partout ailleurs dans le monde, souffrent de canicules dévastatrices.

Les rêves, les yeux ouverts, ou bien, les yeux fermés; conscients ou inconscients, j’aime lire ou écouter les gens qui rêvent. Habituellement cela donne de bonnes histoires, mais révèle en même temps les facettes secrètes des gens. Dans un rêve on ne peut se cacher, quelque chose nous échappe, nous qui souvent nous croyons maître de notre esprit nous perdons le contrôle. Fascinant le cerveau humain, qui joue avec un destin hors contrôle, où la vulnérabilité et l’angoisse se dressent nues. Nous explorons le Cosmos, sans doute pour échapper à l’exploration de notre cerveau.

Lorsque je souhaite bonne nuit à quelqu’un, je lui souhaite toujours de beaux et bons rêves.

Pourquoi devrions-nous toujours nager dans les mares de nos cauchemars ?

Alors madame le Golem, bonne nuit et beaux rêves

Richard St-Laurent

P.S. Étrange écriture que la vôtre, qui ne ressemble en rien à ce qu’on lit en France. Si on me faisait lire anonymement vos textes, noir sur blanc, sans artifice, je vous croirais d’Amérique. Quoi que, avec tant d’espace, facile de se sentir Russe.

Bien vôtre

R.ST.L.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard pour votre message,

Effectivement, à Paris, on souffre de plus en plus de la chaleur l'été. C'est d'autant plus pénible que la climatisation est peu répandue en France en raison de préjugés tenaces.

Sinon, je pense effectivement que le rêve a autant de réalité que notre vie éveillée et qu'il est l'expression de nos hantises intérieures. Mais de bons et beaux rêves, je ne crois pas que ça existe.

S'agissant enfin de mon écriture, je pense qu'il est normal qu'elle ne soit pas celle d'une Française. D'ailleurs, si j'en crois les statistiques de mon blog, beaucoup de mes lecteurs proviennent d'Europe Centrale (Russie, Ukraine, Allemagne, Pologne) et aussi des Etats-Unis (mais il est possible que ce soient simplement des robots).

C'est vrai que le sentiment de l'espace, éprouvé en Amérique du Nord et en Russie, façonne les mentalités.

Bien à vous

Carmilla

Pivoine a dit…

J'ai pensé, en vous lisant, à un extrait des mémoires d'Hadrien sur le sommeil. M. Y. écrit ... Et où nous rencontrons les morts. Elle a par ailleurs écrit (et édité) un petit volume "Les songes et les sorts", sur le conseil de Grace, car elle avait une vie onirique très riche qui l'inspirait pour ses livres. On dit aussi des rêves qui reviennent qu'ils sont "itératifs". J'ai du mal à m'en souvenir, sauf de ceux que je fais entre deux réveils, et c'est aussi l'angoisse (comme un entonnoir d'où je sortirais péniblement). Mais je me dis alors, "mais non, ce n'est qu'un rêve, heureusement, là, maintenant, je suis dans la réalité"; et je quitte mon lit et j'entre dans la réalité. On rêve aussi parfois du contraire d'une situation (cfr. les examens) - tout comme moi, il m'arrive de rêver que de mauvais patrons que j'ai eus sont devenus miraculeusement "bons". Il m'est aussi arrivé de rêver de ma mère, des rêves très différents. Ah ! Si l'on pouvait faire plus de rêves érotiques o;) mais bon, pour ça, on a aussi l'imaginaire - ou la réalité quand il y en a une.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Pivoine pour votre message pertinent.

C'est vrai que la tendance générale vis à vis du rêve, c'est le "refoulement", le rejet: on dit, ce n'est qu'un rêve et on s'empresse d'oublier. Tout ça, ça a été parfaitement analysé par Freud. Mais en fait, nos rêves ne sont pas moins réels que notre vie éveillée et ils en apprennent beaucoup sur nous. Ils expriment toute notre ambiguïté, duplicité.

C'est pour ça qu'ils sont associés à des sentiments d'angoisse.

Il semble qu'on ait tous des rêves "itératifs" et, parmi ceux-ci, le retour des morts ou les examens sont de grands classiques.

Bien à vous

Carmilla

KOGAN a dit…

Bonsoir CARMILLA

Comment interpréter les rêves ?
Pour ma part ils ne représentent pas d'angoisse.Il m'arrive de rêver de choses qui se sont produites dans le passé, je les revois presque à l'identique ,c'est un rêve banal dirons-nous , et le plus curieux encore c'est d'avoir rêvé des choses qui ne se sont jamais produites dans le passé et qui se réalisent ...presque à l'identique du rêve et dans le temps présent!!!

Bien à vous

JF