dimanche 8 avril 2018

Islamisation


Dans son dernier livre "Soumission",  Michel Houëllebecq décrit une France choisissant la voie d'une islamisation douce, librement consentie. Une société pacifiée dont la séduction première est d'offrir une intelligibilité simple avec une organisation clairement définie. On n'a plus rien à craindre des bouleversements de l'histoire.


Cette vision est apparue absurde, délirante, à beaucoup de lecteurs.

Peut-être, peut-être... l'Islam fait peur mais il faut reconnaître que les sociétés musulmanes offrent une certaine harmonie, une certaine qualité de vie: elles sont compréhensibles, elles échappent aux aléas de l'Histoire.

Et est-ce qu'on ne s'achemine pas vers ça justement, est-ce qu'on n'aspire pas, de plus en plus, à vivre dans des sociétés où on est disposés à sacrifier sa liberté, son autonomie, pour avoir la paix, la tranquillité, bref des sociétés où on n'a pas besoin de se prendre la tête comme on dit ?


Ça concerne d'abord les relations entre les hommes et les femmes. Il y a maintenant une suspicion généralisée entre les sexes. Il y a peu de temps encore, ma principale crainte lorsque je prenais le métro, c'était que mes talons aiguille ne se prennent dans les rainures des escalators. Mais on vient de me faire savoir que c'était un endroit extrêmement dangereux peuplé de voyeurs, frotteurs, violeurs et que, d'une manière générale, je vivais dans un monde angoissant au sein duquel je n'étais pas assez prudente, méfiante.


Ouh la, la ! On vit dans la parano, l'obsession ! J'ai déjà parlé de ça mille fois mais c'est sûr qu'on entretient maintenant les femmes (et surtout les Françaises) dans une trouille permanente. Elles ne seraient que de pauvres petites créatures confrontées à des mâles obsédés, qu'un rien excite. Sur ce point, on est à peine plus modernes que dans les pays musulmans. Le port du voile, on n'en est pas encore là mais d'ores et déjà, beaucoup de femmes choisissent de s'habiller comme des sacs pour "ne pas provoquer". Et je ne serais pas étonnée qu'on accepte bientôt des transports, des piscines, des plages, des établissements scolaires etc... réservés aux femmes. Les mentalités sont prêtes et ça apparaîtrait plus sûr, ça permettrait d'être protégées, on serait plus tranquilles.
























L'autre symptôme de notre islamisation croissante, c'est la remise en cause, quasi permanente, de l'institution judiciaire. La Justice, on ne cesse, aujourd'hui, de la critiquer. Elle est lourde, lente, encombrée de procédures infinies, et surtout, elle ne fait pas droit aux victimes, elle est plutôt complaisante avec les assassins et les violeurs. Les peines prononcées seraient scandaleusement légères. Il faut donc en rajouter: c'est pour ça qu'on fait pression, par exemple, pour interdire les concerts de Bertrand Cantat et qu'on parle de créer un crime aggravé, celui de "féminicide".


















Chacun, maintenant, a son avis tranché sur les affaires judiciaires en cours. Et c'est bien sûr amplifié, facilité, par les réseaux sociaux et les medias avec leurs soit-disant "journalistes d'investigation". Le plus souvent, c'est l'hallali généralisé, on se déchaîne, et on a tôt fait de déclarer coupable un suspect sur la base de quelques approximations. La présomption d'innocence, les droits de la défense, c'est vraiment tout à fait superflu.










On voudrait faire justice soi-même, on voudrait une justice du peuple, rapide et exemplaire et, surtout, une justice qui serait morale (impitoyable avec les pervers, les détraqués, les riches).

Dans ce cadre, évidemment, une justice islamique conviendrait tout à fait. Ceux qui la pratiquent soulignent justement ses avantages par rapport à la justice occidentale: sa rapidité, sa simplicité, sa conformité à la morale islamique. A quoi bon s'encombrer de procédures alors qu'on peut aller vite et qu'on peut juger facilement ? Et c'est sûr que la justice islamique est efficace: à titre d'exemple, dans un pays que je connais bien, l'Iran a exécuté, en 2016, 567 personnes (par pendaison à une grue exhibée dans la ville). La majorité, c'est pour trafic de drogue (à partir de seulement 30 grammes !) mais ça peut aussi être pour homosexualité.


Dès lors, si on n'a que ces soucis moraux ou d'efficacité et de rapidité, il suffit d'écouter les victimes parce que les plaignant(e)s ont bien sûr toujours raison.

Et pour accélérer encore les choses, on encourage la dénonciation tous azimuts. Pas besoin de preuves, il faut d'abord parler, s'exprimer, dit-on. C'est merveilleux, la parole se libère, j'entends ça tous les jours.


On redécouvre, en fait, une vieille jouissance, celle de "balancer" pas seulement son porc mais aussi son employeur, son entreprise. On encourage maintenant à dénoncer tous les faits délictueux que l'on constaterait dans son entreprise. On réclame même un statut protecteur pour les "lanceurs d'alerte", ces nouveaux héros, ces chevaliers vertueux des temps modernes. Oserais-je le dire, les "lanceurs d'alerte", ça n'est qu'une appellation moderne des "corbeaux" et ce ne sont, à mes yeux, que des crapules comme beaucoup d'autres.


On ne recule d'ailleurs devant rien, en dehors des affaires criminelles, pour confondre les supposés coupables: écoutes téléphoniques, non respect du secret professionnel. Nos téléphones, nos ordinateurs, nos logements ne garantissent plus notre vie privée, ne sont plus les sanctuaires de notre liberté.

Tout cela m'effraie et j'ai l'impression que l'on devient tous, plus ou moins, des coupables en sursis. Mais avant d'avoir à affronter, un jour, la vindicte populaire, j'espère, au moins, que je continuerai de vivre dans un Etat de Droit où je bénéficierai notamment du droit d'être défendue. Le Droit, malgré tout, c'est le rempart de la démocratie.












Tableaux du peintre polonais Mikolaj KASPRZYK né en 1952.

4 commentaires:

nuages a dit…

Pour ce qui est de l'islamisation, et plus précisément de l'"islamophobie", je vous conseille vivement un livre qui analyse brillamment l'attitude de la gauche intellectuelle à l'égard des musulmans et de la place de l'islam dans la société :
"Les musulmans ne sont pas des bébés phoques", d'André Versaille.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Ce livre apparaît effectivement très intéressant et je me suis rendue sur le blog d'André Versaille.

Ce que l'on néglige en effet souvent en Occident, c'est que les sociétés musulmanes exercent une certaine séduction. J'ai moi-même vécu en Iran et je ne peux vraiment pas dire que j'y étais malheureuse. J'y ai trouvé au contraire la vie agréable. Il y règne une convivialité, une hospitalité exceptionnelles.

Et puis, dans une société musulmane, tout est clair: il n'y a pas de doute ni d'entre-deux, c'est comme ça et pas autrement. L'ordre social est défini une fois pour toutes.

Ça peut convenir à beaucoup de gens mais ça exige, bien sûr, de renoncer à beaucoup de libertés.

Bien à vous

Carmilla

Thierry Mattart a dit…

Camilla, Serais ce renoncer à beaucoup de liberté ou plutôt aux rêves de notre société de consommation où la politique est l'esclavage de la finance ?

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Thierry,

Je ne suis pas sûre que la finance domine le monde et que la politique en soit l'esclave.

Discuter de ça excède largement les dimensions des commentaires d'un blog mais que serait le monde sans la finance ?

Et puis, si la sphère financière est devenue disproportionnée c'est largement parce que les Etats ont choisi la politique du surendettement.

Bien à vous,

Carmilla