samedi 5 janvier 2019

Le bel avenir: contre les prophètes de malheur


Comme j'avais un peu plus de temps libre ces derniers jours, j'ai suivi les informations télévisées.

Oh la, la ! J'ai trouvé ça effrayant. Je crois vraiment que si on se shoote à ça tous les jours, on en sort non seulement décervelé mais surtout complétement déprimé.

La mode c'est maintenant l'information en continu (style BFM, CNews, LCI ). On croit qu'en relatant tout, on est plus objectif mais on oublie complétement que l'événement, ce n'est pas l'information. La véritable information, elle, elle a besoin de distance, de regard critique, de sélection.



Mais avec l'actualité en continu, il n'y a plus aucune hiérarchie, tout est mis sur le même plan : l'accessoire comme l'essentiel, les bêtises comme les choses intelligentes, le trivial comme le tragique, l'art comme le divertissement. Une formidable lessiveuse, totalement abrutissante.

On ne vit plus que dans l'immédiateté, l'émotion, on est sans cesse sommés de prendre parti, d'avoir un avis, de se déclarer pour ou contre.

Surtout on ne rigole vraiment pas; on est plutôt entretenus dans une angoisse permanente: on n'entend parler que d'horreurs, de choses épouvantables.


On vivrait d'abord dans un monde de misère, de désespoir et de pauvreté croissante. Même en France, beaucoup de gens souffriraient de la faim. Ce serait la faute à un capitalisme financier ultralibéral qui repose sur la prédation et l'explosion des inégalités.

Et puis, c'est l'insécurité généralisée: il faut beaucoup de courage pour oser sortir de chez soi, tellement il y a de violence à l'extérieur: on risque, à chaque pas, d'être agressé, volé, violé, violenté ou simplement victime d'un terroriste.

Il y a aussi ces terribles épidémies, le SIDA, la grippe H1N1, mais aussi tous ces cancers qu'on attrape à cause de la malbouffe, de la viande rouge, des sucres ou des pesticides.

Quant à l'avenir, il est noir de chez noir: avec le réchauffement climatique, on va finir grillés comme de vulgaires côtelettes ou noyés, submergés par les eaux. Grande évolution de la pensée: Malthus est de retour; on commence à évoquer un nécessaire contrôle des naissances (ce qui, à vrai dire, serait plus efficace que les économies ubuesques que l'on préconise avec "les petits gestes").


On a le sentiment d'un monde crépusculaire, dominé par la peur, dans l'attente d'une catastrophe imminente. Peur de l'avenir, de l'homme, du monde, de la vie tout ensemble.

Une attraction de l'humanité pour le néant attisée par la grande frousse écologique. C'est "Melancholia" de Lars von Trier.

Il faudrait interroger plus en détail cette grande pulsion de mort collective mais comment s'étonner, dans ce contexte, de la montée des populismes, des haines et de l'ignorance ?

La parole des démagogues et des charlatans a acquis droit de cité. Elle est mise sur le même plan que celle des scientifiques et des historiens. Étrangement, les jeunes semblent eux-mêmes à bout, épuisés par avance, et se mettent à raisonner comme des petits vieux. Ils accusent leurs parents, leur font la morale : quel monde de merde, quel monde invivable, vous nous laissez; vous êtes des égoïstes qui n'avez songé qu'à jouir et c'est à nous de payer les pots cassés. C'est le monde à l'envers: autrefois, c'étaient les vieux, me semble-t-il, qui accusaient les jeunes d'être jouisseurs et immoraux.


Les prophètes de malheur sont légions. Ils incarnent, hélas, la pensée dominante. Ils sont les compagnons des nostalgiques, des adorateurs du bon vieux temps, du "c'était mieux avant".

Ce déclinisme mortifère n'a pas seulement des conséquences sociales dévastatrices. Il est aussi une faillite de la Raison et de l'esprit critique. L'Esprit des Lumières, la croyance au progrès, on passe tout de suite pour un simplet ou un suppôt du Grand Capital si on ose évoquer ça.



Je veux bien me ranger dans cette catégorie. Il est plus que jamais urgent d'avoir le courage et la lucidité de l'affirmer: le déclinisme est une absurdité que contredisent toutes les données économiques et sociales.  Jamais, en fait, l'humanité n'a été aussi heureuse et aussi riche qu'aujourd'hui.



Ce n'est pas une approche naïve du style "on vit une époque formidable" mais il suffit de voyager un peu pour le constater. Aussi haïssable que soit le capitalisme ultra-libéral et financier, il a tout de même permis de diviser par deux, au cours de ces trois dernières décennies, la pauvreté dans le monde. L'Asie, les anciens pays communistes européens sont devenus des puissances économiques. L'Afrique entame aujourd'hui son décollage. Même en France, le niveau de vie a été multiplié par deux depuis les années 70 et la pauvreté a été diminuée de moitié.


Il faut aussi ajouter que: jamais la violence et la criminalité n'ont été aussi faibles; jamais on n'a été aussi bien soignés (avec une considérable augmentation de l'espérance de vie); jamais on n'a bénéficié d'une alimentation aussi saine et aussi variée; jamais la durée et les conditions de travail n'ont été aussi favorables; jamais on ne s'est habillés si bon marché.

A l'attention des jeunes ahuris qui reprochent aux adultes le monde qu'on leur laisse (cf le discours d'une jeune suédoise à la COP 24 de Katowice), je préciserai que leurs parents leur font tout de même cadeau d'Internet et des billets d'avion à deux balles pour le monde entier et aussi de toute l'industrie de la culture et des loisirs. 


Le bilan du monde tel qu'il est n'est pas si mauvais que ça. Il y a bien eu au cours du 20 ème siècle et jusqu'à aujourd'hui, un progrès immense de l'ensemble des sociétés. Cela a été permis par une croissance économique soutenue grâce, notamment (suivant le bord politique au quel on appartient), à l'immoralité capitaliste ou au développement de l'esprit d'entreprise. 

Tous les nostalgiques du bon vieux temps me font donc bien rigoler de même que tous ceux qui prônent aujourd'hui une croissance douce sous couvert d'écologie, de développement durable ou équitable. C'est faire preuve, à mes yeux, de beaucoup de cynisme: on aime tellement les pauvres, ils sont un si bon fonds de commerce, qu'on préfère les voir se multiplier.


Mais allez-vous me dire, tout ça c'est fini, terminé. Point final, terminal ! On est au bout, la croissance, il n'y en a plus ! C'est le déclin des forces productives annoncé par Marx.

Et bien non ! Pas du tout ! Tout plaide au contraire pour une accélération de la croissance au cours des prochaines décennies accompagnée d'importants et nouveaux progrès des sociétés. La croissance a de beaux jours devant elle ! C'est d'abord parce qu'on n'a pas achevé la révolution numérique et digitale. C'est aussi parce que se préparent de nouveaux chocs technologiques: la puce 3D, l'informatique quantique, la super-intelligence artificielle. Ces innovations vont générer des gains de productivité considérables avec une importante amélioration du niveau de vie et de l'emploi. Rendez-vous dans 30 ans pour dresser un bilan !

Voilà, je prends le risque dans ce post de passer pour une crétine d'un optimisme béat. Mais j'en ai tellement marre de la sinistrose ambiante... Et puis je crois qu'il est important de raviver l'Esprit des Lumières.

Images d'artistes contemporains que j'apprécie: Ugo RONDINONE, Eduardo COIMBRA, Daniel BUREN, Philip K.SMITH, Georges ROUSSE, Janet ECHELMAN, Jenny MARKETOU, CHRISTO, Eduardo TRESELDI, Anish KAPOOR, Ilya et Emilia KABAKOV.

Dans le prolongement de ce post, on peut bien sûr lire: "Le triomphe des Lumières" de Steven PINKER (j'ai seulement parcouru) et surtout "Au bon vieux temps" de Marion COCQUET et Pierre-Antoine DELHOMMAIS. Ce dernier livre est plein d'histoires passionnantes.

Si vous envisagez d'aller au cinéma, je vous conseille une comédie (c'est rare): "Premières vacances" de Patrick CASSIR. Ça ne vous encouragera pas à partir en Bulgarie cet été. C'est une satire hilarante des pays de l'Est. La critique bien pensante a été gênée par ce film jugé presque xénophobe. Mais moi, je suis bien placée (c'est bien pire en Ukraine) pour dire qu'il est aussi très vrai et qu'il m'a bien fait rire.

11 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour Madame Carmilla !
Du conservatisme et de l'Esprit des lumières.
Texte clair, brillant, qui jette une lumière forte sur nos habitudes, soulignant en même temps, les les zones d'ombre qu'on ne serait ignore sans ambiguïté. Tout à votre image et à votre état d'esprit, qui n'a rien à voir avec la crétine que vous évoquez dans votre conclusion.
Alors, on se donne rendez-vous où dans 30 ans pour en tirer les conclusions ?
Je le dis souvent avec plaisir. J'ai congédié mon appareil de télévision, il y a de cela 20 ans !
Je n'ai jamais regretté cette décision. Ce fut un acte de grande liberté, qui m'a permis justement de libérer du temps et de l'espace pour faire autre chose.
Vous évoquez l'esprit catastrophe des gens qui s'abreuvent à ce média dans l'attente de la grande apocalypse, ce qui me rappelle que les Juifs comme les Catholiques dans cette époque trouble (Les Livres de Jakob), évoquaient la fin du monde éminente continuellement. Nous semblons avoir une prédisposition pour ce genre de pensées macabres. Nous désirons la garanti du pire enveloppé d'une apothéose de frissons garantis. Ce qui dénote sans doute un ennui devant le petit écran.
Quoi qu'on en dise, les autres médias ne sont pas mieux.
Il faut souvent fouiller longtemps pour accéder à de bonnes informations.
Il ressort de tout ce brassage inutile, sans débat véritable, un relent de conservatisme que je croyais, à tort, terminé. Le conservatisme, c'est comme les pissenlits au mois de mai au Québec. Vous les rasez à dix-huit heures avec votre tondeuse, pour vous réveiller le lendemain matin avec des nouvelles pousses. Vous avez raison, lorsque vous évoquez : Le bon vieux temps. Qui avouons-le n'avait rien de bon. Parlez-en à ceux qui sont fait rués par des chevaux. Nous aurions intérêt à revisiter notre histoire et à relire les anciens, ainsi que nos classiques, une fois de tant à autre, pour nous remettent les idées en place. Ce nouveau conservatisme et peu importe ses origines, craint de perdre son pouvoir.
Avant que je l'oublie, je vais vous lancer une invitation. Nous pourrions nous rencontrez dans 30 ans, sur cette île où il y a une belle cabane avec des passerelles en or.
Huitième photos. Je pense que se serait un excellent endroit pour y amarrer un Beaver sur flotteurs.
N'oubliez pas de me donner la position de cet endroit sur une carte.
Bon vent pour les trente prochaines années.
Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Vous avez raison, il est sans doute préférable de se passer de télévision.

C'est non seulement abrutissant mais ça vous normalise complètement. Bien vite, vous ne savez plus penser par vous-même et vous vous contentez de reproduire les idées en vigueur. Celles d'un monde peureux et frileux constitué de moutons jouant aux anges.

Je suis profondément irritée par le déclinisme général qui va à l'encontre de toutes les évidences et de toutes les données scientifiques. Tout n'est bien sûr pas parfait mais le monde continue, en réalité, d'avancer sur la voie du progrès. Ce qui est sûr en revanche, c'est que le bon vieux temps n'était pas si bien que ça. Je suis également convaincue que les hommes seront encore beaucoup plus riches et probablement plus heureux dans 50 ans. Mais dire cela aujourd'hui, c'est passer pour une imbécile ou une ignorante. On vous considérera, au contraire, très intelligent si vous affirmez que le monde court à sa perte et que l'humanité va disparaître avant la fin du siècle. L'idée de la fin du monde plaît en effet à beaucoup, c'est une étrange fascination. Je pense que l'idée que ceux qui vont nous succéder sur terre pourraient être plus heureux que nous est intolérable: les parents sont toujours jaloux de leurs enfants.

S'agissant de la photo, il s'agit d'une œuvre d'art in situ de Christo sur le lac d'Iseo au Nord de l'Italie. Des ponts flottants reliaient les îles de Monte Isola et de San Paolo. Ça s'est passé en juin-juillet 2016. C'était, paraît-il, magnifique et ça a eu un très grand succès (au point de poser des problèmes de sécurité). Je vous invite à consulter d'autres images sur Internet.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour madame Carmilla et merci pour votre réponse.
Ici, c'est la joie d'un ciel clair et froid, -20 degrés.
Je voudrais vous signaler que j'ai eu le plaisir de lire ce matin dans le journal : Le Devoir un article signé par Christian Desmeules sur Les Livres de Jakob de Tokarczuk, c'est toujours plaisant de constater que d'autres humains puissent s'intéresser d'une manière différente à ce que vous avez lu. Il a plus souligné le messianisme et j'ai plus fait dans la géopolitique de l'époque. Ce qui nous ramène à nos manières de penser. Lorsque vous avez souligné récemment que cette époque n'était pas si éloignée que cela de la nôtre, le l'ai compris dans la perspective qui avait tout à voir avec notre présent. Ce qui signifie en autre, qu'il nous faudra penser autrement. Voilà ce qui dérange les gens. Les exemples ne manquent pas dans l'histoire de révolutions technologiques qui ont effrayé les humains qui les ont vu naître. Nous n'avons qu'à penser aux trains et aux avions, à l'époque lorsque c'est sorti, il n'y avait que les fous pour embarquer dans ces genres d'engins. Les métiers à tisser en Angleterre détruit par les tisserands. Voilà un bel exemple de gens qui refusaient non pas le progrès, mais l'évolution. Les écologistes ne m'impressionnent guère. Je veux bien moi diminuer le nombre d'automobiles dans le rues ; mais si vous diminuez le nombre d'automobiles construits, alors qu'allez vous faire de ces ouvriers qui se retrouveront au chômage. Moins d'avions dans le ciel signifierait-il des ingénieurs en aéronautiques qu'on ne pourrait employer ailleurs.
D'autre part, vous avez souligné une chose qui m'intéresse vivement : l'informatique-quantique. Pour l'heure, le problème principale de cette innovation, c'est sa consommation d'énergie. Quotidiennement, je consulte les prix de l'énergie, parce que votre raisonnement est loin d'être faux, la croissance économique depuis la deuxième guerre mondiale, elle est due en bonne partie au pétrole. Un tracteur ou un moissonneuse batteuse ce n'est pas un cheval qui boit de l'eau. N'oublions pas, nous avons 7.5 milliards d'humains à nourrir, nous avons intérêt à nous enlever les doigts dans le nez. Nous ne devons pas renoncer au pétrole parce qu'il est sale ; mais parce qu'il n'est pas assez performant. En un mot, si nous voulons encore évoluer, il nous faudra inventer, trouver, penser à d'autres sources d'énergie. Voilà un grand défi très réaliste.
Vous avez touché un autre sujet très intéressant, à la limitation des naissances. Les Chinois ont déjà joué cette carte. Comme vous êtes forte en chiffre je vais vous soumettre un problème : Combien devrait-il y avoir d'humain sur terre ?
Bonne réflexion madame Carmilla
Richard St-Laurent

KOGAN a dit…

Bonjour Carmilla.

C'est vrai , la télévision c'est beaucoup mieux quand on ne la regarde pas, véritable arnaque véhiculée par la bêtise, entre les actions des GJ ninjas déshonorantes pour la caste des Samouraï, et des annonces du genre pour nous dire quelle actrice entame une cure de détox, il y a de quoi être déprimé, en effet...

Je reconnais que les Français,(une partie) s'est endormie au volant depuis plusieurs années, mais qu'aujourd'hui malheureusement et avec une ténacité désinvolte, l'on veuille réduire les hommes à des chiffres...

Nous en sommes arrivés à un égoïsme affiché, de la part de certains, et que c'est devenu presque respectable aussi par certains...

Va-t-on assister au "Big Short" européen en premier lieu?...puis au second plus grave aux européennes prochaines? la rencontre historique des réalistes et des inconscients?


NB: Je commence la lecture d'"un cri sous la glace" avec ce proverbe Inuit en première page qui me plaît beaucoup:

"Tu ignores qui est ton ami et qui est ton ennemi jusqu'à ce que la glace sous tes pieds se brise"

Grâce à "Dieu" je sais nager et je ne crains pas l'eau froide :-)

Bien à vous.
Jeff


Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

J'ai assisté, fin octobre, à une conférence d'Olga Tokarczuk à Paris. Elle a précisé que son intention première était de rappeler l'extraordinaire multiculturalisme de l'Europe il y a un peu plus de 2 siècles. Son livre est donc à resituer moins par rapport aux messianismes (qui sont quand même une problématique très actuelle) que par rapport à la montée des nationalismes.

Quant à la croissance économique, elle est déterminée par l'amélioration de la productivité globale d'une société. Il ne suffit donc pas d'avoir du pétrole pour devenir riche. Beaucoup de facteurs entrent en jeu pour un pays, notamment l'efficacité de son administration ou des circuits de financement et surtout l'incitation à investir et entreprendre. L'informatique quantique va, dans ce cadre, constituer un important facteur de progrès sous réserve que les sociétés fassent évoluer leurs organisations.

S'agissant de la population mondiale, il faut bien considérer que dans les années 50, la population totale n'était que d'un peu plus de 2 milliards d'habitants et que nous en sommes à près de 8 milliards aujourd'hui. L'Afrique qui ne comprenait que quelques centaines de millions d'habitants devrait, dans un avenir pas si lointain, avoisiner les 4 milliards d'habitants. L'Asie, elle-même, devrait conquérir un poids prépondérant. L'Europe et l'Amérique du Nord vont devenir des puissances secondaires. On ne peut pas s'empêcher de considérer que le réchauffement climatique est, en grande partie, lié à l'accroissement de la population mondiale et c'est là que les choses peuvent devenir terrifiantes: est-ce qu'on ne va pas retrouver des idéologies de l'espace vital comme celle des nazis ?

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Jeff,

Il vaut mieux savoir nager, en effet, aujourd'hui.

Pour survivre, il faut arriver à se déprendre de ces idéologies qui nous accablent et sont, notamment, diffusées par les médias.

Tout n'est pas mauvais cependant dans la télévision. Elle peut aussi être un instrument de culture. La difficulté, c'est de ne surtout pas la regarder passivement et de savoir sélectionner.

L'égoïsme ? je ne sais pas si c'est la caractéristique de nos sociétés. Peut-être plutôt la solitude mais il est vrai que c'est lié. Mais je crois aussi que les bons sentiments sont pareillement dangereux.

Je vous rejoins sur le fait que nous entrons en des temps incertains.

Je ne doute pas enfin que vous apprécierez "Un cri sous la glace". Mais allez surtout jusqu'au bout. Le criminel n'est probablement pas celui que vous envisagiez au départ; il s'agit d'une analyse très fine et très singulière de la psychologie humaine.

Bien à vous,

Carmilla

KOGAN a dit…

Merci à vous pour cette réponse apaisante.

"Mais je crois aussi que les bons sentiments sont pareillement dangereux."

Même avec de bons sentiments je crois que les gens ne vous croient pas non plus, c'est un monde tellement étrange et très incertain aussi qui provoque cela en ce moment.

Haut les coeurs... pour ceux qui en ont un.

Jeff ...le bienheureux.

Richard a dit…

Bonjour Madame Carmilla
Je me demande comment les gens perçoivent et comprennent les sujets que nous abordons ? Il n'y a rien de plus intéressant que de discuter avec quelques personnes sur une lecture commune. Je viens de terminer hier l'analyse de cette longue lecture : Les Livres de Jakob, car c'est un ouvrage à lire avec un crayon et beaucoup de papier. Nous pouvons le lire à de multiples niveaux. J'en ai recopié des pages entières dans mon journal, pour en éprouver le même plaisir intense, afin de continuer à alimenter mes réflexions. Ce journaliste du journal Le Devoir en a eu une autre perception, ce qui est bien parce que ça enrichi le débat.
Effectivement les chiffres sur l'augmentation de la population mondiale sont effarants. Nous avons atteint les deux milliards en 1950, alors que nous avions atteint le premier milliards en 1800, en pleine époque de Napoléon. Nous avions mis un siècle pour doubler ce nombre. Depuis 1950, en moins de trois-quart de siècle, nous l'avons multiplié par 3.5 et cela ne semble pas prêt de s'arrêter. Comment allons nous gérer la chose ? Cela dépasse le contrôle des naissances, ce que le Président Macron a souligné dans son discours en Afrique l'été dernier. N'importe quel leader international, peut importe sa nationalité et son orientation politique, arrive à comprendre cette évidence. D'autre part vous avez souligné que la croissance économique ne déprend pas juste du pétrole, il y a aussi toute l'infrastructure organisationnel, ce qui est présentement le grand problème de l'Afrique. Je revois très bien les visages des Africains qui écoutaient votre président lorsqu'il disait que c'est impossible d'évoluer avec des familles d'une dizaine d'enfants par femme, c'est insoutenable. La climatisation était panne, mais ça jeté un froid dans la salle. Il venait de toucher à la nature profonde de l'Afrique.
Vous avez aussi évoqué le nationalisme dans sa nature la plus détestable avec en parallèle celle de la question de l'espace vital. Ce qui n'est pas, sans rappeler toutes ces manifestations qui bouillonnent dans toute l'Europe. En plus de gérer l'économie, la politique et la technologie, nous allons traîner ce boulet ? Si on parle d'espace vital, et entendons-nous bien, cela signifie des conflits et autres choses de plus horribles, l'extermination de population et du moins d'une certaine couche de population. Max Aue dans Les Bienveillantes de Littell en discute avec certains dignitaires nazis. Ils s'entendaient qu'après la liquidation totale des juifs, se serait au tour des Polonais.
Oui, nous sommes à une époque charnière et comme vous l'affirmez souvent nous vivons bien, mais nous sommes conscients que ça peut dérailler. Cela pourrait être notre heure de gloire, ou bien, notre tombeau.
En attendant vos prochaines suggestions de lectures.
Sous une jolie bordée de neige.
Merci avec tous mes hommages
Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Jeff,

Heureuse que vous vous sentiez apaisé.

Les cœurs purs, les incorruptibles, les vertueux sont en effet souvent dangereux et, surtout, ils cherchent à vous étouffer.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Dans mes propos, je fais simplement écho aux analyses du grand historien américain Timothy SNYDER dans "Terres de sang" et "Terre noire - L'holocauste et pourquoi il peut se répéter".

L'angoisse écologique peut conduire au totalitarisme.

Je vous signale que "Terres de sang" vient de sortir en poche. Si vous ne l'avez pas lu, dépêchez-vous de l'acheter, je suis sûre qu'il vous passionnera.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Merci madame Carmilla

Je pense que vous commencez à me connaître, je n'y manquerai pas.

Finalement, j'ai trouvé un ouvrage, très intéressant, qui évite le catastrophisme et le spectaculaire, écrit par un chercheur de L'université Laval à Québec, Thierry Lefèvre, intitulé : Sortir de l'impasse. Qu'est-ce qui freine la transition écologiste ? Ce qui touche directement le débat que nous sommes en train d'avoir. C'est publié chez les Éditions MultiMondes. J'ignore si cet ouvrage peut se trouver en France connaissant les éditeurs français qui ne semblent pas très intéressés ni par le Québec et ni les auteurs Québécois.

Thierry Lefèvre, chimiste et physicien, trace un portrait sans complaisance de la situation actuelle, ce qui touche mes propos que je tiens depuis une semaine en réaction à vos textes.

La démographie (ce que vous avez touché aussi)

L'économie

les comportements individuels et sociaux et le structure sociétale

La technologie

La gouvernance (locale nationale et internationale)


Tant qu'à mettre le nez dans un autre univers, parce que nous nous avons aussi nos grands auteurs, je vous recommande L'anthropologue Serge Bouchard qui a écrit : Le Peuple Rieur.
Le peuple rieur, c'est Nation Montagnaise qui vit depuis des millénaires dans le nord-est du Québec. Une aventure millénaire, raconté par un homme passionné par son sujet et qui décrit son incorporation à cette nation comme jeune anthropologue au début des années 1970. Effectivement, c'est un autre univers, et pourquoi ne pas embrasser tant soit peu tous les univers qui nous frôlent ?

Bonne fin de journée par moins quinze degrés sous un peu de neige par un vent de 25 nœuds du Nord-Ouest !

Richard St-Laurent