samedi 22 décembre 2018

De la psychanalyse


Ces derniers mois, j'ai lu, relu, beaucoup de bouquins ayant trait à la psychanalyse.
La psychanalyse, ça m'accompagne depuis toujours, ça façonne, dirige, mes petites idées.

C'est vrai que je n'ai jamais suivi d'analyse, n'en ayant jamais éprouvé le besoin (mon boulot étant peut-être l'équivalent d'une véritable analyse en ce qu'il me confronte sans cesse à moi-même). Mais j'ai quand même étudié sérieusement la psychanalyse, notamment, et ça étonnera peut-être, à l'Université: la psychanalyse, ça peut aussi être un dérivatif à la finance.

D'abord, je considère Sigmund Freud comme un véritable modèle intellectuel et humain: sa maîtrise de lui-même, son attention aux autres, le courage et l'audace de sa pensée.

Tous les lieux de sa géographie personnelle me sont, en outre, familiers: son père Jakob est né et a vécu à Tysmienica et à Buczacz (Ukraine), sa mère, Amalia, est née à Brody (Ukraine) et a vécu à Odessa. Sigmund Freud, lui-même,est né et a vécu à Freiberg (Pribor) en République Tchèque puis à Vienne et enfin à Londres. Freud, c'est vraiment la culture de l'Autriche-Hongrie et il est vraiment intéressant de visiter ses domiciles : la maison de Pribor, celle de Maresfields Gardens à Londres et l'appartement du 19 Berggasse à Vienne. J'ai beaucoup rêvé dans tous ces endroits.



On a tendance à considérer, aujourd'hui, que la psychanalyse, c'est obsolète, c'est dépassé. C'est vrai qu'il y a sans doute de mauvais analystes et que les résultats thérapeutiques ne sont pas évidents. Et puis, il y a cette vulgate un peu bêtasse qui réduit la psychanalyse à une affaire de symboles sexuels, de névrose et de complexe d’œdipe.

On lui substitue aujourd'hui la psychologie positive et les thérapies du bonheur (le yoga, la méditation etc..., bref, tout ce qui fait du bien...). C'est nul de chez nul, c'est du niveau de la Méthode Coué ou de l'injonction "quand on veut, on peut", mais ça submerge tous les médias, pas seulement féminins, et toutes les librairies.

Toutes ces bêtises, ça a surtout pour but de nous anesthésier, chloroformer, de nous enfermer dans la béatitude des bonnes pensées et le contentement de soi. Il faudrait s'adapter au monde. C'est sûr qu'avec ces méthodes, on ne risque pas de bouger, de sortir de sa coquille, de faire sa révolution personnelle. 

La psychanalyse, au contraire, refuse cette tactique de l'évitement. Il s'agit, cette fois, d'affronter la vie dans sa dimension tragique, dans toute son horreur et sa cruauté. Il s'agit aussi de comprendre la logique de nos comportements. Pour cela, il faut repérer ce qui se répète, inexorablement, en nous: dans nos attitudes, nos choix, nos inclinations. Identifier cette grammaire de nos vies, c'est ouvrir la possibilité de s'affranchir de tout ce qui tord et contraint notre vouloir.


Surtout, la psychanalyse, quand on en vient à explorer les soubassements de sa conscience, est une extraordinaire leçon d'humilité.

Menteurs et criminels

On découvre d'abord qu'on n'est pas des gens si bien que ça. En général, on a tendance à considérer qu'on est exemplaires, vertueux, altruistes, sincères. Cette conviction rencontre d'ailleurs la grande idéologie contemporaine de transparence intégrale: ne rien avoir à cacher. La psychanalyse nous apprend, au contraire, qu'il y a une duplicité essentielle de la personnalité humaine: on s'affiche d'autant plus sympathiques qu'on est, en notre for intérieur, de sinistres crapules. Le Mal est en nous, sur ce point la psychanalyse rejoint le christianisme. La haine, la cruauté, le mensonge, la jalousie, l'hostilité à l'autre, nous habitent. C'est un constat terrible que l'on rejette le plus souvent avec force; on dégringole vraiment de notre piédestal. 

Cependant, je suis convaincue qu'il faut avoir la lucidité de l'admettre. Ça a transformé ma propre vie quand j'ai réussi à effectuer ce pas. Du reste, j'éprouve une très grande méfiance envers tous ceux qui se présentent comme de petits saints, parés de toutes les qualités. Je préfère mille fois ceux qui se savent faillibles.


Mon moi, c'est l'autre

On apprend aussi, avec la psychanalyse, que notre personnalité, c'est bidon et qu'on n'est que des esclaves, ce qui n'est, bien sûr, pas très réjouissant. On a tendance, là encore, à penser qu'on est uniques, exceptionnels et qu'on se construit par nous-mêmes. Mais, là encore, il faut déchanter: la psychanalyse nous dit qu'il n'y a rien en fait qui nous soit propre, qui nous appartienne absolument, qui signe notre incontestable individualité. Le moi humain, il ne se constitue pas de lui-même mais il se construit dans un rapport de dépendance et d'aliénation originaires. On est d'emblée asservis à l'autre et à son image, on est d'emblée son esclave et c'est tellement prégnant que l'on peut dire que le moi humain, ce n'est pas notre brillante petite individualité, mais c'est l'autre, l'image que l'on en a et qui nous façonne en cherchant à nous y conformer. L'autre, c'est d'abord notre mère dont on guette éperdument un signe d'amour mais que l'on cherche aussi à séduire et sur laquelle on projette notre hostilité. Et ça devient le vecteur de notre existence: on va vivre continuellement sous le regard des autres, en être les esclaves, on va sans cesse chercher à les séduire ou à les détruire.


Mes désirs, c'est aussi l'autre

C'est à tel point qu'on ne désire rien par nous mêmes. On est tellement aliénés que notre désir n'est que désir de l'autre, c'est à dire que nos objets de désir ne sont que ceux qui nous sont désignés comme tels: on ne désire que par conformisme, mimétisme. Et c'est ce rapport de dépendance qui explique que l'objet de désir,  une fois conquis, ne donne jamais satisfaction. Jamais le réel ne se conforme, ne s'emboîte, à notre désir, jamais les amants ne se rencontrent. La plénitude, on ne connaît pas, on est pris dans une fuite, une recherche éperdues.


















La vie comme théâtre de l'entre-déchirement des êtres

Ce sont ces idées là qui me fascinent dans la psychanalyse. Je m'y reconnais entièrement: je sais bien que je suis une séductrice effrénée, que je guette l'approbation des autres et que je fonctionne à l'amour-haine. Et puis la volonté de puissance, c'est très fort chez moi. Ça n'est sans doute pas très beau mais j'ai du moins l'honnêteté de le reconnaître. Et puis, je répugne à rendre les autres responsables de mes malheurs: si je rencontre quelqu'un d'odieux, un sale type, c'est peut-être que je fais aussi partie du jeu. Les relations entre individus ne sont jamais à sens unique, il n'y a jamais simplement un salaud confronté à un cœur pur. Le plus souvent, en fait, ce sont deux salauds qui se déchirent.

Mais je vais cesser de vous embêter avec mes élucubrations théoriques. Si j'ai tout de même réussi à vous convaincre de l'intérêt de la psychanalyse, voilà les bouquins ou les sites que je vous conseille de lire ou de consulter en initiation :

- Sarah CHICHE: "Une histoire érotique de la psychanalyse - De la nourrice de Freud aux amants d'aujourd'hui". Ça vient de sortir, c'est plein d'histoires extraordinaires, c'est passionnant de bout en bout et c'est facile à lire.

- Lydia FLEM: "La vie quotidienne de Freud et de ses patients". Lydia Flem est également un grand écrivain belge et ce livre a aussi de grandes qualités littéraires.

- Elisabeth ROUDINESCO: il faut lire tous ses bouquins (notamment son dernier: "Dictionnaire amoureux de la psychanalyse"), tous des modèles de clarté et de précision. 

- Elsa CAYAT: "Un homme + Une femme = Quoi ?" et "Noël, ça fait vraiment chier". Elsa Cayat était la psy de Charlie Hebdo.

- Anne DUFOURMANTELLE: "Eloge du risque", "Se trouver", "Défense du secret". Des livres pleins d'humanité. Anne Dufourmantelle est décédée tragiquement (noyade) l'an dernier.

- Catherine MILLOT: "La vie avec Lacan". C'est d'une formidable liberté.


Je vous conseille également sur YouTube: "Mardi Noir" d'Emmanuelle Laurent. C'est trash et hilarant (des leçons couplées de maquillage et de psychanalyse) mais cette jeune psychologue parvient à initier brillamment à la psychanalyse. C'est très pédagogique et jamais ennuyeux.

Vous pouvez aussi écouter, via Internet, "Transfert" le podcast de Charlotte Pudlowski. Plein d'histoires singulières à connotation psychanalytique. Ça devient vite addictif. 

Enfin, il y a en ce moment (jusqu'au 10 février) une très bonne exposition consacrée à Freud au musée d'art et d'histoire du judaïsme (71, rue du Temple).


Et puis, il y a aussi les romans même si leurs auteurs ne se réclament pas de la psychanalyse, voire la dédaignent :

- Vladimir NABOKOV: "Lolita". C'est le bouquin qu'on connaît tous, qu'on a souvent dans sa bibliothèque mais qu'on ne lit pas. C'est pourtant renversant, fulgurant, d'une audace incroyable, surtout aujourd'hui.

- Yukio MISHIMA: "Le pavillon d'or". Portrait d'un jeune bonze en pervers.

- Anaïs NIN: son journal absolument indicible et scandaleux. 

- Camilla GREBE: "Un cri sous la glace". Un polar suédois récemment édité en poche. Ça parle magistralement de l'érotomanie. C'est à rapprocher du bouquin de Ian Mc Ewan: "Délire d'amour".


Images du mouvement surréaliste: Wolfgang PAALEN, Félix LABISSE, Max ERNST, Valentine HUGO, Giorgio de CHIRICO, Victor, BRAUNER, Horace ARMISTEAD, Judit REIGL, Jacques HEROLD, Max Valter SVANBERG.

Ce post est sans doute infiniment trop long mais j'ai quelquefois envie de me convertir en enseignante.

14 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour Dame Carmilla !
La Littérature est un genre de savoir particulier...
...la perfection des formes imprécises.
Olga Tokarczuk
Les Livres De Jakob
Page -35-34-
J'ai refermé le livre après la lecture de la dernière page tout en éprouvant une vive satisfaction et je me suis souvenu de la première phrase de l’Ecclésiaste : Vanité des vanités, tout n'est que vanité, qui demeure dans la Bible mon texte favori. Je n'aime pas particulièrement la Bible ; mais j'aime bien l'Ecclésiaste, je reconnais un texte de qualité, une fine plume, des paroles qui portent. Après, j'ai bourré ma pipe, j'ai chaussé mes bottes et je suis allé acheter deux douzaines d'huîtres et une bouteille de vin blanc. Le soleil brillait, mais la véritable lumière je la portais en moi. C'est étrange que la haine au cours de cette longue errance de deux millénaires soit tombée sur ce petit peuple disparate, maudit, déchiré, envié, oui envié, parce que la haine que l'on porte à ces gens, que l'on nomme les juifs d'une manière haineuse et péjorative, reflète une jalousie ; à cause de leur nature profonde, qui fait qu'ils vivent entièrement, que toute la vie n'est pas séparée en compartiment, mais que chaque minute est la vie, qu'il ne peut y avoir un clivage entre, le sommeil et l'éveil, le travail et le jeu, le plaisir et le malheur, que la vie entière forme un tout. Pourquoi en est-il ainsi ? J'avancerais, que c'est parce qu'il possède la culture de leur religion, et la religion de leur culture. Il n'a rien de pire que d'être envié dans son entité, dans son intelligence, dans sa manière d'être ; cela s'appelle du racisme. Nous pouvons envier la richesse de quelqu'un, mais lorsqu'on envie l'intelligence de cette personne, nous entrons dans la morbidité de la jalousie. Je n'ai aucune prétention en psychanalyse, je n'y connais rien, je ne m'y suis jamais intéressé. Pendant ces longues heures merveilleuses de lecture, il m'est venu une pensée : Ils adorent tous le même dieu qu'ils ont inventé, pourquoi les musulmans prient-ils prosterné, les catholiques à genoux, et les juifs debout ? Au fond, Jakob Frank avait raison, il n'y a pas de différence entre toutes ces religions, et j'ai été content de ne pas être le seul sur cette terre à penser la chose de cette manière. Les musulmans se soumettent, les catholiques s'humilient et les juifs font face à leur dieu. Frank ne se contente pas de cette affirmation, et Tokarczuk ne s'en prive pas lorsqu'elle le décrit sans complaisance, lorsqu'elle évoque sa violence, sa soif de richesse, surtout la richesse des autres, sa volonté de puissance, son intransigeance.
Ma lecture est terminée, mais pas ma réflexion.
Ma profonde reconnaissance Dame Carmilla
Richard St-Laurent

Richard a dit…

Toujours à propos de Olga Tokarczuk.
Le 27 octobre dernier dans votre texte intitulé : Mes feuillets d'automne, lorsque j'ai lu le nom de ces deux femmes près de celui de Paul Auster, j'ai senti plus que je ne savais. Je n'ai pas hésité une seconde, j'ai pensé : voilà, il faut que je lise Oulitskaïa et Tokarczkuk, il me les faut absolument. J'ignorais dans quoi je m'embarquais, mais je suis ainsi, je ne me pose pas beaucoup de question lorsque je saute le pas, mais rassurez-vous je ne demande à personne de sauter derrière moi. J'étais prêt à attendre le temps qu'il fallait, mais je reconnais que ma bibliothécaire madame Dubois à fait du bon travail. Je dois être un des rares lecteurs au Québec à avoir lu Tokarczku. Dès que j'ai ouvert ce volume, une communion s'est établie car je suis entré là-dedans comme un couteau dans le beurre mou. Pour une fois mon intuition ne m'avait pas trompé. Il y a peut-être un vieux fond en moi, dont je ne sais rien, mais qui vient me chercher parce que la porte des juifs m'a toujours été ouverte dans la réalité comme dans la virtualité. Et puis, j'aime l'érudition, la soif de savoir ne m'abandonne jamais, tellement que ma garde rapprochée m'en trouve épuisant. Certains me demandent : Comment un grand mécréant comme toi, un athée inconditionnel peut bien s'intéresser aux religions, aux dieux, à la théologie ? Je leur réponds sans hésité : Parce que c'est humain, tout simplement humain. Une religion, c'est une organisation sociale au même titre qu'une organisation politique, économique, syndicale, et peut importe l'histoire des ces organisations, elles m'intéressent, que dire, elles me passionnent. Il appert que pénétrer dans l'univers des juifs de Pologne au 18è siècle, c'est particulier, ce n'est pas donné et il faut quelques connaissances, comme par exemple avoir une idée de la Torah, du Talmud, de la Kabbale, afin de ne pas seulement savoir mais de dresser des points de repères. Cela permet d'entrer dans l'esprit de leur atmosphère. Pourquoi les juifs sont toujours en train de débattre ? Pourquoi, ils se remettent toujours en question ? Comment Jakob Frank va refuser l'enseignement de la Kabbale, mais essayer de conserver le Zohar qui est un genre de recueille de spiritualité avancée qui touche presque à la superstition ? Et, dans cette Pologne qui se cherche dans cette époque trouble, ce n'est que le début des activités, il fallait vraiment avoir un front de bœuf pour renier les fondements de sa propre religion sachant que déjà les catholiques vous détestaient et que suite à votre prise de décision qui provoquera en fin de compte un schisme, que le restant des juifs allaient vous tomber sur le dos. Voilà ce dans quoi Jakob Franc s'embarquait. Ce qui ne sera pas une petite aventure. Il jouait la plus mauvaise carte perdante au plus mauvais moment.

Tout cela pendant que la nuit s'installe
Richard St-Laurent

Richard a dit…

Que la nuit s'étende sur nous.
J'évoquais voilà quelques temps, le froid, la pluie, la boue, en cela, la Pologne ressemble au Québec, rajoutons un catholicisme oppressant jusqu'aux début des années 1960 dont nous somme sortis plus rapidement que les polonais. Peut-être que notre foi n'était pas très forte ? Par cette entrée en matière, je voudrais souligner le travail de madame Tokarczuk qui colle à son écriture sans dévier, sans idéologie, sans critique que se soit des Catholiques ou bien des Juifs ainsi que de La Noblesse Polonaise qui pèse lourd dans ce récit. Elle aurait pu dénigrer les Turques, les Arméniens et Les Russes, ce dont elle se garde scrupuleusement, elle s'en tient à son histoire, je dirais même qu'elle s'efface complètement au point que je me suis demandé s'il y avait quelqu'un qui avait écrit ce livre. Elle sait se faire oublier. Lorsque tout le monde à froid, tu as froid ; lorsque tout le monde souffre de la faim, tu as faim et lorsque tout le monde souffre, tu souffres. Elle vous embarque complètement. La vie au Québec en 1750 ressemblait à celle de la Pologne et sans dans bien d'autres endroits dans le monde, le froid on connaît, la neige c'est une seconde nature, la boue c'est l'un de mes éléments. La vie des Québécois a cette époque n'était pas différente de celle des Polonais. La noirceur, la vraie celle qu'on ne connaît plus, qui vous force à vous coucher tôt. L'odeur des lampes qui fument, aussi celle des chandelles fabriquées à base de graisse animal ou de mauvaise cire. Les habitations de constructions précaires, qui laissent l'air froid et des fois la neige pénétrer à l'intérieur et qui chassent votre sommeil en plein cœur de la nuit. Ne pas oublier les poux, les vêtements qu'on porte continuellement parce qu'on n'en possède pas d'autre. Tokarczku ne vous épargne rien et que dire des maladies, je vais revenir sur le grand fléau de Lwow en automne de 1759, qui sans le nommé, ressemble à une épidémie de Choléra. C'est un chapitre extrêmement intéressant dans cet ouvrage. Cela ma rappelle l'épidémie d'Ébola en Afrique. Je signale, que le choléra est bactérien, et l'Ébola est virale ; mais les résultats sont semblables, tu crèves. Dans nos sociétés aseptisées nous avons oublié tout cela, ce qui devrait nous faire réfléchir, les virus comme les bactéries peuvent muter, sans oublier les laboratoires militaires qui manipulent n'importe quoi. Jamais Tokarczuk n'utilise le terme choléra. Faut le faire. Ce qui m'a poussé à faire des recherches. Est-ce qu'il y avait eu une épidémie de choléra à Lwow en automne 1759 ? Je n'ai rien trouvé à ce sujet, les chroniques n'en parlent pas. Cet ouvrage m'a fait sorti de mes bottines en me poussant à des recherches et me pencher sur des cartes géographiques.
Que la nuit soit avec vous
Richard St-Laurent

Richard a dit…

Jakob Frank selon Olga Tokarczuk.
Qui est Jakob Frank ? Un arriviste, certes, un opportuniste sans frontière, sans limite, un être fort autant physiquement que psychologiquement, un activiste, l'époque s'y prête merveilleusement bien, un commerçant qui s'est transformé en tribun, un voyageur doublé d'un polyglotte, sans oublier un dangereux séducteur, ce qui est commode autant dans le commerce, que la politique, sans oublier le sexe et la diplomatie. Pourquoi les Rabbins du temps ne lui ont intimé l'ordre de déguerpir comme des vieux Juifs me l'ont déjà dit par cette petite phrase ? (Pars vite, va loin et revient tard). Ils se seraient évités bien des problèmes. Il vadrouillera entre la Pologne et la Turquie, entre Varsovie et Smyrne mieux connu sous le vocable Izmir, c'est en Turquie au sud d’Istanbul. C'est donc dire que ce personnage voyageait sur de vastes espaces, tantôt à pieds affamé, souvent en convoi à cheval, ce qui procurait une certaine protection contre les pillards. Et qu'est-ce que des voyageurs font le soir lorsqu'ils se rassemblent autour d'un feu ? Ils font comme tous les voyageurs de cette époque, comme on le fait encore aujourd'hui : on parle, on raconte, tout comme les coureurs des bois le faisaient à la même époque en Amérique du Nord. La route est longue ne canot, entre Québec et Winnipeg et que vous ramez sur des cours d'eau toujours à contre courant. Jakob se livrait à la même activité autour des feux, il parlait de la route, des conditions météorologiques, des voleurs, des étoiles, on se racontait des histoires, des légendes qui trempaient dans les croyances, les religions, il mentait beaucoup, et notre personnage ne manquait rien. Notre personnage s'est fait une réputation, il savait se battre et parler, de là à se transformer en tribun... J'irais jusqu'à dire, que si tu es capable de de voler l'argent et la marchandise d'un voyageur, tu es aussi capable de lui voler son âme. La jeunesse de Jakob sur les routes est sans doute la période la plus sympathique de sa vie, dans un certain sens je m'y suis reconnu ; après je dirais que c'est beaucoup moins brillant. Il fallait quand même le faire, trahir sa religion, pour finalement demander à le baptême et se convertir ainsi au catholicisme. Ce qui est le cœur du sujet. Tout tourne autour de la conversion, du baptême, mais ce n'est pas seulement religieux. Beaucoup de Juifs à l'époque en Europe Centrale et plus particulièrement en Pologne enviaient La Noblesse, alors comme l'Église Catholique voulaient tout dominer et surtout convertir, les Juifs comprirent assez rapidement, qu'en délaissant leur religion juive, en marchandant leur baptême, ils pourraient devenir Noble et posséder des terres. Il y a un fond économique à cette histoire.
Bonne fin nuit pour ce qui en reste
Richard St-Laurent

KOGAN a dit…

Bonjour Carmilla

Pour faire court, et afin de palier à l'embouteillage ici présent, concernant la psychanalyse, pure trame de tapis avec ses innombrables noeuds gordiens que l'on refait après les avoir tranchés, je dirai que la philosophie est beaucoup plus bénéfique quand bien même si l'on doit se poser la question éternelle sur la vie, qui est une chance, et du bonheur qui s’apparente à la sérénité et la quiétude qui accompagnent la compréhension du monde.

Quant à la suite fatale de la mort et pour finir avec humour c'est parce que "l’homme n’a jamais eu la perfection du cheval..."et que l'immortalité est... une punition.

Bonnes fêtes de fin d'année.
Bien à vous .
Jeff.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Toutes mes félicitations pour avoir achevé la lecture d'Olga Tokarczuk.

Plus de mille pages bien tassées, c'est tout de même une performance. Je n'ai pas encore achevé pour ma part mais j'ai pour excuse d'être sur plusieurs livres à la fois.

Je pensais que ce livre ne pouvait intéresser que les gens qui connaissaient bien l'histoire et les lieux de l'Europe Centrale. Le livre est en effet d'une érudition prodigieuse qui peut apparaître épuisante. De plus, il faut une bonne carte de géographie pour s'y retrouver. Le plus déconcertant aujourd'hui, c'est que la Pologne et la Turquie avaient alors une frontière commune et que la Pologne s'étendait, pour une large part, sur le territoire de l'actuelle Ukraine.

Mais il est vrai qu'Olga Tokarczuk fait revivre un monde disparu mais encore proche. Surtout, il apprend énormément sur le monde juif d'Europe Centrale, son mode de vie, ses croyances, sa pensée. C'est un monde qui est totalement méconnu, ignoré, en Europe de l'Ouest et notamment en France. Pourtant le monde juif a profondément façonné l'Europe puis l'Amérique.

L'histoire de ce mouvement messianique juif, "le Frankisme", est, de plus, ahurissante, incroyable. C'est vrai que Jakob Frank n'est pourtant pas très sympathique. Comme vous le dîtes bien, il est un séducteur, un voyageur, un polyglotte,un mythomane, un prédateur sexuel.

Votre comparaison entre la Pologne et le Québec est intéressante mais je ne peux pas juger, n'étant jamais allée au Québec. Je crois quand même que les hivers en Pologne, c'est beaucoup moins froid à tel point que la neige y devient rare.

Le poids plus fort de la religion en Pologne, c'est évident même si les choses évoluent beaucoup et que la population se laïcise de plus en plus. Beaucoup de jeunes Polonais se détournent aujourd'hui de la religion; à l'inverse, curieusement les Russes et les Ukrainiens m'apparaissent de plus en plus pratiquants. Il faut surtout rappeler que l'Eglise polonaise était le principal support de la résistance au communisme et qu'elle a joué un rôle majeur dans son renversement. Elle continue d'en retirer une "aura" très forte.

Je comprends bien sûr que vous ne soyez pas attiré par la psychanalyse. Je souligne toutefois que c'est une discipline qui permet d'appréhender le fonctionnement du psychisme humain sous un nouveau jour et de balayer tous les préjugés et idées reçues.

Si vous avez tant aimé Olga Tokarczuk, je vous conseille de prolonger, si vous ne l'avez déjà fait, par la lecture des livres d'Isaac Bashevis SINGER.

Bien à vous et Joyeuses Fêtes,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Jeff,

Je pense néanmoins, même si Freud s'en défendait, que la psychanalyse a une dimension philosophique.

C'est évidemment une vision très noire, très pessimiste, mais il s'agit, avant tout, de savoir affronter le Mal et la Mort et de reconnaître le caractère tragique de la vie.

Et puis de comprendre que le monde et ses objets (notamment de désir) ne se modèlent pas sur nos rêves. C'est plutôt eux qui nous modèlent et c'est toujours boiteux, imparfait, décevant.

Tout est effectivement foireux, perturbant...

Essayez d'écouter quelques histoires sur Transfert, le podcast de Charlotte Pudlowski. Certaines sont stimulantes.

Bien à vous et Joyeux Noël,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour madame Carmilla !
Lorsqu'on pense au Québec ou qu'on en parle, c'est toujours à propos du froid.
Nous avions un beau et bon couvert de neige à cause du froid des deux derniers mois. J'avais même commencé à chausser mes skis de fond.
Vendredi dernier, la catastrophe nous est tombée dessus avec une forte pluie pendant toute la journée et un maximum de +12 degrés. Hier, lorsque je suis allé à la ferme, tous les champs avaient perdue cette belle neige. Ce qui n'a rien d'exceptionnelle.
Mon plaisir ultime, c'est une bonne grosse tempête de neige et pour un Québécois comme moi, une vraie tempête, ce n'est rien de moins d'un mètre de neige. Ce qui est exceptionnelle.
Pour Isaac Bashevis SINGER, c'est noté je n'y manquerai pas. Tout ce que je me souhaite c'est que cette année 2019 qui s'annonce soit encore plus satisfaisante que l'année qui se termine. Que de bonnes lectures passionnantes, des discussions intéressantes, des rencontres déstabilisantes, des voyages dans le nord que j'aime tant, des bonnes récoltes, des moments uniques assis sur une roche à écouter la musique du vent qui siffle à mes oreilles, sans oublier mes traversées de rivières à la nage. Tout cela, parce que la vie, quoi qu'on en dise, personnellement, et à chaque jour, est une fête.
On ne peux souhaiter que ce qu'on connaît ; alors je vous souhaite tout ce que je viens d'énumérer ,et plus encore, et tout spécialement des merveilleux voyages.
Si la vie cesse de vibrer, alors on l'a fera vibrer !
Bon vent et protéger votre liberté !
Richard St-Laurent


KOGAN a dit…

Merci pour la "stimulation" de Charlotte Pudlowski et de ses podcasts, mais je ne suis pas tombé sur le meilleur...

Je viens d'en prendre connaissance sur celui notamment "Plaire aux hommes"
ou comment peut-on en venir à se nier pour satisfaire le désir de l'autre?.

Histoire d'amour (petit A) d'un écrivain et d'une stagiaire de librairie.

Alors là je vous rejoins à grands pas vers Freud qui pendant et surtout à la fin de sa vie avait reconnu, après avoir analysé le phénomène féminin et en déclarant:

-Je ne comprendrai, ni ne saurai jamais ce qu'elle veulent...et ça empire.:-)

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Ici à Paris, ce n'est que pluie, vent et extrême douceur. La neige et le froid, il n'y a que les centenaires qui en ont un souvenir.

Je vous remercie pour vos bons vœux mais je n'ai que des projets très concrets. Je vais bientôt aller en Iran et j'aimerais parvenir à nager 4 kilomètres en une heure. Pour le reste, les événements décideront.

Joyeuses fêtes, bonnes huîtres et bon vin,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Jeff,

Oui, j'aime bien le podcast de Charlotte Pudlowski. Evidemment, ça fait peut-être un peu histoires de nanas mais il y a quand même des récits troublants.

Se nier pour satisfaire le désir de l'autre, c'est un comportement très fréquent. Surtout les femmes bien sûr mais est-ce que ça n'arrive pas aussi aux hommes ?

Si j'ai réussi à vous intéresser un peu à la psychanalyse, je vous conseille de poursuivre en lisant le polar suédois (récemment paru en poche) de Camilla Grebe: "Un cri sous la glace". C'est étonnant.

Joyeuses fêtes,

Carmilla

KOGAN a dit…

Bonjour Carmilla

Merci pour le conseil vous êtes un vrai coach.

"Se nier ça arrive aussi pour les hommes , mais je suis scorpion, c'est blanc ou noir dès le début... :-)"

Je vous tiens au parfum après lecture...

Bonnes fêtes.
Jeff

Richard a dit…

Bonjour Dame Carmilla
Quatre kilomètres en une heure ?
Vous faites combien présentement ?
Avec ou sans palme ?
Bon, 4 kilomètre dans une heure, vous pourriez dans des conditions idéales faire la traversée du Lac Saint en en huit heures, ce qui vous mettrait dans les derniers. Je dis bien dans des conditions idéales, pas de vent, surtout pas de vent, parce qu'au milieu du lac les nageurs et nageuses rencontrent souvent des vagues d'un mètre, d'autre part avec vos 55 kg, vous pourriez avoir des problèmes d'hypothermie. Ces genres de nageurs ont un physique tout à fait particulier, ils ne sont pas ronds, mais on peut observer une certaine masse adipeuse, un peu de graisse, ce qui aide en eau froide. Les nageurs de distances en eau libre, c'est une race à part que j'admire beaucoup, parce que ça c'est plus que du sport.
Mais quand même 4 kilomètres dans une heure, c'est une bonne moyenne.
Les meilleurs nageurs font entre 7 heures 10 à 7 heures 20 pour franchir ces 32 km. Statistiquement vous n'êtes pas loin derrière, mais plusieurs en demeurent à 8 heures.
Je trouve ce projet très excitant, si bien que je regarde ma rivière ce matin qui est débâclée, où de gros morceaux de glace font plus de 4km/h, disons que pour la baignade je vais attendre un peu, mais je suis excité quand même, parce que je trouve que c'est un beau projet.

Bonne chance Carmilla
Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Les choses sont simples, Richard,

Un très bon nageur, de niveau compétition, nage un peu plus de 5 kilomètres en 1 heure.

Un bon nageur nage 4 kilomètres.

Enfin, le niveau minimum pour s'inscrire dans un club en France est de 3 kilomètres.

En dessous, on ne nage plus mais on barbote.

Je pense être à un peu plus de 3 kms aujourd'hui, sans palmes bien sûr.

J'espère pouvoir atteindre 4 kms parce que j'étais encore débutante il y a peu et que je suis, en ce moment, en progression continuelle. Mais je ne pense pas pouvoir aller au-delà. Il faut en effet aussi un physique de déménageur pour être un grand nageur.

Joyeux Noël,

Carmilla