samedi 28 septembre 2019

Histoires russes - Le Mandchoukouo


Après l'Amérique,  je vais vous parler, cette semaine, des Russes en Chine, ou plutôt au Mandchoukouo.

Le Mandchou...quoi ?

C'est vrai que presque tout le monde a oublié cet État indépendant (reconnu par les seules puissances de l'Axe et ... l'U.R.S.S.) qui a existé de 1932 à 1945 au Nord-Est de la Chine sur un territoire recouvrant à peu près l'actuelle Mandchourie.


Ça a tout de même été le septième pays au monde par sa superficie et une grande puissance industrielle. Mais aujourd'hui, que reste-t-il du Mandchoukouo ? On s'est plus tard employés à le dénigrer totalement et toutes les traces en ont été soigneusement effacées. C'est pourtant un pays susceptible de faire puissamment rêver et qui pourrait servir de cadre idéal à un film ou à un roman.


Le Mandchoukouo, ça fait quelques années que j'essaie de m'y intéresser. Il faut dire que dans mon précédent boulot, j'étais pas mal sollicitée par mon D.G., même si ça n'avait pas grand chose à voir avec la finance, pour faire du relationnel à l'international. Je suppose que je devais être jugée émoustillante pour des interlocuteurs étrangers.


Je m'occupais comme ça de recevoir, occasionnellement, des Chinois qui venaient de Mandchourie et plus précisément du Heilongjiang. La Mandchourie, c'est tout de suite très évocateur pour des Russes. C'est quasiment l'unique  territoire chinois faisant frontière avec la Russie, au bord notamment du fleuve Amour (dont le nom n'évoque en rien l'amour en russe et en chinois et ne veut même à peu près rien dire), c'est à dire tout à fait à l'Est, presque jusqu'à Vladivostok.


La Chine et l'Asie en général, ça fait plutôt peur aux Russes, il faut bien l'avouer.

La première explication est bien simple. C'est le constat d'une formidable disproportion géographique et humaine. Tout l'Extrême-Orient russe, cette énorme zone de l'est de la Sibérie, n'est peuplé que d'un peu plus de 6 millions de personnes. En face, le district du Heilongjiang en Mandchourie comprend 40 millions d'habitants sur un territoire à peu près grand comme la France, c'est à dire 10 fois plus petit que l'Extrême-Orient russe. Si l'on ajoute que le climat est très hostile en Mandchourie (célèbre pour son festival de sculptures monumentales de glace et de neige), on comprend que les Russes entretiennent des fantasmes bien fondés d'invasion, submersion. Les Russes ont le territoire mais pas la population et la Chine, c'est exactement l'inverse.


Et puis, il y a le poids de l'histoire. Les Russes ont toujours entretenu une relation de défiance vis-à-vis des "Asiatiques",  terme dans lequel ils confondent Chinois et Japonais.

Ça a commencé avec la tentative d'assassinat, en 1891, du futur Tsar Nicolas II alors en visite diplomatique au Japon.  Il a échappé miraculeusement à un attentat au sabre qui lui a laissé une longue cicatrice sur le front. Curieusement, son agresseur a été gracié.


Et puis, il y a eu la traumatisante défaite contre le Japon (1904-1905). Pour la première fois, un pays occidental de "race blanche" était vaincu par des "Jaunes".

Il faut dire que la Mandchourie était tombée sous influence russe avec la construction du chemin de fer de l'Est chinois, dernier tronçon ferroviaire du Transsibérien qui permettait de rallier plus rapidement Vladivostok en prenant un raccourci par la Chine. Une grande ville russe, Harbin, venait d'être fondée et la Russie s'était ouvert un port en eaux libres sur la Mer du Japon : Port Arthur (aujourd'hui Lüshun). En bref, la Russie était en train d'annexer,en catimini, un grand morceau de Chine. C'était intolérable pour le Japon qui voulait pour sa part annexer la Corée.


Après cette guerre meurtrière (71 000 morts Russes et 85 000 Japonais), la Mandchourie est demeurée un champ de bataille politique et militaire entre la Russie, la Chine et le Japon. Après la révolution bolchevique, des milliers de Russes Blancs fuient pour trouver refuge en Mandchourie. Harbin devient alors une ville importante que l'on a surnommée, selon les points de vue, le "Moscou de l'Orient" ou le "Paris de l'Extrême-Orient". On y parlait russe et les noms des magasins comme des rues étaient en caractères cyrilliques. On n'y trouvait pas seulement une grande église orthodoxe mais des rues commerçantes avec des boutiques de mode, des restaurants et des boîtes de nuit, des distilleries d'alcool et, enfin et surtout, d'innombrables lieux de plaisir avec une foule de prostituées, magnifiquement belles et bon marché.


Et puis, en 1931, survient l'invasion japonaise de la Mandchourie qui est alors formellement détachée de la Chine et devient un État indépendant, le "Mandchoukouo". A sa tête, était placé le dernier empereur mandchou de Chine, Pu Yi. Les Mandchous avaient régné sur la Chine depuis le 17ème siècle et, comme leurs protecteurs japonais, ils avaient l’intime conviction d’être supérieurs aux Chinois et d’avoir le devoir de les civiliser. 


Cet empereur Pu Yi était, contrairement à ce qu'on imagine, un homme raffiné et éduqué, d'une distinction très british. Il n'était pas un vrai tyran et d'ailleurs, il ne sera, plus tard, jamais condamné pour crimes de guerre. Il sera ensuite gracié par Mao dans la Chine populaire où il finira misérablement sa vie en 1967. Simplement, il ambitionnait de reprendre bientôt le trône de ses ancêtres dans un Pékin japonisé.


La création du "Mandchoukouo" a donc reposé sur un idéal civilisateur: il s'agissait de sortir l'Extrême-Orient de la misère et de la déchéance morale et d'initier, au-delà, la modernisation de la Chine. A cet égard, ça a été une grande réussite initiale parce que le Mandchoukouo est rapidement devenu l'une des premières puissances économiques en Asie et une grande base industrielle du Japon. 


Une véritable effervescence a saisi ce pays emporté par une croissance vertigineuse, un nouveau Far-West ou plutôt un nouveau Far-East. Le plus frappant était, paraît-il, l'extraordinaire métissage et mélange des races, des cultures, des langues, des histoires qui caractérisait les grandes métropoles du Mandchoukouo : des Coréens, des Japonais, des Mandchous, des Russes blancs et rouges, une foule de communautés qui vivaient toutes en bonne entente, un peu comme autrefois dans l'ancienne Vienne impériale.


Le "Mandchoukouo", ça a été la première éclosion du luxe et du plaisir en Asie: le raffinement japonais, le goût de la fête russe, l'attrait de la débauche avec une présence féminine très forte. Près de Harbin, les Japonais ont commencé à construire une nouvelle capitale, Hsinking, appelée à devenir un nouveau Tokyo, d'une modernité époustouflante.


Tout n'était pas reluisant cependant. Les rares témoignages dont nous disposons relatent tous l'extrême brutalité de l'armée japonaise et surtout sa "haine des autres" et particulièrement des "Blancs".

Pour beaucoup de Russes, ça a été quand même une période extraordinaire et un lieu d'espoir où ils se sont parfaitement intégrés. 


Ça s'est mal terminé cependant. En août 1945, l'Armée Rouge est entrée dans Harbin. Tous les Russes qui y résidaient, aussitôt considérés comme anticommunistes ou collaborateurs, ont alors été arrêtés et envoyés immédiatement en camp de travail (au Goulag) en U.R.S.S.. Les Soviétiques ont également démantelé toute l'infrastructure industrielle du Mandchoukouo pour se l'approprier.

C'est ainsi qu'Harbin et la Mandchourie sont aujourd'hui vides de Russes.  Cependant, il subsiste toujours aujourd'hui, paraît-il, de nombreux monuments, églises orthodoxes et rues bordées d'immeuble pastel. Et puis la Chine s'attache à développer un tourisme de masse avec un "musée russe en plein air".  


Peu importe cette pacotille à vrai dire. L'ascension puis la chute brutales du Mandchoukouo, c'est une belle illustration des soubresauts de l'Histoire, de ses hauts et de ses bas, de sa grandeur et de sa décadence. Est-ce que c'est vraiment rationnel tout cela, est-ce que ça n'est pas simplement emporté par le Hasard ? 

La totalité (hormis les affiches de propagande et la photo de Pu-YI)  de ces images est de Paul Jacoulet (1896-1960), artiste français ayant vécu la plus grande partie de sa vie au Japon et qui a renouvelé l'art de l'estampe gravée sur bois (ukiyo-e).

Il y a assez peu de littérature, du moins à ma connaissance, consacrée au Mandchoukouo.

* On lira quand même en priorité les mémoires fascinantes de PU-YI dans son livre :"J'étais Empereur de Chine" (c'est en poche et facile à trouver) et puis on reverra le film magnifique de Bernardo Bertolucci : "Le dernier Empereur" (1987). C'est ce film qui m'a donné envie d'aller à Pékin.

* Il y a quand même un livre de référence de la grande écrivain-voyageur suisse Ella Maillart : "Envoyée spéciale en Mandchourie" (dernière édition en 2009). C'est à mes yeux l'un des meilleurs livres d'Ella Maillart. Il a bien sûr inspiré ce post.

* On peut lire aussi : "Les nuits de Sibérie" de Joseph Kessel qui décrit très bien l'ivresse, luxure et la barbarie d'une époque. Mais ça se passe à Vladivostok qui est quand même tout  près de la Mandchourie.

Je signale enfin que je suspends provisoirement mon blog. Je pars en effet en Ukraine (via Cracovie en Pologne-Galicie) mercredi prochain pour une quinzaine de jours. Mes histoires russes reprendront donc plus tard. Prochain post, au plus tard le samedi 26 octobre.

Je séjournerai principalement au "Swiss Hotel" à Lviv. Si vous voulez avoir une idée de la vie à Lviv, beaucoup moins morose qu'on ne l'imagine, je vous conseille le site You Tube d'une jeune amie lvovienne: Tetyana Zoobko. Elle a réalisé de nombreuses vidéos sur ses voyages et on en trouve aussi de nombreuses sur Lviv. Vous trouvez son site en tapant simplement Tetyana Zoobko-You Tube. C'est souvent excellent et j'aime bien la personnalité, très représentative et pleine d'humour et d'allégresse, de cette fille. Elle illustre bien également ce qui distingue une Ukrainienne d'une Française. Évidemment, vous n'y comprendrez peut-être pas grand chose mais les images et la musique peuvent suffire à vous emporter. Je vous conseille notamment celui-ci réalisé pour une grande part dans les cafés que je fréquente. Copiez-collez ci-dessous :

Заведения Львова, с выходами на крыши


6 commentaires:

Richard a dit…

Mandchoukouo
Treize années pour s'amuser, prendre du bon temps, ce n'est pas beaucoup dans un soubresaut de l'histoire entre la rusticité des Russes et la cruauté de l'Armée Impériale Japonaise. Nous pouvons nous demander qui étaient les plus cruels entre le Russes et le Japonais ? Vous ne manquez pas de souligner les bonnes vieilles manières russes, de ramasser tout le monde pour les expédier en Sibérie, puis démanteler les usines. Cela ressemble à du banditisme bas de gamme. Par contre dans la cruauté, les Japonais étaient beaucoup plus raffinés. Nous l'oublions souvent, mais c'est un région du monde sous tension continuelle. Les Chinois et les Russes se sont affrontés dans les années 50 et 60 au environ de ce fameux fleuve « Amour ». Pourriez-vous me dire pourquoi on a donné ce non Amour à ce fleuve ? Ça m'a toujours intrigué.
Le livre de Pu-Yi j'ai bien aimé, comme crépuscule d'une époque c'est bien rendu et je n'ai pas manqué le film de Bernado Bertolucci que j'ai visionnée à plusieurs reprises. Personnellement, je considère que c'est du véritable cinéma, à mon goût du moins. Je ne connais pas Ella Maillart, mais en revanche je connais très bien Joseph Kessel qui a enchanté ma jeunesse. Ce qui me rappelle, ce magnifique menteur manchot Blaise Cendrards, sans oublier un autre magnifique écrivain Henry de Monfreid. Le Mandchoukouo, ça fait rêver, ça me replonge dans mon passé, juste des bons souvenirs.
Pendant que vous serez en voyage en Ukraine, je serai en forêt pour bûcher et je passerai mes soirées entre Snyder que vous dites lourd et indigeste, lecture à laquelle je prends beaucoup de plaisir, et Steven Pinker La part de l'Ange en nous, Histoire de la violence et son déclin. En vérité ce n'est pas très éloigné de Snyder. Deux autres ouvrages se sont ajoutés à ce marathon de lectures. Niall Ferguson, La Place et La Tour, réseaux hiérarchies et lutte pour le pouvoir, ce qui complète Snyder et Pinker. Finalement, un auteur que je lis depuis longtemps, qui a le don de piquer ma curiosité, Boris Cyrulnik : La Nuit j'écrirai des soleils. Au plaisir d'une citation :
« Notre société serait-elle en train de se cliver, entre ceux qui découvrent le monde en lisant et ceux qui, en ne lisant pas, se rendent prisonniers de l'immédiat ? Lire ou ne pas lire témoigne de deux styles existentiels différents : la littérature ouvre sur l'exploration, le rêve, les utopies heureuses et parfois dangereuses. Alors que les non-lecteurs se contentent du bien-être immédiat dont la jouissance brève empêche de donner sens à la vie. »
Boris Cyrulnik
La nuit j'écrirai des soleils
Page -207

Bon voyage chez-vous Carmilla, là où votre cœur et votre esprit habite dans vos origines.
Salutations distinguées
Richard St-Laurent

Anonyme a dit…

Bonjour Carmilla,

Les Russes sont vraiment fascinants à vous lire. Que diable sont-ils allés faire en des espaces si lointains ? Fallait-il à se point ne pas accepter ses origines, sa terre, pour s’étendre à ce point, à moins qu’il s’agisse de vouloir tout dominer ? On comprend mieux leurs prétentions territoriales exorbitantes vers le Sud et l’Ouest. Mais c’est plus compliqué qu’à l’Est et au Nord.
Ce que vous écrivez du frottement du jaune au blanc me fait dire que le sens de l’histoire est définitivement tourné vers l’Extrême-Orient. Je l’ai constaté au Vietnam, par exemple, où les Occidentaux sont acceptés en tant qu’ils sont porteurs de dollars. Pour le reste, nous ne leur servons à peu près à rien. Ils apprennent, mêlent ce qui vient de l’extérieur à ce qu’ils sont et excellent dans tout ce qu’ils font, dans une harmonie et un ordre social presque parfaits. C’est troublant cette force collective. On dirait une fourmilière là où l’idéologie libérale a fait de nous des monades en conflit pour tout depuis deux siècles.
Et pour le reste, les Chinois et les Iraniens sont en train de faire prendre conscience à Trump que lui aussi ne servira bientôt plus à rien. Leurs stratégies combinées et le rôle qu'ils font jouer aux Russes sont impeccables. Les Américains vont perdre beaucoup, et très vite, c'est une évidence, et nous aussi par effet latéral. A moins d'être malin et d'entrer dans l'échiquier par le bas des tours, comme l'a remarquablement fait Macron avec Poutine à Biarritz. Un vrai coup de maître (je ne partageais pas votre point de vue).
Sinon, hier le 15 japonais a écrasé l’Irlande. Incroyable ! Cette année, 3 Japonais sont passés sous les 10 s aux 100 m, laissant envisager un statut de favori au relai 4*100 que dominent outrageusement les Blacks. Le jaune va donc aussi se frotter au noir.

Ce n’est que du sport, il est vrai, mais il est toujours révélateur du sens des évolutions.

Je vous souhaite de bien profiter de vos vacances. Au plaisir de vous lire plus tard alors.

Bien à vous.
Alban

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

L'attaque de la Mandchourie a en effet été particulièrement "lucrative" pour l'URSS. Il faut en effet noter que c'est seulement le 8 août 1945, au lendemain d'Hiroshima, que l'URSS a déclaré la guerre au Japon. Ça lui a permis de faire rapidement main basse sur les équipements industriels du Mandchoukouo et sur quelques territoires. C'est effectivement une habitude russe de "se servir" en pure rapine et toute illégalité.

Autre curiosité : c'est incroyable mais le Japon et la Russie sont toujours, aujourd'hui, formellement en guerre ! Il s'est révélé en effet impossible de signer un traité de paix en raison d'un désaccord persistant sur certains territoires, notamment les îles Kouriles. Cela aussi, c'est une technique russe : laisser pourrir au maximum une situation. C'est la tactique aujourd'hui employée avec la Transnistrie, l'Ossétie du Sud, le Haut-Karabakh et, évidemment, la Crimée et le Donbass.

S'agissant du fleuve Amour, ça m'amuse beaucoup mais les Francophones sont persuadés qu'il évoque le sentiment amoureux, le terme "love" anglais.
Mais ça n'est qu'une transcription phonétique d'un mot russe qui se prononce effectivement approximativement amour mais qui s'écrit : Amyp. Ça ne veut à peu près rien dire en russe et encore moins en chinois (on parle plutôt du fleuve du Dragon noir).

Je connais assez mal Joseph Kessel. Je crois qu'il tombe peu à peu dans l'oubli. C'est sans doute un écrivain très classique mais sa vie est passionnante, un vrai roman d'aventures.

Les livres d'Ella Maillart ont de grandes qualités littéraires. Elle fait partie du trio des grands écrivains voyageurs suisses aux côtés de Nicolas Bouvier ("L'usage du monde") et Anne-Marie Schwarzenbach. Je vous conseille de lire : "La voie cruelle", son chef d’œuvre.

Je souscris globalement aux thèses de Pinker qui va, avec justesse, à l'encontre du déclinisme ambiant. Je suis beaucoup plus réservée, en revanche, à propos de Cyrulnik. Tous ces traumatismes qu'on doit surmonter, cette idéologie boy-scout de la résilience et du "vouloir s'en sortir", ça m'horripile un peu.

Un lecteur m'a enfin signalé un livre, que j'ai oublié, évoquant le "Mandchoukouo" : "Le lotus bleu" des aventures de Tintin. En effet !

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Alban,

Je ne sais pas si les Russes sont fascinants. Il y a toujours chez eux, c'est vrai, l'esprit de l'Empire, de l'expansion territoriale à tout prix. La dislocation de l'Union Soviétique les rend toujours malades. Ils ne veulent pas céder la plus petite parcelle de terrain.

C'est une mentalité d'un autre temps mais rien n'y fait. Ce qui est étonnant, c'est qu'ils ont construit leur Empire un peu contre toute attente, en jouant continuellement la défense et la contre-attaque. Sans parler de Napoléon et d'Hitler, on peut rappeler qu'ils ont d'abord été battus par les Mongols, puis les Polonais et l'Union Polono-Lituanienne, puis les Suédois, des nations qui étaient beaucoup plus fortes qu'eux. Avant le 18 ème siècle et Pierre le Grand, la Russie, ce n'était finalement pas grand chose et personne, à cette époque, ne pouvait penser qu'elle deviendrait une grande puissance. Et puis, les Russes se sont remis de tout ça et ont entamé leur expansion territoriale sans jamais vraiment combattre de manière offensive. Ils se sont ainsi retrouvés comme ça jusqu'en Extrême-Orient en profitant de différentes opportunités.

S'agissant de l'Asie, je me suis intéressée au Japon et à la Corée où je me suis rendue à plusieurs reprises. J'ai été fascinée et complétement dépaysée. Sans doute, en effet, le centre économique du monde va se déplacer en Asie au cours des prochaines décennies.

Je suis quand même très réservée, sans soutenir bien sûr Trump, concernant les stratégies politiques de l'Iran, de la Russie et de la Chine. Leurs dirigeants ne connaissent malheureusement que le langage de la force. Le Droit international, ils ne connaissent pas. Se placer avec eux sur ce terrain, c'est se condamner à l'enlisement et les laisser libres d'agir à leur guise. Je me permets de signaler que beaucoup d'Iraniens attendent des effets positifs de la politique de Trump. Quant aux anciens pays du bloc soviétique (Ukraine, Géorgie, Pays Baltes, Pologne etc...), ils déplorent tous l'extraordinaire complaisance de l'Occident envers Poutine et la Russie. Je pourrai vous en dire plus à mon retour d'Ukraine.

Quant aux succès sportifs du Japon, c'est effectivement étonnant. Jusque là, ça n'avait pas été leur terrain de prédilection mais il est rai que je ne suis pas spécialiste.

Bien à vous,

Carmilla

Nuages a dit…

Un petit passage sur Wikipédia, où il y a un bon et long article sur le Manchoukouo, est éclairant.

On voit qu'il s'agissait d'un Etat vassal du Japon, certes développé et en pleine expansion, mais voué aussi à un afflux massif de colons japonais. Une deuxième Corée en quelque sorte, la Corée ayant été annexée, colonisée et largement "déculturée" par les Japonais, par le régime militaro-autoritaire japonais.

Sur cette région, on peut citer le très bon livre de Michel Jan, "Cruelle est la terre des frontières".

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Effectivement! Ce que vous dites sur le Mandchoukouo est très juste. La création de cet État fantoche répondait aux visées impérialistes du Japon qui avait annexé la Corée en 1910 et souhaitait contrôler la Chine.

On a tendance à confondre le Japon, la Corée et la Chine depuis l'Europe: tous des Asiatiques. Mais ce sont des pays très différents qui se détestent mutuellement. Ça ne s'arrange pas du tout en ce moment, avec de vives tensions, dont on ne parle guère dans les médias.

J'ai en effet oublié (de même que Tintin et "Le lotus bleu")le très bon livre de Michel Jan mais ça commence à faire bien longtemps que je l'ai lu.

Bien à vous,

Carmilla