samedi 24 septembre 2022

Elizabeth et Vladimir - Guerre et Paix dans les Empires



Bizarrement, l'actualité rapproche, aujourd'hui, deux personnalités : la Reine d'Angleterre et Vladimir Poutine. Presque tout semble, pourtant, les opposer.


La Reine, je ne m'y suis jamais intéressée et je ne comprends rien à la vénération dont elle fait maintenant l'objet. Elle m'apparaissait avoir une fonction purement décorative, une statue muette et figée, totalement dénuée d'expression, attifée de couleurs improbables; ne rien dire était pour elle une vertu, une attitude politique; elle m'évoquait un peu ces cocottes en porcelaine que l'on perchait autrefois au sommet des buffets.


Mais c'est peut-être plus complexe. Durant sa longue vie, la Reine a assisté à la décomposition de l'Empire britannique, un Empire qui gouvernait encore, en 1920, le quart de la population mondiale. Et puis, à partir de la seconde guerre mondiale, s'est amorcée la décolonisation dont le point culminant a été l'indépendance de l'Inde. Le processus s'est achevé à la fin des années 60 avec le repli du Royaume-Uni sur ses seules frontières insulaires avec une population limitée à 55 millions d'habitants en 1970. 


Une sacrée dégringolade. Mais qui ne s'est pas traduite par un appauvrissement prononcé. Le Royaume-Uni demeure l'une des grandes puissances économiques de la planète et affiche surtout un dynamisme et un potentiel importants. Les migrants qui campent à ses frontières dans l'espoir d'y être accueillis ou même tous les jeunes Français qui viennent y chercher un job (tant pis pour la France des droits sociaux) le savent bien: c'est un pays qui offre aux audacieux des perspectives d'avenir.


Surtout, le Royaume-Uni est demeuré dans les meilleurs termes avec ses anciennes colonies et continue d'entretenir avec elles des relations pacifiques. C'est le Commonwealth qui consolide cette union qui va bien au-delà d'accords réciproques : l'Art de vivre britannique, y compris avec ses bizarreries, demeure partout une réalité.


Il est vrai que le caractère plutôt placide et popote de la Reine d'Angleterre, davantage éprise de ses chiens corgis et de ses canassons que de spéculations métaphysiques ou de stratégies militaires, ne la prédisposait sans doute pas à vouloir faire la guerre à ses "subordonnés". Et d'ailleurs, je ne crois pas qu'il existe beaucoup de Britanniques qui regrettent les splendeurs de l'Empire et aspirent à un retour en arrière. C'est la plus belle expression de l'esprit démocratique respectant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.


Et c'est sur ce point essentiel que la Russie et le Royaume-Uni diffèrent fondamentalement.


Depuis la "catastrophe" de la chute de l'URSS, on ne cesse, en Russie, de se lamenter et d'évoquer cette époque où on était puissants et faisait peur. On reconnaît, quand même, que la vie était nulle et lamentable, mais, au moins, "on nous respectait".  Ce crétinisme, constamment affiché, me rend, à chaque fois, folle de rage.


Du coup, la Russie n'a de cesse de recoller les morceaux, d'essayer de reconstituer l'Empire. Et pour ça, on n'a pas d'autre politique que de faire peur. Faire peur aux autres parce qu'on sait bien qu'on n'arrivera pas à séduire par son modèle économique et culturel. Et d'ailleurs, tant pis si on demeure pauvres et sous-développés, l'essentiel, c'est la préservation de cette nébuleuse identité slave qu'on appelle l'âme russe.

 

C'est en fait cette terrifiante obsession de la puissance qui signe aujourd'hui l'identité russe. Être respecté à tout prix, fût-ce par la force et la brutalité.

Ça s'accompagne d'un discours inlassablement victimaire (on ne nous aime pas, l'Occident est méchant avec nous) et d'une rhétorique de la forteresse assiégée (on est seuls contre tous, nous le dernier flambeau de la moralité, nous qui, seuls, savons résister à la décadence LGBT et Me Too). C'est pour ça qu'on s'arroge le droit de disposer d'une sphère d'influence sur des pays "satellites". C'est pour se protéger, dit-on. Mais, paradoxalement, plus les territoires-tampons s'agrandissent, moins on se sent en sécurité.


C'est cela qui est effrayant dans la société russe d'aujourd'hui : son incapacité absolue à se remettre en cause, à avoir un regard critique sur elle-même. Et sur ce point l'opinion commune de la population rencontre bien les obsessions de Poutine. Il y a, en effet, un soutien populaire incontestable à son Président. On se croit effectivement engagés dans un combat civilisationnel pour la préservation de son identité. Nul ne s'avise que le conflit est plutôt politique : démocratie contre totalitarisme.


C'est pour cela que j'espère une défaite cuisante et retentissante de la Russie dans cette guerre. Qu'elle soit même contrainte à une capitulation, sans porte de sortie honorable. Un châtiment, c'est ce que réclame Volodymyr Zelensky. Pas par esprit de vengeance mais pour une juste prise de conscience, pour qu'elle puisse faire son auto-critique, qu'elle retrouve simplement le sens des réalités. Qu'elle sorte enfin de sa paranoïa et de ses délires mystiques.


L'Allemagne et le Japon ont été écrasés sans ménagement à l'issue de la seconde guerre mondiale. C'était sans doute impitoyable et effrayant. Mais c'est probablement ce qui a permis leur renaissance rapide. Une renaissance démocratique à la suite d'une remise en cause complète de leur Histoire et de leur modèle politique. Cela leur a permis de se réconcilier très rapidement avec les autres pays et de réintégrer le concert des grandes nations.  C'est probablement la voie également à suivre par la Russie.


Tableaux d'Alexandre Benois, Vassily Sourikov, Mikhaïl Nesterov puis de différents peintres paysagistes contemporains et enfin de Damien Hirst, le grand artiste britannique. J'ai cherché à opposer l'imaginaire belliqueux russe à la sérénité européenne.

- Iegor  GRAN : "Z comme zombie". On retrouve dans ce livre l'humour ravageur du fils de Siniavsky. Aucune complaisance, aucune excuse, envers la folie qui s'est emparée des Russes. Il s'agit d'en comprendre les rouages.

- Laura POGGIOLI : "Trois sœurs". On se situe sur un tout autre plan, celle de la violence domestique en Russie. Par une jeune Française qui a longuement vécu en Russie et lui porte amour. Un livre que j'ai trouvé très juste et qui explore bien le "façonnage" des mentalités, la violence cachée en Russie. 

7 commentaires:

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla

De la barbarie au Commonwealth

Commençons par le Commonwealth, je suis bien placé pour en parler, puisque le Canada en fait partie, et, qui plus est, à l’image de l’Angleterre, notre système démocratique est et demeure une monarchie constitutionnelle. Elisabeth régnait, mais elle ne gouvernait pas. C’est sans doute difficile à comprendre pour certains. Il y a comme un anachronisme dans ce système. Pourtant les Britanniques s’en sont très bien accommodés. Les pouvoirs sont limitatifs et cela a débuté avec avec la Grande Charte de Jean sans Terre qui concéda une partie de ses pouvoirs à ses barons. Ce fut un bien modeste début comme système politique, et déjà le mot Commonwealth existait. En fin de compte, c’est de ne pas concentrer le pouvoir, dans les mains d’un monarque, ou encore, d’un dictateur comme Cromwell. Après les britanniques peaufinèrent le système. Ils y ont mis du temps, et au final, quoi que je ne suis pas monarchiste, cela a donné un sens à la politique et surtout une forme souvent déroutante à la diplomatie anglaise. Après 1700, il allait devenir le plus grand empire au monde, l’Empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais. Ce qui les a amené a décoloniser de brillante manière, au lieu d’envoyer des canonnières, ils ont incorporer les anciennes colonies dans un Commonwealth, politiquement, diplomatiquement et économiquement. Ils avaient compris qu’ils n’avaient pas assez de fonctionnaires pour administrer ses colonies, alors ils les ont fait administrer par les locaux et lorsque est venu le moment de l’indépendance, ces pays étaient prêts à s’assumer comme nations indépendantes. Souvent c’était même des compagnies qui administraient des territoires comme les Territoires du Nord-Ouest au Canada par la Hudson Bay. Ce qui est beaucoup plus rentable que d’envoyer une armée pour mater des rébellions.

Je puis comprendre que la majorité des canadiens sont attachés à ce système de monarchie constitutionnelle. Au décès de Elisabeth II, Justin Trudeau a répondu à quelque objections venant de divers horizons : Qu’il n’y avait pas d’appétit pour une réforme politique de la Monarchie Constitutionnelle au Canada. Ici, les anglophones sont très attachés à ce système.

Tant qu’aux Québécois, même si leur système politique est issu de cette Monarchie Constitutionnelle, ils font le dos ronds lorsque les débutés vont prêter serment au Roi d’Angleterre chef du Commonwealth, ce qui devrait avoir lieu après les élections provinciales du 3 octobre prochain. Reste qu’on est en démocratie, et ça nous avons intérêt à ne pas l’oublier. Je souligne en passant que les Québécois, au cours de deux référendums (1980 et 1995) ont dit non à l’indépendance.

Reste que l’Angleterre, quoi qu’on en dise, et quoi qu’on en pense, c’est un grand pays politiquement, que la démocratie cela prend du temps à s’établir, cela se peaufine au travers des siècles. La preuve, et vous l’avez bien souligner, l’Angleterre demeure une puissance financière même hors de la zone euro.

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Maintenant la barbarie, puisqu’il faut bien l’évoquer, parce que ça fait parti de notre paysage présentement. On s’accordera sur un fait que le roi d’Angleterre est une figure emblématique, tout comme l’a été Elizabeth tout au long de son règne, ce qui dépasse ses toilettes, ses chiens et ses chevaux.

Tant qu’à Cousin Vladimir, c’est loin d’être une figure emblématique. Un jour il affirme qu’il veut mettre fin à cette guerre le plus rapidement possible, et le lendemain, devant d’autres interlocuteurs, que le temps ne presse pas et qu’on est en train d’atteindre les objectifs... Il ne se soucie même pas d’être un bon menteur. Même la Chine, l’Inde, et l’Iran le regarde de travers et semble lui demander : Dans quoi tu t’es embarqué Vladimir? Ou comme l’a mentionné le Premier Ministres de l’Inde : Le temps n’est pas à la guerre. Je me demande si c’est seulement la faute des Russes. La démocratie dans ce pays n’a pas une longue histoire et aucune tradition. On dirait que ce peuple ne peut vivre que sous la botte d’un Tsar ou d’un dictateur, au milieu des désastres et des catastrophes. N’est-ce pas, que toute l’histoire de la Russie peut se résumer en de multiples conflits? Lorsque tu es incapable d’exister par toi-même, alors tu te cherches des ennemis. Tu peux te bomber le torse et menacer tout le monde. Je peux comprendre que ce genre de crétinisme peut vous rendre folle de rage. Il est rare que vous employez ce genre de langage. J’ignorais que vous pouviez être folle de rage. Mais, il y a de quoi être fou de rage. On le sent dans les propos des Ukrainiens et surtout de leur Président, ils veulent en finir, et surtout pas par une petite négociation à la sauvette. Il faudra aller au bout de cette déplaisante histoire. Nous le savons tous que cette guerre est absurde, du moins ici en occident. Mais, les russes resteront les russes et je ne pense pas qu’ils vont évoluer rapidement. C’est vrai que les allemands et les japonais ont émergé après 1945, mais surtout avec l’aide des USA, ce qui a permis à ces deux nations de se reconstruire avec la Plan Marshall. J’espère que nous pourrons en faire autant avec l’Ukraine. Comment ne pas être fou de rage, lorsqu’on circule de charnier en charnier et ce n’est pas terminé? Je suis persuadé qu’on va en découvrir d’autres. Je sais, on a évoqué, l’emploi de l’arme atomique, plus 300,000 nouveaux réservistes, qui plus est, ce n’était pas du bluff. Si ce n’est, pas du bluff, alors je me demande pourquoi Vladimir a fait ces annonces en plein milieu de la semaine dernière alors que se tenait cette grande réunion de l’ONU. Si cela n’est pas du bluff, c’est quoi? En passant votre Président Macron a fait un bon discours devant les Nations Unis. Je pense qu’il a compris quelque chose, son discours était différent de, (Il ne faut pas humilier Poutine). Mais, l’avertissement le plus sérieux aura été celui du vieux Jos qui a dit : don’t, don’t, don’t. Ne le fais pas! Zelensky a été plus directe avant la percée s’adressant aux soldats russes : Ramasser vos armes et retourner en Russie et vous sauverez vos vies, si non, vous êtes des hommes morts. À surveiller pour les prochaines semaines, les 25,000 soldats russes isolés sur la rive ouest du Dniepr, coupé de leur ravitaillement.

Je me suis éloigné de la monarchie constitutionnelle pour pénétrer dans la barbarie. Mais, pour une première fois depuis le début de cette guerre, il est permis d’espérer pour les Ukrainiens. Il y a une lueur, il ne faut pas la perdre, après viendra la lumière.

Gloire à l’Ukraine

Merci pour votre texte Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Merci pour votre analyse concernant le Canada et son appartenance au Commonwealth. Ce que vous dites concernant les "réserves" des Québécois est intéressant. Mais l'essentiel est bien le respect des règles démocratiques. On attend du moins aujourd'hui une évolution de la monarchie britannique en particulier en ce qui concerne son train de vie dispendieux. Et surtout, au-delà de son déplorable Brexit, la Grande-Bretagne demeure un grand pays sur les plans culturels, techniques, scientifiques et économiques.

Quant à la Russie, je ne sais plus trop que dire. Il y a d'abord, depuis longue date, une grande indifférence de la population russe à la politique. Dans les conversations, on évite soigneusement d'aborder le sujet. C'est à la fois par précaution (mieux vaut ne pas se faire remarquer) et par manque de confiance envers les dirigeants. C'est peut-être même pire qu'avant parce qu'autrefois, il y avait plein de plaisanteries sur Brejnev, Gorbatchov, Eltsine. On les présentait comme des idiots. Mais de Poutine, personne n'ose rigoler.

Il reste que la population russe continue de soutenir, en majorité, la guerre en Ukraine. Sa nécessité n'est pas remise en cause même si la "mobilisation partielle" rencontre des difficultés. Ceux qui veulent se "réfugier" à l'Ouest cherchent d'abord à sauver leur peau. Certes il y a une propagande folle mais les Russes ont néanmoins la possibilité de s'informer via Internet. Simplement, ils ne veulent pas savoir.

Au-delà, je n'ai aucune idée de la façon dont vont évoluer les choses. Certes, le discours de Macron était, enfin, très bon, très juste. Mais je ne crois guère à la possibilité d'une victoire rapide des Ukrainiens. Et tôt ou tard, les grandes puissances demanderont un arrêt des hostilités sur les positions acquises. Quant à traduire les Russes devant un Tribunal international, je n'y crois guère (la Chine, l'Inde, l'Afrique, l'Amérique Latine ne donneront pas leur accord). Le succès de la contre-offensive ukrainienne n'a guère atténué mon pessimisme.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

La barbarie, l’indifférence ou la démocratie.

Quelle lecture devons nous faire de ce silence face à la politique?
L’indifférence serait-elle une confortable sécurité factice? Pour aborder celle des russes, je dirais qu’elle tient surtout du culturel. On n’en parle point. On ne s’avance pas. On demeure sur son quand à soi. Même dans sa propre famille on n’aborde pas ces choses-là. Cela ne se dit pas et si cela ne s’exprime pas, alors le mot débat demeure une fiction. 75% des russes appuient cette invasion de l’Ukraine? C’est peut-être un appui du bout des lèvres, la bouche exprime une chose, l’esprit en pense une autre. Ils viennent de rappeler 300,000 conscrits sous la menace. Qu’est-ce qu’on a vu? Des gens qui ont pris d’assaut les aéroports, d’autres qui cherchaient des moyens de se mutiler, n’importe quoi pour échapper à son devoir. Tout cela pourquoi? Parce qu’on ne fait pas de réels débats politiques en Russie. Mais cette indifférence ne justifie en rien cette barbarie. La réalité dans ces cas-là finit toujours par nous rejoindre, et elle est sans pitié pour les indifférents et impitoyable pour les barbares. On peut essayer de masquer la réalité, mais les gens de ces pays; et la Russie n’est pas unique dans ce cas-là, sont peut-être apolitiques, mais il ne faudrait pas les prendre pour des imbéciles. Comment ne pas retenir votre phrase? « C’est peut-être pire qu’avant ». Nous pouvons même le constater dans nos propres pays, nos propres systèmes démocratiques, en que regard des derniers résultats électoraux en Suède et en Italie, et je vous fais remarquer que nous sommes toujours démocratie. J’ai bien hâte de voir le pourcentage des gens qui se déplaceront pour voter le 3 octobre prochain au Québec, parce que nous aussi nous avons nos indifférents, nos silencieux, et possiblement quelques barbares qui circulent dans nos rues avec des messages orduriers sur leurs voitures, exemple : « fuck Legault ». Je l’ai même lu écrit sur une poubelle! Je ne veux surtout pas passer pour un donneur de leçons, mais je ne puis qu’en discuter dans le cadre d’un système démocratique. Reste que ce genre de propos orduriers laissent des traces. Nous avons le devoir impératif de nous soucier que la démocratie qui est un système fragile, qu’elle doit être protéger, parce que surtout c’est un système évolutif, parce qu’elle permet l’évolution des idées, que nous pouvons en parler ouvertement. Il appert, que présentement nous avons la tendance à la mépriser. Je vous fais la remarque que nous, nous pouvons changer de gouvernement, autant en Europe qu’en Amérique du Nord. Nous ne pouvions pas rester les deux bras croisés face aux massacres des Ukrainiens. Et, si on nous demande qu’elle est notre politique? Je répondrais aller au bout de cette affaire et pour aller au bout de cette affaire, la victoire, et la victoire à tout prix, rien de moins. C’est la démonstration que nous devons faire face à tous les pays du monde. Ce que j’appelle être ferme dans ses résolutions. Sur le fond, le message est clair, si d’une manière ou d’une autre vous touchez à nos démocraties, il se pourrait que nous réagissons d’une manière ferme. Voilà qui a le mérite d’être clair, parce que nous les démocraties nous avons une tendance à laisser faire, ce qui nous a coûté cher dans le passé. On a laissé faire les Allemands et les Japonais avec les résultats que l’on connaît. Qui garde le silence consent!

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Suis-je mal fait? Je ne me suis jamais caché que s’il fallait négocier à rabais, pour assumer un découpage arbitraire de l’Ukraine suite à cette monstrueuse agression, j’en serais fort peiné, et il y aurait de quoi éprouver une grande honte. Dès le début de cette guerre, je me disais que les choses ne pouvaient fonctionner ainsi, même dans les doutes des premières journées, où l’on redoutait que les russes aillaient tout conquérir. Puis, je me suis dit une journée à la fois, et une journée à la fois, ça n’avait l’air de rien, mais sur le fond c’était une minuscule victoire. Après les journées se sont étirées en semaines. Je sentais qu’il se passait quelque chose. Les Ukrainiens malgré tout ce qu’on en disait résistaient. Nous n’osions même pas y croire. Aujourd’hui, ils sont en meilleures positions que jadis et ce n’est pas terminé. Jamais nous aurions imaginé que la deuxième armée du monde en puissance était aussi brouillonne. Maintenant, nous pouvons espérer, et pourquoi pas. Espérer fait du bien à l’esprit, réconforte, augmente la confiance. Ce n’était qu’une petite percée au début, qui s’est transformée en offensive. Certes, nous ne l’attendions pas ainsi. Dans ce conflit nous allons de surprises en surprises. Pour le moment, tout semble immobilisé, mais pour les Ukrainiens, il faut faire suivre l’intendance, alors ils font ce qu’ils ont fait depuis le début mais avec des meilleures armes, taper sur les lignes de ravitaillement, sur les dépôts de carburant et de munitions, détruire les ponts et les lignes de chemins de fer. Qui plus est, arrive de nouvelles troupes qui viennent de sortir de périodes de formations. Les compétences augmentent continuellement. Pas besoin de tapis de bombes, on tapent là où ça compte avec le minimum de munitions. Avec tout ce que l’on voit, comment ne pas espérer? Je ne suis pas en train de me réjouir, mais en train d’espérer. On ne sait jamais avec le sors des armes. Pour la première fois, les Ukrainiens mènent l’offensive. J’espère qu’ils ne commettront pas d’erreur. S’ils pouvaient enfermer 25,000 soldats russes dans un chaudron, ça leur donnerait un gros pouvoir de négociation, mais se serait mieux, s’ils libéreraient tout leurs territoires. Il ne faudrait pas oublier le Mémorandums de Budapest, l’Ukraine, c’est cela, c’est ce qui était convenu, et la Russie de l’époque l’a signé avec les USA et les Britanniques. Je pense que ce traité a été violé par l’un des signataires. Alors, est-ce qu’il faudrait tergiverser avec quelqu’un qui ne respecte même pas sa signature? Je dis bien tergiversé, ce qui est loin de véritables négociations. C’est le temps de prouver la valeur de nos organisations internationales, et que le Droit prime sur la force, ce qui ne signifie pas qu’il faut renoncer à la force pour défendre le Droit. Et, pas seulement défendre du bout des lèvres dans le pays des arrières pensées, s’impliquer à fond jusqu’à la résolution du problème. Les gens finissent toujours par te respecter, lorsque tu assumes une idée, que tu protèges certaines de tes convictions les plus fondamentales, que tu respectes ta paroles. C’est une question de confiance qui finit par s’établir. Et, la démocratie finie par changer parce que les hommes changent, les votants d’hier disparaissent et c’est une nouvelle génération qui s’impose. N’est-ce pas les propos d’un certain Alexie de Tocqueville? N’oublions pas cependant que pour changer et faire progresser une démocratie, il faut qu’il y ait une démocratie…

Nous pouvons peut-être reprendre cette phrase de Churchill
« Ce n’est pas la fin, ce n’est même pas le commencement de la fin, mais c’est peut-être la fin du commencement. »
Je suis peut-être mal fait Carmilla, mais je garde ma confiance.
Espérons fort!

Merci pour vos commentaires

Richard St-Laurent

Nuages a dit…

Si la Russie devait être défaite à l'issue de cette guerre, il me semble que cette fois, pour préserver son indépendance, l'Ukraine devrait pouvoir adhérer à l'Otan.
Entretemps, on assiste aujourd'hui à Moscou à une cérémonie délirante pour fêter l'annexion de quatre oblasts ukrainiens, à la suite de référendums bidon.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

J'avoue que le spectacle de cette fête sur la Place Rouge m'a particulièrement écœurée. Quels immondes salopards ces gens qui se réjouissent alors que leur armée a massacré, pillé, torturé! Leur monstruosité, en toute indifférence, me terrifie et je n'arrive pas à comprendre. Comment pourra-t-on, un jour, renouer des relations normales avec les Russes ? C'est pour cela que leur défaite m'apparaît indispensable. Il faut qu'ils puissent faire leur auto-critique. Savez-vous par exemple que la majorité de la population russe ignore ou minimise les crimes de Staline (ce qui conduit à regretter l'URSS) ?

Et puis l'Art du mensonge des dirigeants est délirant. Tout est retourné. Le Noir devient blanc, l'agresseur, l'agressé et inversement. Et que dire de leur anti-occidentalisme ? Presque pire que le président iranien Raissi.

Oui ! L'Ukraine va maintenant tout faire pour adhérer à l'Otan et Zelensky vient d'ailleurs de signer la demande. Ca n'est plus négociable avec la Russie. Malheureusement, ça n'aboutira pas avant une bonne décennie.

Bien à vous,

Carmilla