samedi 30 octobre 2021

Le pays d'Aphrodite : Chypre

 

 Chypre, c'est d'abord pour moi un souvenir d'enfance-adolescence. Quand on faisait les voyages entre l'Europe et l'Iran, ma famille et moi, on prenait la British Airways (l'une des rares compagnies à desservir alors Téhéran) qui faisait escale à Larnaca. C'était très curieux, presque drôle, parce qu'à bord de l'avion, il n'y  avait pas plus dissemblables que les touristes en goguette qui partaient bronzer sur les plages chypriotes et les quelques voyageurs iraniens, dont certaines femmes voilées, habillés de manière sinistre. Larnaca, c'était alors pour moi, le dernier (ou le premier) regard sur cet Occident  haï/adoré.

 

Je voulais donc absolument découvrir, un jour, le pays. C'est maintenant chose faite. J'ai pris prétexte de l'intérêt que je portais aux pays qui avaient connu un "miracle économique". C'est une question qui, effectivement, me passionne : comment des pays, autrefois pauvres et déshérités, sans ressources naturelles, comme la Suisse, l'Islande, l'Irlande, le Japon et même le Liban, ont pu devenir riches ? 

Chypre est du nombre : malgré une faible population (1,2 million d'habitants), une absence d'agriculture (en raison d'une sécheresse continuelle), une industrie inexistante (compte tenu de son isolement géographique) et, surtout, les ravages de l'occupation militaire turque,  les habitants chypriotes bénéficient d'un niveau de vie dans la moyenne de la Communauté Européenne. C'est une performance remarquable compte tenu des handicaps subis.

 

Certes, il s'agit d'une richesse fragile (mais pas forcément non plus), largement dépendante de la sphère financière et notamment des investisseurs russes, mais il y a quand même plein de leçons à tirer de cette expérience, en particulier en France, où les candidats à la proche élection présidentielle rivalisent, en ce moment, d'âneries économiques. Aux innombrables zélateurs de Piketty, on peut ainsi rappeler que c'est essentiellement la quantité de capital et d'épargne disponibles qui détermine la richesse des nations.

Mais j'avoue que j'ai quand même été très surprise en débarquant à Chypre. Partout des Russes ! Dans les rues, sur les plages, dans les commerces, les hôtels, les restaurants, une vraie colonie. Et puis toute l'Europe Centrale, en premier lieu des Polonais mais aussi des Baltes, des Hongrois, des Bulgares. Peu d'Européens de l'Ouest (Français, Allemands, Italiens etc...) en revanche. 


Qu'est-ce que c'était étrange pour moi d'être directement interpellée (parce qu'on s'identifie immédiatement, entre nous, à l'apparence physique) par un sonore "diévouchka" ou un murmurant "prosze Pani" ! J'avais l'impression de me retrouver à Lviv mais un Lviv tout à coup écrasé de lumière et de chaleur, partagé entre la mer et la montagne. Du coup, à ma grande honte, je n'ai pas appris un seul mot de Grec, je me suis juste exercée à lire l'alphabet.

Mais Chypre recèle bien sûr de multiples autres centres d'intérêt. Si vous commencez à me connaître, vous devez savoir que la cuisine et la plage, ce ne sont vraiment pas mes trucs. J'ai quand même nagé un peu dans une eau à 26 ° (ce qui est, pour moi, le minimum acceptable) mais la mer et la piscine, ce n'est vraiment pas pareil. J'y perds mes repères, ma technique, je m'ennuie.

 

Je me suis donc rabattue sur du "culturel". Chypre, c'est d'abord un grand morceau de Grèce Antique. C'est  dans ses montagnes que se trouve un deuxième "Mont des dieux", le "Mont Olympe de Chypre" (1 952 mètres). Surtout, Chypre, c'est le lieu de naissance de la déesse Aphrodite qui apparut, un jour, sur la plage de Petra Tou Romiou. De magnifiques mosaïques et des sanctuaires ont été consacrés, en bord de mer, à la déesse de l'Amour. Tout un périple érotique à effectuer. 

Mais Aphrodite a, au fil du temps, été supplantée par la Vierge. Chypre est ainsi devenue l'un des hauts lieux de l'orthodoxie. On recense ainsi une dizaine de monastères et petites églises byzantines (la plupart du XI ème siècle) complétement perdues dans la montagne avec des fresques murales exceptionnelles.

 

Moins connu, Chypre, c'est aussi un morceau de France. Les Croisés ont utilisé l'île de Chypre comme base de conquête de Jérusalem et y ont construit de multiples remparts et forteresses. Le comble de la bizarrerie, c'est la cathédrale (aujourd'hui mosquée) Saint Nicolas à Famagouste. Elle est d'architecture gothique française (début du 14 ème siècle) et ressemble furieusement à la cathédrale de Reims (qui l'a inspirée) mais une cathédrale de Reims aujourd'hui flanquée d'un minaret. Il est bizarre qu'en France, on se désintéresse complétement de cette cathédrale.

Plus récemment, le poète Arthur Rimbaud a séjourné, à deux reprises (1878 et 1880), sur l'île de Chypre, dans les monts du Troodos,  avant d'embarquer pour Aden. Il en vante, dans ses lettres, le climat sain. Je m'y suis rendue (dans le village de Platrès, précisément) mais vraiment, plus perdu, il n'y a pas. Comme l'écrit d'ailleurs Rimbaud, "il n'y a sur la montagne que des sapins et des fougères". Que pouvait-il donc bien y fiche ?

Je conclurai en précisant qu'un voyage, ça ne se déroule jamais de manière idyllique. Ca n'est pas toujours une partie de plaisir et il y a toujours les déceptions et les incidents. Le réel ne se conforme jamais à nos attentes. On peut donc toujours être tentés de râler, pleurnicher pour justifier sa décision de rester dorénavant chez soi.


Chypre n'est, ainsi, sûrement pas le plus beau pays que j'aie jamais visité. On peut trouver mieux en matière de paysages maritimes et montagnards, de sites archéologiques, d'architecture urbaine, d'Art byzantin, de forteresses médiévales, d'églises gothiques... Mais c'est justement la concentration de tout ça en un même lieu réduit qui fait l'intérêt du pays. Et puis, il y a la confrontation/juxtaposition des cultures grecque, turque et russe.

Quant aux incidents, anicroches, j'en ai eu plein mais ça fait partie de l'expérience du voyage. 

D'abord, j'ai expérimenté pour la première fois la conduite à gauche. On y arrive bien sûr mais, au volant d'une voiture qu'on connaît mal, sur d'étroites routes de montagne ou dans les ruelles labyrinthiques des villes, on n'est jamais bien loin de la crise de nerfs.

 

Surtout, j'ai vécu une expérience humiliante. Moi qui ai franchi une multitude de frontières compliquées, j'ai été rejetée et renvoyée, comme une malpropre, par la police des frontières turque. On m'a invitée à aller me faire voir chez les Grecs, sous un motif complétement futile. Visiblement, ma tête ne leur revenait pas. J'étais folle furieuse.

Mais qu'importe ! La déception, les avanies, sont, finalement, plus instructives que le contentement. C'est finalement ça un voyage : s'enrichir des difficultés, comprendre les déceptions.

 

Quelques-unes de mes petites photos chypriotes (sauf celle de la cathédrale de Famagouste, du côté turc dont j'ai été expulsée).

Je n'ai pas de conseils de lecture directement liés à mon voyage parce que je n'ai pas vraiment  identifié la littérature chypriote. Je peux simplement vous recommander les livres que j'avais emportés avec moi :

- William DARLYMPLE : "Anarchie - L'implacable ascension de l'East India Company". Le nouveau Darlymple, un livre magnifique croisant l'histoire et l'aventure. Un des grands bouquins de cette année.

- Jean-Marc DANIEL : "Histoire de l'économie mondiale - Des chasseurs-cueilleurs aux cybertravailleurs". Un livre agréable à lire, très pédagogique, s'adressant à tous (pas besoin d'avoir fait de hautes études économiques). On y apprend plein de choses et c'est plus pertinent qu'un indigeste Piketty.

- BALZAC : "Les illusions perdues". Je suis simplement en cours de lecture (c'est le plus gros livre de Balzac) mais j'en profite pour vous recommander les deux récents films actuellement sur les écrans : "Eugénie Grandet" de Marc Dugain et "Les illusions perdues" de Xavier Gianolli.

- Catherine CUSSET : "La définition du bonheur". Je lis régulièrement les livres de Catherine Cusset, toujours agréables et iconoclastes. 

- Jakuta ALIKAVAZOVIC : "Comme un ciel en nous". Une nuit au Louvre pour redevenir la fille de son père, Serbe, arrivé en France dans les années 70.

4 commentaires:

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla!
Alors, vous avez goûté à l’hospitalité de ce paradis fiscale, avec en prime, une prise de bec avec l’hospitalité truc. Voyage plein de surprises. Cela ne se compare pas avec la Crête, loin de-là. Cousin Vladimir est incapable d’empêcher ses oligarques d’aller déposer ou de faire des affaires à l’extérieur de la Russie. Je voudrais bien savoir combien cette île compte de trafiquants d’armes et de drogues? C’est un milieu qui doit être passionnant. Il n’y a rien comme le trafique des armes et des drogues, pour de juteux profits. Tout cela est connu. Ce qui est en train de changer, c’est que les pays occidentaux commencent en avoir raz le ponpon de ces paradis fiscaux. Il n’est pas surprenant que vous ayez rencontré des Russes, des Baltes, des Hongrois, des Polonais et tout le restant de la racaille. Ce qui soit dit en passant doit faire l’affaire des Turcs et des Grecs. Une île de lumière du côté obscure des affaires. Un petit coin tranquille hors des routes internationales, c’est bien venu. Discrétion assurée, avec l’Afrique au Sud et le Moyen-Orient à l’est, qui ne sont pas à proprement parlé des endroits tranquilles où le marché des armes est florissant. Qui plus est, il doit être possible de rencontrer des émissaires de l’État Islamique, ou bien quelques autres groupuscules qui cherchent un coin discret. Rimbaud avant de se rendre en Afrique n’est pas passé par cette région pour rien, lui aussi voulait être dans le trafique tout comme Henry De Monfried. (De Monfried, c’est à lire et à relire pour comprendre cette région, et c’est tellement bien écrit). Comme de quoi que les choses n’ont pas tellement changées, sauf peut-être le pouvoir de l’argent donc de la richesse. Le pouvoir financier de l’inégalité. Nous ne risquons pas de rencontrer Piketty dans cette région. Il n’a pas besoin de zélateur, la pandémie est en train de lui donner raison. Juste à regarder les statistiques de vaccinations dans le monde, et l’inégalité vous saute au visage. Pendant ce temps, des gens essaient de traverser la Méditerranée sur des rafiots pourris. Ils tentent d’échapper à leur pauvreté, pour essayer de se refaire une vie en Europe. Il semblerait que les nouvelles soient mauvaises en provenance de Russie, et en Ukraine, en ce qui concerne cette crise sanitaire. Une autre région très inégalitaire. Oui, ça fonctionne pour l’Europe de l’Ouest, et l’Amérique du Nord, mais ailleurs c’est la poisse. Pour la solidarité internationale, on repassera. J’ai beau regarder tout le tour de moi au niveau international, je n’y vois rien d’encourageant. C’est juste une constatation en passant d’un bouseux de fond de campagne. Dans cette région, c’est le chiard au Liban, la ruine en Syrie, la misère en Irak, le mensonge en Iran, la corruption au Pakistan, l’apothéose en Afghanistan, sans oublier les problèmes insolubles entre Israël et la Palestine. Et comme cerise sur le gâteau, le renversement du pouvoir civil par l’armée au Soudan. Alors pour l’égalité et l’état de droit on repassera! Je dois avouer que toutes ces situations ne manquent pas d’intérêts. En fin de compte vous vous êtes rendue à la frontière de l’inadmissible. C’est déjà quelque chose. Il n’y a que quelques 150 kilomètres entre Chypre et le Liban. Après, c’est un autre univers. Mais, dites-moi, qu’est-ce qu’il vous ont dit les turcs avant de vous renvoyer chez les Grecs? Alors vous êtes devenue folle furieuse, vous avez perdu votre calme légendaire? Ne vous en faites pas, à l’est c’est encore pire! Un jour, peut-être, que vous sauterez dans votre bolide à Paris en direction de Téhéran, ce qui pourrait être un vrai road trip d’enfer. Combien de jours pour couvrir la distance?
Richard St-Laurent

Richard a dit…

Toutes ces observations et réflexions me sont venues après le visionnement d’une entrevue que donnait Éric Zemmour sur la chaîne de Thinkerview. C’est ce personnage qui risque de devenir le prochain président de la France? Lorsque j’ai entendu ses propos sur l’immigration, je me suis dis : Pas cela, non vraiment... Ce n’est pas la France des lumières comme vous l’avez écrit si souvent dans vos textes. Ce n’est pas que vous allez manquer une marche, mais sans doute trébucher dans L’escalier. On dirait que le Moyen-Orient s’est invité dans la politique intérieure française.

Pour en revenir à Chypre le pays d’Aphrodite, la déesse de l’amour comme vous dites, je trouve que c’est une région tumultueuse qui cherche le conflit et cela ne date pas d’hier. Les croisés ce ne fut qu’un des nombreux épisodes sanglants. On se souviendra que les Grecs et les Trucs se sont sautés à la gorge, et nous les Canadiens, nous avons été délégué pour nous imposer entre ces deux belligérants sous l’égide de l’ONU.

À quoi vous attendiez-vous lorsque vous êtes débarquée. Il n’y a pas de surprise, vous deviez savoir que les Russes étaient présents sur cette île. Vous êtes dans la domaine de la finance, qui plus est, vous avez sans doute accès à des dossiers financiers qui impliques des Russes. Ils ont peut-être l’air de touristes, mais c’est loin d’être de véritables touristes. J’ai souvent l’impression que cousin Vladimir ne contrôle pas tous ses ressortissants. Quoi qu’il en soit, ils viennent de vous augmenter votre facture de gaz naturel. Vraiment l’énergie on n’y échappe pas, ça passe avant les armes et la drogue. C’est le propos de Pierre Charbonnier dans son dernier livre très intéressant dont je viens de terminer la lecture, qui s’intitule : Abondance et liberté, publié en janvier 2020, aux éditions La Découverte, qui traite de l’histoire de la philosophie au cours des cinq derniers siècles, qui explique comment nous sommes devenus libres, mais aussi énergivore grâce à l’énergie bon marché. J’espère que vous l’avez lu, si non, je vous le recommande. Certes, il est question d’écologie, mais pas à la manière des activistes, c’est beaucoup plus fin que cela, enfin je rencontre un penseur qui pense différemment. Notre problème ce n’est pas de nous priver, mais je réfléchir autrement. J’espère qu’il y aura d’autres auteurs qui poursuivront cette réflexion enrichissante.

J’avoue que conduire à gauche, pour des gens qui ont passé leur existence à conduire à droite, cela peut être embarrassant. Je me souviens que lors de mon unique voyage en Barbade dans les Antilles, qui avait conservé cette manière de faire, puisque c’était une ancienne colonie Britannique, j’avais failli faire un face à face avec un autre véhicule. J’avais semé la pagaille sur cette route. J’ignorais que les chypriotes avaient conservé cette manière de circuler.

L’eau semble fabuleuse dans ce pays, clair, limpide, 26 degrés, incroyable pour un Québécois. Dans la rivière Saint François l’été dernier, nous avons connu des température de l’eau à 24 degrés maximum. Dire que je commence à nager à 14 degrés au printemps. J’ai terminé mes traversées de rivières début de septembre, l’eau était en bas de 20 degrés. À 26 degrés, moi je passe mes journées à l’eau, pas question d’aller me promener dans les montagnes. Carmilla, laissez-vous tenter, venez me visiter au Québec, je vais vous amener nager dans l’eau froide. Frissons garantis, je vous l’assure, mais un grand plaisir.

Richard St-Laurent

Richard a dit…

J’aimerais que vous m’expliquez, dans l’histoire de cette humanité comment une vierge a remplacé Aphrodite? Aphrodite est bien une déesse de l’amour, et une vierge est une vierge, on s’entend ce n’est pas le sommet de l’art érotique. J’ignore si Aphrodite était belle, parce que je n’ai pas eu l’occasion de voir ses fresques. Tant qu’à la vierge, elle débordait de toutes nos églises. La mère de Dieu, on ne rit pas. Elle était lisse, et sans saveur. La vierge ne m’a jamais impressionné. Pour le dire ainsi, je la trouvais fade et je mettais en doute le goût du créateur à son sujet. Elle m’apparaissait trop neutre pour être la mère de Dieu. C’est l’une des phases qui me rend perplexe au cours de cette histoire. Dieu a choisi une créature terrestre pour lui donner naissance entre les hommes. Il n’aurais pas pu inventer autre chose. Il y a des histoires intéressantes dans la Bible, mais cette histoire particulière de la vierge, je trouve que l’auteur a manqué d’inspiration. Il y a peut-être d’autres raisons que j’ignore, et que sans doute vous connaissez. Il y a tellement d’histoires fascinantes dans cette partie du monde, de légendes, de récits, vrais ou faux, peu importe.

Tant qu’aux cathédrales avec des minarets, il ne faut pas se surprendre. C’est toujours du judéo-christianisme. Cela origine de la même région. Les Turcs viennent d’en transformer une église en mosquée. Ça n’a pas l’air d’avoir remué quelque courant d’air dans le monde chrétien. Jadis, on se serait égorgé pour beaucoup moins que cela. Ces légendes se croisent, les mêmes personnages apparaissent puis disparaissent, bonnes ou mauvaises, peu importe. Il y a des démons chez les musulmans comme chez les catholiques. On oscille toujours entre le bon et le mauvais, le négatif et le positif, le vrai et le faux, le bien et le mal, le binaire, cela fait longtemps que ça existe, bien avant l’invention de nos ordinateurs. La nuance, c’est difficile pour un humain, nous avons encore du chemin à parcourir dans cette direction. C’est quand même incroyable, dans un monde technologique, où le science prend tellement de place, qu’on en reste dans certaine partie du monde, ou encore chez certains humains dans la croyance. Il n’y a pas de dieu qui va te sauver, sauves-toi toi-même. Mais, pour se sauver de quoi? Ce qui me rappelle une de mes dernières lectures : La démocratie des crédules par Gérald Bronner. L’humain est-il un (suiveux)? Il se cherche un dieu, un sauveur, un guide, un maître, et ça perdure encore aujourd’hui, quitte à lui élevé des statues, des temples, des églises, même s’il lui faut avaler des couleuvres menteuses. Est-ce que cela n’est pas de l’aberration? C’est vrai que c’est plus facile de croire, de se soumettre à un dogme, que de trouver soi-même sa propre voie par des cheminements difficiles et périlleux. Reste, que ce qui est construit est construit et cela a donné de belles architectures que nous pouvons admirer. Le contenant est plus beau que le contenu.

Merci pour votre texte et vos photos. Je vous écrit ce texte ponctué de plusieurs arrêts, pour aller savourer quelques huîtres que j’ai achetées aujourd’hui. Je vous recommande les huîtres Malpeque fancy , si cela se trouve à Paris, qui sait... Elles sont excellentes. Ici, nous sommes dans la saison des huîtres. Un pur délice!

Bonne nuit, je vois que le bon vent vous a ramené.

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je crois que la Crète est plus belle que Chypre. Mais le gros avantage de Chypre, c'est son climat exceptionnel. C'est le pays le plus ensoleillé de l'Europe et on peut s'y baigner pendant presque toute l'année. Revers de la médaille : il fait tellement sec qu'il est difficile de développer une agriculture.

Je savais bien sûr qu'il y avait beaucoup de Russes à Chypre mais je n'imaginais pas dans une telle proportion. Je me suis presque plus sentie en Russie (presque toutes les annonces sont retranscrites en cyrillique et dans presque tous les magasins, hôtels, restaurants, il y a des Russes) qu'en un pays de langue grecque. Pour le dépaysement, c'était donc plutôt raté. Les données financières que j'ai pu collecter sont effectivement ahurissantes. Un retrait financier russe serait une catastrophe pour Chypre, il faut donc parvenir à recycler, dès maintenant, cette manne dans une activité économique réelle. C'est ma préoccupation mais trouver des solutions n'est pas facile dans un si petit pays, si isolé.

Il faut cependant préciser que ce n'est pas essentiellement pour des raisons fiscales que les Russes investissent à Chypre. En fait, enregistrer une entreprise à Chypre coûte cher. C'est surtout en fait pour sécuriser leurs biens et propriétés que les Russes choisissent Chypre. Il faut en effet savoir qu'être riche en Russie est une situation très incertaine. C'est encore une société mafieuse. On a vite fait d'exciter les convoitises et d'être dépouillé de tous ses biens par des concurrents et un Etat prédateur.

Je ne crois pas que les inégalités s'accroissent dans le monde. Piketty le reconnaît d'ailleurs, lui-même, dans son dernier petit bouquin : "Une brève histoire de l'égalité". Un livre qui m'a amusée.

Je ne pense pas que Zemmour ait des chances de devenir Président de la République. Sa force, c'est qu'il est beaucoup plus cultivé et beaucoup moins bête que les leaders traditionnels de l'extrême-droite. Il a en outre un grand talent de débatteur.

Mais le grand problème en France, c'est que l'extrême-droite totalise aujourd'hui plus de 30 % des intentions de vote. Si l'on ajoute la gauche populiste (France Insoumise dont le programme économique recoupe largement celui de l'extrême-droite) et la fraction illuminée, décroissante, des écologistes, on peut dire que largement plus de la moitié des Français est disposée à renoncer au système démocratique. Quant à la droite traditionnelle et au Parti socialiste, ils ne présentent que des candidats nuls.

Passer d'Aphrodite à la Vierge, je ne saurais expliquer cette évolution. Mais il est certain quand même que le Christianisme n'est pas, à sa naissance et dans son esprit, une religion misogyne. Il faut tout de même rappeler que le Christ a proclamé l'égalité de tous, hommes et femmes, et a accueilli Marie-Madeleine en déclarant que les prostituées seraient aux premières places au sein du Royaume de Dieu. Une attitude et des propos incroyables, révolutionnaires, à l'époque.

Conduire à gauche, ça réclame une grande concentration pour éviter de s'adonner à ses habitudes. A deux reprises, malgré tout, j'ai oublié et me suis retrouvée à droite, évitant de peu un grave accident. Mais le plus difficile pour moi, ça a été les manœuvres pour stationner. J'avais perdu tous mes repères.

Oui, aller de Paris à Téhéran en voiture, c'est possible mais ça fait tout de même 5 200 kilomètres (au moins 6 jours de voyage non-stop). Mais le principal obstacle pour moi, c'est s'il vous arrive un accident en Turquie ou en Iran. Je sais très bien que vous vous exposez alors à des ennuis infinis voire à de la prison, immédiatement, s'il y a un blessé ou un mort. Et les prisons turques ou iraniennes, je crois qu'il vaut mieux les éviter.

Bien à vous,

Carmilla