samedi 14 novembre 2020

Dix-huit millions de visons, Deux Ogres et Un Grand Blond

 

- Au Danemark, on vient d'exterminer, en quelques jours, près de 18 millions de visons. Curieusement, c'était le premier éleveur au monde, avec la Chine, de ce charmant animal (qui n'existe quasiment plus à l'état sauvage). Un ahurissant carnage perpétré, dans une indifférence quasi générale (même Brigitte Bardot, même les écolos et Greta Thunberg, qui préfèrent les abeilles aux visons, n'ont rien dit); ces petites bêtes se seraient, en effet, révélées porteuses d'un Covid muté. Je me demande bien quels moyens on a employés parce qu'il a tout de même bien fallu "travailler" au rythme de 500 000 visons à l'heure pour se débarrasser de toute la population en si peu de temps. On n'a pas du être trop délicats. 

Ce massacre de sang froid, qui n'a empêché presque personne de dormir, en dit long sur nos sociétés. On sait fermer les yeux, se montrer monstrueusement cyniques. Pourtant, les visons, c'est tout mignon, tout doux ( je pense, quand même, que ça doit mordre cruellement). Mais il y a aujourd'hui cette réprobation concernant les manteaux de fourrure : en porter un à Paris, c'est risquer de se faire agresser; pourtant, il n'y a rien de mieux, je le sais d'expérience, quand on doit affronter un véritable hiver. Et c'est trop associé aux vieilles mémés, aux "vieilles peaux" c'est le cas de le dire, qui font étalage de leur argent. Les vieux, le fric, ça demeure un aliment puissant de nos petites haines.

Une dernière remarque : j'ai découvert, à cette occasion, qu'il y avait, sur le territoire du Danemark, 3 fois plus de visons que de Danois (moins de 6 millions). Mais en dépit de cette écrasante supériorité démographique, je n'ai jamais croisé un seul vison quand je suis allée au Danemark. Étonnant, non ? C'est un aspect des populations (humaine et animale) qu'on étudie rarement. Si on est bouddhiste et croit au Karma, ça fait frémir : parmi ces visons qu'on vient d'exterminer, beaucoup étaient sûrement des réincarnations des parents, grands-parents, des Danois d'aujourd'hui. Brr ! Ça change tout, n'est-ce pas ?

- C'est terminé ! Écrasée militairement, la petite Arménie, coincée entre les ogres turc et russe, a quasiment perdu le Haut-Karabakh. Pouvait-il en aller autrement ? L'Europe n'a bien entendu rien dit, rien fait. En France, on est pleins de courage pour manifester dans le vide, en faveur du droit à la caricature, mais on se révèle beaucoup plus timorés s'il s'agit de soutenir l'Arménie. Tant pis si l'Arménie est le berceau du Christianisme (adopté dès 301 après JC) et des civilisations indo-européennes: bien que se situant en Asie, il n'y a pas plus européenne que l'Arménie ! 

Mais on rabâche, en France, la belle laïcité de notre État, garante de neutralité à l'égard des religions (donc un pays chrétien, on s'en fout, comme on s'était foutu des Serbes dans l'affaire du Kosovo) et on s'interdit de s'interroger sur une identité européenne (pourtant évidente, me semble-t-il, et dont on ferait bien de ne pas sembler avoir honte). Et puis, dit-on aussi, en Droit international pur, le dossier du Haut-Karabakh n'est pas tellement défendable : on ne va pas contester une loufoquerie éthylique du Grand Staline. 

C'est donc Erdogan et Poutine qui peuvent maintenant plastronner. Poutine peut même se présenter comme un pacificateur alors même qu'il a vendu des armes aux deux belligérants et n'a pas honoré son accord de défense avec l'Arménie. Il a même puni celle-ci de ses vélléités d'indépendance en 2018. Mais attention, entretenir indéfiniment des situations pourries comme aime le faire la diplomatie russe n'est pas sans risque : le conflit qui s'achève a donné à d'autres des idées. L'Ukraine s'intéresse en ce moment aux drones turcs et israéliens.

- Une autre victime du Covid,... le Grand Blond mais en moins doux, moins mignon que les visons. Il a promu la violence (verbale, physique) et la vulgarité comme méthodes de gouvernement. Sans compter sa totale imprévisibilité.

Je pense d'abord aux nombreux Américains qui se sentent soulagés parce qu'ils étaient humiliés, honteux, d'être représentés par un type pareil. Je comprends très bien ce sentiment, j'ai connu ça en Europe Centrale. En France, on n'a jamais éprouvé ça (être représenté par un crétin) mais c'est peut-être d'autant plus dangereux parce qu'on n'est pas "immunisés" et que les "grandes gueules" prolifèrent. 

  Le départ du Grand Blond, c'est donc d'abord une bonne nouvelle. Mais on aurait tort de trop se réjouir. Parce que le Grand Blond, il aurait gagné sans l'accident Covid et il a su faire la preuve de son extraordinaire capacité, en dépit de ses côtés repoussants, à susciter l'adhésion populaire. Un point m'a particulièrement marquée : contre toute attente, Trump a accru la part de son électorat noir et latino. Preuve sans doute que la brutalité et la violence, ça fascine et que voter Trump, c'est se mettre du côté de la puissance. Et puis, le Trumpisme, son idéologie, il n'infecte pas seulement les Etats-Unis mais il est également très présent en Europe ( mais on fait semblant de ne pas s'en apercevoir).

 Un puissant moteur semble aujourd'hui animer nos sociétés. C'est celui du rejet massif des "élites" accusées de tous les maux. On croyait que pour convaincre les peuples, il fallait être éduqué, poli, éclairé. On découvre aujourd'hui que ces qualités sont plutôt considérées comme des tares et qu'il vaut mieux faire appel aux impulsions et aux bas instincts. Le carburant de ce nouveau moteur, c'est en effet la haine brute.


 D'ores et déjà, d'irréparables fractures se dessinent. On se sent maintenant vraiment très seuls et on est presque sûrs de se faire tout de suite assassiner (même en France et, peut-être, surtout en France) si on commence à évoquer les bienfaits de la mondialisation, du libre-échange et de l'immigration. Sur ces trois questions, tout le monde (écolos, gauchos, fachos, républicains), contre toute évidence historique, fait maintenant du Trump, pense, à quelques nuances près, comme Trump. Ce repli généralisé sur soi augure vraiment très mal de l'avenir.

Outre la photographie d'un petit vison, tableaux du peintre américain Arthur DOVE (1880-1946), pionnier de l'abstraction.

Je précise enfin que je ne confonds pas les Américains avec Donald Trump. C'est aussi un pays qui produit des génies comme des petits pains et qui possède des universités de premier plan.


13 commentaires:

Nuages a dit…

Sur la droite populiste américaine et sa capacité de mobilisation, voir l'excellent livre de Thomas Frank, "Pourquoi les pauvres votent à droite", centré sur l'analyse de l'état du Kansas.

https://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2008/01/31/pourquoi-les-pauvres-votent-a-droite-la-rebellion-conservatrice_1005649_829254.html

C'est vraiment une grande fracture culturelle qui divise ce pays.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages pour cette intéressante référence.

Pareillement, en France, il y a de nombreux immigrés qui votent Le Pen.

Ça semble incompréhensible mais c'est peut-être aussi une manière de s'affirmer parfaitement intégré à la société française.

Quant à Trump, pour être tout à fait objectif, on doit reconnaître que les pauvres avaient bénéficié, avant la pandémie, d'une amélioration de leur situation : faible chômage et gains de pouvoir d'achat. On ne sait pas néanmoins si ça lui est entièrement imputable.

Bien à vous,

Carmilla
Carmilla

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla !

Voilà, la porte a été montrée au Blondinet de Washington. La démocratie s'est exprimée. Certes, une grande victoire pour Biden, mais par la peau des dents. Très serrés comme résultats dans les États à forte teneur en grands électeurs.
À Ottawa et surtout aux affaires extérieures ont doit être soulagé.
Ici au Canada, il n'y a pas seulement au gouvernement qui pousse un soupir de soulagement, mais l'ensemble de la population.
Jamais je n'ai assisté à une campagne électorale aussi féroce. Le vieux Joe s'est tenu debout comme un homme d'état, après tout ce qu'il a connu dans sa vie, c'est tout à son honneur.
Maintenant, il faut aller plus loin, et le duo Biden-Harris se doit de s'éloigner de cette période tumultueuses par des politiques innovantes, voir des coups d'éclats. S'attaquer à cette crise sanitaire qui n'en finit plus, reconstruire ce que le Blondinet a détruit comme le système diplomatique qui a été décapité, susciter la confiance, s'occuper de ces laissé-pour-compte, reconquérir la confiance de ses allier dans le respect et l'honneur. Reprendre sa place de leader au niveau international.
On peut peut-être envoyer le Blondinet chez Freud, mais certainement pas les 70 millions de personnes qui ont votées pour lui.
Certes, le Blondinet semble avoir aidé les pauvres, mais il a rudement creusé le déficit, et cela avant la crise sanitaire. C'est un minable homme d'affaire et un bien piètre politicien et surtout un grossier personnage. Ce ne fut pas l'époque la plus glorieuse des États-Unis d'Amérique. Le Parti Républicain aurait intérêt à s'en débarrasser le plus rapidement possible.
Voilà que l'automne nous semble moins sombre, agrémenté de foie et cœur de chevreuil au bacon et à la purée de pommes de terre arrosé d'une bonne bière Saint Ambroise, une véritable ale traditionnelle, amère et goûteuse. Comme dessert, un yogourt avec une cuillerée de miel de sarrasin. Les jeunes bernaches nées le printemps dernier volent avec les adultes en belles formations. Le reste du temps, je le passe en forêt à bûcher.
Ça vaut la peine de ne jamais baisser les bras, de ne pas désespérer.
Bonne nuit Carmilla
Toujours vivant :
Richard St-Laurent

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla.

Le grand pin.

Je pensais que ce grand pin, l'arbre de ma vie, qui m'avait vu naître, allait être le témoin de mon trépas. Dans mon esprit il signifiait la durée dans le temps. Il était sorti de terre avant moi, il allait mourir après moi. Finalement c'est lui qui a été terrassé par un vent rageur. Il a été laminé. Le grand fidèle s'est couché dans un lit de grand foin pour ne plus jamais se relever. Nous nous relevons souvent, mais jamais la dernière fois. Les arbres eux ne tombent qu'une fois.

Je n'ai eu d'autre choix que de débiter l'arbre de ma vie avec l'impression que c'est ma vie que je débitais. Lorsque je suis né, il était là. Tout au long de mon enfance nous avons fait connaissance, tissé des liens, chaque fois que je passais proche de lui, je touchais son écorce rugueuse. Il me voyait partir pour l'école à chaque matin et me voyait revenir le soir. Puis, il m'a vu partir pour le nord, mais à chaque fois que je revenais de mes longues absences, le premier regard lorsque je descendais la côte d’Achille et que je voyais les bâtiments de la ferme, mon regard cherchait le grand pin. Et le grand pin était toujours là et je pensais : le monde peut continuer à tourner, le grand pin est toujours debout. Peu importe les saisons, les tempêtes, les victoires ou les défaites, les nuits froides de janvier, les chaleurs poisseuses d'août, le grand pin régnait toujours plus grand, plus gros, plus fort, plus enraciné. Je pensais souvent en sortant sur la galerie de la grande maison blanche qu'il me survivrait. Il était beaucoup plus fort et solide que moi. Un grand pin cela peut vivre longtemps, beaucoup plus longtemps qu'un humain. Il aura survécu à tous les autres arbres de son environnement et comme on dit chez nous, il les aura tous enterré.

Jamais une branche sèche, toujours vert avec une belle écorce en santé. Le rituel se poursuivait. À chaque fois que je passais près de lui, je touchais son écorce comme dans un genre de salut silencieux et respectueux. C'était devenu un pacte entre nous deux. J'admirais ses branches recourbées vers le sud-est, sculpté par les vents dominants du nord-ouest sur le plateau. Il était l’œuvre du temps et du vent. Quel humain peut en dire autant ?

En ces temps incertains, c'est le temps de raconter, le temps des histoires longues comme celles que les indiens racontaient dans nord devant un bon feu de camp. Il n'y a pas de solitude qui tienne devant une bonne histoire.

Bonne nuit Carmilla, dormez bien.

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Le départ du Grand Blond est effectivement un soulagement mondial (sauf pour quelques grands leaders "démocrates" du même acabit, Poutine, Erdogan etc..). Il reste que l'adhésion au personnage et à ses méthodes reste forte. C'est un questionnement pour nous tous, attachés aux valeurs démocratiques : la violence et la vulgarité sont payantes. Je crains donc qu'on en n'ait pas fini avec le Trumpisme. Le modèle risque d'être contagieux.

Merci aussi pour vos considérations sur votre grand pin. Des pins, il y en a beaucoup en Europe Centrale mais je ne crois pas que leur durée de vie soit très longue. A Paris, dans le parc Monceau, il y a tout de même un platane d'Orient qui a connu Napoléon (planté en 1814). L'an dernier, j'ai même pu contempler le plus vieil arbre du Monde : un cyprès de 4 000 ans (?) à Abarku en Iran (photo dans mon blog en mai 2019).

Bien à vous,

Carmilla

Alban Plessys a dit…

Bonjour Carmilla,

l'affaire des visons illustre bien le rapport de l'Occidental à la nature je trouve. L'animal est juridiquement une chose au service de l'homme. Ici, il ne devra pas représenter un risque d'affaiblissement de l'efficacité d'un vaccin que personne ne connait pourtant. De ce point de vue, je suis d'accord avec vous, l'Extrême-Orient a beaucoup à nous apprendre sur la toile du vivant, même si cette idée de réincarnation me paraît fumeuse, de même que le mode de vie des Jaïns en Inde.

On ne sait pas vraiment si le berceau des Indo-européens se situe entre les deux mers. Certains paléo-généticiens le reporte plus à l'Est, au pied de l'Altaï. Mais c'est quand même dans le Caucase qu'on a retrouvé la plus ancienne trace d'une implantation humaine en Europe (1.9 MA). C'est vrai que l'Arménie transpire l'Europe, et j'ai été bouleversé quand j'ai vu tous ces gens brûler leur maison avant de fuir. L'histoire est tragique, c'est vrai.

Sur la laïcité, je sais que nous sommes en désaccord. Ne négligeons pas ce que l'histoire de ce pays lui doit en termes de paix sociale même si, c'est vrai, l'identité européenne, et donc la domination majoritaire, est fortement teintée au christianisme. Moi-même, je suis catho et j'ai fait toutes mes études chez les jésuites. J'aurais sans doute une autre représentation de l'Etat si j'étais musulman, mais je n'en suis pas sûr. C'est un autre sujet.

Enfin, je trouve aussi qu'il est heureux que les Américains se soient débarrassés de Donald. Un des mes amis d'enfance vit dans le Maine et, là-bas, c'est comme une renaissance. Mais je ne serai pas aussi sévère que vous sur le populisme. D'abord parce qu'il réagit, là aussi en termes d'identité, aux errances désastreuses de la social-démocratie depuis vingt ans. Ensuite parce qu'on ne peut mettre sur le même plan leurs leaders, comme le font trop facilement les progressistes en Europe. Orban et Kakzynski, ou même Bolsonaro, ne sont pas à placer sur le même plan qu'RTE qui est un fasciste, au sens où l'entend Arendt.

Re-enfin, j'attends avec une impatience dissimulée la ré-ouverture de tout, y compris bien sûr des frontières. Ma jeune soeur, bloquée à Da Nang avec son mari et mes neveux me manquent. C'est sans doute un aspect positif de ce truc qui nous aura conduit à se saisir de ces petites choses qui furent essentielles pour nous et que nous voulons humblement retrouver.

Bien à vous.

Alban

PS : Richard, votre commentaire sur le grand arbre était magnifique. Merci et encore !

Anonyme a dit…

Les textes de Richard, bien que longs, en effet, sont en général très beaux, attachants, inspirés.
C'est un peu comme s'il tenait un blog dans votre blog...

Je l'encourage à tenir lui-même un blog, avec ses beaux textes, éventuellement illustrés de photos de sa vie quotidienne. J'aurais plaisir à le lire.

Quant à la technologie, je m'étonne souvent de mon exaspération par rapport aux smartphones, de voir ces armées de gens, dans tous les endroits publics, tête baissée sur les écrans, pianotant sans cesse. Pourquoi ça m'étonne autant, me consterne, me met en colère ?

Il est vrai que chez moi, je suis souvent sur mon ordinateur portable, mais pour lire des articles, voir des documentaires, des vidéos, des infos. Mais dès que je suis en dehors de chez moi, je suis sans écran, sans connexion...

Nuages

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Alban,

L'anthropocentrisme, c'est en effet l'un des piliers de la philosophie des Lumières. J'y souscris en fait et l'anti-spécisme qui se développe aujourd'hui m'apparaît inquiétant. Le massacre des visons m'effraie simplement parce qu'il révèle la terrible violence humaine. Qui a dit que l'homme était bon par nature ? Quant à la réincarnation, c'est à la fois terrifiant et porteur d'espoir. Ça induit un tout autre rapport à la mort.

Les indo-européns, on sait aujourd'hui que c'est largement un mythe qui peut être dangereux. Ce que l'on sait simplement, c'est qu'il existe des langues indo-européennes (dont l'arménien, le persan et le kurde). Si vous vous lancez dans l'apprentissage de l'une de ces langues, vous n'aurez pas trop de difficultés (moins que pour le hongrois, le finnois et l'estonien).

Sur la laïcité, la conception française me convient. Je regrette simplement qu'elle serve de prétexte et dissimule en fait une ignorance crasse des religions qui confine à l'arrogance. L'inculture des Français en matière de religion m'étonne.

Quant aux populismes, bien sûr qu'ils sont très divers et qu'on a souvent trop vite fait de les condamner. Il faut essayer de comprendre le malaise dont ils sont issus.

Par rapport à ça, la réouverture des frontières fait en effet rêver.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Je prends votre relais pour inciter Richard à créer, lui-même, un blog.

Mais l'honnêteté conduit à préciser que l'expérience peut être décevante. Les blogs enregistrent une énorme désaffection. On a de moins en moins envie de lire. Ils ne sont peut-être plus les supports appropriés des temps modernes.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla
Merci de publier mes commentaires sur votre blog. De tous les textes que je vous ai soumis, vous n'en n'avez jamais refusé un, et je me disais après vous en avoir envoyé à l'occasion un assez dure, des fois corsé, que vous auriez bien raison de ne pas le publier. Ce qui est agréable sur votre blog, c'est que le respect prime. Nous pouvons parler de n'importe quel sujet, être en désaccord, le respect reste. Je déteste la grossièreté et l'insignifiance. Si on m'avait dit un jour que j'écrirais sur un blog, je ne l'aurais pas cru, pourtant il a suffit que je fasse une recherche sur Lieve Joris pour traverser votre espace virtuel. La vie est vraiment étrange en ce sens, nous croisons maintes humains, et soudain, sans savoir pourquoi, on s'arrête, devant un personne, devant une porte, devant le destin, et tout s'enclenche. Votre blog, c'est un oasis, une arrêt sur image, et tous autant que nous sommes comme dans la vraie vie nous sommes de passage. C'est cela la liberté, la ferveur dans le passage.

Merci Alban pour votre appréciation sur mon texte du grand pin. Des fois avoir un grand pin, un cheval, une montagne, un ruisseau, ça fait du bien à l'esprit. Dites-moi, votre ami d'enfance habite où dans le Maine ? Ici dans les Cantons de l'Est nous connaissons bien le Maine, Portland et Augusta, c'est à quelques heures de voiture. Dire que vous avez étudié chez les Jésuites, ça paraît dans votre écriture, parce qu'il faut avoir une certaine formation tout à fait particulière pour écrire comme vous écrivez. J'ignore si cette expérience vous a été bénéfique et heureuse, mais j'aurais bien aimé croiser le fer avec ces gens-là.

Merci Nuage pour vos propos agréables. C'est le moins que je puisse dire. Depuis que j'ai traversé votre Belgique, j'ai conservé un sentiment que le Québec ressemblait à la Belgique. J'y avais trouvé une espèce de parenté tacite. Étrange comme je m'y suis reconnu, tout comme les photos de votre blog, surtout celle des campagnes et des forêts, les collines avec leurs pâturages, les vaches qui broutent, qui sentent la terre et les paysans, les bouseux les deux pieds dans l'argile. Il y a une ferveur qui s'élève de cette terre. Je sens que vous y êtes très attaché, que se soit en ville, ou encore vers le grand large, il y a toujours un bon désert qui vous attend, un bon plat de frites, une excellente bière, et un chat qui s'appelle Pacha.

Je reste un nomade. Je passe, mais dans le passage de la vie, j'ai mis du temps et surtout à accepter cet esprit du passage. Je ne pense pas créer un blog, mais je suis heureux de vous laisser mes textes, surtout en cette période où le moindre réconfort est important, où il faut serrer les rangs à distance, où tout ce qui compte réellement, c'est la solidarité. L'important c'est de demeurer debout bien vivant.

Bonne chance à tous, soyez prudents !

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je n'ai jamais eu la moindre hésitation à publier vos textes. Par principe, je publie tout ou presque. Je fais quand même quelques exceptions : je reçois parfois des messages gravement insultants et orduriers. Ceux-là, je ne les publie pas non pas par esprit de censure mais parce que ça ferait plaisir à celui qui me les adresse, parce que ça lui permettrait d'assouvir sa haine.

Que par ailleurs nous ayons des points de vue différents, je l'espère bien ! Que nous puissions en discuter sereinement, sans aménité, c'est cela qui est important. Nos parcours de vie sont évidemment bien différents. Je n'ai pour ma part vécu que dans de grandes villes et je me sens un peu perdue à la campagne. Mais c'est intéressant de confronter les points de vue.

Bien à vous,

Carmilla

Nuages a dit…

Merci Richard, pour vos mots qui me touchent.
Bientôt, sur mon blog, il y aura une nouvelle série sur la vallée de la Lomme, une belle rivière ardennaise, c'est une balade que j'aime bien faire en automne.

Et merci à Carmilla pour accueillir les écrits de Richard !

Alban Plessys a dit…

Merci Richard,

Pour moi, c’est comme-ci vous teniez un blog ; il manque juste les images. Je ne rate jamais aucun de vos commentaires et j’admire votre capacité à décrire des paysages. Votre écrit est presque photographique, ce qui est pour moi une belle qualité de plume. Et puis vous êtes curieux et sans arrière-pensées et j’aime ça.

Moi aussi, j’avais un grand merisier centenaire dans le jardin. Mais nous nous sommes abandonnés quand j’ai pris la pire décision de ma vie : quitter la campagne pour m’installer en ville. Je m’y ennuie et mon humeur s’en ressent. Je suis devenu acrimonieux mais ça passera dès que je partirai. Parfois, je retourne le voir.

Avant les jésuites, j’ai surtout été formé à l’école publique française auprès d’un vieil instituteur. Mais c’est surtout ma mère, bien que sans diplômes, qui fut une redoutable enseignante. Chaque dimanche, une dictée de Pivot, avec correction et apprentissage du vocabulaire. Ensuite, j’ai fait de très longues études de droit avant de passer des concours. Ma première expérience professionnelle a consisté à pré-rédiger des arrêts de Cour d’appel pendant deux ans dans une chambre civile. J’y ai beaucoup appris, surtout en termes d’argumentation, d’efficacité. J'avais 22 ans. Voilà, vous savez tout.

Mon ami et sa famille habitent près de Lewiston, à quelques lieues d’Augusta. Il était cadre chez HP à Berlin et a croisé sa femme dans un long courrier entre l’Allemagne et New-York, une Américaine d’origine vietnamienne et il a tout largué pour sculpter du bois. Je l’envie beaucoup.

Donc, oui, vous avez raison, tout est de passage, même ce qui, à notre échelle, dure un peu.

Alban