samedi 29 mai 2021

La vie, c'est comme un voyage en train

 

On peut maintenant envisager une réouverture prochaine des frontières et rêver, à nouveau, de voyages et d'aventures. Mais on se pose alors aussi, avec plus d'acuité peut-être, la question de la finalité d'un voyage. 


 A quoi ça rime finalement de s'imposer de grands circuits culturels ? Par exemple, un grand tour des musées italiens dans les quels on s'embête mortellement après avoir fait la queue pendant deux heures pour y entrer. Comme si, en subissant cette épreuve, on allait compenser ses vieilles frustrations scolaires, combler toutes ses lacunes et rejoindre, magiquement, les élites distinguées et cultivées.

Ou bien, les voyages distraction-repos dans lesquels la préoccupation première semble être de "tuer le temps". Aller se vautrer sur une plage en Thaïlande, à Phuket, à plus de 9 000 kilomètres mais où on n'est pas dépaysés puisque ce n'est guère différent de La Baule en Loire-Atlantique". Ou mieux, "plonger avec des requins, se promener à poil dans Tchernobyl, se faire tatouer au Sri Lanka". Ou faire la fête, une teuf, s'étourdir d'alcools et de musiques. Ce n'est pas le bonheur, ce n'est pas le malheur, c'est pire, c'est le vide épouvantable de l'ennui !

Mais je ne veux pas juger. Finalement, on choisit, tous, ses voyages pour affirmer sa distinction, sa différence : afficher comme on est original, curieux et cultivé. Mais on oublie qu'on échoue toujours parce qu'on devient, en même temps, le beauf, le sujet de moquerie, de quelqu'un d'autre. 

Pour ma part, j'évite de nourrir de trop grandes ambitions pour mes voyages. Avoir un but, un objectif, ça m'apparaît même ridicule. Ceux qui prétendent avoir "fait" un pays m'épatent toujours un peu, comme si un pays, ça pouvait se résumer à quelques sites, musées, monuments incontournables, enrobés de quelques éléments folkloriques. 

En fait, c'est le voyage qui, en lui-même, est un but. Le Prado, la chapelle Sixtine, l'Ermitage, les merveilles de la nature, on s'en fiche en réalité, ce n'est pas vraiment ça qui nous émeut.. 

Je suis comme tout le monde. Je voyage d'abord parce que je m'ennuie. Je m'ennuie à l'intérieur de la coquille dans la quelle j'ai l'impression de vivre. Et puis, j'en ai marre de parler français, de penser français, de vivre français. J'ai profondément besoin d'échapper à une cage, de changer de peau, d'identité. M'ouvrir à d'autres sensations, d'autres sons, d'autres couleurs.

Peu importent alors la destination, les centres d'intérêts. D'ailleurs, j'aime bien les régions et les pays moches où il n'y a, dit-on, rien à voir : les Hauts de France, la Moldavie, la Macédoine du Nord, le Kazakhstan, l'Ukraine, la Biélorussie. Là-bas, je suis à peu près sûre de sortir des autoroutes du voyage, de n'y croiser aucun touriste, aucun vacancier. Et puis, c'est souvent dans les pays les plus nuls que j'ai rencontré les gens les plus intéressants.

Ce qui compte, c'est le mouvement, le déplacement, le changement continuel de perspectives. Tracer son chemin simplement, "comme ça", sans programme, sans trop savoir pourquoi, juste peut-être pour la sonorité d'un nom ou l'appel d'une image. Les questions existentielles (pourquoi, dans quel but, jusqu'où ?), contrairement à ce qu'on voudrait nous faire croire, ce n'est pas ça qui nous anime en fait.


 Apprendre, me cultiver, me reposer, me distraire, ce n'est pas ma préoccupation. J'aime ainsi les "voyages idiots" : traverser, par exemple, l'Europe à toute berzingue au volant de ma BM. Changer chaque jour de pays, de langue, de cuisine. Croiser de multiples regards interrogateurs : qu'est-ce qu'elle vient fiche ici, celle-là ?

Ou mieux encore, les longs voyages en train. Étudiante, j'adorais la carte Inter-Rail qui permettait de parcourir pendant un mois toute l'Europe : se coucher à Copenhague pour se réveiller le lendemain à Venise. C'était d'ailleurs l'occasion de faire pas mal de rencontres parce qu'il y a une espèce de disponibilité émotionnelle, érotique, voire criminelle, dans les trains de nuit.

 Ou alors les anciens pays communistes où j'ai toujours adoré prendre le train : animation et spectacles garantis ! La meilleure initiation possible à un autre monde : des trafiquants, des vendeurs à la sauvette, des bonimenteurs, des douaniers corrompus, des provodnitsa (hôtesses de train) irascibles, de la "boustifaille" échangée et arrosée de bière et vodka et surtout des bavassages infinis au cours des quels on refait le monde.

 Malheureusement, cette convivialité ferroviaire est en train de disparaître partout dans le monde. Cela, depuis que les wagons cherchent à ressembler à des cabines d'avion : on supprime les compartiments de 6 ou 8 voyageurs pour leur substituer des fauteuils en ligne, rangés par  deux. Résultat : chacun s'isole, plus personne ne se parle.

Mais peu importe ! "Si j'avais plus de temps, d'argent,...j'irais tout le temps dans un pays étranger. Pour pénétrer dans des endroits semblables mais différents. Pour pénétrer dans un espace étrange semblable à un rêve ou à une renaissance. Pour s'étonner que le monde n'ait pas de fin. Qu'on puisse recommencer beaucoup de choses depuis le début. Oui. Que ce soit comme une nouvelle vie. Même si elle dure un, deux ou trois jours, qu'elle a un goût de poussière et qu'elle est floue à cause de l'air tremblant de chaleur" (Andrzej STASIUK).

La vie comme un voyage en train, c'est peut-être, finalement, ce qui me convient le mieux. La vie perpétuellement changeante, mouvante, chatoyante. Ouverte à l'imprévu, au hasard, aux rencontres, au meilleur comme au pire.

Un post pour partie de circonstance. Je vais profiter du déconfinement pour m'absenter, enfin, un peu : 15 jours. Mais je ne vais pas bien loin, juste au bord de la mer en France (donc sans natation possible). Nouveau post le 19 juin.

S'agissant des voyages en train, je suis réservée sur le Transsibérien qui fait beaucoup plus rêver les Occidentaux que les Russes. Si vous passez par un Tour Operator, vous allez, de plus, vous retrouver entre touristes (c'est le même problème avec les croisières fluviales). Et puis tout dépend de votre voisin de cabine : une semaine de promiscuité et d'hygiène douteuse, ça peut être l'Enfer. Quant aux paysages, ils sont d'une lancinante monotonie.

Préférez les petits trains régionaux, c'est beaucoup plus pittoresque et rigolo. Concernant les trains internationaux, j'affectionne personnellement : le "Varsovie-Vilnius" (via la Biélorussie), le "Cracovie-Lviv", le"Sofia-Belgrade". Je rêve également de faire, un jour, le Trans Asia Express qui se rend d'Istanbul à Téhéran dans des paysages impressionnants mais la ligne est, malheureusement, aujourd'hui suspendue en raison du contexte de guerre. On vient pourtant d'annoncer sa réouverture cette année avec, même, la possibilité d'aller jusqu'à Islamabad. Je suis dubitative et je me vois mal seule dans un train au Pakistan mais ça ne m'empêche pas de rêver.

Concernant les livres, j'ai déjà parlé de ma passion pour les écrivains voyageurs (Nicolas Bouvier, Ella Maillart, Anne-Marie Schwarzenbach, Bruce Chatwin). J'ajoute aujourd'hui :

- Eric Newby : "The big red train ride". Je ne pense pas qu'il y ait une traduction française. A défaut, on peut se reporter à son hilarant : "Un petit tour dans l'Indou-Kouch".

- Paul Theroux : "Railway Bazaar", "Patagonie Express", "Voyage excentrique et ferroviaire autour du Royaume-Uni",  "la Chine à petite vapeur", "Les colonnes d'Hercule", "Safari noir". Je suis une grande fan de Paul Theroux. Ses livres commencent à dater mais demeurent toujours très justes et pertinents.

- William Darlymple : "Sur les pas de Marco Polo - Voyage à travers l'Asie Centrale".

- Paolo Rumiz : "Aux frontières de l'Europe"

- Olivier Rolin : "Extérieur monde" et "Baïkal  Amour" (le Trans Baïkal, c'est effectivement plus intéressant que le transsibérien).

Enfin, trois titres très récents :

- Andrzej Stasiuk : "Mon bourricot". En guimbarde et sans arrêt jusqu'au Kazakhstan,  dans le style inimitable du grand écrivain polonais (auteur culte de "Sur la route de Babadag").

- Julien Blanc-Gras : "Envoyé un peu spécial". Par l'auteur de "Touriste", une série de cartes postales et d'aperçus sur une trentaine de pays. C'est à chaque fois un peu dingue mais très juste.

- Bruno Léandri : "J'aime pas les voyages - Aventures d'un anti-aventurier". De l'humour, de la nostalgie, par l'un des grands collaborateurs de "Fluide Glacial".

Une référence musicale enfin : "Warszawa" de David Bowie avec un arrangement musical de Brian Eno. C'est peu connu mais c'est vraiment puissant (ça se trouve facilement sur Internet). A l'occasion d'un voyage en train Berlin-Moscou, en 1977, David Bowie a profité d'un arrêt à Varsovie pour faire une promenade dans les environs de Warszawa Gdanska. La mélancolie de la ville lui a alors inspiré cette composition. De l'incidence du voyage sur l'inspiration !

10 commentaires:

Richard a dit…

L’ennuie du voyage de la vie.

Bonjour Carmilla!

Est-ce que nous pouvons chasser l’ennuie à coup de voyages? Pourquoi faudrait-il qu’une partie de notre existence baigne dans l’ennuie? Pourquoi faudrait-il gaspiller notre vie par une perte de temps qui se nomme l’ennuie? Donc, il y aurait une partie de notre passage sur terre qui ne servirait qu’à s’ennuyer, genre vide sidéral, laps d’espace-temps irrémédiablement perdu, qu’on essaierait de meubler tant bien que mal dans un existentialisme à rabais. Ce qui ressemble à changer d’air pour calmer son mal d’exister.

L’ennuie, je ne connais pas. Vous pouvez me traiter de prétentieux, mais c’est la vérité. Je ne voyage jamais par ennuie. Le départ est toujours trop excitant pour m’arrêter sur les blocs de départ. Je ne pars pas pour m’éloigner de mon passé, encore moins pour me jeter dans les bras du futur , et surtout pas pour soigner mon présent. Je pars parce que je l’ai décidé, pour exacerber ma liberté, me confronter à d’autres réalités, et surtout, en quelque sorte, provoquer le destin. Je pars toujours en imaginant qu’il n’y aura pas de retour, aucun regard en arrière, un peu comme lorsque je me réveille le matin en pensant pendant trois secondes que cela pourrait être ma dernière journée de vie sur terre. Nous oublions souvent que la vie est un passage, et qui dit passage, dit voyage.

Le vide épouvantable de l’ennuie, c’est un poids de plus dans ses bagages. C’est très ennuyant de suivre des troupeaux de touristes. Vaut mieux partir du fond de l’automne alors que tout le monde est rentré depuis longtemps. Voyager comme le vraie voyageur. Je choisie mes voyages pour errer, vagabonder, partir en début de janvier de Montréal pour se rendre à Schefferville pour six mois de travail très intense. Partir pour longtemps, pour aller ravitailler des camps dans le nord, ou encore pour se retrouver sur le banc de bois en face du bureau de poste de Gravelbourg en Saskatchewan, seulement pour observer les gens marcher dans la rue, ou piquer un bout de jasette au milieu de nulle part. Dans ces moments fugaces, je n’ai pas l’impression de perdre mon temps, ni de m’ennuyer.

Les distances ne comptent pas, cela peut-être dans les méandres de la rivière de Stoke lors d’une randonnée à pied au travers des fardoches et les aulnes, mais aussi le cul assis sur les rives du Pacifique à l’autre bout du pays; c’est toujours la même bonne vieille terre.

Traverser la rivière à la nage c’est aussi voyager, nager pendant une heure ou deux dans un endroit où personne ne nage. Envoyer la main à ceux qui passent en bateau, certains même s’arrêtent pour me saluer et parler. C’est une étrange façon de faire des rencontres, eux sur leur bateau, moi dans l’eau.

Richard a dit…

De l’ennuie et de l’inutile

Se déplacer serait l’art de l’inutile. J’ai toujours aimé me livrer à des activités inutiles. Vous avez raison Carmilla : pourquoi faudrait-il toujours avoir un but, une destination. Il fut une époque où j’avais fait de ma vie, un voyage. Je voyageais pour travailler, et lorsque j’avais terminé de travailler, je repartais à l’aventure à mon compte. Je voyageais pour moi-même. Individualiste extrême, pendant une douzaine d’années, je n’ai pas habité au même endroit plus de six mois. J’ai appris à vivre dans mes bagages, qui plus est, je n’avais pas à attendre après une ou un partenaire de voyage. Trop libre pour m’encombrer de quelqu’un et surtout de toujours me retrouver dans l’épuisement du compromis. La solitude, c’est comme l’ennui, je ne connais pas, et puis il y a toujours ces baroudeurs du fond de novembre qui montent dans le même train que vous, ou bien le même bateau, et là c’est l’échange. Tu viens d’où? Tu vas où? Ça fait combien de temps que tu galères? Tu rentres au pays quand? Échanges d’impressions, recommandations pour entrer dans un pays, que faire, ne pas faire, et finalement nous parlions de nos vies, de nos échecs, de nos réussites avec un certain détachements comme si nous étions partis pour ne plus jamais rentrer. J’aimais cette intensité, ce qui m’a beaucoup nourrit. Sacs à dos, cheveux longs, bottines usées, apprendre qu’en Méditerranée la mer peut être grosse entre Athènes et Herakleïon que les trains italiens étaient vétustes et sales, voir la neige tomber sur Amsterdam fin novembre, dans des rues vides transit d’humidité en provenance de la mer du nord. Dans mes souvenirs, je n’ai que l’embarras du choix, souvent involontairement, un souvenir me revient à l’esprit. Pour les rêveurs de ma race c’est une aubaine, là où l’ennuie n’a pas de place. Cette existence aura été pour moi de l’émerveillement, même dans la douleur et la déception. Je sais que je porte en moi cette dualité du nomade et du sédentaire, que rien n’est fixé durablement dans le temps, que le voyage au fond de soi n’est jamais totalement terminé. Être libre, avoir le monde en partage, courir les routes comme un grand Survenant, sentir la vie dans tous ses aspects, rencontrer l’improbable, certes dans des pays moches mais avec des gens passionnants qui m’étonnèrent de leurs propos. Qu’est-ce qui aurait pu m’en donner plus que cela? Que dire, j’aurais eu l’opportunité de ne pas m’ennuyer, ce qui faisait que je ne donnais pas souvent de nouvelles. Dommage au Canada on a littéralement abandonné les trains passager. J’aime bien les trains et encore plus les locomotives dans lesquelles j’ai eu la chance d’embarquer avec les mécaniciens, de pénétrer dans un univers méconnu, celle des conducteurs. Encore et toujours l’échange, les types étaient heureux de m’avoir à bord et je n’ai pas manqué de les inondés de questions techniques afin de savoir comment fonctionnait ces locomotives, puis l’on passait à la vie quotidienne où il était question d’absence, de poudrerie, de froid, que je savais que j’allais retrouver là-haut dans le nord, lorsque je me retrouverais à bord d’un Otter ou d’un Beaver, pour encore une fois repartir en voyage. Ne pas oublier que la vie est beaucoup plus fabuleuse que nous n’osons le croire ou même l’imaginer. Le transport peut être une perte de temps, mais jamais le voyage. Il y aura toujours d’autres façons de voir le monde. Certes Carmilla, il n’y aura pas de natation, mais au moins trempez-vous les pieds. Bon voyage, bon vent, grand bien vous fasse!

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je ne suis déjà plus à Paris et je commence à m'adapter à mon nouvel environnement. Si on n'aime pas le poisson et les fruits de mer, c'est fichu, on meurt de faim. Mais ça me convient; En revanche, c'est effectivement impossible de se baigner : l'eau est à 13/14 ° en étant optimiste.

Quand je parlais de l'ennui, je ne parlais pas seulement de moi mais de l'humanité en général. On rêve tous, je crois, d'autre chose : une autre identité, d'autres activités, ne plus être enchaîné à un rythme quotidien. Il y a une aspiration universelle à sortir de son être, de sa peau, à échapper à la répétition.

Le voyage, si on sait s'y abandonner, si on sait l'accepter comme changement, rencontres, hasards, offre justement cette possibilité d'échapper à une existence trop formatée. Les questions existentielles, qui suis-je ?, où vais-je ? pour qui ? pour quoi ? , on s'en fiche à vrai dire complètement. L'important, je le répète, c'est le mouvement, le déplacement. Devenir un autre, réinventer sa vie, voilà la question.

Bien à vous,

VCarmilla

Ariane a dit…

Je n'aime plus les voyages depuis longtemps, trop de touristes, et je déteste les trains français.
Je préfère donc partir avec les écrivains, ça me dépayse bien plus et je ne suis encombrée par personne.
Olivier Rolin, bien sûr, mais aussi Julien Blanc-Gras qui me fait bien rire !
J'ai également relu le "Davaï" de Julien Delpech et Jacques Von Polier qui m'a également beaucoup amusée.

Bon voyage chère Carmilla, et au plaisir de vous retrouver bientôt ici, avec toujours d'aussi intéressantes notes !
Ariane.

Carmilla Le Golem a dit…

Grand merci Ariane,

Je suis également consternée par l'invasion touristique. C'est peut-être de l'élitisme mais c'est devenu déprimant. Aller en Grèce, en Croatie, en Espagne durant l'été, c'est devenu une épreuve. J'ai eu un choc en allant en Ouzbékistan, il y a trois ans, où je pensais tout de même ne pas rencontrer trop de monde.

Il faut maintenant chercher d'autres lieux et surtout d'autres formes de voyages. C'est vrai que le train français est devenu sinistre : c'est comme un voyage en avion, plus personne ne s'y parle.

Julien Blanc-Bras, son dernier livre est vraiment très drôle. Je n'ai pas lu "Davaï" mais je vais maintenant le rechercher,

Bien à vous,

Carmilla

Nuages a dit…

J'ai lu le livre de Julien Blanc-Gras, "Un envoyé un peu spécial", et je suis un peu moins enthousiaste que vous. C'est un peu léger, inégal, avec cependant de très bons chapitres.

A part ça, j'ai lu déjà une bonne moitié de la biographie de Brejnev que vous avez conseillée, et c'est très intéressant. Cet homme était loin d'être le crétin que l'on dit. Malin, jouisseur, passionné, calculateur, habile.

J'ai malheureusement oublié le livre à Avioth, où je suis retourné après plus de sept mois. J'y reviendrai dans un mois. C'était un plutôt bon séjour, avec de bonnes retrouvailles, mais marqué, aussi, une sorte de procès politique avec deux des responsables du lieu, des irrrationalistes coronasceptiques, ce qui fut éprouvant. J'ai répliqué et je les ai rayés de mon paysage. Je continuerai à les côtoyer, mais en les ignorant le plus possible.

Nuages a dit…

J'ai également commandé "Davaï", qui a l'air très intéressant. J'espère bientôt découvrir vos nouveaux billets.

Carmilla Le Golem a dit…

Grand merci nuages,

C'est vrai que le livre de Julien Blanc-Gras n'est qu'une succession de petits aperçus sur une foule de pays et que ce kaléidoscope peut sembler un peu superficiel. Et quand on a refermé le livre, on a déjà presque tout oublié.

J'ai quand même été impressionnée par sa capacité à décrire, en quelques mots, un pays, une ville, cela avec beaucoup d'humour. Parmi les villes que je connais bien, Téhéran et Moscou par exemple, ça tombe juste, ça tape dans le mille alors qu'il n'est probablement pas un spécialiste.

On attend vos impressions et images d'Avioth. Quant à la pensée rationnelle, c'est vrai qu'elle est encore peu répandue. On préfère l'affect, l'émotion, la posture. Mais la philosophie des Lumières, ça n'a finalement qu'un peu plus de 2 siècles. Quant à moi, j'ai pu récemment me faire piquer au Moderna et je suis soulagée. Mais c'est vrai que j'ai envie d'étrangler les vaccino-sceptiques.

Bien à vous,

Carmilla

Nuages a dit…

J'ai fait peu d'images à Avioth cette fois-ci. Juste une quarantaine de photos pour essayer les grandes ouvertures avec mes objectifs Fuji 35/1,4 et Viltrox 56/1,4.

A Avioth, certains des responsables du lieu s'étaient scandalisés du fait que j'avais demandé à la mairie du village quelles étaient les dispositions sanitaires en vigueur dans la région, en particulier pour les réunions. Une assemblée générale de la maison communautaire où je séjourne devait en effet se tenir fin février, et comme ils ne tenaient aucun compte, ou presque, de mes messages d'alerte et des informations sur les dispositions sanitaires, je m'étais inquiété de cette situation, potentiellement génératrice d'un cluster, et, dans mes échanges de mails avec la commune, j'ai fait part de ma préoccupation.

Cela a été pris, par certains responsables de la maison communautaire, comme une dénonciation, ou même comme une trahison. L'une des responsables du lieu m'a même traité de "judas", en sous-entendant que des termes bien pires avaient été utilisés par certains.

Mais j'ai eu d'excellents échanges avec d'autres responsables du lieu, ainsi qu'avec plusieurs résidents, ce qui fut très bienfaisant.

Je continuerai à aller à Avioth, mais moins souvent, et surtout quand des gens que j'aime bien sont présents.


Etrangler les vaccino-sceptiques ? Au passage, les coronasceptiques aussi. Je partage votre colère à leur égard. Un trop faible taux de vaccination risque de ne pas permettre d'atteindre l'immunité collective. A un certain stade, je pense qu'une obligation de vaccination devrait être envisagée, en tout cas pour certaines parties de la population.

Et plus que jamais, je suis heureux de m'être trouvé ce "slogan" : la science, la raison, la laïcité, la république.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Depuis pas mal de temps, j'ai renoncé à engager une conversation sur le coronavirus. Il y en a toujours quelques-uns pour brandir le flambeau de leur liberté opprimée et dénoncer l’État totalitaire. Triste individualisme ! Quant à leurs solutions , ils n'en ont aucune si ce n'est le laisser faire (alors qu'ils sont généralement anti-libéraux). La démagogie consiste à dire que l'on a sacrifié les jeunes au profit des vieux. Presque personne ne semble se rendre compte que cette vulgate darwiniste est sinistrement proche de l'idéologie nazie. Quant à moi, je crois savoir ce qu'est un État fort et les petites libertés bafouées ici me font bien rigoler. J'ai envie en ce moment de relire Voltaire et Diderot.

Pour ce qui vous concerne, je comprends bien les inquiétudes que vous éprouviez pour la maison communautaire. Il est évident que c'est un lieu idéal de contamination et il est étonnant que la municipalité ne s'en soit pas préoccupée. Personnellement, je n'y serais jamais allée.

La vaccination obligatoire de certaines catégories de la population (les plus fragiles), ça ne m'apparaît pas en effet attentatoire aux libertés.

Une quarantaine de photos, c'est déjà pas mal. Personnellement, je manque souvent d'inspiration et d'envie. La photographie numérique a rebattu les cartes. On ne peut plus se contenter de produire des images techniquement parfaites. Il faut arriver à trouver un regard et ça, c'est très difficile.

Bien à vous,

Carmilla