samedi 30 août 2008

"La Dame dans l'auto, avec des lunettes et un fusil"


















Tamara Lempicka


En Allemagne, je m’en donne à cœur joie.

Mon ancêtre avait fait son apparition au milieu du 19ème siècle, en Styrie, dans un magnifique équipage tiré par 8 chevaux noirs lancés au grand galop.

Les choses ont un peu changé depuis. Moi, c’est au volant de ma voiture de sport que je sillonne les autobahns ; mon coupé BMW série 6 des années 80 que je viens de remettre complètement à neuf ; une voiture devenue rarissime et qui fait ici l’admiration de tous.

Plaisir d’une voiture immorale, qui pollue et consomme un maximum mais qui surtout va très vite. J’adore rouler à toute berzingue, voir exploser à l’horizon les pointillés jaunes et blancs des lignes discontinues. J’aime surtout faire la course avec les motards mais ils me déçoivent car ils lâchent généralement prise au-delà de 185 km/h. Il y a dans la vitesse un plaisir érotique intense lié à l’extrême concentration nécessaire de tous les sens pour garder la maîtrise du véhicule. J’étais même si excitée aujourd’hui qu’à la fin d’une course-poursuite, sur une aire d’autoroute, je me suis laissée peloter, ce qui d’habitude me répugne, par un barbon d’une quarantaine d’années que je venais de ridiculiser au volant de son Audi TT. Je l’ai même laissé indemne sans lui donner le baiser de la mort.

Mon rêve aujourd’hui, c’est d’avoir une Porsche, une 911 évidemment avec ses 6 cylindres à plat refroidis par air, ses 6 cylindres qui pousseront de toutes leurs forces dans mon dos. Mais avoir une Porsche en France, c’est s’exposer à beaucoup de soucis dans un pays où la rancœur sociale est si forte.

Une femme qui aime les belles bagnoles et la vitesse, en France, c’est la transgression absolue. Toutes les ligues de vertu, féministes en tête, vous cataloguent immédiatement de crétine. On aime mieux les nunuches, « responsables » comme on dit, qui trimballent leur marmaille et leurs courses dans des voitures ridicules et avilissantes de maman-lapin.

Ne m’opposez pas d’arguments citoyens. De la sécurité, de l'écologie, de l'hygiène de vie, tous, nous n'avons que faire.


La pulsion de mort, Freud l'a bien dit, nous ne connaissons que cela.


Pour moi donc, très simplement :

Etre une femme libre, c’est avoir le droit à l’enfer : l’argent, le jeu, le sexe, la drogue, la vitesse.

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