samedi 18 juillet 2020

Actualités


On vit dans une société de l'information, dit-on. C'est vrai qu'on est submergés, pilonnés, sous un flot continu, de "news". A chaque instant, il se passerait quelque chose dans le monde et surtout en France. Je l'ai particulièrement éprouvé pendant la période de confinement durant la quelle j"avais branché ma télé sur les chaînes dites d'information. Mais j'ai vite cru devenir folle, abêtie et complétement dépressive.


Vivre dans l'instant, dans l'émotion, sans recul, sans distance, je n'en pouvais plus. Alors, j'ai décidé de faire le vide, de ne plus me raccorder, passivement à "l'actualité". Bref de rechercher simplement ce qui me préoccupait vraiment.  Bien sûr, ça aboutit à quelque chose de partiel et de partial et c'est tout aussi critiquable. Mais de toute manière, chacun vit un peu dans son propre monde, chacun a sa découpe du réel. Voila donc ce qui a retenu mon attention ces derniers jours et qui m'a attristée.


- La conversion, décidée par l’État turc, de la basilique Sainte-Sophie d'Istanbul en une mosquée. J'ai l'impression qu'en France, ça ne suscite pas beaucoup d'émotion mais c'est sans doute dommage. Il ne s'agit pas défendre une religion contre une autre (le christianisme contre l'islam ou inversement) mais il s'agit de reconnaître ce qui appartient à l'histoire universelle de l'humanité. Sainte-Sophie, ça a été l'une de mes grandes émotions de touriste quand j'étais étudiante, éprise du Moyen-Orient : elle remonte tout de même au VI ème siècle (c'est inouï !) et elle porte en elle toute la culture gréco-romaine et byzantine. On n'a pas le droit d'effacer ça et de réécrire l'histoire  pour satisfaire de bas instincts nationalistes, pour ressusciter l'ancien Empire ottoman et Soliman le Magnifique dans la peau d'Erdogan.


- Les Pays-Bas viennent de traduire la Russie devant la Cour européenne des droits de l'homme pour son rôle dans la destruction du vol de l'avion MH17  abattu par un missile en 2014 au-dessus de l'Ukraine. Ça semble vieux et c'est largement oublié même s'il y a eu près de 300 morts. C'est une démarche qui ne donnera rien évidemment parce que la Russie, en dépit des conclusions accablantes d'une commission d'enquête internationale, continue de nier farouchement en adoptant une posture indignée. L'aplomb dans le mensonge des dirigeants russes, depuis la Révolution léniniste, m'a toujours sidérée et terrifiée : vice du système politique ou de la psychologie russe ?


- La célébration à Moscou du 75 ème anniversaire de la victoire de mai 1945. Poutine a enfin pu célébrer cet anniversaire qu'il aurait sans doute voulu plus grandiose (mais Covid oblige). C'est vrai qu'à l'Ouest (Europe et États-Unis), on a aussi une vision lénifiante et totalement tronquée de ce qu'a été la 2 nde guerre mondiale et qu'on néglige largement ce qui s'est passé à l'Est. Tout, là-bas, y a pourtant outrepassé les limites de l'horreur. Tout y a aussi été trouble, presque indécidable, au-delà de tout jugement moral. Les héros y ont continuellement côtoyé les salauds, voire sont devenus eux-mêmes des salauds et inversement.

Mais Poutine n'a que faire de ces subtilités et il ne connaît qu'un seul héros: le peuple russe tout entier. La compromission avec l'Allemagne nazie, la terreur stalinienne, c'est effacé. De même, les soldats criminels de l'Armée Rouge. On en vient même à dire que c'est la Pologne qui l'avait bien cherché et est en fait la véritable fauteuse de la guerre. Comme Erdogan, Poutine s'attache à réécrire l'Histoire de son pays. Le plus inquiétant, c'est que ça marche et que ça plaît à la population russe : l'idée d'appartenir à un pays glorieux, ça vous conforte dans votre identité personnelle. Bizarrement, on a tous plus ou moins besoin de ça.


- La défaite du candidat libéral et pro-européen Trzaskowski (prononcer Tchaskowski en accentuant sur le o) aux élections présidentielles en Pologne. C'est évidemment triste même si la Pologne n'est pas devenue la dictature que l'on se plaît souvent à décrire. Ce n'est pas un gouvernement d'extrême-droite qui dirige aujourd'hui le pays. Disons plutôt qu'il s'agit de cathos ultra conservateurs style curés de campagne, autrefois en France. Ça n'a bien sûr rien de rigolo mais il existe aussi une opposition laïque et pro-européenne qui demeure très forte et continue de s'exprimer. Quant à la vie quotidienne, elle demeure vivante, créative et bariolée. Ce n'est pas encore la chape de plomb.
 
Le problème, c'est que le pays est aujourd'hui fortement partagé en deux : la ville et la campagne, l'Est et l'Ouest, les religieux et les laïcs. Ce sont presque deux sociétés complétement différentes qui se côtoient au sein d'un même pays. Le plus inconcevable et le plus explosif en Pologne : réunir autour d'une même table des sympathisants des deux partis; c'est la dispute générale immédiate assurée. Mais c'est également porteur d'espoir et de mouvement : tout n'est  pas perdu et la situation basculera sans doute, un jour, dans l'autre sens.


- en France enfin, je n'ai pas noté grand chose si ce n'est la tentation croissante, chez une grande partie de la population, de ne plus s'encombrer du Droit et de faire la justice dans la rue (manifestations féministes contre Darmanin). Et puis la montée générale des passions, de la violence verbale, de la haine et de l'arrogance. La France m'inquiète et je trouve que l'atmosphère y devient pesante.

 Tableaux de Neo RAUCH, né en 1960 à Leipzig (ex RDA). Neo Rauch est l'une des valeurs montantes de la peinture du 21 ème siècle. Il est très apprécié non seulement en Allemagne mais aussi aux USA. Personnellement, j'adore ses images extrêmement énigmatiques, qui donnent littéralement à penser. Le problème est que les images Internet ne donnent qu'une très pâle image de la puissance de son œuvre.

20 commentaires:

Alban Plessys a dit…

Bonjour Carmilla,

Après une période obsessionnelle, je me suis moi aussi mis en retrait du surréalisme généré par cette ‘’crise’’. J’ai préféré faire mes propres analyses, préférant les chiffres et les courbes aux expertises médiatiques, découvrant que les épidémiologistes et autres virologues (qui auront encore pour longtemps un avis sur tout) ne sont pas des cliniciens mais des statisticiens, regrettant le retrait du Politique face à eux et face aux agitations d’une multitude de groupuscules de pression. J’ai ainsi calculé que le virus (ou ses conséquences) avait tué moins de personnes en Europe en juin que les piqures d’insectes (intéressant car je me demande s’il ne faudrait pas rendre obligatoire le port d’une combinaison anti moustique ! Mais disposons-nous d’un stock stratégique ? rien n’est moins sûr…).

Vous avez raison, les Pays-Bas n’obtiendront rien de la Cour européenne des droits de l’homme. L’Ukraine s’y est aussi cassée les dents à propos de son recours formé là encore contre la Russie en 2014, à propos de la violation systématique des droits de l’homme perpétrée par les forces russes en Crimée. Poutine a d’ailleurs suspendu l’exécution de tous les arrêts condamnant la Russie depuis 2015. Comme on dit en France, c’est comme tenter de pisser dans un violon.

Je suis inquiet aussi de la tournure que prennent les évènements en France, mais aussi en Europe et dans le Monde, inquiet du retrait du Politique et du droit, de l’exigence de contradictions dans la modération, qui est à la base de la culture démocratique et de la Justice. Inquiet en particulier de l’effondrement généralisé des organisations internationales. Le sommet de l’UE vient de débuter par un blocage insurmontable entre le Nord et le Sud, l’OSCE est désertée, en particulier par la France, l’OMC n’a plus de direction, l’OMS est décrédibilisée, l’ONU est inerte lorsque les géants du Conseil de sécurité s’opposent (ce qui est aujourd’hui devenu systémique), l’OTAN est morte (sur ce point Macron a raison) comme l’atteste ce qui se passe en Méditerranée où la Turquie a viré les Français de la mission de lutte contre le trafic d’armes en Lybie pour pouvoir y transporter ses armées, son matériel, ses soutiens, ses djihadistes… C’est assez terrifiant. Alors mieux vaut-il ne pas savoir ? Sans doute faudra-t-il apprendre à faire avec dans un certain détachement tout en ne renonçant pas à ses valeurs. Compliqué…

Sinon, consterné par le niveau atteint par la presse française, j'ai découvert avec bonheur la qualité de la presse suisse, en particulier du journal Le Temps. A voir.

Bien à vous.

Alban

Nuages a dit…

J'ai été déçu par la défaite du candidat réformateur en Pologne. Le président de la République, dans ce pays, n'a pas un immense pouvoir, mais il a certains droits de veto, et il est le garant des institutions. Avec la réélection de Duda, le PiS a les mains libres pour poursuivre son projet de démocratie populiste "illibérale".

En tout cas, la géographie électorale de la Pologne reste fascinante, comme le montrent les superbes cartes de ce site :

https://wbdata.pl/mapy-wyborcze-wybory-prezydenta-2020-ii-tura/

Le tracé des anciennes frontières (partage de la Pologne entre la Prusse, l'Autriche et la Russie ; les anciennes frontières de la Pologne d'avant-guerre, avec les comportements différents des anciens territoires allemands) continue d'éclairer les contrastes idéologiques dans la géographie polonaise.

En Roumanie, c'est fascinant aussi (le "Vieux royaume" vs la Transylvanie et le Banat, anciennement austro-hongrois).

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Alban,

Effectivement, l'information branchée en continu sur l'événement, ça évacue toute distance critique. On est complétement passifs vis à vis de ça. Ça finit par vous formater complétement, on ne réagit plus que dans l'émotion.

Les données chiffrées, c'est effectivement important. Ça permet de mieux apprécier les choses. Mais on produit aussi dans les médias une foule de chiffres trompeurs et mal définis qui achèvent d'égarer tout le monde. Cela dit, même si les chiffres du coronavirus sont redevenus modestes, du moins en Europe, il ne faut pas oublier que, si elle n'est pas contrôlée, cette maladie peut exploser, en quelques semaines. Sans barrières, il pourrait y avoir plusieurs centaines de milliers de morts en France. Est-on prêts à accepter cela ?

Je trouve en effet que l'on vit aujourd'hui dans un climat malsain. L'esprit démocratique et la pensée des Lumières m'apparaissent en forte régression. Je sens plutôt la généralisation de la haine et de l'envie, avec une décrédibilisation générale des institutions. J'avoue que je comprends assez mal tout cela. Qu'est-ce qui est à l'origine du malaise français ? La tentation anti-démocratique et la rancoeur sociales sont de plus en plus fortes.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Effectivement, la situation politique en Pologne est parfaitement tranchée : l'Est et l'Ouest du pays, la campagne et la ville. L'électorat de Duda/Kaczynski est massivement constitué des petites villes de la campagne.

C'est la Pologne conservatrice et catholique qui demeure fortement religieuse. Dans les milieux urbains et dans les zones industrialisées, son influence est beaucoup plus faible.

L'influence des anciens partages ? Je ne suis pas sûre. Varsovie était russe, Cracovie autrichienne, mais sont aujourd'hui massivement anti-PIS. Je vois plus l'opposition ville-campagne.

Mais c'est aussi pour ça que je ne suis pas complétement pessimiste pour la Pologne. Comme partout, la sociologie y évolue et il y a un recul continu de la pratique religieuse. La laïcisation est très forte dans les villes.

Par ailleurs, si la télévision nationale est effectivement contrôlée par l'Etat, il existe par ailleurs de nombreuses chaînes privées et la presse demeure abondante et complétement libre. La Pologne n'est donc pas une dictature complète, comme on le laisse entendre.

Quant à la Roumanie, c'est encore plus compliqué. Je m'interroge surtout sur la Transylvanie. C'était quand même un territoire surtout peuplé de Hongrois et d'Allemands. Je crois qu'on a fait de belles bêtises, que l'on continue de payer aujourd'hui, lorsque l'on a redécoupé (notamment la France) l'Europe au lendemain de la 1ère guerre mondiale? Mais c'est à analyser plus finement,

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla !

Quelques nouvelles d'Amérique

Vivre ces moments de quiétudes et de grâces le dimanche matin, tout en écoutant la musique classique à l'antenne de Radio-Canada, devant toute cette verdure qui m'entoure et cette petite bruine rafraîchissante qui m'apporte un réconfort et me permet de me distancer, de ce qui ressemble à de la folie furieuse.

Vous n'êtes pas les seuls en Europe à vous inquiéter de la démocratie et surtout de l'État de Droit. Ici au Québec nous assistons à une vague de dénonciations d'agressions sexuelles sur les réseaux sociaux. Cela sent la vindicte populaire à pied nez, tellement que cela en devient dégoûtant. De-là à penser que nous les hommes nous sommes tous des violeurs...ça commence à me taper rudement sur les rognons.

Nous pouvons comprendre que les gouvernements ont eu à choisir entre la COVID-19 et la santé mentale de plusieurs. Serions-nous cantonnés entre l'infection ou la folie ? Alors, on a déconfiné, sans doute trop tôt pour moi, résultats nous voyions les cas de contaminations augmenter. Ici, cela demeure contrôlable, mais chez nos voisins du sud, c'est l’hécatombe. Conclusion, la frontière demeure fermée, et elle risque d'être fermée pour longtemps. Trudeau tient son bout, on n'en attend pas moins de lui.

Un autre phénomène qui m'a surpris, c'est l'augmentation des prix de l'immobilier en région. Les gens veulent fuir Montréal pour venir s'installer en région, parce que le cœur de l'a crise sanitaire a eu lieu à Montréal, pas en région. Plus qu'il y a d'humains, plus les chances sont fortes d'être contaminé. Qui plus est, la qualité de vie est infiniment plus grande en région que dans la grande ville. Dans les faits, le Québec a été séparer en deux, Montréal d'un côté et le reste de la province de l'autre côté. N'eut été de Montréal, la crise n'aurait pas eu la même ampleur.

Depuis hier, nous sommes tous masqués dans les endroits publics, et les médias n'ont pas manqués d'ajouter à l'inflation du vocabulaire. Nous ne portons plus des masques, mais des couvres visages. Il me semble que le mot masque faisait très bien l'affaire.

Voilà ce qui justifie amplement mon isolation. Je me réfugie dans la lecture, (je suis en train de relire pour la quatrième fois : Le lambeau de Philippe Lançon, qui ne manque pas de souligner ce genre de folie qui a frappé La France après les attentats), reste la musique classique, et surtout que j'ai recommencé à travailler dans mon jardin. Je garde mes distances, ce qui n'est pas seulement épidémique.

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Richard a dit…

À lire et à réfléchir.

Il y a encore des textes intéressants

https://www.lapresse.ca/societe/2020-07-19/confinement-questionnement-pandemie-changement-de-vie.php

Richard St-Laurent

Nuages a dit…

Parmi d'autres, un article de "The Economist" illustre bien ce que je disais. L'influence des anciennes frontières impériales (et également des anciennes frontières allemandes de 1939) sur la géographie électorale polonaise. L'article parle aussi du cas roumain.

https://www.economist.com/graphic-detail/2018/11/21/imperial-borders-still-shape-politics-in-poland-and-romania

Nuages a dit…

Un autre article, plus touffu celui-là, et de niveau universitaire. Il a l'air passionnant !

https://repozytorium.amu.edu.pl/bitstream/10593/21894/1/84.%20Jaroslaw%20Janczak_%20Phantom%20borders%20and%20electoral%20behaviour%20in%20Poland.%20Historical%20legacies%2C%20political%20culture%20and%20their%20influence%20on%20contemporary%20politics_2015_poltical%20gegraphy_phantomborders_local%20elections%20in%20Poland.pdf

Richard a dit…

Bonjour Carmilla !

Pour quelles raisons Emmanuel Macron a congédié son Premier Ministre Édouard Philippe ?

Il me semble que Philippe faisait son travail.

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard pour ces nouvelles d'Amérique.

Mais je vous avouerai que le coronavirus, ça commence à me déprimer sérieusement. Je trouve infiniment triste la vie actuelle, faite d'anxiété face à la maladie et de crainte d'effondrement économique.

J'ai alors aussi envie d'aller voir ailleurs, me perdre au loin pour ne plus y penser. Mais je n'en ai pas la possibilité.

Passer à autre chose. C'est peut-être pour ça que je n'ai toujours pas réussi à entamer la lecture du livre de Philippe Lançon, dont je n'ai entendu que des éloges. Mais j'ai maintenant besoin d'un certain recul. Vivre dans l'émotion, c'est épuisant.

Quant à Edouard Philippe, bien sûr, c'était un personnage de grande classe. Mais je suppose qu'Emmanuel Macron a voulu donner le signal d'un changement de sa politique. Le nouveau 1er ministre est moins raffiné mais plus concret, davantage de terrain. Mais ça ne suffira peut-être pas tant l'évolution des opinions en France, de plus en plus marquée par le populisme, est inquiétante.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages pour ces intéressants articles.

Mais je continue de ne pas être entièrement convaincue par cette analyse qui n'est certes pas fausse mais tout de même simplificatrice. Certes la Pologne était autrefois partagée entre le monde germanique (Prusse-Allemagne/Autriche et Russie). Quant à dire que ce découpage se retrouverait dans les résultats électoraux, que l'arriération russe et la modernité allemande continueraient de caractériser et distinguer l'Est et l'Ouest du pays, c'est peut-être excessif. Il y a eu tellement de mouvements de population sur ce territoire, lui-même très mouvant, qu'il est difficile d'en tirer des conclusions. Un exemple : beaucoup de gens qui vivent aujourd'hui à l'Ouest de la Pologne (Wroclaw, Poznan) sont généralement issus de ce qui était autrefois l'Est de la Pologne (transfert massif des populations issues des Pays Baltes, d'Ukraine et de Biélorussie, décidé par Staline au lendemain de la Guerre).

Il me semble que c'est surtout l'opposition ville/campagne qui a été décisive. Toutes les grandes villes de l'Est (Varsovie, Lublin, Rzeszow)ont massivement voté contre Duda et toutes les petites villes de l'Ouest ont voté pour lui. Cette opposition ville/campagne, c'est aussi, bien sûr, celle des religieux et des laïcs.

On aime bien faire de grands partages. En France, on distingue aussi l'Est et l'Ouest, plus ou moins industrialisés et religieux. En Ukraine, les Galiciens (situés à l'Ouest) ne sont pas très aimés: des truands et des dingues.

Bien à vous,

Carmilla

Nuages a dit…

Bien que me définissant moi-même comme "social-démocrate et écologiste pragmatique" (;o), j'appréciais beaucoup Edouard Philippe. Il dégage une impression de rigueur, d'intégrité, de précision et de compétence. Il s'exprime aussi particulièrement bien oralement.

Richard a dit…

Bonjour Carmilla !

Peut-être, que le plus dur commence maintenant ?

Nous n'en savons rien.

L'UE est finalement arrivée à une entente après quatre jours de négociations ardues, où Merkel et Macron ont pesé de tous leurs poids. Il me reste une impression que c'est du remplissage de trous sans fond. Est-ce que ces situations vont requérir plus de fermeté ?

Comment discipliner des peuples qui ne pensent qu'à partir en vacances et à faire la fête ? C'est ce que j'ai pu observer au cours des dernières semaines, des jeunes qui font la fête et qui s'envoient en l'air, suite à la fausse sécurité du déconfinement en pensant que tout était terminé.

Ce qui me rappelle ce bout de texte de Lançon dans son Lambeau, alors qu'il évoque ses débuts dans le journalisme. 

«J'étais naïf, optimiste, angoissé, presque innocent. Je crois qu'alors nous l'étions presque tous. Le monde qui s'achevait nous laissait encore la possibilité d'être jeunes le plus longtemps possible. » Le lambeau, page 39.

Je suis ainsi, lorsque je souffre, que je traverse la douleur, j'ai cette tendance à me fondre dans les épreuves d'autrui. J'ai relu Le lambeau lentement pour mieux le savourer pour pénétrer dans une lenteur qui m'a enchantée.

L'école d'aviation des jeunes bernaches est maintenant ouverte. Terminé le barbotage, ils viennent de passer aux choses sérieuses. Ils sont environ une vingtaine de novices, accompagnés de sept ou huit adultes, qui soudain s'éloignent des jeunes, se mettre à crier, à battre des ailes, puis décollent et demeurent à un mètre d'altitude pour se poser 200 mètres plus loin. Soudain les jeunes se mettent à battre des ailes puis s'élancent en se servant de leur pattes palmés pour pédaler afin d'augmenter leur vitesse. Certaines décollent en directions des adultes pour amerrir près d'elles. Le spectacle se sont les atterrissages qui manquent de finis. Ces atterrissages ressemblent à des sauts dans le vide, des décrochages, des rebondissements à la surface de l'eau, c'est très rigolo. Comme de quoi que les oiseaux comme les humains ne naissent pas en volant.

Cet après-midi, je rencontre mon chirurgien...histoire à suivre.

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Je partage votre point de vue. Edouard Philippe est quelqu'un de courtois et agréable. Il est aussi un lettré ainsi qu'en atteste son récent livre sur ses goûts littéraires et ses quelques romans policiers. Si je devais passer une soirée avec un homme politique, ce serait plutôt avec Edouard Philippe. Il ne doit pas être ennuyeux et il apparaît plutôt sympathique et ouvert.

Mais il a malgré tout un côté "élite bougeoise" qui déplaît profondément à certains.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Vous avez, hélas, probablement raison.

On est loin d'être tirés d'affaire et on ignore quels désastres humains et sanitaires nous allons devoir traverser.

En France, la 2nde vague se profile déjà. Le problème est qu'une grande partie de la population (les plus jeunes en particulier) ne se sent pas concernée.

C'est en effet tout le problème de la compassion envers les plus faibles. On constate que celle-ci n'est pas du tout innée. Ceux qui meurent, ils avaient déjà fait leur temps, pense-t-on souvent.

Dans ce contexte, on a effectivement envie de se déprendre, de faire le vide, de ne plus penser qu'à l'instant et à sa beauté fugace. Loin de tout, dans une campagne infinie.

Bon courage pour votre consultation chirurgicale, ce n'est jamais agréable.

Bien à vous,

Carmilla

Nuages a dit…

La pandémie de grippe dite "espagnole" de 1918 a, elle, fortement touché, et décimé, les jeunes adultes, et pas seulement dans les pays épuisés par la guerre. Si c'était le cas aujourd'hui, peut-être que les jeunes fêtards seraient plus solidaires, prudents, empathiques ?

Je viens de lire un livre de la journaliste scientifique Laura Spinney, "La grande tueuse - Comment la grippe espagnole a changé le monde". C'est absolument passionnant. Bien sûr, la pandémie de 1918 a fait infiniment plus de morts (au moins 50 millions, donc 3% de la population mondiale à l'époque), mais les parallèles avec la situation actuelle sont frappants.

https://livre.fnac.com/a12054410/Laura-Spinney-La-Grande-Tueuse

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla.

Je commencerais par cette citation tiré du Lambeau de Philippe Lançon :

« Ces jours qui te semblent vides
Et perdus pour l'univers
Ont des racines
Qui travaillent les déserts. »
Paul Valéry

Le courage vient facilement lorsque les nouvelles sont bonnes, de toute façon, elles ne peuvent pas toujours être mauvaises. Mon chirurgien, Jean-François Joncas a fait du bon travail. Nous avons examiné en long et en large l'état de mon fémur d'après les rayons X qu'on venait de prendre. J'ai eu droit à un véritable cours de chirurgie et de biologie. Selon Jean-François, je suis chanceux, parce que selon ses dires, c'est une belle cassure, franche en diagonale, assez éloignée de la rotule. Ce qui permet une meilleure vascularisation. Déjà un tiers de la fracture est ressoudée, 43 jours après l'intervention. J'ai eu beaucoup de plaisir à m'entretenir avec cet homme, excellent vulgarisateur, et surtout passionné de son métier. Qui plus est, j'ai eu l'autorisation de conduire mon véhicule et de traverser ma rivière à la nage ! J'ai même tenu dans mes mains le soutiens métallique qui a été installé à l'intérieur de ma cuisse. Il m'a même expliquer comment il installait ce bout de métal. C'est vraiment plus compliqué que je ne me l'étais imaginé. Je suis toujours un homme de chair et de sang ; mais maintenant avec un paquet de ferraille à bord.

Ce matin retour à la physio et Andrée-Anne, ne m'a pas épargné, grimper des escaliers avec une canne, mettre du poids sur cette jambe, renforcer les muscles. Elle aussi est enchantée des résultats. J'ai fait des mouvements que je ne pouvais faire voilà deux semaines. Pendant une heure, elle ne m'a pas lâché. Je me sens bien lorsque je suis dans la lutte. J'ai tout lieu de croire que ça va aller. Prochain objectif pour le fin de septembre, la scie mécanique et l'équipement de protection, pour le début de la saison de bûchage. Rien de moins !

Hier en sortant de l'hôpital, je me suis souvenu de cette citation de Lançon :

« Vivre à l'intérieur de la souffrance, entièrement, ne plus être déterminé que par elle, ce n'est pas souffrir ; c'est autre chose, une modification complète de l'être. Je sentais que je me détachais de tout ce que je voyais et de moi-même pour mieux le digérer. »
Philippe Lançon
Le lambeau
Page -129-

C'est une bonne citation sur la souffrance.

Bonne nuit et merci Carmilla.

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

50 millions, c'est en effet la dernière évaluation effrayante de cette grippe espagnole dont on a assez peu parlé (lendemains de guerre). 3 % (dont une majorité de jeunes) de la population mondiale. On peut rappeler aussi que les grandes épidémies de peste jusqu'au XV ème siècle ont exterminé un bon tiers de la population européenne.

On a trop rapidement oublié que ce n'est que très récemment (avec notamment la découverte des antibiotiques) que l'humanité s'est provisoirement affranchie du risque infectieux. Il faut réapprendre à vivre avec ce risque mais cela exige une discipline collective.

Bien à vous,

Carmilla

PS : "Peste et choléra" de Patrick Deville, consacré à Alexandre Yersin, est également assez intéressant

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Une maladie, une blessure, tout ce qui s'attaque à l'intégrité du corps, ce n'est pas seulement une atteinte, une perturbation, physique. C'est surtout un bouleversement moral, psychologique. La vie personnelle n'est plus comme avant.

On ne s'en sort pas tous de la même manière. Ça peut être ravageur, destructeur, on peut s'abandonner à la pente du déclin. On peut aussi y trouver une nouvelle force mentale puisée dans la satisfaction de parvenir à maîtriser la souffrance.

Il semble que vous ayez emprunté cette seconde voie positive. Je vous en félicite et, surtout, persévérez.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla !

Merci à Nuages pour sa suggestion de lecture pour le livre de Laura Spinney : La grande tueuse, que j'ai pris en note et que je ne manquerai pas de lire tout comme votre suggestion Carmilla : Peste et choléra de Patrick Deville. Voilà des sujets qui me passionnent.

Les pandémies frappent lorsque les humains sont en mauvaises conditions physiques et psychologiques. Exemple, tous ces militaires qui étaient dans les tranchés dans des conditions horribles, de peur, d'inconfort, d'humidité. Le corps et la nature finissent par rouspéter.

Cette fois-ci avec la COVID-19, je me demande de quelle nature était notre vulnérabilité ?

Merci Carmilla

Richard St-Laurent