samedi 28 mai 2011

La Révolution russe


Une petite descente à Grenoble.

Même si je suis une indécrottable parisienne, je me sens quand même aussi un peu grenobloise parce que c’est là que j’ai vraiment entamé ma carrière professionnelle. J’y ai encore plein de connaissances et de petites adresses.

Et puis l’amour de la montagne, c’est vraiment quelque chose de profond. Ce qui m’a toujours désespérée, c’est que la Russie soit presque complètement plate, sur 6 000 kilomètres d’est en ouest.


Mais en fait, si je suis allée en coup de vent à Grenoble c’est surtout parce qu’il y a, en ce moment, une très belle exposition sur Chagall et l’avant-garde russe.

L’inconvénient de Chagall, c’est qu’on connaît par cœur toute son œuvre. On n’attend donc aucune surprise, même si les œuvres originales sont vraiment impressionnantes.


En plus, on considère généralement Chagall, de manière irritante, comme le représentant unique de la peinture russe moderne au point qu’il occulte beaucoup d’autres artistes aussi talentueux et souvent plus révolutionnaires.

La bonne idée, ça a été justement de le confronter à tous ses contemporains russes. Chagall est certes complètement original mais il est aussi fortement influencé par tous les courants artistiques qui ont bouleversé, juste avant la première guerre mondiale, la Russie.


C’est pour moi-même une énigme : jusqu’à la fin du 19ème siècle, la peinture russe était, il faut bien le reconnaître, illustrative et vraiment très classique.

Et puis tout à coup, sans qu’on puisse vraiment l’expliquer, elle s’est portée, pendant une trentaine d’années (de 1895 à 1925 environ), à la pointe de l’avant-garde, inventant même toutes les formes contemporaines : le futurisme, l’expressionisme, l’abstraction et le constructivisme.


Ce qui est étrange aussi, c’est que ça s’est accompagné d’un rejet de la tradition et de l’esprit national, de cette âme slave dont on continue aujourd’hui encore de nous bassiner les oreilles.

C’est au point que ces courants artistiques révolutionnaires du début du 20ème siècle ne sont pas tellement appréciés dans la Russie contemporaine, nettement nationaliste.


Pour moi, ça démontre au moins que la Révolution d’Octobre a éclaté dans un pays beaucoup moins arriéré qu’on ne l’imagine. Pas seulement sur le plan culturel d’ailleurs mais aussi, semble-t-il, sur le plan économique avec un réel décollage.

Contrairement à ce qu’on imagine, les révolutions surviennent en effet dans des pays déjà en ébullition plutôt que dans des pays stagnants.



Marc Chagall

Mikhail LARIONOV (Михаил Ларионов) : Portrait de femme

Nathalie Gontcharova (Наталья Сергеевна Гончарова)

Alexej von Jawlensky (Алексей Георгиевич Явленский), l’un de mes peintres préférés,

Vassily Kandinsky ( Василий Васильевич Кандинский)


L’exposition à Grenoble est jusqu’au 13 juin

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