samedi 26 mars 2022

Petites chroniques des Temps Noirs




Ca n'est pas dans mes habitudes mais j'étais beaucoup connectée aux informations ces derniers temps. Voici quelques éléments que j'ai retenus :

1) La guerre de la Russie contre l'Ukraine bénéficie d'une couverture médiatique importante, même si elle est forcément biaisée, imparfaite. On n'a jamais dépêché autant de journalistes et reporters sur un conflit armé. On les évalue grossièrement au nombre de 2 000. Mais à côté des officiels, pris en charge et soutenus par un grand diffuseur (télévision, presse), de nombreux "indépendants" viennent tenter là-bas leur chance dans l'espoir d'amorcer une carrière dans les médias: réaliser le reportage choc qui ébranlera l'opinion, faire la photo qui fera le tour du monde. Ca illustre d'abord la difficulté et la précarité du métier de journaliste : il faut quand même être un peu désespéré pour aller là-bas. 

Ce qui est triste, c'est que ça se passe souvent mal pour ces "aventuriers" qui disparaissent parfois brutalement dans un total anonymat. Même moi qui connais certaines régions comme ma poche, j'avoue que je me verrais mal errer là-bas aujourd'hui compte tenu de mon ignorance totale des affaires militaires. Du côté ukrainien, on se méfie d'abord beaucoup de vous parce qu'on peut penser que vous êtes un "saboteur" travaillant pour les Russes. Et si vous tombez dans les pattes des Russes, on vous soupçonne alors d'être un mercenaire des Brigades Internationales et vous risquez alors d'être immédiatement fusillé. 


Et surtout, sur place, ce n'est pas le scénario d'une guerre classique avec des combats directs qui se déroule. Il y a peu de hauts faits d'armes à rapporter. Il faut en effet d'abord subir la tactique russe qui est tout sauf héroïque: on submerge d'abord les villes sous un déluge de bombes et on se "risque" ensuite à intervenir au bout de longues semaines, quand tout est détruit et que la population est terrorisée, affamée, épuisée. C'est une "sale guerre" frappant indifféremment et dans ces conditions, votre survie ne dépend pas de vos initiatives personnelles mais de la simple loterie. La tactique russe, c'est vraiment "l'effort pour rendre l'autre fou", le démoraliser profondément, le convaincre de sa totale impuissance.


2) Plus de 3,5 millions d'Ukrainiens ont déjà quitté leur pays et ça n'est pas près de s'arrêter. Tout le monde a remarqué quelque chose d'inédit : aux femmes et enfants franchissant les frontières s'ajoute une foule d'animaux domestiques, des chiens, des chats, des lapins nains et même des hamsters. Beaucoup jugent cela absurde, de la sentimentalité idiote et déplacée d'autant que cela complique beaucoup les conditions d'accueil et d'hébergement. J'y vois plutôt le signe d'une compassion supérieure étendue à l'ensemble du vivant et surtout du refus absolu d'abandonner qui que ce soit à son sort. C'est la solidarité familiale très forte chez les Slaves et la famille, ça comprend aussi les animaux.

3) La Pologne accueille la majeure partie des réfugiés ukrainiens : 2 millions aujourd'hui qui s'ajoutent à la récente communauté de ces dernières décennies (1,5 M), c'est tout à l'honneur d'un pays de 38 M d'habitants. Ca permet de rappeler, n'en déplaise à Poutine, que les Polonais et les Ukrainiens ont longtemps vécu unis. Mais je m'interroge quand même : dans la seule Varsovie, 300 000 Ukrainiens viennent de s'installer. Rapporté à la population de la capitale (1,1 million d'habitants), c'est monstrueux. C'est comme si 600 000 Ukrainiens débarquaient tout à coup à Paris. Que se passerait-il alors ? J'entends déjà les cris d'orfraie de la Droite. Est-ce qu'on essaierait de faire face de la même manière en France sans protester, hurler ?

Ou alors, question encore plus dérangeante : en cas d'attaque étrangère, les Parisiens défendraient-ils leur ville comme comme à Kyïv ? On peut en douter tant il semble y avoir un consensus général pour ne surtout rien faire, pour se montrer d'emblée capitulards. On se déclare "pacifistes", on est même opposés à la livraison d'armes à l'Ukraine (Mélenchon). Ou alors, on est cyniques : il ne faudrait surtout pas ponctionner le pouvoir d'achat des Français, il faut qu'ils puissent continuer à rouler et se chauffer comme avant (Mélenchon, Le Pen). La France est parfois vraiment "moisie".


4) On vient de suspendre les chaînes de propagande russes en France : RT et Sputnik. Elles étaient des émanations du Kremlin mais quand même relativement subtiles. Mais je m'interroge sur la pertinence de cette éviction et je regrette même que l'on n'ait jamais diffusé, en France, une authentique chaîne russe, Rassya 1 par exemple (avec sous-titres  français bien sûr). Ca aurait permis aux téléspectateurs de découvrir et comprendre ce qu'est vraiment la folle propagande qui sévit en Russie. Ca aurait évité qu'on découvre seulement aujourd'hui le délire de Poutine, l'univers fictif, le "Grand Théâtre", avec sa logique propre, qu'il a construit. 


Depuis une bonne dizaine d'années, en effet, les médias russes ne cessent de vomir l'Occident jugé décadent, immoral, pervers et matérialiste; ils ressassent que l'Europe et les Etats-Unis n'aiment pas les Russes et cherchent à les encercler (un si petit pays, c'est, en effet, facile) avant de les conquérir; ils racontent que le Gouvernement ukrainien est composé de nazis qui ont créé des camps de concentration pour les russophones; heureusement que Vladimir a lancé son "opération spéciale", une opération de paix parce que ces nazis s'apprêtaient à attaquer la Russie et investir Moscou avec des armes chimiques. Quant à Marioupol, ce sont les Ukrainiens qui exterminent leur population tandis que les courageux soldats russes essaient de s'interposer. Quant aux réfugiés ukrainiens, on parle de ceux qui se rendent à l'Ouest mais ils sont bien plus nombreux à choisir la Russie (on n'a quand même pas d'images là-dessus).


Regarder la télévision russe, on a l'impression que ça vous met la tête complétement à l'envers. C'est un lessivage, un matraquage de cerveau continuels. Un grand théâtre complétement irréel manipulé par le Maître du Kremlin. Mesurer cela, ça aurait peut-être permis d'éviter de nous comporter comme des "somnambules", de croire qu'on pouvait avoir un dialogue rationnel avec Poutine, qu'on pouvait se montrer persuasif, emporter sa conviction. Je ne dirai pas qu'il est fou, explication facile qui ne nous avance guère, mais il est du moins dans une autre logique, non pas celle de la pensée mais celle des rapports de force. 


5) J'ai enfin noté un sondage désespérant : en Russie, 80% de la population continuerait de faire confiance à son Président. Mais j'ai appris en même temps que des opposants parsemaient Moscou de petits rubans verts. Pourquoi verts ? Parce que c'est la couleur obtenue par mélange du jaune et du bleu, les couleurs (l'or des blés et l'azur du ciel) du drapeau ukrainien.


Images principalement de la célèbre mannequin Anja Rubik qui s'est rendue récemment en Ukraine. L'avant dernière photo, que je trouve très évocatrice, est prise dans ma ville de Lviv.

Mes recommandations littéraires :

- Jean-Claude Guillebaud : "Le tourment de la Guerre". Par l'ancien correspondant de guerre du "Monde" et du "Nouvel Observateur". Le journaliste se penche sur cette vérité dérangeante : l'homme a toujours fait et aimé faire la guerre. 

- Le terrible plaisir de la guerre, c'est aussi ce qu'évoque Jean Rolin (frère d'Olivier) dans son livre "Campagnes" évoquant les conflits yougoslaves.

10 commentaires:

Nuages a dit…

Parmi les points que vous évoquez, le fait que ces familles emmènent avec elles leurs animaux domestiques, si petits soient-ils, ne me semble pas du tout ridicule. C'est très émouvant, au contraire. Emmener avec soi tout ce qui fait une "bulle" protectrice, rassurante, alors que tout s'écroule, et que les lendemains deviennent totalement incertains.

A Avioth, Pacha n'était pas "mon" chat, c'était le chat de la maison. Mais en cas de catastrophe, j'aurais tout fait pour l'emmener, et je crois que je n'aurais pas été le seul à le faire.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

J'avoue que je comprends moi-même très bien ça.

J'avais, à vrai dire, l'impression que les Ukrainiens avaient plutôt moins d'animaux que dans les autres pays d'Europe. Cela, parce que c'est tout de même un pays pauvre.

Mais c'est vrai qu'un animal, c'est un vécu affectif "spontané", sans caractère équivoque et sans contrepartie. Et puis, c'est une mémoire, une foule de souvenirs. Les perdre, c'est abandonner une part de soi-même.

Bien à vous,

Carmilla

KOGAN a dit…

Bonjour Carmilla

« Celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre. »

On pourrait penser la phrase prononcée par Churchill. On la doit à Karl Marx…

Quelle ironie macabre dans cette guerre quand Vladimir Poutine fait tuer de sang froid ses voisins...et détruire le pays, avec beaucoup de victimes et de nombreux réfugiés à la frontière de l'Ukraine, en Pologne principalement.

Nous sommes passés brutalement de la stupéfaction en raison de la proximité du conflit et de l'hypocrisie russe , au réveil brutal d'une triste réalité qui risque de durer et de s'étendre aux pays baltes.

L’Europe qui avait du mal à parler d'une voix en temps de paix, et sans voir venir le conflit, trouve une solidarité entre les peuples. On arrive à atténuer la douleur mais certainement pas entièrement.

Pourvu que le courage des femmes et des hommes d'Ukraine réussisse à tenir dans ce cataclysme.

C'est vrai on a très envie aussi de vouloir faire disparaître Vladimir Poutine.
Quand on observe bien cet homme on peut y voir un personnage très complexé( sa façon de se déplacer, sa gestuelle...images tristes de sa jeunesse), et qui se cache derrière l'autorité...comme une vengeance.

Bien à vous.

Jeff









Carmilla Le Golem a dit…

Merci Jeff,

Le cas Poutine est effectivement très intéressant. Comment quelqu'un d'assez médiocre, simple officier de l'ancien KGB, a-t-il pu, en effet, gravir tous les échelons du pouvoir et exercer ensuite une telle emprise sur tout un pays ? Même si la comparaison semble facile, c'est la même question que pour Hitler.

C'est en effet l'esprit de vengeance qui l'anime. Et aussi, cette conviction que l'Occident a humilié la Russie et le fantasme de la puissance perdue. Et puis, il y a la formidable indifférence de la population russe à la politique.

L'avenir est, hélas, très incertain. L'Ukraine résiste en effet mais jusqu'à quand cela sera-t-il possible ? Et puis si Poutine se sent en péril, de quoi est-il capable ? Celui qui se sent perdu est capable de tout.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla!

Bon retour.


Je vous invite à lire ce texte de Catherine Mercier sur Radio-Canada sur l’agriculture en Ukraine, surtout sur les agriculteurs qui sont maintenant sous la bottes des russes dans le nord-est. Très intéressant, beaucoup de chiffres, parce que l’agriculture Ukrainienne était en plein essor depuis quelques années. Depuis que les Russes sont là, plus de semence, pas d’engrais et surtout pas de carburant. Certains cultivateurs ont commencé à faire tarir leurs vaches laitière pour les transformer en viande. L’armée russe s’accapare du carburant des cultivateurs. Ce texte est accompagné de photos très évocatrices. Faut voir les traces des blindés dans les champs. Comment tu peux semer ainsi? Je pensais que l’armée russe était plus brillante que cela, ce n’est pas l’intelligence qui l’étouffe. C’est de l’absurdité pure! Je ne peux concevoir que les Ukrainiens reculent, ni dans une quelconque négociation, se serait déjà capituler parce qu’il y a eu trop de morts, trop de blessés, et trop de destructions. Nous ne pouvons plus revenir en arrière.


https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1871779/agriculture-ukrainienne-victime-guerre

Trente-trois jours déjà, et ils tiennent toujours, ils sont vraiment étonnant ces Ukrainiens!

J’ai aimé vos photos, surtout celles en noir et blanc. Très évocatrices!

Bonne nuit

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je ne dispose, à vrai-dire, que de sombres informations. Constatant son échec, l'armée russe miserait aujourd'hui sur le long terme. Ca veut dire bombarder et raser les villes, ravager l'agriculture, affamer, terroriser, démoraliser la population jusqu'à ce que, totalement épuisée, elle finisse par se rendre. Le pays était déjà pauvre mais il va devenir plus que misérable.

On mesure mal, à l'Ouest, ce qui se passe. On s'offusque presque des propos de Biden traitant Poutine de boucher et espérant sa chute politique. Ca m'apparaît au contraire très mesuré.

Mais c'est sûr que d'ores et déjà, la population ukrainienne n'est disposée à aucun compromis. Les Ukrainiens ne voudront jamais être traités comme des vaincus. Ils réclameront la restitution de leurs territoires, le paiement des réparations et la comparution de Poutine et ses sbires devant un Tribunal international.

Quant à la supposée force de l'armée russe, je ne suis bien sûr pas compétente mais je sais qu'il y avait déjà une énorme propagande à ce sujet. Et puis, je sais aussi que les Russes sont vraiment fâchés avec l'organisation et la qualité technique. Le foutoir et la pagaille sont vraiment des modes de fonctionnement du quotidien. Quant à la technique, je me garde bien d'acheter des produits russes. Vous pouvez être sûr qu'ils sont défectueux une fois sur deux. C'est le pays des réfrigérateurs qui chauffent, des aspirateurs qui soufflent, des téléviseurs qui explosent, des robinets qui vrombissent sans apporter d'eau, des trains qui déraillent etc... Les Russes le savent bien et n'ont pas confiance. La preuve : la vaccination Covid a été un échec parce que personne ne croyait à l'efficacité réelle du Sputnik V.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla!

Le Vieux Joe a raison, même si son entourage a essayer de noyer le poisson pour atténuer ses propos. Le temps des négociations est terminé, surtout lorsque tu n’es même pas capable de protéger un corridor humanitaire afin de sortir les civils de l’enfer de Marioupol. Le message qu’a passé le Vieux Joe, c’est qu’il va falloir se relever les manches et passer à l’attaque, il va falloir prendre des risques. Terminé les petits conciliabules stériles à la sauce Macron.

Il a l’air frêle le Vieux Joe, mais lorsqu’il était au Sénat, il n’avait pas son pareil pour terrasser ses adversaires. Il peut être d’une pugnacité surprenante. Vous pouvez être sûr qu’il sait que si les Ukrainiens ne sèment pas ce printemps, nous aurons une catastrophe humanitaire sur les bras. Ne l’oublions pas, la vie de 400 millions d’êtres humains dépend de ces semailles, parce que l’Ukraine c’est le 4ième pays au monde pour la production du blé. Il y a beaucoup de pays dans le monde qui attendent cette récolte, qui ne viendra peut-être pas? En autre au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Ce qui pourrait accroître le nombre de réfugiés en Europe dans un avenir rapproché.

Ça me révolte de voir ces belles terres noires d’Ukraine, bien grasses, qui pourraient demeurer en jachères. Une terre si belle, où tu as juste à baisser ta charrue ou ta herse et à filer pour préparer le sol avant que les semoirs arrivent, même pas une pierre à ramasser!

Espérons que les semailles seront faciles ailleurs dans le monde, et que les récoltes seront abondantes, mais cela ne suffira pas, nous ne pouvons pas nous cacher continuellement, la réalité va nous rattraper.

Je ne pensais pas voir cela de mon vivant.

Bonne fin de journée

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je ne suis pas non plus convaincue par les tentatives de discussion avec Poutine. Il y est, de toute façon, imperméable et se moque bien de son interlocuteur. Il faudrait plutôt lui faire comprendre qu'il est définitivement hors du jeu des relations internationales et que n'est susceptible de s'ouvrir, pour lui et ses acolytes, aucune porte de sortie. Le risque, à mes yeux, c'est en effet qu'après la fin des hostilités, les pays occidentaux ne reprennent, comme avant, comme si rien ne s'était passé, leurs relations avec la Russie. Ca ne saurait être possible, à mes yeux, qu'à la suite de la chute du régime de Poutine et de l'établissement d'une paix juste avec l'Ukraine.

Je ne crois pas en effet qu'il puisse y avoir des semailles en Ukraine cette année. Peut-être seulement dans la partie Ouest à peu près épargnée (les Russes détestent cette région, notamment ma Galicie, où la population leur est particulièrement hostile et où ils n'osent donc s'aventurer).

L'agriculture est, en effet, un point fort de l'Ukraine d'autant que, depuis juillet 2021, il est possible d'y acheter des terres (auparavant, on ne pouvait les exploiter qu'en location, ce qui était une aberration économique se traduisant par un sous-investissement). Je vous conseille d'ailleurs, si vous avez quelques économies, d'étudier leur investissement dans des terres ukrainiennes (il était prévu d'en ouvrir aussi la vente aux étrangers, dans un proche avenir). Evidemment, c'est devenu aujourd'hui très incertain.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla!

Je partage vos inquiétudes sur les risques que les occidentaux passent l’éponge après cette guerre. Une manière de se laver les mains pour reprendre le commerces avec les russes. On le sait, tout est une question d’énergie, surtout lorsque le paranoïaque de Moscou est assis confortablement sur son pétrole. Cela pourrait bien se produire même avant une résolution de ce conflit. Pour l’heure cette coalition occidentale tient le coup, mais ne nous leurrons pas, il y en a dans le groupe qui sont plus vulnérables que les autres.

Zelenski incite fortement les cultivateurs à semer ce printemps tout ce qu’ils peuvent, du moins ce qui est sous contrôle des Ukrainiens. Plusieurs agronomes affirment qu’on pourrait pourvoir les besoins du pays en denrées, mais il n’y aura pas d’exportation, donc pas d’entrées d’argent.

Dites-moi Carmilla : plus on progresse vers l’ouest, plus on s’enfonce dans un relief accidenté donc en montagnes. Lviv, ce n’est pas très loin de Cracovie et si mes souvenir sont bons ce n’est plus la plaine, ce qui est moins propices à l’agriculture? Est-ce que l’ouest de l’Ukraine produit suffisamment pour nourrir toute l’Ukraine? Je sais que vous n’êtes pas une spécialiste de l’agriculture, mais vous connaissez bien votre Galicie.

Hier, c’était comme une espèce d’euphorie, on nous incitait à croire qu’il y avait une possibilité d’entente; c’est étrange, ce matin on a la gueule de bois. L’illusion n’a pas duré longtemps. Évidemment, je ne suis pas surpris. De la part des russes, c’est une moquerie qui ressemble à une insulte.

En fin de semaine dernière, j’ai lu : Mon bourricot de Stasiuk, et ça n’a pas manqué, je me suis reconnu, oui, les mains pleines de cambouis, fouillant dans le fond d’une cour d’un ferrailleur à la recherche d’une pièce rare pour une mécanique agonisante. Et puis, tous ces voyages, toutes ces routes, entre les hôtels cinq étoiles, et les cabanes en contre-plaqué, entre la misère et l’abondance, alors que je roulais dans de vieilles guimbardes tombant en ruine. Comment oublier toutes ses rencontrent avec des types sautés, complètement déjantés, autour d’un feu de camp, ou encore les rencontres moins agréables avec les forces de l’ordre. Qui plus est, j’ai lu du même auteur un magnifique petit recueil qui s’intitule Hiver, d’une écriture fine. Je suis présentement occupé à la lecture : Le corbeau blanc, qui tient plus du récit que du roman. Merci Carmilla pour ces belles découvertes.

Dans cette époque trouble, il ne faut pas oublier de nourrir notre esprit, de sortir de l’actualité, parce qu’on n’a pas à s’en faire, s’il y a mauvaises nouvelles, elles arriveront bien assez rapidement.

Bonne fin de journée

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Personne n'est en mesure de prédire ce qui va maintenant se passer. Il ne faut bien sûr faire aucune confiance aux déclarations russes. On pense généralement que Poutine va essayer d'arracher une première victoire significative dans les jours qui viennent pour pouvoir être en position de force dans les négociations. Quand on voit l'état des villes qu'il a bombardées, on en vient même à se demander quel est l'intérêt de les conquérir et de les occuper. Il ne reste plus rien.

Concernant l'agriculture ukrainienne, on s'accorde généralement à dire que le pays parviendra à assurer sa subsistance alimentaire (grâce aux territoires de l'Ouest relativement préservés). Mais il ne restera, effectivement, presque plus rien pour l'exportation ce qui pénalisera énormément les pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) et l'Egypte très dépendants de l'Ukraine.

Effectivement, au Sud de Lviv se situent les Carpates ukrainiennes. Ce ne sont pas les Alpes, mais c'est quand même bien vallonné. C'est surtout très sauvage avec peu d'infrastructures touristiques (les Ukrainiens ne visitent guère leur propre pays). Si on recherche des vacances "Nature", c'est un lieu idéal en Europe. Mais il vaut mieux être accompagné en raison d'animaux guère aimables (ours, loups etc...). Quant à l'agriculture, je crois que c'est surtout de l'élevage.

Quant à Stasiuk, il retranscrit très bien, à mes yeux, l'ambiance de ces pays de l'ancien bloc communiste. Je connais même bien nombre de lieux qu'il évoque, ça n'a rien à voir évidemment avec l'ambiance des stations méditerranéennes. S'agissant de "mon bourricot", je regrette seulement que la fin en soit trop abrupte, comme inachevée. Il ne parle ni de la Mongolie, ni de son retour.

Bien à vous,

Carmilla