samedi 1 juillet 2017

Prévisible/Imprévisible


Les histoires d'amour finissent mal en général, dit-on !

C'est sûr mais pourquoi ?

Passé le premier moment d'émerveillement, qu'est-ce qui en vient à nous irriter, nous exaspérer, exacerber, dans l'autre ?

Ça dépend, sans doute, de chacun mais pour moi, c'est simple, c'est sa prévisibilité. Il n'y a pas pire tue-l'amour !


Quelqu'un que je décrypte, il ne m'intéresse plus. Et décrypter les gens, ça m'apparaît de plus en plus facile.

Tout simplement parce qu'on a, de plus en plus, des personnalités entièrement construites.

On se croit originaux, singuliers, mais, en fait, on n'épouse que les codes sociaux en vigueur.

 

Il y a, aujourd'hui, une banalisation générale pas seulement de la vie, mais des comportements, des modes de pensée.

En fait, on n'a pas d'autre ambition, en général, que de se conformer, sans même s'en rendre compte, aux injonctions sociales. On se croit, souvent, sophistiqués mais on cherche, plutôt, à se mettre, le plus vite possible, sur des rails. Ça se résume à mes études, mon boulot. La vie, l'avenir, on ne l'envisage pas en termes de rêves mais de projets. On a des plans !


Ma vie amoureuse, ça n'a jamais été satisfaisant. Je rencontre comme ça, surtout en France, plein de planificateurs. Des rêveurs, je crois que ça n'existe plus. Rien que des gens qui savent où ils vont, qui sont volontaires, déterminés. Des gens qui "pensent droit", d'un imperturbable sérieux. 


C'est très bien parce que c'est rassurant mais est-ce que c'est vraiment ça qu'on recherche en amour ? Une vie sans aspérités, stéréotypée, racornie, petite-bourgeoise. Des enfants hurleurs, des week-ends passés chez les beaux-parents ou chez des amis, dans leur maison de campagne, les vacances aux Seychelles, la semaine, enfermée dans son bureau, à s'éclater comme DAF ou Dircom. Quelle horreur, au secours !


J'en bâille tout de suite d'ennui. J'ai besoin de ne surtout pas savoir ce que je vais devenir dans un an, dans six mois. J'ai besoin d'espérer que ma vie peut bifurquer, prendre d'autres tours. Qu'il y a encore une part d'imprévu, de hasard, dans mon existence. Que tout peut changer ! Pas seulement mes conditions matérielles mais moi-même: que je puisse devenir autre, choisir une nouvelle vie. Que je puisse changer de destin !


C'est ça qui est insupportable : une vie sans imprévu, sans hasard, sans transfiguration possible !


Halina TYMUSZ (prononcer timouch en accentuant sur le i) : jeune artiste polonaise.

7 commentaires:

Richard a dit…

La vie, l'avenir, on ne l'envisage pas en termes de rêves mais de projets. On a des plans !

Bonjour Dame Carmilla !

Voilà de vrais sujets fondamentaux.

Vous avez raison, les gens ne rêvent plus, ils n'osent plus. Ils n'osent plus rêver à un amour impossible, à un travail valorisant, à un avenir stimulant voir ténébreux, ou tout simplement partir pour partir, peu importe la destination, la direction, le but, ils redoutent l'aventure à fond la caisse. Pas question de ne pas savoir où l'on va coucher ce soir pesant qu'ils sont en train de réparer une crevaison vers 16 heures pendant que le soleil décline. Quelques fois dans la vie, il faut le faire, vider la table pour aller recommencer ailleurs si c'est mieux afin de provoquer non seulement le changement mais aussi le destin. Éric Tabarly avait raison, plus de 90 % des vivants font ce qu'ils n'ont jamais voulu faire dans la vie. C'est une façon de rater sa vie. Je pense souvent que le destin est au coin de la rue, au de-là de la prochaine courbe, derrière le gros nuages noires, et que cette inconnue dans le fond du bar à quelque chose d'intéressant à vous dire. Chaque jour que nous vivons devrait être une célébration qui n'est pas étouffé par nos craintes. Des fois, il faut sauter le pas. Ce qui fait qu'une bonne partie de notre monde contemporain patauge dans un conservatisme à outrance, il ne faudrait pas se plaindre après que la vie est morne, que les dimanches sont longs et que la semaine suivante soit encore plus insipide. Vous écrivez que l'amour ne nous apporte pas ce que nous en attendons, peut-être que ce n'est pas seulement parce que nous sommes prévisibles, c'est peut-être que nos attentes sont trop grandes. N'attend pas la plénitude de l'autre, encore moins le bonheur, apporte le tient, après on verra. L'amour c'est comme la nature, c'est opportuniste et sans but défini. Et si on se contentait seulement d'aimer sans attente ? Nous volons d'un amour à l'autre toujours entre deux tempêtes. Finalement, nous nous échouons. Nous avons peur du risque et nous redoutons l'échec, pourtant c'est l'échec qui est la révélation, c'est peut-être là la fin d'une certaine perturbation. La réussite à tout prix à toujours un prix que nous ne voulons jamais payer. L'amour n'est pas une négociation c'est un sentiment et souvent les sentiments ne s'expliquent pas. L'amour c'est comme la politique c'est l'improvisation, ce que redoute La France et vous n'êtes pas les seuls à pédaler dans ce sillon. Ceci dit, j'ai hâte de voir comment Macron va s'en sortir à la prochaine crise. Est-il capable avec sa formation, d'improviser ? La chose ne manque pas d'intérêt. Finalement, c'est toujours à l'individu individuel de choisir et de vivre ses rêves, mais pour cela il faut rêver et le rêves n'a pas d'école.

Bon vent Dame Carmilla

Richard St-Laurent

KOGAN a dit…

Décrypter les gens oui, c'est devenu de plus en plus facile, même sans que la personne parle, on devine tout ou presque dans la gestuelle,l'habillement, le comportement et les réactions en tous genres.

Les exemples sont multiples, il suffit de s'asseoir au café et d'observer.

C'est à se demander parfois en regardant fourmiller tout ce monde si l'humanité mérite d'être sauvée?

Côté Amour, on a toujours de la chance de ne pas avoir rencontré l'homme ou la femme de sa vie car on peut toujours conserver son espace au lit, sur le canapé et même sur l'étagère de la salle de bain...

C'est bien là le sens de notre territoire qui est toujours le fondement de notre espèce.

Quand le territoire est doublement occupé, les accidents de l'âme surviennent...automatiquement, l'amour et la détestation se font la course entre fous-rire au début , tremblements et crises de l'âme à la fin de la belle l'histoire, à la fois salvatrice...et exténuante.

Un jour les bruits d'amour s'atténuent puis s'arrêtent...la désillusion amène à s'expatrier et à connaître le goût amer d'une "liberté" dont on ne sait que faire...

Bien à vous
Jeff

Carmilla Le Golem a dit…

Grand merci Richard pour ce développement exhaustif.

Une vie planifiée, c'est sans doute rassurant mais c'est, généralement, totalement insipide et insatisfaisant. C'est comme ça qu'on le sentiment d'avoir, à la fin raté sa vie. Ça n'est pas condamnable non plus parce que c'est vrai qu'on a quand même tous peur du risque.

Bien à vous

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Jeff,

On est tous très formatés effectivement: gestuelle, comportement, pensée.

Quant à l'amour, il ne faut sans doute pas avoir trop d'exigences ni trop en attendre. Savoir d'abord respecter la liberté de l'autre, ne pas lui demander de se plier à ses desiderata, ne pas chercher à le conformer à ses goûts.

Bien à vous

Carmilla

KOGAN a dit…

Merci CARMILLA

La recette est épuisée...le sens de la broderie en Amour m'est devenu obsolète...mais c'est souvent la femme qui cherche plutôt à faire plier l'homme ...don't you?

"Moi qui rêvais pour mes rencontres amoureuses de légèreté, d'abandons absolus, de fantaisie, de rires et de grandes plages de silence parsemées seulement de regards et de quelques gestes inventés dans un présent de cristal, je n'ai connu que labyrinthes, chausse-trapes, déceptions, affrontements, rejets... et bien d'autres violences proposées, imposées au nom de l'amour."

Jacques SALOMé 2003

Bon week-end
bien à vous
Jeff

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Jeff,

Vous n'avez pas tort.

C'est souvent la femme qui est effectivement maître du jeu. Mais pas toujours non plus. C'est toute la complexité des jeux de pouvoir. Il y a, en tous cas, toujours des rapports de domination.

Bien à vous

Carmilla

KOGAN a dit…

Merci Carmilla

Oui la domination devrait toujours être de préférence...un jeu, mais de temps en temps seulement...

L'esclavage a été aboli.

Bien à vous
Jeff